
regarder comme parfaitement neutre ,- I’arfénic
étant combiné avec l'alcali précifément au point
de faturation, tellement qu'il lui enlève les propriétés
qui le font reconnoître pour alcali
La raifon de cette différence eft que lorfque l’ar-
fénic eft joint à un alcali il ne peut jamais en être
féparé quelle que foitl'a&ion du feu , tant qu'il eft
dans des vaiffeaux fermés. J'ai mis de mon nouveau
fel neutre arfénical dans une cornue & l'ai,
expole à un degré de feu affez grand pour faire
fondre la cornue , fans qu'il fe foit fublimé la moindre
partie d'arfénic,8c la combinaifon eft reftée dans
fon entier. Et ce qui eft encore plus fingulier, c'eft
qu'en employant même les intermèdes les plus
efficaces pour cela , tels que font lés trois acides
minéraux,ôn ne peùt parvenir à décompofer ce
fel ; mais en le mettant dans un creufet, Sc l'ex-
pofant à ,l’action du feu il fe décompofe facilement,
une grande partie de l'arfénic qu’il, contient.
fe diflipe en vapeur ,. 8c ne laide dans le
creufet qu'une matière qui. attire promptement
l’humidité de l'air, manifefte toutes les propriétés
d’un,alcali , en un mot eft entièrement femblable
à l'arfénic. fixé ordinaire.r
Les vapeurs arfénicales ne commencent à s'élever
que lorfque cê fel elf rouge 8c en fufîon, il fe
fond un peu plus difficilement que.le nitre > fi on
le mec immédiatement fur les charbons ardens , il
ne donne aucune marque de détonation ou de
fulmination, il le fond Amplement en noirciffant
le charbon qui l’environne 8c jette une grande
quantité de vapeurs d'arfénic, en quoi il diffère
de la croûte faline formée le long des parois du
vafe où s'eft faite la^criftallifation qui contient en-
core; un peu dé nitre qui n'a point été décompofé
dans la diftillation , ce que j’ai reconnu à quelques
légères marques de détonation quelle a données
lorfque je l'ai mife fur les charbons ardens.
Quoique l’arfénic fixé par cette méthode ,
foit comme je l'ai dit, un fel parfaitement neutre ,
il neiâifle pas de précipiter la plupart des fubftances
métalliques diffoutes dans les acides., & cela
avec des phénomènes très-curieux 8c très-fingu-
liers. Je vais en.rendre compte auffi-bien qiie des
effets que produit l’arfénic fixé ordinaire fur les
mêmes difiblutions métalliques , poiir les comparer
enfemble8c j'effaierai enfuite de rendre
raifon de ces mêmes effets , tant de ceux par 1efc
quels'ces deux Tels arfénicaux fe reffemblent, que
de ceux par lefquels ils diffèrent : voici quels font
ces phénomènes;
Les fubftances métalliques diffoutes dans l’acide
nitreux font ainfi précipitées par le nouveau fel
neutre arfénical ^ le mercure en jaune, le fer en
blanc un peu jaune', le plomb en beau blaqc ,
l’argent en couleur de pourpre ; le cuivre ne fe
précipite point d’abord , mais après un certain
temps le mélange des deux liqueurs qui étoit demeuré
ti an (parent devient louche Sc acquiert une
couleur blanchâtre , tirant un peu fur lê bleu 5 le
zinc forme un précipité ou plutôt un coagulum
blanc 8c tranfparentj le bifmuth , un précipité
blanc j furquoi il faut remarquer que quoique la
diffolution de bifmuth ait coutume de fe précipiter
par l’addition de l’eau feule , cependant dans
la précipitation qui s’en fait par le nouveau fel
neutre arfénical , l’arfénic contribue à là procurer
, puifqu’il fe trouve joint avec le bifmuth précipite
3 je m'en fuis affuré en le mettant fur des
charbons ardens. La diffolution de vitriol bleu eft
fur le champ précipité en couleur de verd céladon
clair j celle ae vitriol verd ne fe trouble point
d'abord, mais après quelques minutes elle devient
louche, 8c il fe-forme un efpèce de coagulum d’un
verdfale 8c foncé 3 l’étain 8c le régule d'antimoine,
diffous dans t eau régale donnent avec cet arfénic
fixé , un précipité blanc 5 celui de l'étain tire pourtant
un peu fur le roux. Lor diffous dans l’eau
régale, & la diffolution de mercure fublimé corrofif
ne fe troublent point 8c ne font aucunement précipités.
