
des fofles -natales. Cette tendance à fe 'dégagé? de
I’èau eft d’autant plus, forte,, que la chaléur de
rair environnant eft plus forte 8c que la pfefliôn
de l’athmofphère eft moins grande ; auffi, loff-
qu’on tranfporte l’ammoniaque fur des lieux élev
és, fur des montagnes, elle perd beaucoup'de
fa force à mefure qu’il s’en difïipe plus de gaz
ammoniac par la fouftraétion d’une partie de la
«Colonne athmofphérique. Ainfî l’on voit bouillir
& s’élever en gaz l’ammoniaque mife fous üii
récipient où l’on fait le vide. '
La lumière n’agit point fehfiblement, ou au
moins d’une manière connue,' fur l’ammoniaquè;
La chaleur décompofe ce liquide & fépare l’ammoniaque
ên gaz d’avec l’eau ; c’eft, comme on
l ’a dit ci-delîus, un des moyens de fe procurer le
gaz ammoniac; lorfqu’on chauffe l’ammoniaque
daiis des vaifféaux ouverts, elle bout beaucoup
plus vite queTeau ; telle eft là raifon pour laquelle
on a nomrtîé cêtte efpèee d’alcali, alcali volatil.-
Laifféè à l’air, rairimoniaque perd peu-a-peu
fa forcé par la volatilifation qui s’en opère par
l ’air ; elle abforbe auffi l’acide carbonique athmof-
phériqiie, 8c par ëes deux caufes change pieu-à-
peu de nature, puifquelle eft moins alcaline &
mêlée de: carbonate d’ammoiiiaque au bóut d’un
certain’ temps. ' ; !
L’ammoniaque s’unit- en toutes proportions à
V'ëiiv diftillée, qui, en la délayant, en diminuer
l ’activité ; il faut cepéndant^que fa quantité (bit
bieh petite dans de fêau, pour que celle-ci ne
préfénte pâs la faveur défagréable de fammonia-
que & la propriété de-cölórer en vert le. papier de
•mauve, &c. Une goutte mife dans quatre onces
d^ëau'y & formant moins .d’un deux' millième du
total', fùffit encore pour verdir ce papier frèsTen"
lible. -Ainfi l’on a de l’ammoniaque de toutes- les
forces en y ajoutant plus ou moins d’eau.
En s’unifiant aux acides liquides comme elle:,1
l'ammoniaque dégage une quantité plus ou moins
grande de calorique ; elle eft fouvent- fi corifi-
-dérable,*fi ce font des acides concentrés, qu’il y a
de l’eau réduite en vapeur; cette évaporation,
trop rapide, forme même quelquefois, une déto-;
nation, une explofton violente. Il fe dégage:-pendant
cette combinaifon une odeur grade, particu-;
lière & diftinéte^;- ScHestliquides entrent, en une
-efpèce d’ébullition ou d’effervefcence ^ à caufe du
gaz ammoniac qui,.s’en «éleve parla chaleur.
C ’eft de l’ammoniaque -ordinaire' ou liquidé
qu’on fe fert dans les laboratoires pour décomposer
les.fels alumineux 8c magnéfiens^ on obferve
qu’il n’ya qu’une portion;deces fels.déçompofée;
1 autre forme des fels triples :ammoniaco>alumineux
ou magnéfiens y qui reftent ordinairement, en dif-
folution dans les. iiqùçurs. .
Dans fon état liquide yelle n£a> nulle action fut
• levfoufre , non plus que fur les fulfu^res métalli-j
-ques. -- y- , U ƒ ;t‘
• L ’ a m m ó n i g q t i e a g i t . m i e u ^ f u r l e s f u b j î a n c e s m é - j
talliques que n e le fait le-gaz ammoniac, en raifotï
de l’eau qui lui eft unie & qui fe décompofe fou-
vent'de manière à opérer plus ou moins promptement
l’oxidation de ces fubftancës ; c^eft pour cela'
què le fer & le zinc, fut-tout laifïes en digeftion
avec l’ammoniaque liquide,’offrent une effervef-
cence due au dégagement de gaz hydrogène, &
qui a été obfervée par Laffonne. Lorfque cette
effervefcence'a eu lieu pendant quelque -temps,
une partie du zinc 8c du fer eft oxidée & relie
difloute-dans l’ammoniaque.
