
lente. Enfin , lorfque les plantes mal fechées font
amoncelées en grande quantité , elles éprouvent
une i n f îanimation tnanifefte , comme on le voit
arriver quelquefois dans nos campagnes aux tas
de foin , qui contiennent encore de l’humidité ;
phénomène qui confirme bien l'explication que
nous avons donnée lur la manière dont l'eau agit
dans l'altération des plantes.
C'eft encore à la décomposition de l'eau qu’il
faut attribuer l'altération qu'éprouvent dans nos
pharmacies les firops, les éledtuaires mois. Cette
décompoiition de l'eau eft fur-tout bien mani-
fefte aux opiates mois , dans lefqueis on fait
entrer la limaille' de fer : peu de temps après la
préparation j ces opiates deviennent durs comme
la pierre, & le fer fie trouve dans un état
d'oxide ou de carbonate.
! a chaleur, le contaél de l'air concourent à
toutes, ces altérations : c'eft à la continuité de
leur aèlîon qu'il faut fpécialement attribuer la
rancidité des femences grafifes , dès huiles, des
onguens, des emplâtres , la dureté, le changement
de couleur que prennent en vieilliflfant les
compofitions emplaftiques, fur-tout celles dans
Jefquelles il entre quelque préparation de plomb
ou de zinc.
L'air athmofphérique eft , comme, l'on fait,
d’après la belle analyfe qu'en a faite M. Lavoi-
Sîer, un mélange dé gaz oxigène & d'azote, qui
tiennent une petite quantité de gaz acide carbonique
, & une quantité plus ou moins grande
d'eau qui tantôt eft en dilfolution, tantôt eft feulement
dans un état de fufpenfion. Ces différentes
fubftances exercent une affinité très-marquée fur
les corps avec lefqueis elles font en contaét,
ainfi l'eau eft enlevée à l'air par la potalfe , &
différentes efpèces de Tels concrets d’abord
après leur préparation, mais qui peu-à-peu deviennent
fini des & tombent en déliquefcence j
d'autres Tels au contraire & fur-tout ceux qui ont
la fonde pour bafe, perdent peu-à-peu leur forme
criftalline, ils diminuent de poids, fe réduifent
en poudre , tombent en etflorefcence , parce
qu'ils font privés de leur eau de criftallifation
par le contact de l'air : différentes drogues ou
préparations pharmaceutiques agiffent plus directement
fur les principes conftitutifs de l'air athmofphérique.
Ainfi la potafle tn contact avec
l'air, fe charge peu-à-peu du gaz acide carbonique
, fe criftallife, devient effervefcente &
forme un carbonate de potafle ; l'oxigène avec
le concours du calorique, fe fixe dans les compofitions
emplaftiques, dans les huiles, & augmente
leur oxidàtion, enfin plufieurs préparations
métalliques , & fur-tout quelques oxides de mercure
, attirent, retiennent & fixent l'azote.
L a lumière eft un quatrième agent naturel de
l’altération dans nos pharmacies. Son aétion eft
encore peu obfervée. Elle eft cependant très-
fenfible fur plufieurs préparations , & paroït fe
borner à en dégager l’oxigène. Ainfi l’acide mu-
riatique oxigene , quoique confervé dans un
flacon de criftal bien bouché, perd bientôt une
partie de fon oxigèné & de fes propriétés, &
nous voyons plufieurs oxides métalliques, fur-
tout ceux de mercure, quoique confervés dans
des flacons de verre bien bouchés *, & dans des
endroits d une température égale , changer peu-
à-peu de couleur, & fe rapprocher de l'état
métallique. Cette altération eft fur-tout très-remarquable
à la fuperficie la plus expofée à l'influence
de la lumière.
Outre ces agens naturels ; il eft , dans. nos
pharmacies , d'autres caufes accidentelles j ainfi
différentes efpèces d'infe&es attaquent les fubftances
animales & végétales , rongent le principe
muqueux, & ne laiflént à fa place que leurs ex-
crémens, ou les dépouilles de leurs larves.
