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l’huile ; foht placés au haut des fauxbotif gs-Saînt
MartinSaint-Marcel,-à l’île des cygnes, &c.
Les lieux où l'on transporte lés immondices,
les excrémens, & fur-tout Montfaucon fitué au
•'nofd -'de Paris , - offrent des'établiffemens où Ton
fiépëfce les cadavres des chevaux, au lieu de
lesfiàiffér pourrir dans dés chemins 3 comme on,
le faîfoit autrefois ou de les enfouir dans des -
foffes qu’on nommoit foffes vétérinaires. 11' n’y J
a pas un de ces -attèliers, où' il ne foit poflible-
d’établir un fourneau & une grande cornue de
fer , & où par la diftillation on ne puiffe obtenir
à peu de frais l’ammoniaque „pu le carbonate am-
jnoniacal que le feu éfi développe. Les lumières,
-de la chimie apprennent qu’on -pourroit facile-;
ment tirer un grand parti dé ces dépouilles ani-;
males, qli’on laiffe trop fou vent fe pourrir en pure
perte. E n ramaffant ces matières & les arrofant,
d’une certaine quantité d’eau , on attendroit;
qu’elles commençaffènt à fe pourrir 5 on recon-
noîtroit facilement à l’odeür la production &
le dégagement de l’ammoniaque 3 alors on les
rintroduiroit dans des’cornues avec le huitième
ou le dixième de leur poids-de chaux vive 5 on
?adapteroif au bec de ce vaiffeau un canal de
verre,oit de grès, qui. plongeïoir jufqu’au fond,;
dans un grand tonneau rempli d'eau jufqu’aùx;
deux tiers de fa hauteur 5 011 pourroit même,!
fuivant la capacité delà cornue, multiplier les
tonneaux en les faifant c-ommuniquer par des’
tubes fie verre , ou même de bois, & en formant
ainfî une efpèee d’appareil de Wouife, très-
commode-& très-fimple. Cette diftillation charJ
geroit l'eau de"gaz ammoniac qiti s’y difibudroit j
l ’huile.qui paffetoit en même-temps , fe raffem-
blerôit au-fieffüs' dé'1'’eàü, î:& on la recueille-:
roit pour les ufâgés auxquels on.-la deftineroit.
L ’efpèce d’ammoniaqué que l’on obtiendroit ainfî
feroit à la vérité huileufe & fale, maison la reéti-
fieroittrès-aifément, foit fur le dieu même dans un
appareil diftillatoire très - fimple , foie dans les
lieux où le commercé la porterait. Il -feroit pof-
fiblè jde tirer également parti des urines! dans
'les endroits où beaucoup d’hommes, vivent raf-
■ femblés , tels que les- collèges,' les penfions fi les
féminairés , lés grands' atteliers, &c. ; Autrefois
©n n avoit dans les pharmacies qu’un efprit al-':
câlin rétiré‘de l’iirine.’ •*- :■ s,i ■ ^
Les Anglois ont depuis long-temps des ma- :
■ Tiufaéhires analogues à celles-qui ifont indiquées
• ici pour le traitement des. matières - animales &
où ils préparant de grandes quantités- de fe l -vola
til ou carbonate'ammoniacal■ & -d’ammoniaque pur
ou d’alcali -volatil fluor. Ohez:èux^ on ramaffe
avec foin les os de boedf^ de moutfom, •de. cheval,
&c. on les traite dans1 certains attèliers par
l’eau, par ' la diftillation y ou on1 iën extrait par!
la décoction-de l’huile qur fert à brûler & à
fabriquer du favori ,Jiin> bouillon dont bn nourrit
des animaux domeftiques, fie l’ammoniaque’ em-
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ployée fort pure , foit combinée à 'l’acide carbonique
& dans l’état dé fel volatil, foit unie à
l’acide muriatique, qu’ils retirent en même-temps
du fel marin pour la fabrication du fel ammoniac
^ oumuriate ammoniacal. Le charbon des ôs
calcinés fert encore en en retirant l’acidephofpho-
rique à préparer avec la foude extraite du fel marin,
du phofphate de foude, qui eft fort employé
.comme un purgatif en Angle.terre. Pour fe: borner
• à: ce qui regarde l’ammoniaque qui . nous
occupe, combien ne perdons-nous pas ici de ma»
tériaux qui nous en fourniraient par la diftillation
5.mais c’eft a fiez parler fur cet objet 3 il füffit
de l'avoir préfenté fous ce point .de vue1 pour
faire naître le goût de ces établiffemens utiles,
& pour guider dans le travail très-fîmple .qu’il
faudrait entreprendre pour avoir ainfî une fource
abondante d’ammoniaque. On en concevra encore
- davantage l’utilité , en obfervant que le fehamrho-
niac oumuriate d’ammoniaque qu’on emploiepour
retirer l’ammoniaque par le moyen de la chaux,
coûte trois livres au moins la livre.
