
j t € B A R
mefure qu'on' l'enlève. Cet effet eft dû à l’acide
carbonique de ratmofphère ; il eft le même que
pour l'çau de chaux , quoiqu'il foit beaucoup
moins marqué.
La diffolution de baryte, évaporée dans des
vaiffeaux fermés, laiffe la terre pour réfidu, &
c'eft par le poids de ce réfidu qu'on apprécie la
difïolubilité de la baryte dans l'eau. On conçoit,
d'après cela, qu'il faut fe fervir d'eau diftillée dans
cette expérience, comme dans toutes les diffo-
Jutions dont on veut connoîtreles proportions.
La baryte n'a qu'une aCtion foible, foit par la
voie fèche, foit par la voie humide, fur la filice
& fur l'alumine > elle paroît cependant faciliter la
fufion de ces terres, & elle prend une couleur
verte ou bleuâtre, quand pn l'a chauffée avec elles
•& fur tout avec la fécondé. Elle paroît être fuf-
ceptible de s'unir aux autres terres par la fufion ;
mais on a peu examiné les combinaifons vitreufes
qu'elle forme avec elles,, ainfi que les attrapions
qu'elle y exerce. *
La baryte eft vraifemblablement fufceptible de,
ie combiner avec les alcalis fixes, & ce genre de
combinaifons alcalino-terreufes mériteroit de fixer
1-attention des chimiftes qui ne s’en, l'ont point encore
occupés. ( Voy-e\ l’article C haux.)
La baryte y unie à tous lès acides, forme des
fels neutres particuliers, qui ne font en général
decompofabI.es par aucune autre bafe, eh raifon
de la forte attraction de cette terre pour les acides.
Prefque tous les fels bârytiques font bien criftalii-
fables, faciles à obtenir fous la forme régulière :
on en trouvera les. détails \ux articles de chaque
fel neutre. ; ? !
La baryte, par l’attraPion dont il vient d'être
queftion, décompofe tous les fels neutres 8c en
fépare toutes les bafes.
Elle eft fufceptible de fe'combiner avec le fou-
fre , 8c le fulfure de baryte a cela de très-remarquable
que, quoique compofé de deux fubftances
prefque entièrement indiffolubles dans l’eau, il
eft très-diffoluble dans l'eau 8c très-criftallifable.
J^oyei le mot Sulfure de b ar y te .
Cette combinaifon facile de la baryte avec le
foufre femble annoncer qu'elle doit s'unir de même
à d'autres corps combuftibles, & fur-tout avec le
phofphore, le charbon 5 mais on ne connoît pas
de pareilles combinaifons , & l'on n'a encore examiné
que celles de la baryte avec la plupart des
acides.
La baryte eft la terre que l'on a trouvée le moins
abondamment dans la nature. Il eft vraifemblable
quelle eft plus abondante qu'on ne l’a cru. On ne
la connoiifoit autrefois que dans le fulfate baryti-
que ou le fpath pefant ; on l'a trouvée il y a quelque
temps en Angleterre, combinée avec l'acide
carbonique, 8c criftallifée comme un fpath tranf-
parent. Nous décrirons'ce fel à l'article C a r b o n
a t e DE B A R Y T E .
.Quelques’ chimiftes modernes croient que c'eft
B A S
une chaux ou un oxide métallique ; Y» pèfanteur,
celle des compofés dans lefquels elle entre, le
précipité quelle donne quand on mêle fa diffolu-
tion par les acides avec les pruftîates alcalins, l’ont
fait foüpçonner telle depuis long-temps par Bergman.
On affure que M. Gahn, difcipie ae ce célèbre
chimifte, eft parvenu à obtenir la baryte
fous la forme de métal, mais ce fait mérite d'être
confirmé. Les expériences de MM. Ehrman &
Lavoifier fur la baryte traitée à un grand feu,
n'ont point préfenté de réduction métallique ; Pef-
pèce ae combuftion ou de déflagratioh obfervée
par le dernier, 8c dont il a été queftion plus haut,
femble tenir à une fbrte de réduction & à la fépa-
ration d'une matière métallique ; mais il faut convenir
que tous ces apperçus ne doivent point au-
torifer à regarder la baryte comme un oxide métallique,
jufqu'à ce qii'on ait retiré un véritable
métal en alfez grande quantité pour pouvoir en
déterminer la nature.