A l ’égard du déliquium de l'arfénic fixé ordinaire,
voici les effets qu’il produit avec les mêmes diffo-
lutions métalliques.
Celles qui font faites par l’acide nitreux, font
ainfi précipitées, le mercure en jaune, le fer en
couleur rouffe, le plomb.en beau blanc, l’argent
en couleur de pourpre., le cuivre en blanc bleuâtre
5 le zinc ne forme point de coagulum 3 mais un
précipité d'un beau blanc 3 le bifmuth fait la même
chofe ; la diffolution de vitriol bleu eft précipitée
en verd céladon clair, celle du vitriol verd en verd
fale 8c foncé. :
L'or, l’étain, 8c le régule d’antimoine diffous
dans l’eau régale, fe précipitent comme par les ah
calis fixes, ordinaires , 8c le mercure fublimé cor-
rofif en couleur de citron.
Il y a . plufieurs réflexions importantes à faire
furies expériences dont je viens de rendre compte;
elles prouvent d’abord, comme,je l'ai avancé,
que le nouveau fel arfénical eft. une -efpèce.de fel
neutre , dans lequel la partie alcaline du nitre eft
entièrement engagée par l’arfénic 5 puifqu’autre-
ment, pour peu qu'il y eût d’alcali libre., il ne
manquëroit pas de précipiter l’or 8c le mercure
fublimé ; ce qu’il ne fait point, 8c qu’au contraire
Y arfénic fi xé ordinaire eft uni compofé où l’alcali,
domine , puifqu'il précipite ces deux métaux. C’eft
à cette qualité alcaline qu’on doit auffi attribuer
les autres différences qu'on remarque entre tes
précipitations que font ces deux fubftances. C ’eft
par cette raifon par exemple que le fer qui eft prej
-cipité en blanc par la première, donne un précipite
roux avec la dernièré.
Pour bien entendre la raifon de ce phénomène >
il faut obferver que toutes les précipitations qu’opère
le nouveau fel neutre arfénical, ne fe font
que par le moyen d'une double affinité, favoir ,
celle de l’acide qui. tient le. métal en diffolution
avec la bafe alcaline du nouveau fel , 8c celle de
P arfénic contenu dans ce fel avec le métal qui etoit
diffous par l’acide.
Il eft d’ailleurs important de remarquer, comme
je l’ai déjà dit, qu’aucun acide, lorfqu’il eft pur,
ne peut précipiter l’arfénic contenu dans le nouveau
fel neiitre arfénical, en s'emparant de fa bafe
à fon préjudice. Cela pofé dans l'exemple ci-def-
fus, le fer uni à l’acide nitreux ne peut fe précipiter
, qu’il ne fe précipite en même-temps une
quantité proportionnée d‘ arfénic 3 qui apparemment
eft affez grande, pour mafquer la couleur rouffe
qu’il a -naturellement Iqrfqu’il eft précipité par
un pur alcali, 8c le faire paroître blanc 5 mais fi
on fuppofe que le précipitant contienne une portion
d’un pur alcalL, là partie du fer qui fera pré-
çipitéeparce pur alcali, aura la couleur rouffe, qui
étant combinée au blanc, fera le jaune rouffeâtre
qui paroît lorfqu’on précipite cette diffolution de
fer par Yarfénic fixé ordinaire.