La forme des vafes , la matière dont font com-
pofés ceux dans lefqueis on fait la préparation ,
& ou on la conferve,- eft encore une caufe de
1 alteration des fubftances médicamenteufes ; ainfi
les firops que l ’on conferve dans des chevrettes ou
vafes a large ouverture, font bien plus fujets à
fe candir que ceux que l ’on met dans des bouteilles
de verre , & bouchées avec Un liège.
La matière des vafes dans lefqueis on prépare
ou on conferve les médicamens, altère fouvent
leurs propriétés , & leur donne quelquefois des
qualités nuifibles & très-dangereufes ; pour la
faire fentir, nous obferverons que la folution de
potafle ou de foude, dans leur état de pureté',
attaque les flacons de verre 5 les tamarins du
commerce Contiennent fouvent un oxide de cuivre
& même en aflez grande quantité , parce qu'on
{les laifle fermenter dans des vafes de cuivre ; le
iîyop de violette contient aufli fouvent Un oxide
d étain , parce que les pharmaciens recommandent
3 comme une condition pour l’obtenir d'un
beau bleu , de faire l'infufion des fleurs de violettes
dans un vafe d’étain. Souvent nous avons
vu préparer le firop de vinaigre , de framboifes,
dans des terrines de poterie vernifféë , aufli nous
trouvions dans ces firops une certaine quantité
d’oxide de plomb , & leur ufage caufdit des coliques
, & d'autres accidens de même nature.
Nous pourrions Rajouter beaucoup de remarques
fiemblables fur cette caufe de l'altération des fubftances^
medicamenteufes, mais nous aurons oçca-
fion d'y revenir dans plufieurs articles de cet ouvrage
, & fur-tout aux mots C o n s e r v a t i o n
e t P r é p a r a t i o n des médicamens.
. Ee rapprochement de ces différentes obferva-
tions doit faire fentir combien le pharmacien doit
apporter de foins, d'attentions dans le choix
des fubftances qu'il emploie | dans leur préparation
, & fur-tout dans leur confervation > ces
obferyations doivent également faire fentir au
médecin avec quelle circonfpeétion il doit pref-
crire ces compofitions officinales dont la préparation
ration date quelquefois de plufieurs aniiées , ! & 1
dont la confervation' eft fi fufpe&e. Peut - être
feroit il plus avantageux pour les malades , &
pour s’aflurer de l'effet réel des remèdes, de
né ptefcrirê que des fubftan'cés fimplés dont la
mixtion & la préparatfpti' fuffent faites dans le
temps où on eh ,a befoin ; de rejetter toutes ces
conférions & préparations -pharmacèuciqiies, dont-
les propriété? premières, font ‘ fi facilement altérées
par le-'laps de temps , & le’, concours des
differens agenS que nous avons indiqués.'
Quoique d’après l'étymologie., le mot altéra- ,
tion . défigne -feulement un changemênt fponçané I
accidentel dans une fubftance_ , cependant en
pharmacie , & fuivant l’acception1 la plus ordi-.
natté , on y attaché-toujours l'idée'dè dépravation',
de.détérioration ou de corruption 5 mais il
faut'obfet ver que quelques 'fubftancès ou préparations
, en éprouvant un changement dans leur
forme, dans leur confiftance , dans leur couleur,
lié'perdent pas toute' leur ' efficacité première ,
que quelques-unes acquièrent des propriétés, nouvelles
qui font encore utiles Sr avantageufes , que
d’autres .peuvent être facilement ramènées à leur
état premier ; & d’après ces confidérations , peut-
être feroit-il convenable de diftinguer deux genres,
ou fi Ton veut deux degrés d’altération.
Le. premier , que nous nommerions volontiers
altération de. combinai fort , cômp’reridroit les diffé-
rens chingemens qu'éprouvent les fubftances ou
préparations pharmaceutiques , mais qui ne perdent
pas toutes leurs propriétés médicinales , ou
qui en acquièrent d'autres également utiles ; nous
rapporterions à ce premier genre la déliquefcence
l'eflorefcerice fpontanée des fels ,, l'efpèce
de fèrinentation lente & graduée qu’éprouvent
quelques éleêtuaires ; ainfi la thériaque, après
quelques mois de préparations , eft bien changée
de~ce qu'elle étoit d'abord ,: elle eft moins narcotique
, mais la mixtion eft plus intime ; les
réfines font dans un état de Solution plus parfaite
, & en perdant de fa propriété narcotique ;
cet éieêtuaire conferve encore des qualités fortifiantes
qui le rendent utile.
