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égaux j la différence de leur poids dofttfera celle
de leur pefanteur fpécifique , ou le rapport de leur
denfité. Pour connoître ce rapport on fera le rai-
fonnement fuivant. Ld pefanteur fpccifique de cette
liqueur, eft à celle de Veau , comme le poids du volume
de cette liqueur , mefuré.par l’aréomètre , eft
au poids du volume de Veau , mefuré par le même
aréomètre. Lorfqü’ on connoît exaPement la denfî-
té de Pune , on doit connoître auffi celle del’autre,
ainfi que celle de toutes les liqueurs que l ’on fou-
mettra à cette épreuve.
M. Lavoilier a fait des applications de Paréo-
mètre de Farenheit pour les eaux minérales, &
comme ces liquides ne contiennent ordinairement
que très-peu de matières , les aréomètres , tels
qu’on les conftruitpour les ufages ordinaires, n’indiquent
pas entre ces eaux & .l’eau pure une différence
bien fenfible.
M. Lavoifier a propofé de les faire beaucoup
plus grands afin qu’ils déplacent une plus grande
quantité d’eau , & que par ce moyen la plus petite
quantité de matière foit appréciée. Voici comment
il recommande qu’ils foient faits. Un cylindre
creux ( A B C F, figure 4 , claffe 2 ,.) de cuivre
jaune ou mieux d’argent, & lefté par le bas b , c, ƒ ,
vpar de Pétain. ( ce pèfe-liqueur eft repréfenté nageant
dans un bocal rempli d’eau. ) A la partie fu-
périeure du cylindre èft adaptée une tige de fil
d’argent de j de ligne de diamètre tout au plus,
& furmontee d’un petit baflin deftiné à recevoir
des poids j on fait fur cette tige une marque en
9. On peut faire cet inftrument de différentes
grandeurs, mais il n’eft fuffifamment exaP que
quand il déplace quatre livres ,d'eau. Le poids
de Pétain dont cet inftrument eft lefté , doit être
tel qu’il foit préfqu’en équilibre dans Peau diftillée,
& qu’il ne faille plus y ajouter pour le
faire enfoncer jufqu’à la marque, qu’un demi-gros
©u un gros tout au plus.
On comtpence par déterminer une première fois
avec beaucoup d’exaPitude le poids de cet inftru-
jnent,&le nombre de gros ou de grains dont il faut
le charger dans Peau diftillée, pour le faire entrer
jufqu’à la marqué 9. On fait là même opération
fur toutes les eaux dont on veut connoître la.
pefanteur fpécifique, & on rapporte enfuite, par
le calcul, les différences en pied cube, à la pinte ,
à la livre, ou bien on les réduit en frayions décimales.
Cette méthode , jointe à quelques elfais,
par les réaPi fs , eft une des meilleures pour déterminer
les qualités des eaux , & on y apperçoit
des différences qui auroient échappé aux ana-
lyfes chimiques les plus exaPes.
Les pèfe-liqueurs métalliques tie peuvent fervir
que pour déterminer la pefanteur fpécifique des
eaux qui ne contiennent que des fels neutres ou
des fubftances alcalines. On peut auffi en faire
çonftruire de particulièrs leftés pour l ’alcool
& toutes les liqueurs volatiles & alcooliques
quelconques 5 mais toutes les fois qu’il eft quef-
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tion de déterminer la pefanteur TpecifiqUe des
acides, on ne peut employer que du verre.
Dans ces derniers temps, M. le Ratzpropofa
un aréomètre, qui eft conftruit fur les mêmes principes
que celui de Farenheit, mais qui eft d’une
conftrupionplus difficile. i°. Ce t aréomètre doit pe-
fer exactement mille grains 5 quelque foit fon volume,
la tige doit être marquée à l’endroit où s’arrête
fon immerfion dans l’eau diftillée. On le plonge
une fécondé fois dans l’eau, en le chargeant d’un
poids connu , comme par exemple de quarante
grains j on ffivife en quarante parties égales l’intervalle
qui eft contenu entre les points des deux
immerfions, ce qui fervira d’échelle pour graduer
le refte de la tige. On fent que pour que fes degrés
ou divifions mefurent des quantités égales de liqueur,
& qu’elles déterminent exactement le poids
de ces liqueurs, il faut que la tige foit bien égale
dans toutes fes parties. 20. Que fi rinftrument pèfe
plus ou moins de mille grains , il faut que les poids
dont on le charge, pour former l’échelle de quarante
degrés, foient proportionnels- au poids de
l’aréomètre : proportion difficile à établir dans
.l'exécution de rinftrument, mais que les ouvriers
adroits trouvent en tâtonnant un peu.
