
Il
me en écartant leurs molécules , Si d*en diminuer
la pefanteur en aggrandiftant leurs pores, ’
on reconnoît , en confidérant cette première action
du calorique avec plus de/oin, qu'elle eft fui : '
vie du piufieurs. autres effets tres-importans a bien
apprécier. , ' j t , -••• .
L a première & la plus frappante confiaeration chimique qui fe préfente fur les effets du calorique
introduit dans les corps , c eft qu en. écartant
les molécules des corps * il diminue leur aggréga-
tion. Comme la force d’aggrég'ation & .^attraction
de compofition font toujours, en raifon in-
verfe Tune de l’autre , ainfi que nous l’avons éx-
pofé dans le troifième chapitre , il eft aifé de concevoir
que le calorique favorife fingulièrement la
combinaifon, en détruifant l’aggrégation. Cette j
propriété a fait regarder le feu comme le principal
agent des chimiftes , & ils fe 'font eux-mêmes
dualiftés du titre de philofophes par le .feu.; On
vefra cependant par îa fuite qu’on s’e^fer^. i#-.
jourd’hui beaucoup moins qu’on no le fâîfoit autrefois.
. . \ , L: ■> ■ • \ ;
L’atlion du calorique , confideree fous ce point
de vue c eft-à-dire , comme tendante à détruire,
l ’aggvégation Si~à favori fer la çombinaifph ^ pa-
roît étie modifiée de quatre manières, fuiyant les
corps fur lefqüèls il exercé fa puiflànce. /'f ' ; {
i^. 11 eft des corps qu’il maltère en aucune fa-,
con * & qu’ il ne fait que dilater.' Les fubibnces;
de dette nature' font inaltérables- Si àpyres ; ç eft
ainfi que le criftal de roché.expofé au fétt le plus
fort Si le plus long - temps fou tenu , néprouve
aucune altération , ne perd rien de fa durete 3
de fa trânfparènce , Si fort de cetteépreuve auffi
beau qu’il étoit auparavant. 11 n’y a que très-pëu;
de matières auffi peu altérables que celle-là. % >. •
2°. Le calorique détruit entièrement l’aggre-,
oatiqrt de beaucoup de corps , St les, fait palier-
de rëfat foiide à r.étàî: fluid'ê- Ce phëhomè.he' fej
nommS fufion ; les corps qui rëprduvçnt font ap-
pellés fufibles. Il y a différens degrés de fufibi-
lité^ depuis celle du platine qui eft extrêmement
difficile à fondre * julqu à celie du mercure qui
eft fluide jufqu’à —J i de l’échelle de Réaumur.
Cette fufibilité pouflee à l’extrême , eft la volà-
tiUfatiôn. Un corps fe volatilife ‘ ou fe répand
dans l’atmofphère, lorfque dé Betat de liquide
il paffe ; par une grande raréfaction, a celui de
fluide élaftique. Âlorsnntraîné & foulevé par fon
calorique 3 il s’élève dans l’air atmofphérique, &
il y refte fufpendu ou diflous , jufqu’à ce qu’il
acquière plus de denfité Si de pefanteur par le
froid. On nomii)e volatils les corps fufceptibles
de cette propriété. Ceux qui n en jouiftent point
font appellés fixe* par oppofition- Il y a beaucoup»
de degrés entré la fixité Si la volatilité; il paroit
même qu’on ne peut fuppofer aucun corps abfo-
lument fixe, Sc que piufieurs ne le paroiflent que
parce que nous n’avons pas de mafle de calorique
aife-x forte en notre pouvoir , pour leur faire
éprmwêr ce changement d’état. La même réflexion
doit être faite fur l’infulibilité 5 il n’en eft point
d’abfolue. Si,l’on ne parvient point à fondre le
criftal de roche , c’eft-parce que nous ne pouvons
.point, lui appliquer une aflez grande malle
de calorique. Lors donc que nous parlons de
'
l’infufibilité ou de la fixité,de certains corps,
cela ne. doit s’entendre que dès. propriétés relatives
, en les confidérant dans, l’enfemble des êtres
que nous connoillons , & relativement au feu
qu’il eft en notre pouvoir de produire. Car à
mefure que nos moyens fe perfectionnent , la lifte
des corps fufiblès & volatils s’accroît, & celle
des réfraCtaires diminue.
