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qui mettent à nud Ton oxigène j il paroît que la
nature a des inftrumens pour opérer cette maniéré
inverfe de décompofition de l'eau j les feuilles des
végétaux frappées par les rayons du fqlèil paroif--
fent décompofer l’eau , abforber fon hydrogène ,
& dégager fon oxigène en air vital. Tel paroitêtre
en partie le méchanifme de la végétation, de la formation
des huiles , & du renouvellement de l’at-
mofphère. Voye^ le titre IX.
X X IV . Tant que l’hydrogène & l’oxigène tous
les deux fondus en gaz par le calorique & la lumière
, font en contaél à froid l’un avec T autre,
ils ne fe combinent point j il n’y a point d inflammation
, il ne fe forme point d’eau. Mais quand
on approchev du mélange un -corps en ignition ,
ou quand on le comprime fortement, ou par une
fecouffe violente & brufque quelconque, ces deux !
gaz commencent à fe combiner , la combulHon <
s’opère & l’eau fe forme.
X X V . 11 paroît qu’il fe paffe un phénomène
anàlpgue dans l’atmofphère ; les. détonations at-
mofphériques , les coups de tonnerre , femblent
ù’être qu’une combuftion de gaz hydrogène &
cl’air vital , aufli font-ils fouvent fuivis d’une pluie
rapide ; ce qu’on appelle les grains fur mer , pa-'
roiffent être dus ainfi à une formation infian-
tanée d’eau dans ratmofphère , par la combuftion
rapide du gaz hydrogène & de l’air vital , occafion-
née à l’aide de l’étincelle électrique & par la né-
ceflîté du rétabliffement de l’équilibre électrique
entre différens nuages , ou entre les nuages & la
terre.
XX VI. Une foule de phénomènes chimiques
de la nature & de l’ art , qui étoient autrefois inexplicables
& qu’on comproit parmi les miracles ,
font aujourd’hui des fuites néceffaires delà décompofition
de l’eau bien appréciée 5 l’influence des
vérités expofées dans ce titre fur la théorie générale
de la chimie , eft immenfe 5 on la retrouvera
dans tous les titres fiiivans. -
Application des proportions de ce titre;
Les réfroidiffemens artificiels.
La théorie derglaciers, des glaces polaires.
Les variétés des eaux atmofphériques & ter-
reftres.
L ’art de. corriger lesmauvaifes qualités deseaux.
La théorie de l’ébullition de l’eau.
La différence de l’ eau bouillie &de l’eau aérée.
La diftillation de l’eau en grand j celle de l’eau
falée.
La théorie des brouillards j desrofées.. M
La théorie de l’hygromètre & des effets hygrométriques.
\
L’inflammation des corps combuftibles pa» l’çau.
t Les gaz dégagés des eaux de itfarres.
a x 1
La variété des,gaz inflammables.
? Les- colorations par lés gaz.
Les oxidations des métaux , ou la rouille for.
mée par l’air humide.
La théorie des détonations.
Quelques phénomènes des diffolutions métalliques.
Quelques bafes de la théorie de la végétation,
de la formation des huiles 3 &c.
T i t r e c i n q u i è m e .
N a t u r e e t a c t i o n d e s . t e r r e s
E T D E S A L C A L I S.
I. Ce que l’on nommoit autrefois la terre exclu-
fivement / ce qu’om regardoit comme un élément
& comme la caufe de la folidité 3 de la fécherefle, *
de Tinfipiditéj de rindifTolubilité -&c. n’appartient
plus qu’à une de ces idées vagues & indéterminées,
que l’imagination peu fatisfaite encore des fuccès
de l ’expérience , avoit créées pour tenir lieu de
faits. Aujourd’hui on ne connoît point une terre
élémentaire 3 & au lieu d’une , on a trouvé au
moins cinq fubftances terreufes qui auroient toutes
autant de droit pour être nommées des élëmens,
puifque chacune entre dans la compofition de beaucoup
de corps. -
IL Des cinq fubftances terreufes que l’on a découvertes.,
deux font en quelque forte plus terreufes
, plus fèches, plus fufceptibles de dureté, plus
infipides, &c.., & les trois autres ont des propriétés
falines qui les rapprochent des matières alcalines
j on a nommé ces trois dernières fubftances
falino terreufes3 terres falines3 terres alcalines3 alcalis
terreux. Lès deux premières font la filice & l’alumine
j les trois autres font la baryte, la magnéfie,
la chaux.
III. Chacune des cinq terres a dès caractères
fpécifiques qui la diftinguent, outre ceux qui lui
appartiennent en commun & qu’on pourroit nommer
génériques. Ces derniers font la fécherefle,
l’inaltérabilité au feu, l’infufibilité, la propriété
de ne fe pas décompofer & de fe comporter dans
les combinaifons comme des_ matières fimplés
& indeftruCtibles.
IV. La filice qu’on a nommée terre filicée , terre
Jiliceufe , terre quart^eufe , terre vitrifidble, eft rude
au toucher j elle ufe & raye les métaux elle eft
infufible & apyre, indiffoluble dans l’eau & dans
la plupart des acides, foluble par les alcalis à un
grand feu, & formant le verre avec ces fels > on b.
trouve abondamment dans le fable , le quartz, le
filex, l’agate, le jafpe , le grès & toutes les pie^'
res fcintillàntes dont elle fait là bafe. On ne 13
point déeompofée ni imitée par la fynthèfe. On
L'a regardée comme la terre la plusfimple, lelémenï
A X T A X I 4^3
terreux > l’origine de toutes les autres terres, mais I
on n’a point prouvé ces' affermons par l’expérience.