En 1768, M. Baumé imagina un aréomètre,
pour connoître le degré de rectification de l’alcool
, & dont il a donné la defcription dans les
papiers publics , ( avant-coureur , ann. 1768 3
n°- 45 j 5° s 51 & année 1769, n°. 2, ) Il annonce
que cet inftrument eft également propre
à déterminer exactement la pefanteur fpécifique
de ces liqueurs. Nous allons voir qu’il s’ en faut
de beaucoup que l’aréomètre de M. Baumé rem-
pliffe ces deux objets. Il gradue fon aréomètre ,
en le plongeant d’abord dans neuf parties d’eau
dans laquelle il a fait difloudre une partie de fel
marin bien fec. La partie de la tige , à laquelle il
s’arrête, eft marquée o $ il plonge enfuite l’inf-
trument dans de l’eau diftillée , ce qui lui donne
le dixième degré. Il divife l’efpace contenu entre
ces deux terjnes en dix parties égales qui forment
autant de degrés. Il fe fert enfuite de cette première
divifien | pour former l’échelle entière, dont
le nombre de degrés s’élève jufqu’ à cinquante. La
figure 6 , claffe 2 , repréfente cet aréomètre.
On voit combien cette graduation eft défeç-
tueufe. i°. L’aréomètre eft gradué au moyen de
l’eau chargée de fel, pour effayer des alcools. Il
eft vrai que dans le mélange de l’eau , foit ayec
les fels , foit avec les alcools, il y a pénétration
dans les deux cas ; mais elle n’eft ni égale ni proportionnelle.
D’ailleurs à quoi fert ce mélange de
fel & d’eau? Eft-.ee qu’il y a jamais eu des mélanges
d’eau èc d’alcool auffi lourds ? Eft-ce que toute
combinaifon d’alcool & d’eau n’eft pas plus légère
que l’eau pure? Pourquoi donc ne partoit- il pas
du terme de l’eau, au deftous duquel toute liqueur
n’eft plus confîdérée comme alcool ?
2°. Les degrés font des parties égales,, & font.
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par conféquènt deftinés à mefurer des quantités de
liqueur femblables : mais il faut pour cela que la
tige de fon aréomètre foit parfaitement cylindrique
& égale elle-même dans toutes fes parties, ce qui
arrive rarement.
Quand bien même cette tige feroit parfaitement
identiquée dans toute fa longueur, l’inftrument
s’éloigneroit encore beaucoup du degré d’exaPi-
tude que M. Baumé lui attribue $ car fes degrés
d’enfoncement étant proportionnels à la denfité de
la liqueur alcoolique, ne le font pas au degré de
rePification, comme l’a fait connoître M. Brif-
fon d^ns un mémoire fur le rapport des différentes
denfités de l’alcool avec fes différens. degrés de
pureté.* Il eft vrai que M. Baumé a donné une
table qui indique les degrés d’enfoncement de l’a-
reomètre dans différens mélanges d’eau & d’alcool,
à l’aide de laquelle les erreurs de fon inftrument
fontun peurePifiées. Mais cette table eft-elleexaPe?-
Il eft difficile de le croire, lorfqu’on voit que dans
quelques-uns des mélanges, elle marque l’enfoncement
de l’aréomètre toujours au même degré ,
foit que ces mélanges foient refroidis par la glace,
foit qu’ils foient à f , à 10 & même à 1 y au-deffous
de 0, ou foit enfin qu’ ils foient échauffés à j , à
i o , à i y , à 2 o & même à 2 y au-deffus de la congélation
j comme fi 40 degrés de différence dans
la température de ces liqueurs ne caufoient aucun
changement dans leurs denfités5 ce qui n’eft ni vrai
ni vraifemblable.