1 '11 faut bien diftinguer cette volatilité effcn-
, délié de .celle qui n’eft qu’apparente Si qui n’a
lieu. qu’en raifon du mouvement communiqué
par le c jurant de là flammé ou des vapeurs 5 c’eft
ainfi , par exemple , que le fine oxidé eft enlevé
par la rapidité'de la flamme citée pendant fa
çombuftipn.
' 3 . Lorfqu^le calorique agit fur des ; corps
çômpofés de deux principes, dont l’un eft volatil
& l’autre fixé, elle .les fepare fouvent en yo-
latilifant le premier ; ces corps font décompofés,
mais fans altération ,; dé forte que l’on peut les
'''fecompofèr ou les faire reparoître avec toutes
leurs propriétés"; en unifiant les deux principes
féparés ; cette réparation de principes conftitue
une analyfe vraie ou fimple. Le calorique appliqué
aux corps compofés';dé deux fubftanceS' dont
■ les propriétés font très- différentes relativement
à la volatilité , réduit en vapeurs celle qui. eft
volatile., Si laiffe intaCle celle qui eft fixe.
Mais'poùr que cette analyfe vraie ait lieu ; il
faut que. la fubftance volatile Si la fubftance
fixe dit compofé fdiént l’une ou l’autre également
inaltérables par le calorique, qu’on leur .appliqué',
oii; qu’.on ne leur donne que le degté ds
feu convenable pour ne point en changer entièrement
les propriétés. Alors la matière yolatilifée
n’ayant pas -fubi plus d’altération que la fubftanc«
fixe , on pourra les unir enfemble & reproduire
le corps compofé tel qu’il étoit avant fa décom-
pofition ; ce qui indique que l’on a fait une analyfe
fimple ou vraie. Comme il eft rare qu’un
corps ne foit compofé que de deux fubftançes,
l’une volatile- & l’autre fixe j comme il eft fouyent
très-difficile, & quelquefois même impoffible-j de
n’appliquer que la maffe de calorique pour vola-
tilifer l’une fans altération, & lailfer l’autre ,in-
taéte, on conçoit que le nombre des corps fur
lefquels le calorique agit de cette manière eft très-
petit. Telle eft la raifon pour laquelle les chi-
miftës font aujourd’hui beaucoup moins, be. cas
qu’autrefois de l’attion du feu. Les fubftançes fur
lefquelles le calorique produit l’effet qui nous oc-
-cupe font décompofables fans altération. Beaucoup
dé matières minérales , tels que des fels criftalli-
fés., des diffolutions de fels neutres, des alliages
Sc des minés métalliques appartiennent à cette
clafle. ' ' - ^
40. Si les corps que Bon expofè à Bâélion du calo-
tiquefont compofés deplufieufs principes volatils
& fixes, les principes volatilifés s’unifient enfemble
, les fixes fe combinent également entr’eüx,
& il réfulte de cette opération une décompofitioh
telle, que les produits réunis de nouveau avec
les réfidus, ne peuvent plus reformer les premiers
compofés. C ’eft alors une analyfe fàufié ou compliquée.
Les corps fur l,efquels le calorique agit
dëv cette manière , font dêcompofables avec altération.
Lé plus grand nombre des .fubftançes naturelles
font de cette clafle ; leur ordre de compofition
eft trop multiplié , elles font compofées d’un
trop grand nombre de principes, pour que le calorique
puifte en opérer la féparation fans les altérer.
Comme la force d’affinité de compofition
exifte dans tous, les corps , comme, elle eft même
favorifëe par le calorique, à mefure que quelques
principés. d’un . compofé de cette nature
font volatilifés par l’aétion du féu / ils réagiftènt
les uns fur les autres, ils s’uniffent & forment
un autre ordre de combinaifon que celui qui exif-
toit auparavant > la même union a lieu entré les
principes fixes qui fe combinent autrement qu’ils
ne l’étoient auparavant. C ’eit ainfi qùe lorfqu’on
chauffe un bois, une écorce ou une matière've^
gétalé quelconque, le carbone qui en eft un des
principes decompofe une partie de l’eau qui y eft
contenue, & forme par des compofés nouveaux
de carbone , d’ hydrogène & d’oxigene un acide,
des fluides eliftiques, une huile brune, qui n’exif-
toient pas, tels dans le bois , &c. Tout eft donc
altéré dans cette aéliori du calorique ; les phénomènes
qu’elle préfente annoncent donc une analyfe
faufîe, compliquée', dont les réfultats, indui-
roiënt les chimiftes en erreur, s’ils n’étoiènt pré-,
venus dé leur incertitude & de leur infuffifance.:
Il eft certain que l’art ne peut point reproduire
le bois ou l’écorce traitée de çetté manière, en
mêlant enfemblè le phlegme , l’huile , l’acide ,
le charbon obtenus dans cette analyfe, & que
lés principes qu’elle fournit, ont fùbi de grandes
altérations. Malheureufement les corps fufceptibles
d’être ainfi altérés par le feu, font les
plus nombreux de tous. Toutes les matières animales
& végétales, une grande quantité dé fubf-
tances minérales appartiennent à cette clafle- ;
mais les découvertes modernes pourront faire déterminer
la vraie- nature des principes qui confti-
tuent ces matières., d’après ceux qui fe dega-
gent.