Un effet contraire a fouvent lieu quand on verfe
de l’ammoniaque dans des diffolutions métalliques;
les oxides fe décompofent en partie, àinfi que
l’ammoniaque, comme il a déjà été dit ci-deflus,
dans l’hiftoire du gaz ammoniac ; cette décompo-
lîtion ne mérite quelque conlidération de plus,
que parce qu’on l’opère plus fouvent avec l’ammoniaque
liquide que par le gaz lubmême. 11 en
fera queftion dans le paragraphe fuivant avec plus
de détail , parce que ce genre d’opérations eft un
de ceux qui a conduit les chimiftes modernes à la
connoiflance des principes de l’ammoniaque.
Il n’y a que très-peu de combinaifons connues
entre l’ammoniaque liquide & les matières végétales
& animales j elle paroît diffoudre lessmatières
éxtraélives, fecombiner avec l’atome, s’unir difficilement
aux huiles:» volatiles 8c aux réfines, former
avec l’alcool.•& avec l’éther, des efpèees de
eompofés peu connus ’, .-défendre les fubftancës
animales- de la putuéfaéîiôn,» diffoudre avec1 énergie.
les matières albumineufe & caféeufe ,:épaifîies
ou coagulées. : r
•§l V . De la. nature intime de Vammoniaquedes
i iq principes - qui entrent, dans fa compofition. '3 & des
■- dijférens procédés parlefquels die fe décompofe.
C ’eft un des.points les plus intéreffans de la
chimie moderne, que l’enfemble des.expériences
8c des découvertes que l'on a faites depuis quelques
années fur la décompofition de l’ammoniaque.
Les chimiftes croyoient jufqu’à cette époque
que l’alcali volatil étoit formé par. l’alcali fixe,
uni à une matière graffe. Suivant eux, toutes les
fois qu’on chauffoitun alcali fixe avec une huile,
iLfp formoit de l’alcali: volatil, 8c ils ne voyoieiit
^dans celui-ci que l ’union.fimpîe du premier alcali
- 8c de fhuile. Mais il n’y avQit.qu’une idée vague
dans ce fimple énoncé, & beaucoup d’expériences
où l’on Croyait qu’il fe produifoit de l’alcali volatil
, ne préfentoient que des produits qui avaient
; entraîné dans leur volatilifation une certaine quantité
d’alcali fixe.eSeheèle 8c Bergman - ont commencé,
.à. répandre. quelques lumières fur cet ob-r
jet, jufques-là,très-incertain. C ’eftTutrtôut par les
phénomènes-de la fulmination de l’or, fulminant,
..que le dernier chimifte cité a été conduit à croire
qu’il entroit dans, la compofition de l’ammonia-
q a e une matière eombçftible 8c un gaz particufier.
M. Priêftley s’apperçut auffi qu’on changeoit
5e gaz ammoniac en gaz inflammable par l'étincelle
éleïtrique. Enfin M. Berthollet parvint, en réunifiant
toutes ces notions, & en fai Tant une fuite
de belles expériences fur les combinaifons ammoniacales,
à faire voir que l’ammoniaque fe
décompofoit dans beaucoup de cas, qu’elle étoit
formée par la combinaifon de l’hydrogéné, ou
du gaz inflammable de la bafe, & de l’azote ou de
la bafe du gaz azote athmofphérique, de la
mofette athmofphérique,. Tous les faits que M.
Berthollet a obfervés 8c réunis fur cette décom-
pofîtion, font fi intéreffans & fi propres à compléter
& à éclairer l’hiftoire des propriétés de
l’ammoniaque, qu’il me paroît néceffaire de con-
figner ici tout entier le mémoire qu’il a inféré
parmi ceux de l’académie pour l’année 1785 ,
en n’y faifant que les légers changemensi que la
nomenclature 8c la marche de la fcience , perfectionnée
depuis cette époque , rendent indif-
penfables. |
Jdufîeurs chimiftes, dit M. ..Berthollet, ont
penfé que l’ammoniaque devoit fon origine à
l’alcali fixe, & la plupart ont admis une matière
inflammable dans fa compofition. M. Prieft-
-ley,' qui nous a appris à donner une forme ga-
ieufe à l’ammoniaque, a remarqué que le gaz
avnmoniacal agrandiffoit les lumières qu’on y .
plongeoir avant de les éteindre, 8c il Ta. regardé ■
comme inflammable.