L’aréomètre de M. Baumé pour I’alcOol, a
encore un autre défaut, c’eft fon peu de fen-
■ fibilité j fon échelle, quoique marquant 50 degrés,
n’en a véritablement que 40 : car les dix
premiers qui font le réfultat de la différence de la
denfité de l’eau falée à celle de l’eau pure, ne.
peuvent fervir à rien : or en élevant la pefanteur
de l’eau à 10000, nous avons 8293 pour l’alcool
,1e mieux rePifié , & en divifant 1707 , qui eft
la différence entre le poids de ces deux liqueurs,
.chaque degré de l’aréomètre de M. Baumé ne
donne le terme exaP, qu’à 42 parties & demie
près ; ce qui eft, comme on v o it , une grande
latitude:
) M. Baumé a auffi conftruit fur le même principe
un aréomètre pour connoîtje ' la quantité de
fel contenue en diflolution dans l’eau. Pour parvenir
à la confePion de cet inftrument, il prend
un pèfe-liqueur ordinaire de v erre, qui a à-peu-
pres la figure d’un thermomètre, avec la différence
feulement qu’on foude à la partie inférieure de la
houle une petite tige, au bout de laquelle on a
pratiqué une fécondé boule beaucoup plus petite
que la première, dans laquelle on a mis du mercure
il vient d’être dit, M. Baumé prépare une eau fa-
lée, en faifamdiffoudre 15 livres de fel marin mu-
r ia t e de foude , dans 85 livres d’eau s il plonge fon
aréomètre dans cette diflolution à dix degrés de
température, & le point qui eft de niveau avec la
furface de liquide, forme fon fécond terme qui eft
exprimé par 15 degrés. Il divife enfuite l’efpace
qui eft contenu entre ces deux termes, en quinze
partiel égales qui forment autant de degrés. Cette
première divifion lui fert de bafe pour la graduation
pour lefter l’inftrument, le faire tenir droit
& le faire enfoncer dans l’eau pure prefque jufqu’au
hauf du tube marqué Oj à l’endroit où l'infti ument
celle de s’enfoncer dans cette eau pure, c eft-là le
premier terme. Cet aréomètre que l’on voit repré-
lenté, figure 6 , clajfe 2 ) , étant difpofé, comme
totale de la tige de fon inftrument, en prenant
avec un compas la diftance du point o à 15, &
en la portant de 15 en 11 v.ersia partie inférieure de
la tige qu’il fuppofe fuffifamment longue. On peut
ainfi multiplier le nombre des degrés autant que
Ton veut, en prenant un aréomètre dont le tuba
foit long.
M, Baumé ayant fenti qu’il étoit difficile de fe
procurer des aréomètres dont le tube fût parfaitement
cylindrique & le diamètre égal dans toute
I fa longueur, propofe pour éviter les eau fes d’erreur
où cela pourroit mener, de former les degrés du
tube les uns après les autres, en drffolvant d’abord
dans 99 livres d’eau une livre de fe l, & l’endroit
où l’aréomètre s’arrêtera dans cette diffolu-
tion , fera le premier degré. On aura le fécond, en
diminuant une livre d’eau, & en augmentant d’une
livre de fel , c’e'ft-à-dire, en diffolvant dans 78
livres d’eau 2 livres.de fel. On continuera ainfi à
graduer l’inftrument, en augmentant le fel d’une
livre, & en diminuant l’eau dans la même proportion
, jufqu’à ce que l’on ait parcouru toute la
longueur du tube.
11 eft facile de s’appercevoir que la méthode de
M. Baumé , .pour çonftruire des aréomètres propres
à faire connoître la quantité de fel dans l’eau ,
eft extrêmement vicieufe. i° . 11 divife dans un
cas la tige de fon inftrument en parties égales
pour éviter les inégalités qui pourroient fe ren-*
contrer fur fa longueur. Mai s en fuppofant même
que cette tige eut toutes les conditions néceffaires
pour mefurer dans toutes les parties de fa longueur
des quantités égales de liquides, elle feroit encore
défePueufe 5 car il eft bien démontré qu’un fel
ne fuit pas les mêmes rapports en fe diffolvant dans
l’eau depuis fon minimum jufqu’à fon maximum j
c’eft-à-dire que les premières portions de feln’oc-
cafionneront pas dans la liqueur le même changement
que celles qui les- fui vent, & qui achèvent
de faturer l’eau.
On fait que les attrapions1 des corps varient fuivant
leur quantité, que le rapprochement ou l’écartement
qui a lieu dans leurs molécules pendant
; leurs combinaifofts, varie auffi- fuivant la- force de
I cette attraPion-, & qu’ainfi on ne peut pas faire
de table proportionnelle, pour connoître leur volume
d’après une feule expérience, une donnée
{impie.
En fuppofant maintenant que l’échelle del’aiéo-
, mètre de M. Baumé foit formée, degré par degré;,