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cres & les maux de dents. Elle eft Vulnéraire , [
balfamique, antifcorbutique, tonique, fudorifiquej
mais il faut l’adminiftrer avec connoiflance de cau-
fe. Il faut la choifir récente, greffe, bien nourrie
& fuffifamment defféchée, brune en dehors, rou-
• geâtre en dedans.
On mêle de la poudre de cette racine avec la farine
en Suède, pèndant les années de difette. Les
Kamfchadals & les habitans de la Sibérie en mangent,
après Lavoir fait bouillir préliminairement
dans de l’eau qu’ils rejettent-Lies Ruffes mêlent
de cette racine avec d’autres ingrédiens, pour
amorcer les poiffons. Elle fert encore à.la teinture,
& pourroit être utile aux tanneurs. L’herbe eft aimée
du bétail j la fémence peut .être employée à
la nourriture des oiféaux de baffe-cour.
La racine de biftorte entre dans la déco&ion,
la poudre 8c les pillules aftringentes, le diafeor-
diuiîi, l’orviétan, le vinaigrethériacal.
(M . WlL LEM E T .)
BISTORTïER. ( Pharmacie. ) Inftrument de
pharmacie j c’eft un rouleau ou. un cylindre parfaitement
rond 8c poli, fait de buis ou de tout autre
bois très-dur, dont on fe fert pour mélanger
les poudres des éle&uaires. On s en fert aufli pour
étendre & applanirles tablettes.
BïSTORTIER. Agitaculum.s ( Pkarm.)• Inftrument
de pharmacie qui, comme l’indique le nom latin ,
fert à agiter ou mélanger les poudres qui doivent
entrer dans une compofition médicamenteufe ,
épaiffe, telle qu’un éle&uaire. Cet inftrument doit
toujours être fait d’un bois dur & poli ; quelquefois
il a la forme d’une efpèce de pilon à long
manche, avec lequel on ne peut piler que par un
bout j d’autres fois, c’eft un fîmple rouleau ou cylindre
de bois, parfaitement rond & égal à fesdeux
extrémités. Lorfqu’il a cette forme, on peut non-
feulement employer une de.fes extrémités., pour
mélanger les poudres dans un éleéluaire, mais encore
on s’en fert pour étendre & appîanir les pâtes
dont on forme les tablettes & paftilles. >
BITHYNOS. ( Pharm. ) Surnom'donné à une
paftiîle décrite par Galien, & une èfpèce d’emplâtre
décrit par le même auteur, & qu’il dit être
Utile contre Thydropifie.
■ BITUMES. On a coutume de ranger les bitumes
parmi les minéraux, & de les regarder comme
un genre des corps combuftibles que le règne minéral
renferme. Mais cette manière de voir ne
peut être conforme, à la vérité,, qu’autant qu’on
confond parmi les minéraux tous les corps placés
dans la terre & même difperfés à fa furface, lorf-
qu’ils. n’ont ni l’organifation végétale., ni Torgani-
fation .animale , qu’autant qu’on comprend dans la
même claffe tous les.,corps enfouis dans les couches
du.giohe, fous le nom de fqjjiles.. Mais cette
confufion ne fubfiftera pas toujours elle fera dé-
iruite, lorfqu’on.ne tiendra pjus à çette dUUuêtioa
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de trois règnes qui, en généralifant tfoples idées ’
les reftreint & les refferre dans une conception trop
étroite. En effet, que faire de la lumière, du calorique,
de l’air, de l’eau, des gaz, dans cette dif-
tinélion des trois règnes ? Pourquoi ne point former
un règne particulier de ce s,êtres? Gomment
n’a-t-on pas fenti qu’il y aune différence effentielle
entre les couches minérales , proprement dites
pierreufes 8c dures , 8c les couches furajoutées aux
premières, formées de débris d’animaux marins,
de coquilles, & celles fur-tout qui tiennent des
matières combuftibles, végétales 8c animales enfouies?
Pourquoi ne pas diftinguer ce règne de
couches modernes ajoutées aux couches antiques
& primitives du globe ? Pourquoi embraffer d’une
même idée, & rapprocher par une même dénomination,
des corps que la nature a fi grandement réparés
par la compofition intime 8c par les époques
diverfes de leur formation ? Pourquoi ne pas faifir
ces notables différences, en donnant le nom de
fojfiles aux matières vraiment enfouies fur le globe
primitif, & qui en cachent depuis long-temps la
face primitive ?