On peut donc dire qu'on ne cofonoît point encore
la ifature intime de la baryte, parce qu'on
n'eft pas parvenu à en féparer les principes, ni à
imiter fa compofition. J'y foupçonne, comme je
l'ai déjà indiqué plus haut, la préfence de l'azote
ou bafe du gaz azote; mais je n'ai aucune expérience
pofitive iur ce point. '
La baryte pure ri'eft d'ufage que dans les laboratoires
de chimie; elle pourra quelque jour feryir
aux arts, lorfqu'on en c.onnoîtra mieux les propriétés,
8c lorfqu'on l'aura trouvée-plus abondamment
dans la-nature. Les diffolutions de la baryte
dans l'eau 8c dans les acides , font employées
comme réaCtifs pour reconnoître par-tout la préfence
de l'acide fulfurique. On choifit chaque fel
barytique, fuivant la nature delà liqueur ou de la
fubftancè dans laquelle on vèut découvrir la préfence
8c la quantité de l'acidë fulfurique.
Quelques médecins ont déjà propofé 8c employé
la baryte combinée avec les acides comme
médicament ; mais il n'y a encore rien d'exaCle-
ment connu fur fés propriétés.
BASALTE. Le bafalte eft , fuivant le plus grand
nombre des auteurs de minéralogie, un produit volcanique,
efpèce de lave affeCtant la forme de priâmes
à plufieurs. pans, regardée comme une véritable
criftaliifation par quelques-uns, 8c feulement
commede produit d'une fimple retraite , d'un ré-
froidiffement, par la plupart des favans qui s'en
font occupés. 11 eft des minéralogiftes qui penfent
que le bafalte a éprouvé unedemi-fufion comme les
laves : il en eft d'autres qui fe fondant fur les matières
très - fufibles & très-altérables, renfermées
dans les bafaltes, telles que du fchorl, de k-zéo-
lite, 8cç., croyent que ces pierres font des efpèces
de laves houeufes, qui ont enveloppé toutes ces
matières dans leur, cours, 8c fe font dépolees dans
des lieux plus ou moins éloignés des cratères volcaniques,
d'où elles font fwries, & qui-par les P*0"
B A S
erè$ de la déification , fe font fendues en toutes
fortes de fens, de directions, en fragmens ou espèces
de prifmes à trois, à quatre , à cinq, à fix
& à fept pans, comme le font en général toutes les
terres argileufes.'Enfin il exifte une uoifième opinion
furl'origine des bafaltes parmi les naturaliftes.
Quelques-uns font perfiiadés que ces pierres font
des dépôts faits par l’eau, 8c n'ont rien de volcanique.
Depuis quelques mois-ces débats fur la formation
des bafaltes par le feu ou par l’eau, fe font
rènouvellés en Allemagne parmi les minéralogiftes,
& cette difcuffion n'eft pas teri^née Quoi qu'il en
foit de ces diverfes opinions, qu'on trouvera fans
doute difeutéesAvec toute l'étendue néceffaire dans
le dictionnaire de minéralogie auquel nous renverrons,
la nature chimique du bafalte ne doit pas
moins être connue , '& peut même répandre beaucoup
de jour fur fa compofition primitive, llparoît,
d'après le peu d'expériences qu'on a faites jufqu'à
préfent fur les bafaltes, qu'ils diffèrent fuivant les
divers lieux qu'ils occupent, fuivant leur couleur,
leur ancienneté, 8cc. On en connoît de rougeâtres,
de gris de fer, de gris de cendre 3 de blanchâtres,
de compaCts & allez durs pour faire feu avec le
briquet, 8c recevoir un alfez beau poli. 11 y en a
au contraire qui font prefque friables ; on attribue
cette friabilité à une efpèce de décompofîtion par
l’a:r, l'eau 8c les vapeurs acides fouterraines. On
fa.’t que les bafaltes dans les parties découvertes 8c
expolées à l'air, fe couvrent d'une couche jaunâtre,
d'-uné efpèce d'écorce qui eft moins dure que
leur intérieur, 8c qui paroît fufceptible d'être enlevée
par l'eau ; il eft facile de voir que cette dé-
compolition, cette friabilité dépendent du fer qui
eft contenu dans ces pierres, 8c de fon oxidation
par l'air 8c par l'eau.
