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& par la fubîimatton ; il forme un compofé jaune
ou rouge fuivant les proportions} cependant Bergman
qui indique cette différence, n'énonce pas les
proportions ,8c laiffe fes lè&eurs dans l'incertitude
fur cet objet. Il paroît réfulter de toutes les expériences
que l'on a faites~Tur cette combinaifon,que
le fulfure d’arfénic jaune ou l'orpiment , diffère par
plus d'oxigène , du fulfure d'arfénic roùge ou du
réalgar. Le principal fait qui ;autorife; cette con-
cluljon, c'eft que lorfqü'on chauffe dé l'bxide d'arfénic
blanc avec le' foufre ', une partie de ce
dernier paffe à l'état d’acide fulfureux , en enlevant
de l'oxigène à l'arfénic ; 8c fi on en dégage
beaucoup de gaz acide fulfureux , ori obtient du
fulfure d'arfénic rouge ou réalgar,-au lieu du jaune
ou de rorpiment. 'D'après cette généralité,on concevra
mieux 8c les détails que j’ai donnés fur ces
combinaifons dans mes élémens de chirnie , 8c cèux
.que j'y ajouterai ici fur1 ! les propriétés de ccs
fulfures.
L'oxide d'arfénic fe combine très-bien avec le
foufre 5 lorfqü'on fait fubîimer ces deux fubftances
enfemble., il en réfulte un corps jaune ou rouge,
volatil, qui a une faveur moins forte que l'oxide
d'arfénic pur , 8c qui h'eft plus folüble dans l'eau, c et oxide d'arfénic fulfure jaune a été nommé
orpin ou orpiment faSlice j il eft fufceptible de crif-
tallifer en tétraèdres comme l'oxide d'arfénic vitreux
5, lorfqü'on le tient plus long-temps fondu ,
il devient d'un beau rouge 8c tranfparent, dans
cet état on l'appelle réalgal, réalgar -3 riygal factice 3
oïl arfénic rouge. Nous nommons ce compofé oxidé
d’arfénic fulfuré rouge. Quelques chimiftes ont cru
que le fulfure d'arfénic rouge ne différoit du jaune
-8c àe. l'orpiment, qu'en ce qu'il contenoit plus de
foutre} mais; Bucquet avoit obfervé que le compote
de foufre 8c d'arfénic eft rouge, lorfqu'il a
été fondu quelque temps , puifqu'il fuffit d’èxpo-
fer, de l'orpiment à une chaleur vive pour le faire
pafier à l'état de réalgar. Cette observation eft
d'accord avec ce qui a été expofé plus haut, puif-
qu'une.température plus élevée favorife la décom-
pofition de.l'oxide par le foufre 8c rapproche cet
oxide de l'état métallique.
■ : Le - fulfure d'arfénic jaune ou rouge préfente
des propriétés quil eft important de faire connoî-
tre ici. Le premier prend fôuvent la forme.de
James } le fécond affeétè prefque toujours celle de
prifrnes.
■ X'orpin a une pefanteur fpécifique = à 5,315 j
8c le réalgar à 3,225,- fuivant Bergman.
- X'acide nitrique & l'acide nitromuriatique attaquent
d'unjj & l'autre de ces fulfures 5 le réalgar
paffe du rouge au jaune par le-cbntaél de ces acides,
qui ne changent point la couleur de l'orpin 5
ce qui annonce encore que ce dernier contient
l'arfénic plus oxidé que le rouge. Ces fels
d-ffolvent l'arfénic , 8c Jaifient le foufre } il faut
Jes prendre afiez concentrés pour diifoudre ce
»létal, & ne les pas trop chauffer * car ils brûle-
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roient du foufre 8c l'on ne pourroit- pas eti con-
noitre les proportions.
Les'àicaîis cauftiques diftolvent par la voie humide
les fulfures d’arfénic ; ils forment une efpè-
ce d’encre de fympathie, dont la vapeur colore les
fels dé plomb à travers beaucoup de feuilles de
papier. En faifant bouillir de l'eau avec l'orpin & le
double de chauxvive-, on prépare un fulfure calcaire
arfénical, qu'on a beaucoup employé autrefois
comme liqueur d'épreuve du vm, pour ÿ recon
noîtrê la préfehce du plomb. Les alcalis fixes très-
chauffes avec deux fois ou même trois fois leur
poids à'orpiment ou de réalgar dansun creUfet, fixent
en quelque forte le foufre, 8c laiffent dégager l'arfénic}
il ne rèfte que très-peu d'oxide arfénical
dans les- fulfures folides qui fe forment par cette
opération.
Le nitre 8c le muriate furoxigehé de- potaffe
détonent fortement avec les fulfures’ d'arfénic,
ils en brûlent le foufre 8c en oxident le métal.
