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tention à la qualité des fils & des toiles , & elles
n’ont pu rëuffir , ou bien les frais ont été trop
grands , félon leurs coinbinaifons.
11 ne faut pas fe flatter , quelque fimpleque foit
ce procédé -, de pouvoir l’exécuter fans être guidé
dans les commencemèns par une perfonne qui
foit familiarisée avec les opérations de chimie. Je
dois infifter plus que jamais furies frais de l’opéra-,
tion 5 Ton ne peut efpérer une diminution ou rnê-
me une égalité de frais relativement au procédé
ordinaire, que pour le blanchiment des toiles fines,
à moins qu’on n’ait un bon procédé pour retirer
la foudedu réfidu de la diftillation, & fans cette
condition, l’on ne doit entreprendre le blanchiment
de celles qui ne font pas fines , que dans le
cas où les avantages qui réfultentde la célérité de
l’opération y de la faculté de l ’exécuter en tout
lieu & entoure faifon,delâ diminution des fonds
morts qu'exige le commerce des-'toiles £ poürroient
dédommager de l’ext'ès du prix. ' ; 11 n’eft paspoffible d’établir des; données, d apres
lefquelles on puiffe fe déterminer dans chaque cas
particulier ; mais j'engage ceux que cet objet peut
intéreffer , de commencer par des effais , & d’établir
par leur moyen des calculs dans lefquels il né
faut point cherchera fe flatter ; d’un autre côté,
on ne doit point s’en laiffer impofer par les pertes
auxquelles on eft fujet avant que d’être familiarifé
avec les opérations ; mais il eft peii difpehdieux
de fuivre pendant quelque temps les effais par lefi
quels on a l’avantage de fe dipofer aux opérations
èn grand.
Extrait d’une lettre de Charles Taylor a M. Ber-
• thollet{ Ann, de chimie, tom. V U , pi 144.
Le blanchiment fur les principes que vous avez 1
établis s’eft fort étendu dans notre voifinage, &
eft exécuté par’ différentes përfonnès avec beaucoup
de fuccès. J’ai «remarqué dans ce que vous
avez dit (ann.de chim., tom. I I , p. 187) une
.erreur que j’attribue a la difficulté que j ai a m exprimer
avec clarté en françois. Vous fuppofez que
je VOUS ait dit que les couleurs-ou entre le fer ne font
pas toujours affaiblies par ïacide muriatique oxigené \
mais ce que j’ai voulu vous dire, c’eft que les fonds
blancs des pièces blanchies par l’acide muriatique
©xigené étoient auffi purs & aufli blançs que ceux
des pièces qui avoient été blanchies à Ja manière
ancienne, & après cela blanchies par l’acide ful-
furique délayé? lorfqu’on les impnmoit enfuite &
qu’on les paffoit dans la cuve de garance comme à
l’ordinaire. Je n’ai pas voulu dire que'les couleurs
noires imprimées fur le coton n’étoient pas détruites
ou effacées par l’acide muriatique oxigené.
Je trouve que les couleurs imprimées font plus
vite effacées que celles qui font teintes. Les échantillons
que je vous envoie ont été faits avec du
coton non-blanchi ou du fil de coton dans fon état
paturel qui a été blanchi, fans que celui qui ayoit
été teint auparavant ait fouffert dans fa couleur
par le procédé qu’il a fupporté en même temps.
Lettre de M. J. M, Hauffman a M. Berthollet, 2$
' juin 1791. Ann. de çhirh.., tom. I I , p. 2.37.
J’aurois été bien’ èrhbarraffé l’hiver dernier, fi,
au moyen de l’acidè muriatique 'oxigené mêlé avec
la potaffe, je n’avois blanchis 3 à 4000 pièces de
toile de Coton & de lin, imprimées & garancées
en toutes nuances. Depuis j’ai encore blanchi 300
pièces de toile de coton fortant du métier du tif-
ferand, & qui étoient deftinées pour être imprimées
en bleu & en rouge camayeux par les planches
de cuivre. J’ai fait ce blanchiment en faifatit
préalablement tourner 3 par lé tnoyen d’un moulinet,
quatre fois de. chaque côté vingt-cinq pièces
de dix aunes ;à chaque opération dans une chaudière
contenant une foible leffive de potaffe cauf-
tique bouillante , & en leur faifant faire, après
les avoir lavées, trois tours par le moyen du mou*
linet, dans la cuve qui contenoit l’eau chargée
d’acide muriatique oxigené. Je vous donnerai de
plus amples détails fur ces opérations dans une
autre lettre.
