
lant, fa pureté, L’expérience fuiyante adétou-
verr ces vérités à l’âuteur. i
En faifant fubiimer une portion du camphre
féparée de l'huile volatile de lavande fans aucun
intermède , il a obfervé des phénomènes
qui répandent beaucoup dé jour fur fa purification.
Il a expofé à la chaleur du bain de fable une
fiole contenant 24 parties de camphre , & il
s'en elt fublimé 22 parties 5 ce1 camphre étoit
blanc & folide. A la fin de l'opération , la
paroi inférieure de la fiole a pris une couleur
rouge , due au réfidu qui avoir lui-même cette
couleur. Ayant ceffé l'opération & cafte la fiole,
le réfidu pefoit | | , & il y avoir ^ dé perte 5
mais le camphre ne peut point avoir la couleur
rouge indiquée dans le réfidu , puifqu’il fe fu-
blime avant que d’aquérir la chaleur néceffaire
pour fe colorer j quelle eft donc s la matière qui
a pris cette co u leu r c e doit-être celle dont la
fixité pourra fouffrir un degré de chaleur capable
de la colorer fortement y le réfidu étoit
prefque du camphre pur 3 comme nous le dirons
dans l’inftant.
L'alcool a diffoiïs très-facilement ce réfidu.
Cette diffolution précipitée par , l'eau , a donné
une portion de camphré & Une efpèce de ré-
feau poreux , tenace & rougeâtre , qui n'étoit
autre chofe qu'une réfine molle , du&ile . à demi
brûlée y ,c’eft cette réfine qui empêchoit les
dernières portions du camphre dé Te fubiimer 3
& qui lui donnoit la couleur rouge. Cette matière
réfineufe a été formée, par Ja combinàifon
de l'huile volatije reftée entre les lames du camphre
avec la bafe de l'a iri la perte que le camphre
ainfî fublimé a éprouvée 3 eft due à , une
petite quantité d'huile .3 qui 3 n'ayant pas été
convertie en réfine , s'eft volatilifée avant lui 3
& l'â 'entraînée en vapeurâ dans i'atmofphèré.
Il a été bien prouvé par les expériences précédentes
3 que l'huile aromatique eft plus volatile
que le camphre.
Quelques écrivains modernes aflurent qu'il
eft indifpenfable d’employer quelque intermède
pour purifier le camphre & pour lui donner de
la blancheur & du brillant : quelques-uns indiquent
à cet effet la chaux à la dofe d'f^, &
d’autres d 7 ,ou d’7.
Quoique M. Prouft ait éprouvé quelqu'in-
convénient dans l’ufage de la chaux , fur-tout
parce que cette fubftance donne aux huiles volatiles
une couleur rougeâtre, l'expérience lui a
cependant prouvé qu’elle étoit propre à purifier
ce nouveau camphre ; f de chaux fuffit pour
cette purification : la quantité peut varier ,
fuivant que le camphre eft plus ou moins gras
ou impur. En le raffinant de cette manière, il
devient blanc & fec ; mais il perd toujours 7^. La
même perte a eu lieu dans tous les cas ou la
chaux a été êmploÿée quelle qu’ait été la dbfe
de; cette terre alcaline.
N'ayant pas trouvé de craie , l'auteur a quelquefois
mêlé le camphre de Murcie avec d'autres
terres j avec \ de cen'dre lavée, il a toujours
été bien purifié , & la perte a été également
d’^j : fublimé avec de l’argile blanche ,
il y a eu la même perte j mais les effets ont
été abfolument différons que ceux que M. Prouft
attendoit 5 le camphre étoit d’une couleur jaunâtre
, due à. la matière huileufe qui s’étoit vo-
latifée avec lui 3 fon odeur étoit fortement bi-
tumineufe & femblable à celle que donne le
iuccin par la diftillation. L’argile qu’il a employée
n’ayant pu lui fournir rien d’étranger, il a cru
devoir examiner la caufe d’une aélion auffi extraordinaire.
Mais il renvoie le réfultat de cet
examen à une autre circonftance.
Ces expériences démontrent la néceffité d’un
intermède pour raffiner le camphre, & celle
de fe fervir pour cet objet des matières terreu-
fes , en exceptant l’argile 5 mais il faut qu’elles
foient sèches, car fi elles’ contenoient de' l’eau ,
elles bouillent dans le fond du vafe lorfque le
camphre eft fondu, elles font fauter le mélange
jufqu’en haut de la cornue», & le fublimé
n’eft pas pur. Cet apcident eft arrivé en èm-
ployant la chaux.éteinte & les cendres lavées,
fans avoir eu foin de les deffécher auparavant
avec toute l’attention poffible.
La propriété de ces intermèdes paroît être
dé divifer la petite portion de matière réfineufe
qui altère le camphre en la féparant de manière
qu’elle eft mife à l’abri de l’aétivité du feu.
Quant à la manipulation pour l’obtenir auffii
denfe , auffi fec & auffi tranfparent que celui
de- lavande , ce n’eft pas , fuivant l'auteur,
une chofe abfolument difficile , quoiqu’elle
exige une certaine, précifion de la part de l’opérateur.
Le feu plus ou moins -fort & la différente
forme des vaiffeaux, donne au fublimé unecon-
fiftance & une tranfparence diverfes ; quand le
feu n’eft pas. affez fort, le camphre fe fublimé
en efpèce de criftaux légers & fins , que les
chimiftes nommoient autrefois des fleurs. Cette
forte de fublimé a peu de confiftance & fe di-
vife facilement entre les doigts. 11 faut une forte
chaleur & un vaiffeau plat comme celui que M.
