
annonce que la chimie feule , telle qu*elle eft au-
jourd hui, peut la faire découvrir j car il y a déjà
long-temps que les bornes de l'anatomie font po-
fees , & que cette fcience a fini de donner tout'
ce qu elle etôit capable de fournir pour la con-
noiflance des maladies. V les mots Bile, Blanc
DEBAIEINE, CALCULS, C eRV'EÀU, FOIE, LA IT,
M uscles , O s , Putréfaction , Mucus , Sa u
v e , Sperme, Ur in e , &c. &c.
§ . VI. Vtes far U avancement de t art de tanalyfe.
On a donne un tableau affez complet de tout
ce quia été fait jufqu'aujourd’hui fur la décom-
pofition ou l'analyfe des corps naturels , dans les
paragraphes précédens. On a déterminé fur-tout
les obftacles que Part d'analyfer les corps a rencontrés
& qui Pont arrêté II réfulte de ce qui a été
expofé, que fi cet art fingulièrement perfectionné,
a fu faire trouver la nature d'un grand nombre de
corps qu'on avoit ignorée autrefois , & a même
fait ranger parmi les matières compofées quelques-
unes de celles qu'on avoit pendant long- temps
comptées au nombre des corps fimples il a fait
connoître en même temps que beaucoup de corps
qu on avoit regardés comme compofés & qu'on
avoit cru avoir décompofés, n'en font réellement
pas fufceptible§. Ainfi Panalyfe n'a pas pu agir fur
la lumière, le calorique, Toxigène , l'azote,,
l'hydrogène, le carbone, le foufirê , le phof-
phore & les fubftances métalliques. Toutes
ces fubftances n'éprouvent aucune décompofition
tous ^es aSens connus 5 elles ont ;
jufqu'ici réfifté à tous les inftrumens qu'on leur a
appliqués, à toutes les méthodes auxquelles on
les a foumifes. On ne peut cependant pas croire,
comme nous Pavons déjà fait foupçonner précédemment,
que ces corps foient des matières Amples,
des élémens dans le fens qu'on leur donnoit
autrefois 3 tout annonce au contraire qu’ils font
formçs de principes plus Amples queux 5 mais il
paroit que la force de leur adhérence eft telle,
qu'il n'y a encore aucun effort connu capable de
îes féparer. On ne doit point conclure de l'état
a&uel de Part chimique , qu'on ne parviendra
point à les analyfer quelque jour. Il y a au contraire
lieu de préfumer que Part en fe perfectionnant
encore , s'élèvera jufqiPà décompofer des
corps qui font pour nous des êtres Amples ou indécomposables.
Mais il n'éft pas douteux qu'avant
d'en venir là, il faudra créer de nouvelles méthodes
d'analyfe entièrement différentes de celles que nous
poffédons , comme il a fallu imaginer tous les appareils
pneumatiques., pour travailler à analyfer
l'air & les fluides élaftiques. 11 y a vingt ans qu'on
. n'avoit nulle idée de ces derniers appareils & des
moyens ingénieux qu'ils ont fait naître. Cn n'a
donc de même nulle idée encore de ceux qui pourront
fervir quelque jour à nous éclairer fur la nature
de la lumière, du calorique, de l'hydrogène,
de l’oxigène, de l’azote, du carbonedu foufre
du phofphore & des métaux. Tout ce qu'on a dit
fur ce point, .eft entièrement hypothétique. Cependant
parmi les faits que l'on cite, pour appuyer
quelques-unes de ces hypothèfes, il faut diftinguer
quelques expériences îngénieufes qui fortent de la
route commune , & qui rie s'accordant pas , ou
plutôt ne fe liant point encore affez étroitement
avec la doétrine adoptée aujourd’hui des chimiftes
François, Semblent donner des vues pour pouf-
Ter plus loin & nos connoiflances & nos moyens.