Je remplis avec d’autant plus- de plaifîr rengagement
que j’ai pris de vous communiquer mes
obfervations fur l’ufage de l’acide muriatique oxi-
genë pour les toiles d’impreffion, que vous m’apprenez
que vous defirez en faire la comparaifon
avec les procédés que l’on fuit dans la manufacture
de M. Oberkampf, & que par cës communications
réciproques, le procède pourra fe per-
feétidnner.
L’alcali dont je me'fers communément efl la
potaffe ordinaire; je charge fa diffolution d’une
quantité plus ou moins grande d’acide muriatique
oxigené.-La liqueur agit plus ou moins efficacement,
plus ou moins promptement, en taifon de
l’excès de l’alcali, ou celui de l’acide muriatique
oxigené : dans le premier cas, l’on n’avance pas
affez, & dans le fécond l’on rifque de trop fatiguer
les couléurs, fur-toüt lorfqu’on eft obligé de
s’abfenter, & de confièr l’opération à des ouvriers.
Je tâche de faifir le jufte milieu, & comme l’on
n’a pas toujours des ïngrédiens’ de même qualité,
j’ajoute de la diffolution d’alcali à la liqueur fi elle,
agit avec trop de force fur les couleurs; & dans
le cas ou l’alcali prédomine trop, je lui fais abfor-
ber une nouvelle portion d’acide muriatique oxigené.
Il y a trois ans-que ie mé fuis fèrvi de l’alcali
cauftique combiné avec l’acide muriatique oxigené;
j’ai retiré dans ce procédé du muriate oxigene de
potaffe, & il m’a paru que la liqueur préparée de
cette manière agiffoit trop promptement fur les
couleurs, & trop lentement fi l’alcali s’y trouvoit
en excès, ce qui me;fait croire que l’affinité de
l'acide muriatique oxigené nê furpaffe pas de beaucoup
celle du gaz acide- carbonique avec
d autant
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d’autant plus que ce dernier ne me paroît fe laiffer
chaffer de l’alcali que lorfqu’on continue de plus
en plus l’abforption de l’acide muriatique oxigené..
D’après cela la portion d’alcali qui refte combinée
avec l’acide carbonique , ou plutôt là combinaifon
mixte de 'celui-ci &, de l’acide muriatique oxigené
avec l’alcali, ne doit pas préfenter le même
obftacle dans le blanchiment des toiles d’impreffion
que la liqueur qui contient un excès d’alcali
cauftique.
Je prépare en deux temps la liqueur dont je me
fers pour le blanchiment ; je place un récipient,
ou plutôt une cloche d’étain, dans une cuve de
pierre à grain fin, laquelle je remplis avec une
leffive faite avec vingt-cinq livres de potaffe ordinaire,
& deux cens livres d’eau. Le dégagement fe
fait .dans un grand flacon qui a fervi à contenir 1 acide fuifurique de Javel : je place ce flacon dans
une’ chaudière de cuivré potée fur un*fourneau,
& lorfqu’un mélange de trois livrés de.manganèfe
d’n.nienëau en $àxe, de neuf livrés de. fél marin y
& de quatre livres d’acide fulfurique de Javel,
étendu avec autant d’eau , a donné tout l’acide
muriatique, oxigené qui peut s’en, dégager à une
chaleur augmentée peu-à-peu jufqu’à l’é'bullition du
bain-marie 3 je répétéauffi-tôt la même opération,
& avant de. me fervir de cette liqueur, je J’affoi-
blis avec fept, huit à neuf parties d’eau, ôi les
vaiffeaux font affez grands., je double la dote des
ïngrédiens, & je ne fais qu’une opération.
C ’eft d'un tube de plomb que je me fers pour
introduite le gaz fous le récipient d’étain. Je n’ai
pas befoin d’agitation pour renouveller les furfaces
& favorifer l’abforption, parce quel’éruption des
bulles produit affez cet effet.