Le bafalte eft fulîble à un grand feu ; il donne
un verre noir, tranfparent 8c très-léger , quand il
a été bien fondu. C'eft pour cela qu'on a propofé
d'en faire des bouteilles, 8c qu'on a déjà établi
dans les départemens méridionaux de la France,
desverreries où l'on fond ainfi le bafalte. MM. Fau-
jas 8c Chaptal fe font fpécialement occupés de cet
objet, 8c leurs premières tentatives promettent un
fuccès qui doit fouteriir toutes les efpérances de
ceux qui font à portée des bafaltes. L'analyfe de
cette pierre, au rapport de M. Mongez, donne
par quintal pour le bafalte dTûande, 56 parties de
filice, 1 y d'alumine, 4 de chaux 8c 25 d'oxide de
fer. L'article que M. Kirxvan a confacré au bafalte,
préfente quelques réfultats différens de ceux de
Bergman. M. Kirwan range le bafalte dans le genre
des pierres filiceufes ; c'eft la dix-huitième efpèc.e
Be ce genre dans fon ouvrage minéralogique. Il
confond dans cette efpèce le bafalte avec le trapp
des Suédois, fous la dénomination ou la phrafe
fuivante : terrqjilicée, mêlée avec o , 3 de fon poids
d'alumine, o , 17 de carbonate de chaux , 0, 0 4
de magnéfie, 8c o , y de fer. Cn appelle bajalu,.
B A S ? i 7
dit-îl, une pierre noire ou grife foncée, qui eft
communément enveloppée d’une croûte ferrugi-
neufe, 8c criftallifée en colonnes opaques, triangulaires
ou polyangulaires. Celle qui eft informe
ou qui fe brife en gros morceaux épais 8c quarrés,
porte le nom de tra-pp. Leurs principes conftitutifs
8c leurs relations avec les acides 8c avec le feu,
font exactement les mêmes.
Le tiffu de cette pierre eft ou groflîer, rude 8c
diftinCt, ou fin 8c impoffible à difeerner. La dernière
forte eft rougeâtre. Elle eft toujours opaque,
8c tombe en pouffière par l'expofition à l’air. Il en
eft quelques échantillons qui font très-difficilement
du feu avec l'acier, quoiqu'elle foit toujours très-
eompaCte. Elle eft quelquefois parfémée de quelques
particules brillantes, très-déliées. Sa pefan-
reur fpécifique eft de 3000.
Lorfqu'on la fait rougir au feu, 8ç qu'on l'éteint
dans l’eau, elle devient peu-à-peu d'une couleur
brune-rougeâtre. Elle fe fond per-fe en une frite
compàCte dans un feu violent. Le borax la diffout
aufli par la voie fèche ; mais l'alcali minéral ne la
difiout pas en entier.
Suivant Bergman, ico parties de bafalte en contiennent
y2 de terre filiceufe, ly d'argile, 8 de
terre calcairè, 2 de magnéfie & 2y de fer. ( Bergm.
tom. 3 , page 213. ) M. Meyer eft , à très-peu de
chofes près, du même avis.
Voilà ce qu'ont dit jufqu'à préfent les chi-
miftesTur le bafalte. Mais ils n'ont point examiné
un affez grand nombre d'efpèces 8c ae variétés de
cette pierre , pour qu'on puiffe affurer qu’elle eft
toujours 8c par-tout de la même nature. Il eft très-
vraifemblable que les différences de couleur, de
tiffii, de dureté, en indiquent dans la nature intime
des variétés de bafalte, 8c fur-tout dans les
proportions de filice, d’alumine, de chaux, de
magnéfie 8c d’oxide de fer, qui en conftituent la
compofition. C'eft aux naturaliftes placés dans le
voifinage des lieux qui contiennent les diverfes ef-
pèces de bafalte, à faire les recherches chimiques
.néceffaires pour en déterminer la véritable compofition.
BASES. Le mot bafe eft fort employé en chimie,
8c à force de s’en fervir dans différentes occa-
fions, on a beaucoup étendu fes dénominations. Il
youloit d'abord dire , comme l'expofe Macquer
dans fon dictionnaire de chimie, çput corps qu’on
confidère comme diffous par un autre corps qu'il
reçoit, qu'il fixe, 8c avec lequel il conftitue un com-
pWe ; alors on difpit bafe d’un compojé. C'eft ainfi
qu’on nommoit bafes des fels neutres, les terres, les
alcalis 8c les oxides métalliques, qui, dilfoutes jufqu'à
faturation par les différens acides, forment
des fels. neutres par leur combinaifon avec ces acides.
C'eft dans le même fens, pourfuit encore Macquer
, qu'on dit des fels à bafe terreufe, à bafe alcaline,
à bafe métallique, 8c nous ajouterons a
bafe de chaux, à bafe de magnéfie, à bafe de ba^