
font portés aujourd'hui les appareils dirigés par la
nouvelle théorie de la chimie.
En effet Haies ne pouvant faire un vuide parfait
dans fon appareil, il avoit toujours un mélange
d’air atmofphérique avec celui qui fe dé-
gageoit des matières qu'il examinoit ; ce qui com-
pliquoit les réfultats, fans compter qu’il pouvoit
arriver quelquefois que l’air de l’atmofphère dé-
compofoit celui qu’il obtenoit pendant fon opération.
D ’un autre côte, dans la diftillation des matières
végétales & animales & dans la plupart des
effervefcences , c’eft de l’acide carbonique qui fe
forme ou qui fe dégage, & une très-grande quantité
de ce gaz eft abforbée par l’eau, foit pendant
fon paffage au travers ce liquide, foit pendant fon
féjour à fa furface ; 11 perdoit aufli une portion
d’air, pendant qu’il difpofoit fon appareil, puif-
qu’il étoit obligé de faire le mélange effervefcent,
avant de faire le vuide, de forte que s’il eft permis
de connoître la nature des gaz à l’aidé de fes
appareils, il n’eft jamais poffible d’en apprécier la
quantité.
Nous décrirons par la fuite des appareils qui
n’ont aucun de ces inconvéniens.
Quoique M. de Morveau ait déjà dit quelque
chofe des premiers -appareils‘de Haies, a l’article
Air f ix e , nous avons cru qu’il feroit avantageux
d'en reparler ici. Il eft rare qu’en préfen-
tant les objets fous deux afpeâs différens, il n’en
réfulte pas quelque connoiffance nouvelle pour
celui qui étudie, & même pour ceux qui favent
déjà.
Appareil de Haies corrigé par Rouelle;
Ce t appareil À , fig. 4I , cl. 6 des diftillationV
fimples . eft compofé i° . d’une cornue de verre -
de terre, oude métal fuivant l’exigence des cas ;
2 ’ . d’un matras B à deux ouvertures ; l’une C
à ^extrémité du col du matras ; l’autre D pratiquée
horizontalement, à laquelle eft lutté un tube
de verre E , qui monte fous certain angle & qui
eft courbé en F fous une autre inclinaifon corref-
pondante à celle du col de la cornue qu’il doit
recevoir; 30. d’un fupport de cuivre G , formé
de quatres branches montantes ( gg) fixées à des
diftances égales, à la partie inférieure, par deux
traverfes (AA) difpofées l’une fur l’autre en croix,
& dont les extrémités paffent à travers les fnon-
tans, & y font retenues en ( iUi) par des villes,
à la partie fupérieure par un cercle de cuivre K ,
retenu par des viffes ( //). Sur ces deux traverfes
(AA) il y a un cercle (mm) placé fur fon bord le plus
étroit , & qui forme une efpèce de vafe un peu
évafé, qui reçoit le cul du matras B. A quelque dif-
tancedelapartiefupérieure des montans ( gg ) font
quatre bras applatis, attachés à lapartie intérieure
des montans (gg ), qui peuvent fe mouvoir de haut
enbas au moyen d'une charnière, & qui font terminés
par une efpèce de croiflant deftiné à former
entre eux un anneau autour du col du matras,
pour le retenir. Lorfque Je matras B eft placé dan»
cette efpèce de cage de cuivre , on affujettit
chacun de ces bras horizontaux par le moyen des
viffes ( nti) qui percent les montans (gg) 3 8c
qui s’étendent dans l’intérieur à la furface de ces
bras à quelques lignes au-delà de leur articulation,
de forte que le matras fe trouve fixé, fans pouvoir
vaciller dans aucun fens 3 40. d’une cloche H qui
s’affied fur l’extrémité des quatre montans qui ont
été échancrés exprès pour la recevoir. Cette cloche
doit être percée d’un petit trou , ou porter une
boëte à cuir avec un robinet pour l’ufage que nous
allons faire connoître.
Quand on veut fe fervir de cet appareil, on
plonge la cage dans l’eau jufqu’au-deiïus du cerceau
fupérieur. On adapte la cornue A au tube
E $ on pofe la cloche fur la cage de cuivre, 8c
enfuite on pompe l’air contenu dans la cloche par
le petit trou 8c plus facilement avec un robinet >
on élève l’eau prefque jufqu’à l’extrémité du col du
matras, & on fait une marque à l’endroit où l’eau
s’arrête dans la cloche.