La fec-onde réflexion qu’il faut faire, fur nos précipitations
métalliques , c’eft_qu’il eft très-fingulier
que le mercure diffous dans l'acide nitreux, foit
précipité par le nouveau fel arfénical 5 car, ainfi
que je l’ai dit plus haut, cette précipitation ne fe
-peut faire que par le moyen d'une double affinité,
celle de l'acide avec l’alcali , 8c celle du métal avec
Y arfénic. Or jufqu’à préfent les chimiftes n’ont
remarqué aucun rapport entre le mercure & l’ar-
fénic, 8c n'ont pu les joindre enfemble. Ce-préci-
pité de mercure avec l’arfénic mérite un examen
particulier : c'eft peut-être un moyen d’unir enfemble
ces deux fubftances. J’ai fur ce fujet des
expériences commencées ; mais j’ai réfervé ce détail
pour un autre mémoire, parce que j’ai deffein
de les pouffer plus loin;
Quant à ce que ce nouveau fel qui précipite le
mercure diffous dans l’acide nitreux, n’a aucune
attion fur le fublimé corrofif, je crois qu’on en
doit déduire la caufe 'des différentes affinités de
l’acide du fel commun, favoir, de celle qu’il a avec
cette fubftance métallique, 8c de celle qu’il a avec
l’alcali fixe. Auréfte ces phénomènes que préfente
le nouveau fel avec le mercure diffous dans l’acide
nitrique.8c ;l.e fublimé corrpfif, fembîent indiquer
une analogie entre l’arfénic 8c l’acide vitriolique 3
P'-Ufque.le tartre vitriolé qui rt’eft que l’acide vitrio-
liqueuni à un alcali fixe, de même que ce nouveau
tel neutre , n’ëft que Y arfénic auffi uni à un alcali
fixe, produit les mêmes effets avec ces deux com-
pofés. ~
Il eft bon de faire auffi attention à la manière
dont Y arfénic fixé ordinaire précipite le fublimé
corrofif j car comme Y arfénic fixé par ma méthode,
ÎJa aucune aêtion fur cette diffolution de mercure,
te terrible que Y arfénic fixé ordinaire ne devroit le
précipiter que comme fimple alcali fixe. Cependant
il agit fur elle d’une manière différente , puifque
les alcalis fixes ordinaires la précipitent en couleur
de brique, 8c que le nitre fixé par l’arfénic la précipite
en couleur de citron 3 ce qui ne vient que
de ce qu’il fe précipite auffi une portion d’arfénic
avec, le mercure , comme je m'en fuis affuré en
mettant fur des charbons ardens ce précipité qui
m'a donné des vapeurs arfénicales. La raifon de ce
phénomène eft, à ce que je crois, qu’il y a dans
Y arfénic fixé ordinaire une certaine quantité d’arfénic
qui eft moins engagé dans l’alcali, qu’il ne l’eft
dans celui du nouveau fel neutre arfénical, 8c par
conféquent qui peut Ce précipiter,.tandis que l’autre
ne fe précipitera pas. Nous venons devoir que
Y arfénic fixé ordinaire ne diffère du nouveau fel
que parce que le feu a chaffé de fon alcali une portion
de l’arfénic qui y étoit engagé II eft vraifem-
blable que dans celle qui y eft reftée , il ,y a eu un
certain nombre de parties qui font demeurées à
demi dégagées, 8c qui n’y tiennent que foiblement.
Cè font celles-là qui fans doute fe précipitent dans
l’occafion préfènte ; les expériences confirment de
jour en jour que les mêmes fubftances peuvent fe
joindre 8c fe Combiner enfemble de plufieurs façons
différentes, d’où dépendent’aufli des effets
bien différens les uns des autres. J’en ai déjà donné
des exemples dansun autre mémoire ,en parlant
de l’union de l’acide avec les huiles, 8c j’en vais
rapporter un dans la fuite de celui-ci, encore plus
décifif, où. on verra l’arfénic joint avec le même
alcali que dans les expériences dont il eft queftiori
actuellement, je veux,dire,, la bafe du nitre , qu
forme un compofé dont les. propriétés font cei
pendant très-différentes de celles du nouveau fel
dont je viens de rapporter les principales proprié-
tés, 8c de Yarjénic fixé ordinaire : ce qui ne peut
venir que de la différente manière dont ils font
unis.
Nous confidérerons en troifième lieu, que le
nouveau fel ne précipite qu’à la longue 8c en petite
quantité, le cuivre diffous dans- Yefprit ’de nitre, 8c
qu’il précipite fur le champ 8c en abondance la
diffolution de vitriol bleu. Au contraire il précipite
facilement 8c en quantité la diffolution de fer dans
Y acide nitreux, 8c ne précipite qu'avec peine 8c
après un certain temps celle de vitriol verd. On
peut facilement rendre raifon de ces phénomènes,
par le moyen des affinités que les différentes fubf- .
tances qui entrent dans ces combinaifons, ont les
unes avec lés autres. L’acide vïtrifilifim qui eft uni
au fer 8c au cuivre dans les vitriols verd & bleu , a
un plus grand rapport avec les alcalis, que n’en a
l’acide nitreux 5 8c le .fer a un plus grand rapport
avec l'acide yitriolique , l’acide nitreux 8c l’arfénic ,
que n’en a je. cuivre avec ces mêmes fubftances.
Cela pofé, fi le nouveau fel neutre arfénical pré,-:
cipite facilement là diffolution de vitriol bleu, 8c
ne précipite, qu’avec .peine la diffolution, de cuivre
dans-l’e/^m de pitre 3. on. en voit ] a. rai fon dans l’af