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étoient diffolubles dans l'alcool. Ayant mis ces
pierres en digeftion dans de bon efprit-de-vin , il
a remarqué au bout de quelque temps que cette
liqiieur étoit remplie de particules minces ,;brillantes
& criftallines, & ayant toutes les apparences
d'un fel. Les expériences -qu'il a faites
fur cette fubftance , lui ont fait foupçonner que
c'étdit un fel huileux , analogue par quelques propriétés
au ’ fel acide que nous avons connu fous le
nom de fleurs de benjoin ,■ mais il n'en connoif-
foit point du tout la nature. D'après les recherches
dece favant j ce fel; n'eft contenu que dans
les calculs biliaires de l’homme ; il ne l'a point
trouvé dans ceux du boeuf. C e fait très-fingulier
mérite encore d’être confirmé , car nous avons
trouvé , M- Vauquelin & moi, un peu de matière
lamelleufe dans les calculs du boeuf.
La découverte de M. Pelletier a éclairci piu-
fieurs faits recueillis à la fociété de médecine , fur
les pierres de la véficule du fiel. Cette compagnie
a reçu de. fes correfpondans , des calculs biliaires
de la troifième variété indiquée ci-deffus, & qui
ïï'avoient pas encore été décrits. Ce font des amas
de lames criftallines tranfparentes , femblables àu
mica ou au talc, qui ont abfolument la même forme
que la matière trouvée par M. Poulletier. Il
paroît que la bile humaine peut fournir une
grande quantité de ces criftaux, puifque la fociété
de médecine a dans fa collection de'Calculs
, une véficule du fiel entièrement remplie
de cette concrétion faline tranfparente. J'en ai
recueilli deux autres entièrement femblables, &
qui m'ont été donnés par MM. Lepreux & H allé
mes confrères. J'ai trouvé , en examinant ces1 calculs
biliaires cri ftallifés , qu'ils étoient d'une nature
huileufe analogue à celle du blanc de baleine.
Les détails des expériences qui m'ont conduit
à ce réfuitat y font consignés dans un mémoire
inféré dans le tome 3 des annales de chimie, fous
le titre fuivant :
E x a m e n c h i m i q u e
De la fubfiance feuilletée & crifialline contenue dans
les calculs biliaires , & de la nature des concrétions
cyftiques crifiallifées, Je crois devoir donner ici
ce mémoire.
Il y a plus de vingt ans que feu M. Poulletier
de la Salle, en fe. propofant de reconnoîtfe la
nature des calculs biliaires, & de déterminer leur
diffolubilité dans l'alcool, d'après ce que Sénac
lui avoit indiqué, découvrit que ces concrétions
laifloient dépofer à mefure que l'alcool en diflol-
voit la plus grande partie, une fubftance feuilletée^
lamelleufe, brillante, aflez femblable à l'acide bo-
racique. 11 s'emprefla de féparer cesv lames criftallines
de la difîblution, & de les recueillir fur
un filtre i mais'il reconnut bientôt qu'elles étoient
£ légères , que, quoiqu'elles panifient occuper un 1
B I L
grand volume dans la difïolution, elles fe rédui-
foient prefque'à rien par la deflication. 11 n'en put
ramaffer, dans les premiers eflais, qu'une quantité
fuffifante pour les expofer fur un charbon, &
il les v if prefque entièrement difparoître en fe ré-
1 folvant en' fumée ou en vapeurs. Dès-lors il forma
le projet d'en recueillir une affez grande quan-
! tité pour pouvoir en faire un examen ffuivi. Il demanda
des pierres biliaires à beaucoup d'hommes
de l’art, & fur-tout à ceux qui exerçant leurs pro-
i feflions dans les:hôpitaux, femblent être à portée
de s'en procurer plus fréquemment que les autres.