; On.voit que tous les procédés indiqués pour
obtenir l’ammoniaque-,: feréduifent à dégager cette
efpècé d’alcali, en gaz , par l’aêtiop de : ila chaleur
, & dans., un appareil aiftillatoire v Sè à recevoir
ce gaz dans l’eau pure;&: froide-qui s’en
fature. C ’eft fur-tout par .ce dernier-point, que
la chimie moderne diffère de l’ancienne 5 autrefois
, on ne connoiffoit ni la propriété qu’a l’a-
moniaque de fe réduire en gaz- invariable par le
froid , ni la diffolubilité, ou plutôt la propriété
coërcible fie ce gaz par l’eau froide:3 on dillilloit
.les matières quiffourniffoierit de l’ammoniaque dans
de Amples ballons ajuftés les uns aux, autres.3 on
étoit obligé d’y.- laifferuhe tubulure , pour donner
iffuefi l’air, difoit-on 3 & par cette iffue plus
de la moitié du produit ammoniacal s’échappoit
dans 1 air. Aujourd’hui l’on’ recueille ce gaz dans
de l’eau, oii n’en perd point dans l’athmofphère, on
: obtient l’ammoniaque très-pure & très concentrée.
. L’appareil de \Voulfe a donc rendu à cet égard un
grancf fervice à. la chimie , en l’éclairant fur. la
quantité. fe la nature des produits 3 aux arts-chimiques
en leur fourniffant des moyens de ne rien
perdre & d’obtenir des produits1 beaucoup plus
purs & plus abondàns qu’on ne les avoit autrefois.
On : peut s’en convaincre par rapport à l’ammoniaque,
fur-tout en comparant celle qu’on obtient;
dans les ballons , ou fe condêrife la portion
quèrfeau qüîfe volatilife en même-temps, peut
retenirv & celle qui exifte dans les flacons; .de
LappàreiL.de Woûlfe, qu’on’ emploie pour la recueillir.’
La: première eft fouvent fale-y d’une couleur
jaune, ^ toujours remarquable Ipar une odeur
empvreumatique & commelgraffe’j la fécondé: eft
conlramment fous la forme d’un liquidé blanc très-
tranfparent, d’une odeur vive’, pénétrante jîmais
pure & ^nullement .mêlée, d'huile animale brûlée.
Aufll’ie.procédé «ft -dl. aujourd’hui :fum ; dans
tous les laboratoires de pharmacie Sc des arts
chimiques. ( Voyet( pour les détails plus exacts de
cette opération lçs mots Appareil de Woulfe,
Distillation, & mûriate d’ammoniaque).
§ III. Des propriétés chimiques de l’ammoniaque,
L’amoniaquê, comme il a déjà été dit, diffère
des deux autres r éfpèces d’alcali, la potafle & la
foude ,/Par une odeur vive % tuffoquante,.& par
une volatilité fingulière. li en eft de ce fel comme
dés alcalis fixes 3 on ne le connoiffoit pas dans
fon état de...pureté, avant les, expériences ingé-
nieufes de MM. Black & Prieftley. On regardait
comme tel une efpèee de fel neutre, imparfait,
folide & criftallifé, qui a quelques-unes des propriétés
de. l’alcali volatil 5. mais qui en diffère en
ce qu’il eft véritablement compofé de deux fubf-
tances falines. ; le caractère de faire,effervefcence
avec les acides, qu’on attfibuoit autrefois à l’ai-
cali volatil, n’appartient qu’à, cette efpèee de fel
neutre,dont nous parlerons à l’article C arbonate
AMMONIACAL.;
Ce qu’on connoiffoit,il y a quelques apnées, dans
lés laboratoires de chimie, fous le nom à3alcali volatil
caùftiquè oii fluor, & dans la pharmacie , fous celui
dé efprit volatil dé fel ammoniac, n’eft point encore
l’ammoniaque pure 5 elle n’y eft quediffoute/& concentrée
dans l’eau. M. Prieftley a prouvé qu-on
peut en extraire un gaz permanent, à l’aide d’une
douce, chaleur , & que l’eau privée de ce gaz
perd peu-à-peu les propriétés alcalines 5 ce fluide
aériforme eft ivéritablement l’ammoniaque-pure 3
il eft connu fous le nom de gaz - ammoniac. G eft
ce corps dqnt.il faut examiner les propriétés,
pour çonnoître celles du véritable alcali volatil,
ainfî que l’a très-bien fait obferver Macquer. C ’eft
lui: qui. doit- préfentet 'toutes les propriétés fie
l’ammoniaque pure, pnifque l’ammoniaque liquide
eft-déjà une combinaifon, d’ammoniaque & ;d’eau,