Telles font les ~ expériences fur la chaleur ardente
& rayonnante, ainfi que fur la lumière,
confignée dans de traité de l'air & du feu de
Scheèle. Oriy trouve des ’ phénomènes incohé-
rens-avec ee que nous lavons ; makqui, ft jè ne me
trompe , ferviront quelque jour à enrichir les
méthodes d’analyfes ; car on ne peut plus efpé-
rer de découvertes dans ce genre-, que par, l'application
des moyens trop peu examinés jufqu'ici,
& d un ordre lupérieur, en quelque forte, à
ceux qui ons été mis en ufage. Telles font les machines
deftinées à fairepalfer, à condenfer, à éparpiller,
a décompofer & à recompofer la lumière ; les appareils
appropriés à l’examen des phénomènes &
des combiriaifons du calorique, les grandes machines
électriques. Voilà les nouvelles fources où
1 on ponrra puifer pour accroître les moyens,
augmenter les reftources de la chimie j on voit
qu’elles ne feront _ouvertes que par un heureux
accord des parties les plus fublimes de la phyfique
expérimentale avec les connoiftances chimiques.
( K - , les mots Lumière , C alorique, Fluide
électrique. )
AN AN A S. Bromela ananas. L. L'ananaseft-Ie
plus gracieux de tous les fruits. Auffi eft-il fait
pour orner la table des rois , des- riches ,
& des heureux de.ee fiècle. Né dans les Indes
orientales j tranfplanté dans les occidentales &
depuis peu en Europe , où il n'a réuffi qu’avec
les fecours des ferres chaudes & d'une culture
difpendieufe & recherchée, il faut trois années
au moins pous voir fa tige fleurir, Sc'près de
iix mois pour la voir, parvenir à fon point de
maturité. C e fruit eft d’abord verd, enfuite en
mûriflant, il prend une belle couleur orangée. _
On le mange coupé par tranches & trempé dans
un peu de fucre ou mêmè fans fucre, ou trempe^
dans du vin & de l'eau-de-vie. Son goût eft
mele de celui du citron, de l'orange, de l'abricot
& du melon j il furpaffe tous ces fruits par fon
odeur & fa faveur. Ce fruit n’eft pas feulement
agréable au goût, il eft aüfli fort falutaite. Il facilite
ladigeftion fans la précipiter, il ranime l’efto-
mach fans l'échauffer : c'eft un analeptique par excellence.
On en fait un fîrop très-bon pour la
coqueluche des enfans.
Lemery dit qu'on tire par expreffion de l’ananas
un flic dont on fait un vin excellent, qui vaut
nrefque le Malvoifie, & qui enivre ; il fortifie ,
arrête les naufées , -réveille les efprits abattus,
provoque les urines ; on dit que les femmes enceintes
doivent s'en abftenir. On confit les ana-
font toutes pratiquées pat des mêmes hommes.
Comme où y trouve une égale utilité avec tontes
les autres, on s'en occupe à l’envi dans un laboratoire
ans, & cette confiture eft bonnepour lesperfonnes ’
d'un tempérament foible. • . ; »M
Michel-Bernard Valentin , dans fon hiftoite reformée
des plantes exotiques, rapporte que l’ananas
paffe pour etre diurétique & un lithontrip-
tique très-puilfant. ;
J'ai fouverit avec les ananas, dit Chevalier ,
médecin dè Paris , dans fon traité des plantes de-
Saint-Domingue, fait de la limonade pour les;
fièvres ardentes & même malignes. On les coupe
par tranches que l'on met dans l'eau avec un peu
de fucre : je crois qu’il eft préférable au citron
du pays, qui eft fort âcre. . ■
Un botanifte, habitant des îles occidentales de
l’Amérique a annoncé le jusf~ d’ananas à demi-mûr,
comme un bon fpécifiqùe contre la gravelle.
Les Italiens préparent une liqueur fpiritueufe
très-agréable avec l'ananas, qu'ils nomment nar-
raja. . . .
La plante qui donne, ce fruit délicieux a la
feuille qui reffemble à celle de l'aloës., ordinairement
dentelée comme elle, mais moins épaiiTe
& moins fucculente. : . elle- a plufieurs variétés.:
Quant à fa culture il faut confulter le di&ionnaire
du jardinier par Miller, dont nous devons la traduction
à M. de ChazeldeMetz. Nous avons vu
à la maifon de campagne de. ce favant, des ananas
aufîi parfaits que ceux des Indes. ,
Les habitans des Indes orientales font macérer
dans l'eau les feuilles de cette plante, comme nous
faifons pourrir le chanvre & le lin , pour en retirer
le fil, qu'ils tiflent enfuite avec le coton.
Les médecins qui ont le mieux écrit fur l’ananas,
font Michel-Frédéric Lochner, A. Taylor
& André Cleyer.