En fuivant cette idée, c’eft dans là claffe des
foffiles, 8c non dans celle des minéraux,;;qju’il faut
placer les bitumes. C ’eft d’après cettè^àdée que
nous allons les confidérer.
Les bitumes font des fubftances combuftibles,
huileufes, folides, molles ou fluides, dont l’odeur
eft forte, âcre, aromatique, 8c qui font beaucoup
plus eompofées que les corps, minéraux combuftibles,
parmi lefquels'on les a placés jufqu’ici. Ou
les trouve formant, des couches ou des tas irréguliers
dans l’intérieur de la terre, ou fuintant à
travers les rochers, ou nageant à la furface des
eaux.- Leur earaétère eft de brûler le plus foiivent
avec une flamme rapide , lorfqu’on les chauffe avec
le contaél de l’air , comme le font les matières,
formées par les organes des végétaux 8c des animaux,
auxquelles on a donné le nom & huiles. Leur
anaîyfe eft beaucoup moins exacte que celle des
matières terreufes, falinesou métalliques, ou des
véritables minéraux, parce que l’aélion du feu les
ait ere fîngulièrement& en extrait des principes
qui réagiffentles uns fur les autres, à mefure qu’ils
fe volatilifent. C ’eft une analogie frappante que
les bitumes ont avec les fubftances animales & végétales
y 8c cette analogie dansYanalyfe, en annonce
déjà une dans.leur origine. On retire par la
diftillation des bitumes une eau - odorante, plus
ou moins colorée 8c fàline, un fel acide, fouvent
concret,. quelquefois de l’ammoniaque & des huiles
qui, de légères qu’elles font dans le commencement,
deviennent d’autant plus, épaiffes 8c colorées,
que la diftillation eft plus avancée , 8c que lé-
feu eft plus actif. 11 refte. après cette anaîyfe un
charbon plus ou moins volumineux, épais’, léger,
rare., brillant ou compaét, fuivant les différentes,
efpèces de bitumes. Cetté analyfe indique que ces.
corps inflammables ont un.e origine- végétale o*
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animale, comme nous le dirons avec plus de dé-'
rail, lorfquenous aurons parcouru l’enfemble de
leurs propriétés génériques.
Les bitumes éprouvent quelques altérations de
la'pa'rt de la lumière j lorfqu’ils font fluides, leur
couleur fe fonce, & leur odeur fe modifie dans des
vaiffeaux tranfparens. L’air les épaiffit par l’évaporation
fucceffive de leur humilité, dont l’àtmof-
phère fe charge d’autant plus promptement que
Pair eft plus feç. Leur principe odorant ou leur
arôme fe diffipe en même proportion, 8c ils gaffent
peu-à-peu de l’état de fluidité à la ténacité &
à la folidité, mais il faut un grand nombre d’années
pour leur faire éprouver cette dernière altération.
L’eau dans laquelle on fait bouillir les bitumes,
ne les diffout pas ; mais elle fe charge de leur principe
aromatique, & elle exhale l’odeur qui leur
eft propre. Il femble donc que l’eau a plus d’affinité
avec leur principe odorant que-la matière hui-
leufe du bitume, & peut-être pourroit-on ainfi
ôter à ces corps toute leur odeur. Mais en réflé-
chiffant à cette propriété, on eft porté à croire
que .c’eft une petite portion du bitume même qui
fe diffout dans l'eau, & que fi jufqu’a&uellement
on a regardé les bitumes comme entièrement in-
diffolubles dans l’eau , c’eft feulement parce que
leur diffolubilité eft en éffet fi foible, qu'elle paraît
prefque nulle. La même application de ce principe
a lieu pour les huiles volatiles. If oye% l’article
des huiles.
On n’a point effayé l’ a&ion des .matières falino-
terreufes fur les bitumes. Cependant la chaux pa-
ïoît capable, ainfi que les alcalis,purs, de s’unir
avec ces matières combuftibles, & de former avec1
elles des compofés folubles dans l’eau, auxquels
on donne le nom de favon.
On a peu examiné la manière dont les acides
minéraux concentrés font fufceptibles d’agir fur
les bitumes. On fait feulement qu’ils les diffolvent
ou les brûlent fuivant leur état de concentration ,
comme ils font à l’égard des huiles.