L’appareil étant difpofé ainfi, on chauffe les matières
contenues dans la cornue ; 8c quand il fe
I fépare des principes liquides, ils defcendent par
i le tube E jufques dans le fond du matras où ils
relient > s’il fe dégage en même-temps des gaz*,
ils vont fe loger dans la*- cloche, d’où ils ..chaffent
l’eau, & la font defcendre dans le réfervoir.
On mefure après cette opération de combien
l’eau eft defcendue dans la cloche, 8c l’on a par-là
à-peu-près la quantité de gaz dégagé. En laiffant
l’appareil, en contaél avec l’eau, on voit s’il con-
tenoit quelque chofe de diffoluble dans le liquide,
& dans quelle proportion.
C ’eft ainfi que Rouelle avoit elfayé d’obtenir,
de mefurer 8c de connoître les fluides élaftiques
qui fe dégageoient des matières qu’il diftilloit, U
avoit apperçu que quelques-uns fe dîffolvoient dans
l’eau, & lui donnoient des propriétés nouvelles,
que d’autres^ ne s’y dffol voient pas , & ne pou-
voient pas fervir à la combuftion, & que d’autres
rougifloient par le contaél de l’air 8c fe conden-
foient en liquide.
Cet appareil fort ingénieux pour le temps où il
a été imaginé , eft bien éloigné du degré de perfection
de ceux qu’on emploie aujourd’hui pour
les opérations de chimie, dans lefquelles on cherche
des réfultats exaCts. Mais on ne peut fe difpenfer
de rendre hommage à fon auteur, d’avoir le premier
cherché à connoître la nature des airs qui fe dégagent
par l’aCtion des. corps les uns fur les autres,
8c d’avoir fenti qu’il devoit y avoir une différence
entre eux, dont la connoiffance' apporteroit une
grande lumière fur la compofition des corps. C elt
peut-être à lui que nous fommes redevables du pas
immenfe que la chimie a fait dans ces derniers
temps fur les fluides élaftiques 8c fur les appareils
qui y ont Conduit, *
Appareil de Woulfe.
Il eft des corps qui après avoir été réduits en gaz
oar leur-combinaison avec le calorique , ceffent
bientôt d’exifter en cet état, fi le même degré de
chaleur auquel ils ont été formes ne fubfilte pas
toujours, & ils redeviennent liquides oufolides,
comme ils étoient auparavant. C ’ eft le cas que nous
avons cité ci-deflus, où iln’eft befoin que d’un appareil
fimple & peu foigné. f .
Quoique les chimiftes anciens ne fe foient lervis
dans toutes leurs expériences que d’appareils de
cette nature, i l j a cependant des corps qui réduits
en gaz ne repaflent point à leur premier état par le
fimple froid ou par la fouftra&ion d’une portion de
chaleur, 8c qu’on ne peut obtenir par ces moyens.
C ’eft pourquoi autrefois dans certaines opérations
on n’obtenoit point ou prefque point de produit,
parce que c’étoit un gaz qu’ils ne favôient
point condenfer.
M. Baumé, comme chimifte marchand, avoit
cherché à augmenter le produit de fes opérations,
en ajoutant aux matières qu’il traitoit, une fubf-
tance propre à la fixer, mais il n’y eft parvenu que
très-imparfaitement.
C’eft à M. Woulfe feul qu’il faut reporter véritablement
la découverte des appareils propres à
recueillir tout ce qui fe fépare des corps que l’on
foumet à l’analyfe.
L’appareil que ce chimifte a imaginé à cet effet
porte fon nom, la figure 20, clajfe 6 des injlrumens
pour les difiillations fimples 8c pneumatochimiques ,
repréfente une cornue de verre tùbulée en H ,
dont le col B s’ajufte avec un ballon C C à deux
pointes. A la tubulure fupérieure D de ce ballon
s’ajufte un tube de verre D E ƒ g > qui vient plonger
par fon extrémité g dans la liqueur contenue
dans la bouteille L. A la fuite de la bouteille L qui
eft tubulée en x x x , font trois autres bouteilles L '
1!' L qui ont; de même trois tubulures ou goulots
On Yoit d’après ces difpofitions que lorfqu’on
a mis lè feu fous la cornue A 8c que la fubftance
qu’elle contient a commencé à fe décompofer, les
produits les moins volatils doivent fe condenfer
& fe fublimer dans le col de la cornue, 8c que
c’eft principalement là que doivent fe raffembler
les fubllances concrètes 5 que les fubftances plus
volatiles, telles que les huiles légères, l’ammoniaque
X1, x ' 5 x" x" x" ; x'" X1" X111.Chaque bouteille
eft liée par un tube de verre x y 1 1 x ! y 1 f 3)
x 'y 'l '" b enfin à la dernière tubulure de la bouteille
L"' eft adapté un tube x'" R M , qui aboutit
fous une cloche de verre placée fur la tablette de
l’appareil pneumatochimique.