Mais malgré tous les foins qu’il prit, malgré toutes
fes demandes, il ne put jamais s’en procurer que
quelques grains. A mefure qu'il féparoit cëtte matière
desportions de calculs biliaires qu'on lui four-
nifïbit, il les renfermoit dans un bocal. Mus de
quinze ans fefont paffés dans ces expériences-préliminaires
, fans qu'il ait pu réunir une quantité de
cette matière feuilletée fuffifante , pour en faire
l'examen qu'il avoit projetté. Sa découverte fut
Amplement annoncée dans le dictionnaire de chimie
5 mais Macquer n’indiqua pas plus due Pelletier
, la nature de cette fingulière fubftance. Ayant
: eu de fréquentes occafionS dé faire des expériences
chimiques fur divers points de la matière médicale
& de phyfiologie, avec le célèbre auteur de la
pharmacopée de Londres, & nos converrfations
ayant fouvent eu pour objet la nature des calculs
biliaires ; j'expoferai d'abord ici les faits-que j ai-
appris de lui, & je dirai enfui te ce que j'ai découvert
par moi-mêmefürla matière dont il eft quet-
tion.
i° . La matière criftalline paroît être beaucoup
plus diffoluble dans l'alcool chaud que dans l'alcool
froid 5 cette liqueur chaude pàffe bien. claire par le
papier, mais la matière s'en fépare fi promptement,
que l’auteur de cette découverte çroyoit
qu'elle paffoit à travers le papier avec l'alcool.
Une once cinq gros douze grains d'alcool diftol-
vent à la température de foixante degrés du thermomètre
de Réaumur, cinquante grains de cette matière
blanche 8c criftalline, quoiqu'il pourroit peut-
être s'en diffoudre davantage. Il paroît qu'on peut
fixer ainfi le.terme de cette diffolubilité; elle répre-
>fente une combinaifon dont le rapport des eo'mpo-
fans eft à-peu-près comme un de matière calculeufe
biliaire eft à dix-neuf d'alcool. Cette fubftance n eft
prefque pas diffoluble à froid dans l'alcool, c'eft-
à-dire, à la température de dix à douze degres;.
car fur Tes cinquante degrés qui ont été diflous a.
chaud, il s'en eft dépofé quarante-huit par le re-
froidiflement ; cependant la liqueur donnoit encore
un précipité dans l'eau , mais,, àla vérité, ce
précipité étoit fort léger. -r **
2°. Cette matière paroît varieren quantité dans
les diverfes pierres biliaires humaines , quoiqu’elle
exifte conftamrfient dans toutes ces concrétions.
30. La proportion dans-cés pierres eft très-pe®
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confîdërable, 8c à peine en obtient-on quelques
grains d’un gros de calculs biliaires.
4°. Lespierres de la véficule du fiel des quadrupèdes,
& Spécialement celles du boeuf, que les
bouchers ont grand foin de ramaffer pour l'ufage
delà peinture, font diffolubles dans l’alcool, mais
ne contiennent pas de matière criftalline. Voilà
les quatre faits que j'ai pu recueillir de M. Poulie-*
tier lui-même.
Je confervois depuis ptufieurs années deux vé-
ficules du fiel abfolument remplies de pierres biliaires,
lorfqu'en 178$, la découverte que je. fis
fur la nature huileufe.du foie defféché, découverte
dont il a rendu compte dans le mémoire précédent,
meconduifit à rechercher qu'elles pouvaient ;
être les concrétions biliaires. J'en traitai deux
onces en une fois par l'alcool, & voici ce que j
j’obfervai. Ces pierres étoient polies, à quatre
faces les unes fur les autres , grifes au-dehors 8c
d'un vert brun en dedans ; deux livres d'alcopl fuf-
firent à peine pour diftbudre, à l’aide d'une chaleur
douce, les deux onces de calculs biliaires réduits
ep poudre. 11 y eut même quelques portions
plus Brunes & plus dures qui refufèrent de fe dif-
fpudre. On filtra la diffolution chaude ; elle paffa
très-claire avec une couleur jaune un peu verdâtre;
.en ,réfroidiflant, elle dépofa promptement
une,grande quantité de criftaux blancs, briilans
en larmes ou paillettes, femblables à celles de l'acide
boracique .concret. Il étoit bien démontré par.
cette expérience que cette matière avoit été dif-
foute par. l'alcool chaud, 8c s’étoit précipitée par
: refroidiffement de; la liqueur. O11 recueillit fur
un filtre près d'un gros de ces criftaux. Voici les
phénomènes qu'ils préfentèrent.