dans laquelle çes deux corps ont fatisfait déjà par
leur union une partie de leur force de combinaifon,
de leur attractioni. •..., . . . ; ;
Pour obtenir le gaz ammoniac, on met. dans
une petite cornue ou. dans un matras de verre,
une. certaine quantité- q ammoniaque liquide. 5 on
adapte à l’un ou à l’autre de ces vaiffeaux un tube
ou fyphon recourbé 3, dont l’extrémité plonge
dans une cuve pneumato-chimïque,remplie de mercure,&
doit être reçue fous des cloches de,verre pleines
du même fluide métallique., & renversées fur la
recueille le gaz dans les cloches, que quand l’ébullition
planche percée placée à, l’unè fies, extrémités.. fie,1a
cuve. ‘\Koyei C u vé pneumato-çhimique) On
échauffe lé fond de la cornue, ou du ,matràs
avec qùelques charbons,., allumés , ou avec, la
flamme fie l’alcool, en mettant fous l’appareil un
petit fourneau portatif, ou une lampe à. èfprit-
de-vin 5 on lai fle for tir par l’extrémité du tube les’
premières portions dé fluide élaftique , qui ne
font que l’air du vaiffeau éc du tubq, & on ne
du liquide eft bien établie. 11 ne faut
pas, pouffer cette, efpèee de diftillation pneumatique,
jufqu’à faire paffer Peau en vapeurs , ou
bien il faut prendre un tube qui foit dilaté en
boule au milieu de fa longueur 3 alors“, on a foin
de. •réfrqidir la portion dilatéer de ce tube, afin
d’y condenfer l’eau en vapeur, 8c par, ce,moyen
on fe procure du gaz ammoniac très - fec &
très-pur.
M. Prieftley a donné un autre procédé pour
obtenir lé; gaz ammoniac, & cè dernier eft même
moins difpendieux que le premier. Il confifte à.
mettre dans un matras ou une cornue, un mélange
d’une partie de fel ammoniac ou muriate
d’ammoniaque & de deux parties de chaux vive.
Eméchauffant ce mélange, la chaux fe porte far
l’acide muriatique, & rend libre l’ammoniaque
qui -fe dégage fous la forme de gaz 3 il vient
remplir les cloches placées à l’extrémité du tubé
qui conduit lé gaz. ammoniac de la cornue ou
du matras jufqiies dans la cuve pneumato-çhimique
& à.la furface du mercure.
Le gaz ammoniac reffemble à l’air lorfqu’il eft
contenu dans une cloche 3 il a fa tranfparence &
fph élafticite, il eft un peu plus. léger que lui j
lorfqu’on retourne ’les, cloches qui le contiennent,
Pair -reprend bientôt la place. Suivant JVi. Kirwan,
un pouce cube d’aiir àthmofphérique, pefant grains
, un .pouce cube de; gaz ammoniac,
donne ,o,2.748 5 fon odeur .eft pénétrante, il a
une faveur âcre fe cauftique. 11 verdit promptement
la ' couleur bleue des violettes, de la mauve
& des rayes , mais fans l’altérer comme les. alcalis
fixes cauftiqu'es.. - .
. C ’eft "fur cette'. propriété du gaz ammoniac
qu’eft fondée une expérience dont le réfultat pa-
roît un phénomène, extraordinaire • aux perfonnes
peu inftrüites. On met dans ]e ■ fond d’un petit
vafe, deftiné à porter Jes fleürs dont on orne les
cheminées, les'tables, les confoles, & c ., un peu
dé fel ammoniac & de chaux vive. Le gaz ammo*
niac, qui fe dégage lentement de ce mélange en
fé répandant dans l’air par le col rétréci du yafe
où les fleurs, font placées, altère la couleur fen-
fîble dé leurs pétales.; Ainfî , la rofe, les oeillets,
les pavots j les giroflées, & c . , perdent peu-à-peq.
leur couleur rofe ou rouge, qui fe convertit eu
une nuance verte 3 le fpèélatèur, qui ne connoît
pas la caufe de ce phénomène, eft étonné de voir
ces fleurs ■ vertes, tandis que la nature ne leur
donne jamais cette couleur.
, Le gaz ammoniac jtue les animaux. & corrode
la peau, lorsqu’elle eft expofée quelque temps à
fon contàét. Si l’on fait pendant quelque temps des
expériences avec le gaz ammoniac , les doigts deviennent
rouges & douloureux.
Quoiqu’il ne puiffe pas fervir à la combuftion, &
qu’il éteigne les corps enflammés, il augmente cependant
la flananje d'une bougie avant de l’éteindre