Le1 fécond' genre que nous nommerions dépravation
3 détérioration' ou. corruption , comprendroit
tous les modes d'altération qui diminuent, dé-
tmifent toutes les propriétés utiles d’une fubf-
tance , ou lui donnent des qualités nuifibles &
dangereufes j nous rapporterions à ce genre , la
moififlure , la putréfadion des plan tes ^ la vermoulure
des fubftances animales , la diffipation
du principe aromatique , la rancidité des huiles ,
des compofitions emplafÉques , la fermentation
acide des firops des conferves , 8ec. &c.
Lès drogues que nous fournit le commerce
maritime font quelquefois mouillées , foit par les
brouillards , foit par les eaux de la mer j ce genre
particulier d'altération eft défigné fous le nom
d avane ou drogues avariées^ '
Chimie. Tome■ 11.
Quelques anciens pharmaciens empîoyoient encore
le! mot d'âltératiôn poùr défi^ner la prépa-
ration q'ifils faifoieirt fubir à différentes fubftances ,
pour corriger',„modérer ou diminuer des prc-
priétés 'trop aftives. '
A LTE RCUM ou A L TE RC A N GENONt
(Pharmacie.) Ces dénominations , fuivant Pline^
viennent;des Arabes, & 'elles font employées par
beaucoup dé pharvnacogfaphes anciens, pour dé-
fîgner la jufqtiiame.
ALTERÈNIAB'IN. (Pharmacie.) i- Dénomination
des Arabes pour défigner la manne, Sc
plus particulièrement celle de l'alhagi. On trouve,
dans Méfüë, une préparation faite avec la manne,
qil'if nonilhe firop accteux altereniabiti.
ALTHALUT.- ( P h a rm a c i e . ) Dénomination
empîôyéé par • quelques écrivains arabiftes, pour
défigner cette efpèéé de ’gomme rëfine, que l’on
connôît dans le )^commerce fous le nom de g om m
e am m o n ia q u e , & que nous nommons firnple-
ment am m o n ium , pour la diftinguer de l’ammoniaque
des.chinaifies modernes , ou alcali volatil.
(. Voyt?i A m m o n i u m & A m m o n i a q u e . )
; A L TH A N A C A , A LTERNET, ALBÏ-MEC.
(Pharmacie.) Expreffions des afabiftes, pour dé-
fignér l'orpiment ou oxide d'arfenic lulfuré jaune.
ALTHEA. ( Pharmacie. ) Dénomination grec-
*que, également adoptée par les botaniftes &c
les pharmaciens , pour défigner une plante
que l'on cônnoït généralement en France , fous
le .. nom de guimauve. C'eft fous ce mot que
nous rapporterons les différentes, préparations
médicinales que l'on fait en pharmacie , avec cette
plante.
Des alchimiftes toujours amateurs de dénominations
■ pompeufes, pour cacher les préparations
les plus fimpies , ont auffi donné fuivant
la remarque de Planifcampi , le nom à’althea
plurimi ou anima futur ni , au précipité que
l'on .obtient en v.erfant de l'eau dans une Solution
de plomb , par l'acide1 acéteux.
A LTINURAUM. ( pharmacie. ) Expreffion
des arabiftes , pour défigner le vitriol, ou lulfate
de fer.
A L T IH T - (Pharmacie.) Dénomination employée
par les Arabes , & quelques - uns de leurs
copiftes, pour défigner l'efpèce de gomme réfine ,
que l'on connoît généralement fous le nom a af-
fa foetida. ( Koyeq_ Ce mot.)
A LT IN G A T . ( Pharmacie. ) Dénomination
des arabiftes , pour défigner le verdet, ou oxide
de cuivre par l'acide acéteux.
A a