i°. Exposés au feu dans une cuiller d’argent,
us fe fondaient promptement & fe réduifoient en
1111 liquide jaune, onètueux, filant, très-peu volu-
nun.eux en comparaftoh 'des James, légères qu’il
ptefentoit d’abord; ce liquide, femblable à une
huile, exhaloit une odeur graffe analogue à celle
de la cire fondue; en continuant de la chauffer, ih
ppandit une vapeur blanche très-piquante, absolument
comme une'huile rôtie; par le réfroidiffe-
jngnt, i f fe prit en une maffe concrète un peu
brune, fèche & affez caftante, préfentant dans
la çaftiire des faces & des lames brillantes , qui
annonçoient une, criftallifation, ou au moins une
tendance à criftàllifer très-remarquable. Ces phénomènes
fe fuccèdent rapidement, & ont lieu à
une chaleur affez. foible. Si l’on chauffe tout-à-
coup fortemént la matière criftalline, elle fe
rednit-tout-à-fait en vapeur, & ne lailfe qu’une
tache jaune brunâtre dans la cuiller.
f • Cette matière n’éprouve aucune altération
de la part de l'eau; elle ne s'y diffout point; traitée
avec l'eau bouillante , elle s'y fond 8c s'élève
comme une huile à la furface de ce liquide ; elle
y devient concrète par le réfroidiffement.
1 ,3?. Les alcalis fixes eauftiques liquides, cfiC-t.
folvent à froid cette fubftance; En triturant lé^
gèrement ces criftaux dans un mortier avec une
leffive.cauftique.de potaffe & de fou de concentrées.
,:■ on les voit • difparoître & fe fondre dans,
les fels. Cette diffolution eft très-diffoluble dans
l'e.au, elle rnouffe par l’agitation; les acides, les
feîs neutres , terreux & métalliques la décom«
pofent; en un mot, elle préfente toutes les proj-
priétés du favon. Ces. expériences préliminaires
ne laifloient point de doutes fur la nature huileufe
de ces concrétions, & les fuivantes me fer-
viront à déterminer plus exa&ement lés cara&ères
de cette efpèce d'huile concrète & criftalline.
4 '. L'acide-nitrique fans la brûler ou l’enflammer
3 comme il fait à beaucoup d'huiles, l'a dif-
foute tranquillement fans .chaleur, fans effervef-
fence; la diffolution reffembloit un peu à celle du
camphre, qu'on nomme communément dans les
pharmacies huile de camphre. L'eau la décompofoit
& en féparoit des flocons & des lames criftallines
fans altérations.
5°. L'alcool chaud en diffout une quantité affez
grande ; la plus grande partie fe fépare fous forme
criftalline par le réfroidiffement.
■ Ces derniers réfultats me montrèrent l’analogie
la plus frappante entre le blanc de baleine & cette
fubftance criftalline extraite des calculs biliaires.;
entre cette dernière & la matière du foie defte-
chée à l'air, il n étoit plus douteux que la fourcç^
de cette huile concrète ne fût dans le foie
même. Un troifième fait aufii important que les
deux autres, a mis cette vérité hors de doute.
On n'a décrit avec foin que depuis quelques
années {1 ) une efpèce.particulière de concrétions
biliaires, différentes de celles qui fe trouvent le
plus communément dans la véficule du fiel, c’eft-
à-dire, des calculs ciftiques arrondis ou polygones,
formés de couches concentriques, grifes en dehors
, brunes en dedans ; celles dont je veux par--
ler ne font jamais .aufii nombreufes que les premières
dans la véficule ; on ne l'en a jamais trouve
remplie, comme cela a été obfervé, fur-tout pour
les pierres biliaires ordinaires, prefque toujours
même on n'en a trouvé qu'une feule, d'un vo-':
lume à la vérité plus confidérable que celui des
calculs biliaires les plus communs. Ces concret
tions folitaires ont quelquefois la groffeur d’un
oeuf de pigeon ; ordinairement elles préfentent le
volume d’un oeuf de perit.éîleau ; elles font d’une
forme à-peu-près ovoïdeV quelquefois cylindriques,
toujours à-peu-près arrondies ; mais très-
: rarement inégales en dehors. Leur couleur eft
, (1.) Walther, deconcrementis ttrreftnbus in vàriis partibus corporis humanireptrtis , in-fol., page 47. Hiftoire de
« fociété de médecine , année i779-, page 118. M. Vicq-d’Azir eft celui qui a le mieux diftingué ces efpèces de concrétions bi-
ü^ires criftallines des calculs biliaires ordinaires j il en a fait grayor pluûeurs variétés.
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