Elle fert à une foule d’ufages, & fur-tout au moulage,
à la verrerie, aux ci mens, aux poteries, & c . .
V. L’alumine, ainfi nommée parce qu’elle fait
h bafe de l’alun, appellée argile par quelques auteurs,
douce fous le doigt, happant à la langue,
durciftant au feu, faifant pâte avec l’eau, s’unifiant
à la plupart des acides , fe féchant en feuillets ,
prenant une grande dureté par fon mélange avec
l’eau & la filice, contenue en grande quantité dans
les argiles, les glaifes, les fchites/les ftéatites
&c. employée dans une foule d’arts', comme prenant
& retenant les formes, fe cuifant au feu,
arrêtant l’eau, inconnue dans ta nature intime ou
dansfes principes, regardée fauflement comme dé
la filice altérée , divifée , pourrie par l’air &
l’eau.
VI. La baryte ou la terre pefante, remarquable
parfon extrême pefanteur, jamais feule dans la
nature & toujours unie' aux acides fulfurique
carbonique A prenant une couleur bleue ou verte
par le feu & avec le ContaCt de la filice ou de l’alumine
des creufets, fe dififolvant dans 900 parties
d'eau, verdiffant la couleur des violëttes , ayant
une affinité plus grande que les alcalis mêmes avec
la plupart des acides, inconnue dans fes principes,
foupçonnée d’être un oxide métallique, fervant à
faire, reconnoître par-tout la préfence & la quantité
de l’acide fulfurique.
mine, formée de principes ignorés encore, quoique
manifeftement compofée.
IX. La converfion prétendue des terres les unes
dans les autres admife par les naturaliftes, eft une
véritable chimère. 11 n’eft.point prouvé que la filice
devienne de l’alumine à l’air, que les filex fe
changent en craie, que la craie*fe convertiffe en
magnéfie, comme on l’a penfé d’après des indices
beaucoup trbp légers.
X. Les trois terres alcalines femblent être plus
manifeftement compo fées que les deux premières.
On eft porté à penfer -que l’azote eft un de leurs
principes, & que c’eft lui qui leur donne ces propriétés
alcalines ; mais l’expérience n’a point en-,
core fourni la preuve de cette idée ; leur formation
attribuée avec vraifemblance aux animaux marins
qui contiennent beaucoup d’ azote dans leur compofition,
lui donne quelque fondement.
XI. Quant à leur nature métallique qu’on a cru
démontrer par de prétendues réductions en métaux
des cinq terres, en les chauffant fortement avec
du charbon , les globules métalliques très-petits
très-peu abondans qu’on a obtenus, venant manifeftement
des charbons & de la terre de coupelle
qu’on avoit mêlés à toutes les terres, & ayant été
reconnus pour du phofphure de fer dans le traitement
des cinq terres différentes, il eft bien prouvé
que les terres ne donnent point de fubftances métalliques.
VII. La magnéfie, très-fine, très-blanche, inaltérable
au feu, douce & légère, reffemblant à
une fécule, exigeant près de deux mille parties d’eau
pour fe diffoudre, ne verdiffant que légèrement
la teinture des violettes & des mauves, formant
des fels très-folubles avec les acides, y tenant
moins que la.chaux qui l’en fépare, & à-peu-près
autant que l’ammoniaque qui confiitue avec elle &
les acides des fels a deux bafes-, ou une clafté de
fels triples , exiftant en quantité, notable dans les
ferpentines , le mica, les ardoifes, les amianthes,
mdécompofable comme les précédentes, & inconnue
comme elles dans fa compofition.
VIII. La chaux, la plus alcaline des terres, la
ieufe qui ait une faveur acte, chaude, prefque
cauftique, défagréable & urineufe, verdiffant for-
temeptle firop de violettes, attirant l’eau cftmof-
phérique dans fon extinction à l’air , s’échaüffant
beaucoup avec l’eau & la folidifiant avec elle,
fî| dégageant une très-grande quantité de calorique
dans fon extinétion à fec, fe diffolvanr dans moins
de 700 parties d’.eau, attirant l’acide carbonique
de l’atmofphère, & formant à la furfacede fa dif-
hdution une croûte de craie improprement nom-
toee crème de chaux , inaltérable enfin quand elle
feule, mais fe fondant avec la filice &: l'alu-
XII. Si quelques phvficiens continuent de penfer
que les terres font des efpèces de corps brûlés,
auxquels f oxigène eft extrêmement adhérent, &
qui ne peuvent pas être décompofés- à caufe
de leur forte attraction pour ce principe, cette opinion
n’eft point appuyée fur l'expérience. Les terres
s’unifient entre elles 1 à 1 3 3 à 3. & même en
plus grand nombre par des procédés qui nous font
inconnus, mais que la nature pratique très-en
grand, pour donner naiffance aux pierres différentes
par leur dureté, leur tiffu, leur tranfparence,
leur opacité, leur couleur, leur forme, &c. Si
l’art n’ a point imité ces compofés, c’eft que le
temps, les maffes & l’efpace lui manquent.
XIII. Les trois terres alcalines forment une ef-
pèçe de paffage entre les terres & les alcalis} ceux-
ci font reconnoifiables par leur faveur âcre, brûlante
& urineufe, leur caufticité, leur adion fin-
gulière fur la peau & fur toutes les matières animales,
l’altération delà couleur bleue des violettes
en vert & meme en jaune verdâtre, leur déliquef-
cence. On en connoît trois efpèces, la potaflé, la
foude & l’ammoniaque : les deux premières ont
été appellées alcalis fixes, parce qu elles fe fondent
& r o u g i f l è n t a u . f e u a y a n t d e f e yolatilifer 3 la troi