Nous n’avons parlé, jufqu’ici que des effets d’une
chaleur forte , & telle qu’on l’adminiftre communément
dans les différentes opérations de l’art;
mais une chaleur douce & long-temps continuée
dans les opérations de la, nature , donne naif-
fance à une foule dé phénomènes-importans que
Chimie. Tome II.
la' chimie doit apprécier. Les vibrations & les
oscillations -excitées par fa !préfetice; dans les molécules
folides des corps, la raréfaction & l’agitation
produites dans leurs* parties fluides, y en-
tretiénnènt un mouvement inteftin & continuel,
qui change peu-à-peu la forme, la dimenfion ,
le tiflu des premières, & qui altère fenfiblement
la confiftance, la couleur, la. faveur, en un
mót , Ja nature intime des fécondés. JTelie eft
l’idee généra-e qu’il faut Te former de îexiftence
& du pouvoir des phénomènes chimiques qui
ont lieu dans les corps naturels, de la décom-
pofttion & de la recbmpofition fpontanées des
minéraux , de la criftallifation , de la diftolution,
de'la formation des fels , de la vitrification , de la
métallifation, de la vitriolifation , & de la mi-
néralifation qui ont lieu dans l’intérieur du globe.
C ’eft à cet agent puiftant qu’il faut également
avoir recours pour concevoir les altérations
phyfiques dont les corps des végétaux &
des animaux font fufceptibles , le mouvement
de la sève , la fermentation douce qui produit la
maturation des fruits , la formation des huiles ,
de L’arôme , des mucilages , du principe colorant,
la ' compofition des humeurs animales , leur dé-
compontion., leurs changemens réciproques, la
putréfaction. Tous ces grands phénomènes tiennent
plus ou moins aux opérations chimiques,
Sc le Calorique répandu fur le globe y prélide.
Ces effets fi variés du calorique , étant dus
à l’ écartement qu’il produit entre les molécules,
confidérons encore ce premiér effet, & tâchons
d’en apprécier toute l’influence.
L’eau en glace eft ramollie par une certaine
quantité de calorique', fondue, & rendue coulante
par une plus grande quantité, & enfin plus
fondue pour - ainfi-dire , ou réduite en vapeurs
ou en fluide élaftique, par une quantité encore
plus grande; de forte;qu’on pourroit dire que la
vapeur d’eàu contient trois principales fommes
de calorique ; celle qui la conftitue glace de telle
denfîté ’, celle qui la met dans l’état de liquide à
telle raréfaCfcion , & enfin celle qui la tient fondue
en fluide élaftique.
En appliquant cette théorie générale à tous les
corps dé là nature, il n’en eft aucun qu’on ne
puifte; concevoir fufceptible de paffer par tous ces
états, à- l’aide d’une quantité fuffifante de calor
ri que ;• & ils ne paroîtront différer les uns'des
autres, eu • égard à cette propriété, qu’.en raifon
de la quantité de calorique nécefîaire pour
les mettre chacun dans cet état ; ainfi , .c’eft faute
dé calorique fuffifant, qu’on ne peut ni fondre
ni réduire- en vapeurs le criftal de roche , & il
n’eft pas plus difficile d’en concevoir la poflibili-
të , qu’il né Beft de concevoir que le fluide le
pîüs habituellement élaftique,; comme l’air, peut
acquérir une grande folidité , comme cela lui arrive
dans plüfieurs combinaifons.
Il eft aifé d’expliquer, d’après .ces principes 0
V v v v
m