Communément on met dans la première bouteille
un poids -bien connu d’eau diftillée, 8c
dans les trois autres de la potaffe caullique étendue
d’eau (1) ; la tarre de ces bouteilles 8c le poids
de la liqueur alcaline qu elles contiennent doivent
être déterminés avec un très-grand foin.
Tout étant ainfi difpofé, on lute toutes les
jointures, favoir celle B de la cornue au ballon,
& celle D de la tubulure fupérieure du ballon
avec du lut gras, recouvert de toile imbibée de
chaux 8c de blanc d’oeuf, & toutes lès autres avec,
un lut de térébenthine & de cire fondues enfemble.
8c beaucoup d’autres matières, doivent fe
raffembler dans le ballon C C 3 que les gaz au contraire
qui ne peuvent être condenfés par le froid,
doivent bouillonner à travers les liqueurs dans les
bouteilles L L LL"L que tout ce qui eft abforbable
par l’eau doit refter dans la bouteille L 3 que tout
ce qui eft fufceptible d’être abforbé par l’alcali doit
refter dans les bouteilles L 1 L" L 111, enfin que les
gaz qui ne font point abforbables par l’eau ni par
les alcalis doivent s’échapper par le tube R M , à
la fortie duquel ils peuvent être remis dans des
cloches de verre. Enfin ce ,qu’on appelloit autfe-
fois le caput mortuum, le charbon & la te ire ,
comme abfolument fixes, doivent demeurer dans
la cornue.
Par cette manière d’opérer on doit toujours
avoir un réfultat exaét, car le poids des matières
doit être le même après 8c avant l’ opération. Je
fuppofe que l’on ait opéré, par exemple, fur huit
onces de fucre, le poids du réfidu charbonneux
qui reliera dans la cornUe A après l’operation ,
plus celui des produits raffemblés dans le ballon
C C , plus celui du gaz raffemblé dans la cloche
M , plus enfin l’augmentation de poids acquis
par les bouteilles L L ^ 'L ' " , doivent égaler la
maffe de fucre employée 8c former un total de
huit onces. S’il y a plus ou moins, il y a erreur, 8c
il faut recommencer l’expérience jufqu’à ce que
le rapport exifte au moins a quelques fractions près.
Tel étoit l’appareil de Woulfe 8c te degré
d’exaétitude qu’il fourniffoit dans tes opérations
de la chimie ; on conçoit qu’il ne reffemble en
aucune manière à tous ceux qui étoient employés
avant lui. 11 procure en même-temps aux favans
8c aux artiftes des avantages extrêmement grands
8c multipliés 5 tes premiers peuvent connoître 8c
1e nombre 8c la proportion des principes qui fe.
dégagent d’un corps pendant l’opération, 8c par-
là parvenir à la connoiffance exaéte de fa nature.
Les féconds ont aufli un plus grand nombre de
produits, dans des quantités plus confidérables, 8c
dans un état de pureté infiniment au-deffus de celui
où ils étoient obtenus par tes appareils anciens.
Malgré la fupériorité de cet appareil fur tous
tes autres, il étoit fujet à de grands inconvéniens,
qui ont été corrigés fucceffivement par différentes
pèrfonnes. . ; / v . ' ,
Prefque toujours lorfque l’ opération étoit fur la
fin, 8c que la chaleur diminuoit fous la cornue ,
le gaz qu’elle contenoit, ainfi que celui du ballon
( 1 ) On fuppofe que c’efl d’une matière végétale ou animale que l’on fait ici l’analyfe , & c’eft le fucre que M. Lavoiiler a gris,
pour exemgle dans les éiémens de chimie à l’arçicie dé I’Anazï se YégétaZe.