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arbre en vénération, & le regardent comme facre.;
Il eft offert à leurspagodes. Ils en brûlent l’écorce,
comme un parfum fur leurs autels. Ils enétendentles
branches fur-les tombeaux de leurs amis , comme;
une offrande pféciêufe confacrée à leurs mânes.
Le bois de cef, arbre a auffi l’odeur d anis ; il
fert aux ouvrages de marqueterie & de tour.
Il faut choifir fon fruit en étoile, compare, un
peu chagriné , d’un brun grifatre. Il eft employé en
médecine aux mêmes ufages,que l’anis d’Europe.
Il fortifie l’eftomac, dilfipé les vents, excite les
urines y &c. Les Chinois en mâchent fouvént
après le repas , pour faciliter la digeftion & pour
fe parfumer la bouche.
Les Indiens préparent un efprit ardent avec ce
fruit. Il eft auffi employé par nos diftillateurs & li-
quoriftes. L’on en retire une, huile effentielle &
une eftence du teinture. 11 entre dans l’infufion laxative
j l’eau prophylactique , l’hydromel pour les
efifàns 3 & le firopde manne. . . .
En 176y 3 l’on découvrit dans la'Floride occidentale
une nouvelle badiane ou anis étoilé. L’arbre
qui la produit j a été décrit dans les tranfaétions
philofophiques de Londres par Ellis. Il eft nommé
par le Pline du Nord,, ïllicium Floridqnum. C e fruit
eft employé dans l’ Amérique feptentrionale, aux
mêmes ufages que ceux de l’anis de la Chine.
( M. W 1LLEMET. )
BADITIS. ( Pharmacie.) Suivant Marcellus,
on nommoit ainfi dans les Gaules 3 ( galiice nomi-
natur ) 3 l’elpèce de plante que les Grecs ont nommée
nymphéa 3 & les Latins clàva Hercülis > le
même auteur ajoute que fi awes avoir ecrafe la
racine de cette plante , & l’avoir fait tremper dans
du vinaigré 3 on en fait manger pendant dix jours
à un enfant 4 on le rend eunuque & impaidant.
B AGUENAUDIER OU FAUX SÉNÉ. ( Pharmacie.)
Colutea arborefens. Sena. Cord. Hifi. Le
baguenaudier furnommé par le grand Boerhaave ,
féné d’Europe y eft un arbriffeau d’une hauteur médiocre,
dont les fleurs font jaunes & légumineufes,
auxquelles fuccède une gouffe femblabîe aux Cliques
du féné qu’on nomme follicules. Ses feuilles
font ovales & oppofées fur une même tige. Elles
peuvent remplacer le féné exotique, fuivant le rapport
de ce célèbre médecin,; de Gefner, de Bârtho-
lin, de Garidel, de Râbles, de Charles Linnéus.
C ’eft un purgatif doux, utile dans les fièvres intermittentes
, la cachexie, la mélancolie & autres
affections. Si l’on fume, en guife de tabac', les
feuilles fèêhes de baguenaudier, elles purgent trèsbien
le cerveau & aiguifentfingulièrement les fens.
Cet arbriffeau croît fpontanément en Italie, en
Languedoc, en Provence & autres lieux de la France
, vient facilement dans nos jardins 8c autres endroits
cultivés. C ’eft un de ceux qui fé naturalifent
le plus volontiers dans les terrains où on le place.
Ü n’en eft pas qu'il foit plus ajfé jde fe multiplierai
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qubdonne dès feuilles en plus grande abondance:
Il feroit donc poffible d’en faire tout-à-la-fois un
objet d’utilité 8c d’agrément. 11 fleurit au mois de
mai, 8c c!eft vers le milieu de feptembre que nous
eftimons quelles feuilles doivent être cueillies &
féchées à l’ombre , avec les précautions connues de
tous les herboriftes. Nous croyons par analogie que
Iss gouffes de baguenaudier peuvent être propo»
fées pour remplacer les follicules de féné oriental.
(M. W illem et.)
BAGUETTES. On entend par baguettes dans
la chimie, de petits cylindres folides de verre qui
fervent à remuer les matières, foit folides ouliqui-
des , pour les mêler 8c faciliter leur combinaifon,
dans des expériences que l’on fait dans des verres,
des bocaux, &c.