On n’a pas plus examiné l’àétion des fels neutres,
du gaz- hydrogène, du foufre 8c des métaux fur les
bitumes $ 8c en général les propriétés chimiques de
ces corps ne font que très-peu connues. C e travail
eft entièrement neuf, & il offriroit certainement
des réfultats utiles , à ceux qui le fuivroient
dans les principales efpèces„de ces corps.
Les naturaliftes fe font beaucoup plus occupés
de l’origine & de la formation des bitumes , que
les chimiftes ne l’ont fait de leur anàlyfe. Il y a eu
plufieurs opinions fur cet objet. Les uns ont penfé
que ces corps combuftibles appartiennent en propre
au règne minéral, 8c qu’ils font aux minéraux
ce que les huiles & les réfines font aux êtres organiques.
Cette analogie qui a quelque chofe de
féduifant pour l’imagination, ne s’accorde pas avec
les faits j, car on ne eonnolt rien dans le règne minéral
qui ait le, caractère huileux. Auffil’opinion
de ceux qui attribuent-les bitumes à des fubftan-
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ces végétales enfouies dans l’intérieur de la terre,
& altérées par l’a&ion des acides minéraux, a t-elle
eu beaucoup plus de partifans que la première. En
effet , tout attefte que les bitumes proviennent des
matières organiques. 11 fe rencontre conftamment
dans leur voifinage un grand nombrede ces matières
fous des formes très-reconnoiffables } d’ailleurs
ils ont eux-mêmes les caractères chimiques
des fubftances formées par la v ie, & l’on eft parvenu
aies imiter jufqu’à un certain point, en combinant
des huiles avecTaci.de fulfurique concentré.
L hiftoire chimique des rnatières végétales apprend
que cet acide mi$ en contaét avec les huiles volatiles
les durcit, les noircit, leur donne une odeur
forte 8c piquante, femblable à celle des bitumes.
Mais ces corps font-ils uniquement formés par les
végétaux enfouis, comme l’ont avancé la plupart
des naturaliftes, 8c les animaux n’y contribuent-
ils point pour quelque chofe? La grande quantité
de bitumes qui «exifte. dans l’intérieur de la terre ,
comparée avec le peu de bois ou d’arbre qu’on
| rencontre dans leur voifinage, & fur-tout le peu
d’abondance des matières huileufes que ces végétaux
contiennent, femblents’oppofer à ce qu’on attribue
entièrement l’origine des bitumes aux individus
du règne végétal. D’un autre côté , l’abondance
de ces corps combuftibles dans des endroits
ou l’on ne trouve que quelques traces des végétaux,
& l’exiftenceprefque confiante des dépouilles
d’animaux entaffées au-deffüs des bitumes, doivent
porter à croire que ces êtres organiques ont
contribué pour beaucoup, 8c peut-être même plus
que les végétaux, à la formation de quelques-uns.
Übfervons enepre que les 'couches fucceffives de
quelques bitumes qui fe trouvent en maffes continués
dans l’intérieur du globe, annoncent que ces
corps ont été dépofés lentement & par les eaux ,
& que leur formation correfpond à l’époque, oà
des amas immenfes de coquilles & d’autres corps-
marins ont été formés par la. mer. Us ont donc été
dans un état fluide, & ils fe font durcis par le laps
de temps & par l’aêtion des corps falins ou d’autres
agens^que l’intérieur de la terre contient en quantité.
1 elle eft l’opinion que M. Parmentier a adoptée
fur l’origine du charbon de terre, 8c qu’il a
préfentée avec toutes preuves qu’il lui a été poffi-
ble de raffemblerdans un mémo-ire qu’il alu à l’ouverture
des cours du collège de pharmacie, il y a
quelques années. Les huiles & les graiffes des-animaux
marins paroiffent donc être un des matériaux
dont la nature fe fert pour former certains bitumes’,
tandis qu’il en- eft d’autres dont l’origine eft manh-
feftement végétale , & qui font dus à des réfines
ou à des huiles volatiles enfouies & altérées dans
la terre-.
Les bitumes font en affez grand nombre. Les nà-
turaliftes en ont fait plufieurs genres. En les considérant
chimiquement, nous les regardons comme
(des ejphes ou des fortes, parce qu’ils ont en effet
tous les mêmes caraâèj-ês-, relativement à ?eujÈs