(M . WlLLEMET.)
AN APLÉROTIQUES. ( Pharmacie. ) Remèdes
qui opèrent, dit-on , la cicatrifation. On a
nommé des onguens , des emplâtres, des fomentations
, & c. anaplérotiques. 11 n'y a point de remèdes
qui ayent véritablement cette puiffance.
Voyeç ce mot dans le dictionnaire de médecine.
ANCILLAIRES. ( Opérations.) ( Pharmacie.)
Dans le temps où la chinfte étoit confondre avec
la pharmacie, comme ne s'occupantqpefteiapréparation
des médicamens, on nommoit opérations
ancillaires toutes celles qui n'étoient en quelque
forte que préparatoires , difpolantes , & qu'on
confioit à des ferviteurs, à dés apprentifs. Telles
étoièht la pulvérifation , la porphyrifation, les
lavages,4e tamifage , le nettoyage des vafes,
des uftenAles, la difpofition des filtres, le foin
des fourneaux, des foufftets i, &c. Aujourd’hui on
ne diftingueplus aucune des opérations chimiques
ou pharmaceutiques par le nom à*ancillaires. Elles
en activité. Souvent même c'eft de l’exactitude
fcrupuleufe dans les premières opérations,
que dépendent les fuccès que l'on obtient dans
toutes les expériences : car on fait que les moindres
fautes , les corps étrangers , les ordures
laiftees dans 'le$ vafes, font manquer beaucoup
d'opérations chimiques ou pharmaceutiques , &
donnent des réfùltats différens de ceilx que l’on
| cherche à obtenir. Voye1 les mots La b o r a t
o ir e , Opérations.
ANCOLIE. Aquilegia vulgaris. L. Aquilegia
Dod. pempt. 181. La plante qui fait l'objet de cet
article, fe rencontre fpontanément , non-feulement
dans toutes les1 contrées de l ’Europe, mais
bien encore au Japon & autres pays éloignés ; elle
eft pérennelle, fait l'ornement des jardins, où elle
offre des fleurs fimples & doubles de différentes
couleurs, bleues, rouges , incarnates, violettes ,
blanches , vertes , châtaignes ; elles varient à l'infini.
L’ancolie eft eftimée dans la médecine par
notre grand Toumefort, & par une fouis de médecins
tant anciens que modernes^ Cependant
Linnéus dans fa matière médicale, croit qu'elle
eft un peu vénéneufe 3 il fonde fon fentiment, .
fur le caraCtère botanique de la fleur 3 mais l’expérience
ne l'a nullement démontré. On fe fert
en médecine de la racine, des feuilles, des fleurs
& de la femence d'ancolie.
Les Afturiens en Efpagne ufent de la racine
pulvérifée , pour atténuer & brifer le calcul. Tra-
gus en faifoit prendre un gros délayé dans un
verre de vin, pour guérir les coliques. Ettmuller
rapporte qu'il s’en eft fervi avec un fuccès éclatant
' contre le fcorbut & l'hydropifie. On la donne à.
la dofe d'une once dans la médecine vétérinaire.
Eyfel qui a publié une monographie fur l'an-
colïe, dit qu'il s'eft fervi très-avantageufement du
fuc de cette plante dans la fièvre heCtique avec
toux & le fçprbut. J'ai écrit que la décoCtion des
feuilles eft en ufage en Angleterre contre les chaleurs
du gofier & de la trachée-artère , d'autres
la recommandent pour fe gargarifer la bouche ,
pour déterger les ulcères fcorbutiques.
Les fleurs bleues donnent une belle teinture fort
vantée.par Ettmuller pour la rougeole, on les fait
macérer dans l'eau chaude 3 on y ajoute quelques
gouttes d’efprit de yitriol 3 afin de donner une
belle couleur rouge. On en fait prendre un verre
le matin , & autant le foir. Tournefort propofe
la teinture de ces mêmes fleurs extraite par î'efprit-
de-vin , pour déterger les aphtes fcorbutiques de
la bouche, affermir les, den.ts & fortifier les gencives.
Lobel l'eftime bonne contre l'angine. L'eau
diffillée & la déco&ion étoient en ufage chez les
anciens contre Tidtère. Blair dit que fon infufion
eft bonne contre l'efquinancie. Alfton afiure que