Il eft des opérations dans lefquelles l’on pour«
roit employër des baguèttés d’une autre nature ;
mais il en eft auffi qui exigent qu’elles foient de
verre, fans quoi les matières courroient le rifque
d’être altérées.
Il eft abfolumentnéceffaire quelles foient pleines
, afin que les matières n’y entrent point, &
qu’elles puiffent fervir à plufieürs opérations de
nature différente , ce qu elfes ne pourroient faire
fans cette condition.
Comme ces baguettes coûtent quarante fols la
livre , & que les tubes de verre ne coûtent que 26
fols, on peut fe fervir de çes tubes aux mêmes
ufages, en fermant leurs extrémités à la lampe
d’émajlleur. On en a d’ailleurs un nombre beaucoup
plus grand, puifqu’ils font creux,. 8c qu’ils
ne pèfent pas tant.
On fait auffi de ces baguettes en émail ; mais
celles de verrè font préférables pour beaucoup de
raifons. On nomme auffi ces baguettes, touches.
On a auffi des baguettes ou verges de fer , qui
..fervent à remuer quelques matières en fufion dans
les creufets. Cet inftrument ne mérite pas de figure,
Dn le conçoit facilement.
Baguette d iv ina to ir e . La; baguette divinatoire:
eft un inftrument,. par le moyen duquel des
gens ont prétendu, & un affez grand nombre prétendent
même encore , qu’on peut découvrir les
métaux, les tréfors, les mines, l’eau , le fel, &c. »
enfouis fous la -terre, fans qu’il foit befoin • de h
fouiller. Il fuffit, fuivant les partifans dé cette baguette
, de la tenir à fa main dans une fituation horizontale,
& de fe promener dans les endroits ou
l’on veut découvrir les richeffes que la terre recèle.
. . ,
Si la baguette eft conditionnée comme il raut>
elle ne manquera pas de s’incliner même a v e c forc
e , & malgré la réfiftance. de celui qui la tient,
fur les endroits où font cachées les chofes qu °n
veut découvrir ; mais on peut dire qu’il faut p®lir
cela beaucoup de foi de la part du porteur de baguette,
ou plutôt de la part de ceux qui le
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dent. Il eft aifé de fentir que l’effet de cette baguette
eft une chimère , qui n’a dû fa réputation
qu’à l’avidité, à l’ignorance■ & à la crédulité.
Le fameux père K.ircker, dans fon ouvrage ah-
titulé mundus Jubterraneus, dans lequel on trouve
beaucoup de chofes intéreffantes 8c inftruétivesfur
les mines, fe moque avec raifon de ces fuperftitieu-
fes pratiques, & affine, d’après fa propre expérien -
c e , que tout ce qu’on en dit eft entièrement
faux. Cependant il n’a pas eu le courage de les
abandonner tout-à-fait ;il paroît croire un peu aux
fympathies, & propofe même de nouvelles baguettes
divinatoires de fon. invention, dont les effets,
quoique un peu d’accord avec les caufes phyfiques,
ne font cependant pas plus fûrs pour cela.
Le père Kircker croit, par exemple, qu’une
baguette dont un bout feroit de fel gemme & l’autre
de bois, 8c qu’on fufpendroit en équilibre au-
deffus d’une mine de fel, s’inclineroit fur la terre,
& il fefonde fur une expérience qu’il a faite. Cette .
expérience confiftoità faireévaporer fur ie feu une
diffolution de fel gemme au-deffous de fa baguette,
& cette vapeur la faifoit réellement incliner. 11
n’eft pas néceffaire d’être fort favant en chimie ,
pour fentir que, qnand même le père Kircker au-
roit fait évaporer de l’eau pure, au lieu d’une dif-
folution de fel au-deffous de la baguette, elle fe
feroit inclinée de même, à caufe des parties d’eau
qui fe feroient attachées au bout falin de cette baguette,
8c que par conféquent un pareil fecret
n’eft propre à rien.