Il a fait plufienrs explofions électriques dans le
gaz ammoniac , il en a dégagé un gaz. qui ne s’elt
plus laiffé abforber par l ’eau, mais qui s’eft trouvé
inflammable. M. Van-Marum a auffi réduit le.gaz
ammoniac en gazlnflammable. ( Defcriptiori d’une
grande machine éleCtrique, &c.-, page izB.) D’un
autre côté, Schéele a obfervé que l’ammoniaque
fe décompofe, lorfqu’on la tient long-temps en
digeftion avec l’acide nitrique & l’oxide de man-
-ganèfe, ou.lorfqu’on diftille le muriate ammoniacal
avec cet oxide métallique. ( Differtation fur 1
la manganèfe, page 94. ) 11 remarque de plus , que
l’ammoniaque eft déçompofée par l’oxide d'or ,
celui de mercure 8c d’autres métaux ; il a retiré,
flans ces différentes décompofîtions, un ga% phlo-
giftiqué 3 fans déterminer fi ce gaz eft un produit
de i’opération ou s’il exilloit auparavant dans
l'ammoniaque. « En général, dit-il, toutes les
fois qu’un corps attire le phlogiftique de l'ammoniaque,
l’une de fes- parties conftituantes, on
obtient toujoufs une efpèce d’air. (Traité chimique
de l’air 8c du feu, page 202 8c fuiv.) Bergman
conclut, de fes propres expériences fur l’or
fulminant, & de celles- de Scheele, qu’on vient
fle rapporter, que l’ammoniaque contient du
phlogiftique, & que , lorfque ce principe lui eft
oté par une attraction fupérieure , il s’en dégage
un fluide élaftique d'une nature particulière, qui confl
titue probablement Vautre partit de l'ammoniaque.
M. Kirwan dit pareillement, dans fes notes fui
Chimie. Tome II,
le Traité de Pair & du feu de Schéele, que
foxide d’or, enleve le phlogiftique à l’ammoniaque,
& qu’il fe forme fubicement une forte d’air ,
qui, en vertu de fes propriétés découvertes par
Schéele y eft un air phlogiftiqué.
En confidérant les différente? expériences
& les opiîTîons dont je viens de préfenter ici
un précis, j’ai efpéré. que je pourrois parvenir
à une connoiffance plus exaéte de la nature de
l ’ammoniaque, & que je pourrois, par ce moyen,
répandre du jour fur plufieurs opérations de la
nature dans lefquelles elle fe forme ou fe détruit.
J’ai cherché premièrement à déterminer les
produits qu’on obtient du nitrate ammoniacal,
lorfqu’il fe décompofe par l’a&ion de la chaleur.
J’ai mis pour cet objet deux onces de nitrate
ammoniacal féché avec foin, dans une petite
cornue de verfe, à laquelle étoit adapté un tube
recourbé qui s’ouvroit au fond d’un flacon ; un
. autre tube recourbe établiffoit une communication
entre ce premier flacon 8c un fécond, au
fond duquel il plongeoir également ; enfin de ce
dernier flacon partoit un tube qui fe rendoit à un
appareil hydro - pneumatique, les deux flacons
étoient vides & environnés de glace. J’ai diftillé
à un feu bien ménagé, il eft refté dans la cornue
un gros de nitrate ammoniacal non décompofé,
8c les deux flacons contenoient une once quarante
trois grains de liqueur. Pendant toute l’opération,
il s’elt dégagé une grande quantité de
ce gaz fingulier, qui a la propriété de fe diffoudre
dans l’eau, fans lui communiquer les propriétés
acides, 8c dans lequel cependant une bougie brûle
prefque comme dans l’air vital pur. M. Prieftiey
a retiré un gaz femblable dans plufieurs circonstances
, 8c il l’appelle air nitreux déphlogiftiqué ;
i i me paraît qu’effeêfcivement on doit le regarder
comme un gaz nitreux qui contient un peu plus
d’air vital qu’à l’ordinaire.
J’ai diftillé au bain - marie la liqueur obtenue
dans l’opération précédente, 8c qui préfen-
toit des indices d’une acidité affez forte ; un flacon
qui fervoit de récipient étoit enveloppé d’un
linge mouillé qu’on renouvelloit de temps en
temps ; il eft refté dans la cornue 4 gros 32 grains
de nitrate ammoniacal, qui avoit été volatilifé fans
fe décompofer dans la première diftillation. J’ai
faturé de p.otaffe la liqueur qui étoit paffée dans
le flacon ; il ne s’eft point dégagé d’odeur d’ammoniaque
dans cette faturation. Enfin, j’ai fait
évaporer au bain-marie la liqueur que je venois
de faturer ; j’en ai obtenu de l’eau parfaitement
pure, femblable à de l’eau diftillée, & ii eft refté
dans la cornue 54 grains de nitrate de potaffe.
.Ces 54 grains de nitre doivent contenir, félon
l’évaluation de Bergman, à-peu-près 27 grains
d’alcali, 9 grains d’eau & 18 grains d’acide pur.
Voici donc les produits de cette opération, dans