Jars a décrit pour avoir un fublimé confiftant,
tranfparent & femblable à celui des Hollandois>
; fi"ie vaiffeau eft fphérique , la partie inférieure
; du fublimé eft denfe & tranfparente 5 mais la
1 partie fupérieure refte fpongieufe ,■ parce que les
vapeurs n’y arrivent pas auffi chaudes qu’à la
partie inférieure 5 & fi l’on augmente beaucoup
la chaleur , la partie inférieure fe fond & tombe
j dans la maffe fondue.. Les vafes que décrit M.
Jars étant tous applatis , le camphre fublimé
; arrive auffi chaud au milieu du fond que fur
les côtes , & -il eft par ce moyen uniformément
denfe , tranfparent & folide dans toute
fon étendue. •
Dans la fublimation du camphre, il faut em:
ployer beaucoup plus de chaleur qu’on ne le
croiroit néceffaire à une matière auffi volatile 5
il n’y a aucun rifque de faire bouillir le camphre
, & le degré de chaleur le plus favorable
pour avoir -ce produit folide & en maffe homogène
, tranfparente , eft celui qui approche de
l’ébullition. Mais ce qui eft étonnant , c’eft
qu’on peut faire bouillir le camphre fans qu’il
forte d’un vafe dont il occupe un quart de la
capacité.
Ainfî, tout le myftère de la purification hol-
landoife confifte à employer des vaiffeaux plats
& à donner pendant toute la fublimation un
degré de chaleur capable de rendre le camphre
tranfparent & maffif ; c’eft pour cela qu’on peut
percer l’intérieur des vaiffeaux , comme l’a- fait
obferver M. Jars.
Lorfque le camphre fublimé eft réfroidi, il
fe refferre. fortement fur lui-même & fe fend
dans différens endroits > ces 'fentes détruifent
une partie de la tranfparence de celui du commerce
î mais dans fon intérieur , le. fublimé fe
trouve uni & tranfparent. Quand on veut l’avoir
avec fa forme, on caffe le vaiffeau à fa
partie inférieure & on retire le camphre en
un feul pain. Cette efpèce de fublimé diffère
de celui qui eft fpongieux , en ce qu’il fe fé-
pare de lui-même du fond du vaiffeau , tandis
que celui-ci y adhère & ne s’en détache point
facilement. »
S e c t i o n VI.
M. Prouft préfente dans cette feélion plu-
fieurs réfültats très-importans pour l’établiffe-
ment de l’extraêtion du camphre de l’huile de
lavande dans la province de Murcie.
La livre d’huile de lavande de Murcie vaut
à Madrid 10 réaux (1) , celle de camphre 36
réaux j cela pofé , nous pourrons dire,,
i° . .Que 1 huile de lavande vaut tout au plus
5 réaux la livre.
2°. Le camphre , ' dans les ports de mer &
•même à Murcie , ne coûte pas moins de 24
réaux.
quent il faut fuppofer le prix de ces objets datis
l’ordre fuivant,
30. L’extraéfion du camphre par le procédé
décrit ci- delfus , n’eft pas trop difpenaieufe , 1
6 les frais par arrobe monteront tout au plus
à iy réaux.
4°. Le raffinage établi près d’une verrerie
n’ira pas à plus de 2 réaux par livre , puifque
l’étranger paie cette fomme aux Hollandois pour 1
la purification d’une pareille quantité 5 par conféV
réaux.
L’huile de lavande, l’arrobe , 125
Camphre la livre „ 24
Frais de l’extraétion du camphre de
chaque arrobe d’huile , 1 y
Frais de l’affinage pour chaque livre
de camphre , '2
D’après cette table que nous fuppofons exadle
dans le moment, cherchons le gain qu’il y au-
roit à extraire le camphre de l’huile volatile de
lavande de Murcie. Comme le déchet delà diftillation
eft entre f i & ^ , nous calculerons les
produits d’après ces de.ux données.
Produit d’une diftillation de l'huile de lavande , en
fuppofant le déchet de j i ou -fj.
réaux.
Quatre arrobes d’huile de lavande , à
5 réaux la livre , fon t, 500
Frais de l’extraétion du camphre de'cette
quantité d’huile , 60
Raffinage du camphre , 47
Valeur de 22 liv. 10 onces de camphre
purifié, _ s 543
Valeur de 23 liv. 9 onces d’huile volatilifée
pendant la diftillation , qu’on doit
rabattre des 4 arrobes .qui ont été employés
, 12*
De-là nous pouvons repréfenter les frais &>
le bénéfice par 500 — 120 -f- 543 — 60 — 47
= 1043— 227 == 816 > & en aefcendant de
; 8ié à 500 , valeur des 4 arrobes d’huile , le
nombre 316 contenu entre ces deux termes
fera le bénéfice , c’eft-à-dire ,63 par 100.
Nous devons avertir que fi dans cette table,
comme dans les fuivantes , nous avons négligé
quelque fraction , ce n’a pas été en faveur de
notre calcul.
Produit d’une diftillation de la même huile , en
fuppofant le décket de ~ 3 ~r.
réaux.
Quatre arrobes d’huile de lavande à y -
réaux la livre , yco
Frais d’extra&ion , 60
Raffinage du camphre , 46
Valeur de 21 Bv. n onces de camphre
raffiné , 520
Valeur de 23 liv. d’huile, 115
Donc nous aurons pour frais & pour béné-
( i ) Un réal d’Efpagne vaut y fols de France.