Le même auteur propofe auffi pour découvrir
les mines de mercure, une baguette d’or par un
bout 8c de bois par l’autre, dans l’efpérance que
les émanations du mercure s’attachant à l’or par
préférence au bois, appefantiroient la baguette par
un bout, & la feroient incliner. Mais qui ne voit
que cet effet ne peut avoir lieu, à moins que le
mercure ne foit réellement en évaporation ? Or
cela ne peut arriver que par des circonftances particulières
8c très-rares,puifqu’il faudroit 5 i°. que
le mercure fût dans la terre fous la forme de mercure
coulant, 8c non fous celle de cinabre^, comme
il l’eft ordinairement ; i ° . qu’il éprouvât delà
part de quelque feu fouterrain, un degré de chaleur
bien fupérieur à celui qui règne habituellement dans
l’intérieur de la terre, puifque ce dernier eft bien
éloigné d’être affez fort pour fublimer le mercure.
Cette fécondé baguette phyfique 8c chimique du
père Kircker ne vaut donc guères mieux que la
première, & il eft fort à craindre qu’il n’en foit
de même de toutes celles qu’on voudroit faire fur
les mêmes principes, 8c àTimitation de celles dont
on vient de parler.
Enfin le même auteur affure très-pofitivement,
& avec une candeur capable de perfuader, qu’il a
fait l’expérience de la baguette compofée de moitié
de bois d’aune & de moitié d’un autre bois
non fympathique avec l’eau, 8c protefte que cette
baguette fu-fpendue en équilibre au-deffiis d’une
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fource d’eau cachée, s’incline avec le temps parla
partie qui eft bois d'aune.
On conçoit bien que Macquer, de qui cet article
eft emprunté, eftime à. fa jufte valeur les ridicules
prétentions 8c les erreurs qui ont donné naif-
fance à toutes ces idées fur la baguette divinatoire.
L’état d’exactitude des fcieùces expérimentales depuis
plusd’un demi-fiècle, devoir faire efpérer que
de pareilles folies ne viendraient plus déshonorer
la phyfique & retarder fes progrès. Il eft véritablement
inconcevable que des impoftures groffières
en ce genre fe foient encore renouvellées il y a
quelques années, & que quelques hohimes de
mérite ayent été encore féduits, au point de chercher
à expliquer par les loix ordinaires de la phyfique,
des faits prétendus que le temps n’a pas confirmés.
En effet les prétendues découvertes de mines
de charbon de terre faites aux environs de
Paris par Bletton, & dont M. Thouvenel fembloit
être auffi afturé que s’il les a voit vues, fe font réduites
à rien ; les fouilles immenfes que J’ona faites
pour les trouver ont été infrudueufes, 8c
elles attelleront long-temps aux amis de la vérité ,
que quelques hommes ont été trompés à la fin de
I ce fiècle comme on l’auroit été dans le quinzième,
& que la nature n’a donné à perfonne le prétendu
pouvoir de reconnoître la préfence de l’eau , des
| métaux & des bitumes cachés profondément fous "
i terre.; L’hiftoire des fciences qui fera paffer ces erreurs
à la poftérité, lui dira en même-temps que
les véritables phyficiens y ont toujours réfifté.
BAIE. (Pharmacie.) 11 eft effentiel pour les
pharmaciens de favoir que la baie eft une efpèce
de fruit mou, rempli d’une pulpe aigre , fucrée ,
aftringente, ou amère & rarement fade, dans
laquelle les femences font placées fans ordre 8c
fans arrangement réguliers, de forte qu’elles
font pour-ainfi-dire libres & flottantes dans cette
pulpe ; c’eft-là ce que les botaniftes appellent
femïna nidulantia.
Il y a un affez grand nombre de baies employées
en médecine, telles que les baies de fureau ,
d’hieble, de laurier, de nerprun, degrofeille,
de caffis, & c.
Un pharmacien doit favoir affez de botanique
pour bien connoître la différence de ftruClure de
ce fruit d’avec les autres fruits, & pour pouvoir,
fans erreur, chofir les matières végétales qu’il
doit traiter pour en- extraire les médicaraens
quelles fourniffent à la médecine.
BAIN , Bain de cendres , de fumier, de
v a p eur ; Bain-marie. & c. On entend en chimie
par ce mot, toute matière dans laquelle on
peut plonger d’autres fubftances , foit pour leur
communiquer une plus grande quantité de calorique
, foit pour leur en enlever une portion i mais
c’eft plutôt pour rempli r la-première condition que
ces inftrumens font employés. On a donc diftingué