La plupar t des matières métalliques qui- ont de
l’affinité pour le foufre 8c l’arfénic s'unifient à
l’orpin 8c au réalgar , tels font fur-tout le fer 8c
‘l'argent ; le premier forme une efpècéde mifpic-
kel, 8c le fécond une mine d'argent rouge arti-
•ficieMe.,' ' • - jjÉ - •; •
-Voici ce que M, Pelletier a configné dans fes
mémoires fur les phofphures métalliques , relativement
à la combinaifon du phofphore aVec i'arfé-
fii-c. Margr.af ( dit-il) a examiné l'a&ion du phofphore
fur l'oxide d’arfénic. Voici ce qu'il a dit à ce
fujet. » J'ai mêlé demi-drachmede chaux d'arfénic
avec une feule drachme de phofphore, & en
ayant fait la diftillàtiop , j’ai obfervé • les circonf-
tances fuivantés.' i°. L'arfénic fe fublima avec le
phofphore, d'un rouge éclatant, mais il y en avoit
fort peu qui fût fous la forme accoutumée du phof-
phore , cela avoit plutôt l’air d'un fiblimé mixte,
au lieu de réfidu trou vois unefubftance noirâtre,
fragile , du poids d'environ huit grains, qui
attira afiez vite l'humidité de l'air , 8c fe fondit.«
J'ai répété l'expérience de Margraf,& j'ai obtenu
les mêmes réfultats} mais je ne regarde point
ce fublimé rouge comme de l'arfénic phofphore}
Ce fublimé rouge' eft du phofphore en par ne de-
compofé, c’eft à-dire, uni à une portion d’oxigène
qui lui a été fourni par la chaux d'arfénic , parce
que l'oxigène a une affinité plus grande avec le
phofphore qu'avec d'arfénic } ce que je regarde
comme de l'arfénic phofphoré, eft une fubftance
brillante^ noirâtre quifie fublimé avec cette matière
rouge3 8c qui étant mife fur un charbon, brûle,
répand l'qdeur de l’arfénic 8c celle' du phofphore
} la petite portio'n de réfidu que l'on trouve
dans la cornue eft de l’acide phofphorique produit
par l’union d’une petite portion de phofphore a
une portion de l'oxigène de l’oxide d'arfénic, mais,
comme je viens de l'oferver , la plus grande portion
de l'oxigène que fournit la chaux d'arfénic,
forme en s'unifiant au phofphore une combinaifon
A R S
toute particulière , de couleur rouge , 8c pouvant
fefiibiimerj le phofphore dans cet é tat, eft, rélà-
tivement au phofphore ; - ce quë 1?affenic"blanc' eft
relativement au régule d'arfénic 5 ce fera d.onc ( fi
l'on peut donner le nom d'oxidè à des fubftances
qui ne font point métalliques-) de l'oxide de phofphore.
- ' R " y ' / f
L'on peut obtenir- de Earfenîc .phofphore, en
diftillant un mélange' de parties égales, dé'régule ,
d’arfénic & de phofphoré 3 mais ;il faut d’ans cét-
tediftillatioh bien ménager Ië'feif, Len obiifèiidrù|
parce moyen un réfidu noir 8c brillahtVdans lequel
le phofphore fe trouve en quantité. Il faut 0011-
fèrver leproduit dans l’eau.
L’on unit aufti le, phofphore a l’arfénic, par la
voie humide. J'ai mis dans fin matras avec S . Q. ;
d’eau un gros de régule d’arfénic gros de !
phofphore. J'ai tenu le màtras fur ün bain dé Table :
pendant quelque temps, le phofphore s'èftfondu, î
&s'eft uni à l'arféni-c,)'ai;àufii obtenu l’uniôn-dfi
phofphore '8c de l’arfénic , en'mettant dans un
.matras un gros de chaux d'arfénic , -8c un gros
dè phofphore. Procédant d'ailleurs , comme je
viens de l'indiquer dans cette dernière expérience,
l’oxigène de la chaux d'arfénic.fe-porte fur le phofphore,
d'où il réfulte .de l'acide phofphorique ;
qui fe diffoutdans l'eau 5 l’oxide d'arfénic fe trou-1
vant .enfuite à l'état de régalé-3 fe combine avec la j
portion de phofphore non décôrnpofé.■ • '
Quant au carboné, on n'a point encore d'expériences
qui prouvent qu'il forme une combinaifon
particulière avec l'arfénic , quoiqu'il foit vraiTem-
blableque cette combinaifon exifte. On fait que
ce. corps combuftible enlève l'oxigène à l'oxide
d’arfénic , 8c qu’il rappelle cet oxide à l’état me- ;
taliique.
Prefque toutes lès fubftances métalliqùes font
fufceptibleS de s'unir à l'arfénic.} quoique'cèS com-
binaifons appartiennent particulièrement à chaqüè
métal, 8c doivent être préfentées en détail dans
, l’hiftoire de chacun d’eux , il eft convenable dJen
expofer ici les principaux phénomènes.