Ayant fait une abforption du gaz acide muriatique
oxygéné dans une cuve, garnie en plomb &
remplie d’une diffolution-d’une partie de potaffe
cauftique fur Huit parties d’eau, il fe forma beaucoup
d’oxide de plomb, qui de jaunâtre qu’il étoi-t
d abord devint de plus en plus rougeâtre, enfuite
brun, & qui finit par fe diffoüdre en partie dans la
leffive, en lui communiquant une couleur transparente
de pourpre fonc^; une petite partie.de cette
liqueur donnoit a,l’ eau, fans la troubler, une
nuance violette & lilas très-agréable,. G'ette teinture
pourprée, féchée fur un morceau de toile dé
coton , perdit fa couleur le laifia blanc. J’aurois
du faturér d’acide muriatique oxigené cettè tein- .
tare, pour voir fi elle ne perdroit pas fa couleur,
& ne faiffe roit pas précipiter un oxide de plomb. J
La liqueur préparée avec la potaffe ordinaire & ]
eteridue avec fuffifante quantité d’eau, n’agit pas
fenfiblement fur le plomb, de forte que l’on peut
tres-bien fe fervir de vafes faits avec ce métal
pour le blanchiment : je me fers depuis quelque
temps d’une chaudière de cuivre & fans désavantage.
Ce qui , dans le plus grand nombre- de' cas,
nuit beaucoup à l’-éclat & à la beauté des cou-,
Chimie, Tome II.
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leurs de garance, qu’on Soumet à l’ancien blanchiment
, & qui devient d’une néceffité indif-
penfable pour le nouveau, c’eft que toutes les
couleurs des toiles imprimées doivent être bien
faturées de garance, afin qu’elles puiffent céder
le fuperfhi à J’oxigène de la liqueur en même-
temps que celui-ci détruit celles qui doivent dif-
paroître pour rétablit le blanc. Il faut également
que les nuances fe trouvent toutes bien proportionnées
, pour qijè celles qui doivent être foibles
ne dilparoiffent pas avec celles qui doivent laiffer
le fond blanc.
De toutes les nuances qui s’obtiennent'au moyen
des, fubftances végétales & animales à l’aide des
mordans, ce font les rouges de garance qui ré-
fiftent le mieux à l’a&ion de la liqueur ; le noir
& les nuances qui en dérivent s’altèrent plus facilement,
fur-toutlorfqu*on les produit avec les noix
de Galles, le fumach & des.fubftances analogues,
excepté la garànce, qui adhère plus fortement à
l’alumine & à l’oxide de fer que toute autre fubf-
tance végétale & animale. Les couleurs appliquées
fur dés fonds blancs dé quelques nuances qu’elles
foient, rouges, noires, lilas, violettes, &c..réfiC-
tent beaucoup mieux a l’aélion cle la liqueur que
les fonds couverts des mêmes couleurs, & ce qu’il
y. a .de plus furprenant, c’éft qu’ils font altéré* en
rai fon de leur intenfité, c-’eft-à-dire, que les fonds
des couleurs les plus foncées fouffrent le plus
promptement. Si donc on peut blanchir à la fois
& en- les faifant fouvent tourner, vingt à trente
pièces imprimées en fond blanc, & dix à feize
pièces, en. fonds couverts en couleurs de rouge
clair ou rofe, de violet & lilas, il eft fort prudent
de ne faire tourner au moulinet qu’une feule pièce
à la fois de fonds rouge, mordoré, puce, marron
& noir, parce que fi l’on réunit deux ou plusieurs
de ces .pièces, elles rifqiient de devenir inégales
par ië peu de temps quelles peuvent refter-daiis
la liqueur.
Lorfque la liqueur eft récente, l’on ne doit paffer
chaquepiece à fond foncé que cinq, fix, fept
à dix tours de moulinet.5 mais lorfqü’eîie s’eft âf-
foiblie par l’ufage qu’on en a fait, l’on peut y paffer
chaque piece.de dix à vingt fois.
Il faut abfolument que pour les, opérations l’on
rackej-d'exercer fes yeux y tout dépend ici du coup-
d’oeil ; il faut qu’il foit exaét, fans quoi l ’on s’ex-
pofe à affoiblir &. à altérer les coulëùrs.
Les différentes nuances de jaune, d’olive, de
merde-d’oie, de carmélite, d’orange, de capucine
} & c ., que l’on fe procure au moyen des mor-
daris pat la teinture en gaude, guer-citron & autres
fubftances végétales, propres à produire ces
nuances, ne réfiftent que très-peu de temps' à
1’aCtion de la liqueur, de forte que pour blanchir
lès pièces teintes en pareilles couleurs, l’on ne
peut fé difpenfer d’avoir recours à l’ancienne méthode
, a moins qu’on ne ménage le blanc par
d’autres voies, ou par l’ébullition dans l’eau dé
G-g-gfc- ;