Le cobalt eft toujours uni à l'arfénic dans la'na-
ture. Il paroît y être thème fort adhérent^uifqu'on;
ne peut tenir du Colbaît en fufion fans qu'il s'én
dégage une vapeur a-rfénicale. :
Le nickel paroît aufti fort adhérent à l’arfénic }
°n ne peut l'en féparer que pat des grillages répétés
avec le charbon , comme Bergman l'a fait voir.
L'arfénic enlève facilement de l'oxigène à i'qxide
de manganèfe -j 8c même l'oxide d'arfénic blanc
paroît paffer en partie à l'état d'acide, lorfqü'on
le chauffe avec l'oxide de manganèfe.
L’arfénic s'unit à l'antimoine, on a peu examiné
cette combinaifon.
Allié au zinc, ileri altère le grain, la couleur 8c la
«emi-duélilité. En chauffant du zinc en poudre
avec l'oxide d'arfénic , celui-ci cède fbn oxigène
aU/r ^ Brûle rapidement > l'oxide d'arfénic re-
paffe à l’état métallique.
A R S | 43.7
- On ne connoît pas la côràbînâifon de l’arfénic
avec le mercure } on fait feulement que l’arfénic
enlève l’oxigène à • l’oxide de mercure,'à l'aide
d'une température douce j en faifant cette expérience
dans une cornue de verre avec une partie
d’arfénic en poudre 3 Sc deux parties d’oxide rouge
de mercure, l'arfénic brûle en donnant des étincelles
1 bkînches brillantes , 8c fe trouve converti
en.oxide bl-anc. C ’eft cette attradion de l’arfénic
plus forte pour l’oxigène que celle du mercupe ,
qüi-eft la caiife de la ;déeompofition'du muriate de
mercure corrofif ow fublimé côrrofifpzr l’arfénic,
puifquejcette décqmpofition n’a pas lieu avec l'oxide
d'arfénic.
()n unit l’arfénic à l’étain, foit immédiatement,
en -faifant fôndre de Pétain avec-un douzième ou
un feizieme de fon poids d'arfénic en poudre fine ,
ou en- chauffant dé Pétain avec l’oxide d’arfénic ,
èè-ku -cbeèdefiGn oxigène' à une partie de l’étain ,
8c en repaffant à l’état métaliique fe combine avec
~cè métal.' Un' jpatèil alliage1 contenant un feizième
d’arfénic eft difficile à fondre , lamelleux, cafiant
8c ne peut pas être, employé. Voye^ Et a in .
L’ alliage1 du- plomb avec l'arfénic eft inconnu}
il païoît que l-facidè arféniqueeft un des minéralifa-
teurs • du plOmb dans la nature 5 quelques mines
rouges de plomb femblent avoir le caractère d'ar-
feniâté dé plomb. Voye% lé mot Plomb.
L ê -fer -uni à l'arfénic paroît cafiant à chaud 5
ôn trouve cet alliage dans le mifpick'el, la ftrudure
fibreufeHu fer eft très-altérée par cette combinaifon.
P'oyei l'article Fer.
Le cuivre fe combine bien avec l'arfénic 5 il devient
blanc 8c cafiant par cette union, il forme
une efpèce dé cuivre blanc connu fous le nom de
tbmbaè blanc. Voye^ les mots C ui v r e 8c T om-
>$Ad‘k\ •
'■ L'argent alIié’d'aiCén’ic'devienttrès-aigre 8c très-
: cafiant. Les minés d'argent rouge contiennent dè
l'arfénic, mais celui-ci y eft à ce qii'il paroît à l'état
d'oxide ou même d'àcide.
L'or eft p&fipa* l'arfénic,qui lui enlève en même
temps fa ductilité. '
Le platine devient très-fufible par l'addition de
l'oxide d'arfénic } en chauffant long-temps cette
èfpèce d'alliage -, l’arfénic fe diffipe ' 8c le pl atine
'.reftê duétiléfC’eft pour cela qu’on ëlnplbye cette
addition d’arfénic pour travailler le platine. Voyc^
le mot Platine.
Bergman indique dans l’ordre fuivant les attractions
de l'arfénic par la voie fèche pour les métaux,
le nickel ,1 le cobalt, le cuivre , le fer ,
l'argent, l’étain j le plomb , l'or , le platine le
zinc 8c l'antimoine.
L'oxide d'arfénic eft employé dans plufieurs
I arts 3 8c fpéciàlement dans les. teintures. On le
fait entrer aufti dans la vitrification. Nery donne
pour teindre le criftal de roche par le feu, une
recette qui a été répétée avec fuccès par Bergman.
- Elle confifte à faire chauffer ce criftal dans uo