
pour la pratique de la chimie & des arts chimiques
, il ne paroît pas quon ait fait encore fur
cet objet toutes les recherches dont il eft fuf-
ceptible , 8c qu’il mérite. Il arrive tous les jours
dans les laboratoires de chimie où l’on démontre
les élémens de cette fcience , dans des cours ou
Ton réunit la pratique à la théorie , qu’on fait
des alliages nouveaux & inconnus dans les arts. Les
livres de chimie font pleins de defcriptions d’al- ,
liages pareils , dont on n’a encore fait que peu ou
point d’ufage dans les arts. 11 feroit fort à délirer
qu’on entreprit une fuite de recherches fur
ce point i elles pourroient toutes éclairer les arts.
Gellert eft un des chimiftes qui s’en font le plus
occupés : on trouve dans la chimie métallurgique *
un très-grand nombre d’expériences qu’on va rapporter
ici fommairement 5 celles de ces expériences
qui ont été faites fur les alliages des métaux caftans
avec les métaux duétiles, font de Gellertlui-même j
il les avoit entreprifes pour déterminer ce qui concerne
la denfité oulapefanteur fpécifique de ces alliages.
Il a tiré les autres , déjà connues en partie , des
ouvrages des chimiftes qui enavoientfait mention j
mais fur-tout d’une diflertation particulière de
Krafft fur cet objet. ( Voye£ la chimie métallurgique
de Gellert..) On ne parlera point ici des al
liages du mercure avec les autres matières métalliques
* ces alliages portent le nom particulier
d’amalgame , il en fera queftion fous ce mot.
L’or s’unit facilement avec l’argent 3 8c en toutes
proportions. Gellert dit que l’alliage de ces 1
deux métaux s’accorde affez pour l’ordinaire avec
les règles de proportions de l’alliage * & que la
pefanteur fpecifique n’eft augmentée que de très-
peu de chofe. C e t alliage eft peu d’ufage dans
les arts 3 mais il l’a été dans les monnoies > comme
les métaux purs font toujours plus duétiles que
les métaux alliés dans les arts où l’on a befoin
de toute la ductilité de ces métaux , comme dans
ceux du tireur 8c du batteur d’or , on choifît
toujours l’or 8c l’argent les plus purs. II eft cependant
d’ufage d’allier l’or avec la moitié à-peu-
près de fon poids d’ argent , pour faire l’or vert qui j
s’emploie dans les bijoux.
L’argent s’allie facilement & en toutes pro-
portions avec le cuivre > ce dernier métal s’unit
de même avec l’or. Gellert remarque que l’alliage
de 1 argent avec le cuivre eft d’une pefanteur fpécifique
plus grande que lés proportions de l’alliage
ne femblent l’indiquer> mais qu’au contraire,
celui de l’or avec le cuivre eft d’une pefanteur
fpécifique?moindre que celle donnée par le calcul.
Le cuivre rend l’or 8c l’argent plus durs &
plus fonores , fans cependant diminuer beaucoup
^eui| ^u&ihté > il a la même propriété remar-
de rendre ces deux métaux moins fuf-
ceptibles de la perdre par la vapeur du charbon ,
ce a quoi ils font très-fujets dans leur état de
pureté : le cuivre rehaufte aufli la couleur de
* or. Les propriétés du cuivre relativement à l’or
& à l’argent i rendent fon alliage avec ces métaux
d un très - grand ufage dans l'orfèvrerie, parcé
qu il donne aux ouvrages qu’on en fait plus de
termete & de facilité pour être travaillés, & dans
la monnoie, pour la même raifon j cette portion
de cuivre introduite dans les monnoies d’or 8c
d argent fert de plus à payer les frais de la fabrique
de la. monnoie. La quantité de cuivre
que 1 on allie avec l ’or 8c avec l’argent pour ces
difterens ufages 3 -varie fuivant les différens pays ;
mais elle eft ou doit être déterminée, fixe &
confiante dans chaque pays ; c’eft donc à la loi
a déterminer le titre de l ’alliage que doivent avoir
les métaux précieux. On décrira ailleurs les moyens
de reconnoitre la quantité de ces alliages. On
fe. contentera de dire ici que lorfque les proportions
indiquées par la loi, exiftent dans les
alliages d or & d’argent, la quantité de cuivre contenu
dans ces métaux précieux, n’altère que très-
peu leurs propriétés, & ne les rend point fujets
aux înconVeniens que préfente le cuivre feul. 11
y a des^ nations qui permettent une trop grande
quantité de cuivre dans leur argenterie, 8c dont
les ulteniiles font en conféquence fufceptibles de
s altérer, de fe noircir, & de donner même du
verd-de-gns par l’aftion de l’air, de l’eau, 8c
lur-tout des acides végétaux ufîtés fur nos tables.
Le fer s allie bien avec l’argent 8c encore mieux
avec 1 or. Gellert obferve que l’alliage de l’or avec
,Pa *e r ->J?“ P^us ^ger qu’il ne fembleroit devoir
letre. Cependant l’affinité de ces deux métaux
elt très-grande j car l’or facilite la M on du fe r ,
ce qui indique toujours dans deux métaux une
tres-grande difpofîtion à s’unir enfemble. Gellert
remarque ,'a l occafîan de cette propriété-, que l’or
vaudroit mieux , par cette raifon, que le Cuivre,.
peur fouder les petits ouvrages de fer ou d’acier.
On croit que les Anglois font ufage de cette fou-
dure dans leurs ouvrages d’acier* On allure que
les lames de fabre, de couteau 8c d’autres inf-
trumens, dites de Damas,, contiennent dé l’or -y
mais on ne voit pas trop ce que cette addition
pourroit y faire de bon , puifque, dans cet alliage
d or & de fe r , ces deux métaux ne fe pénètrent
pas allez pour augmenter réciproquement leur den-
fite fuivant la remarque de Gellert. Les orfèvres
qui travaillent 1 or en bijoux, 8c qui font les ors
de couleur, emploient un alliage de fer 8c d’or pour
avoir l’or gris. Je ne doute pas que cet alliage ne
put etre d une beaucoup plus grande utilité s’il étoi t
plus'' connu. Le départ de cet alliage eft facile
au moyen de l’acide fulfurique ou de l’acide muriatique
, qui diffolvent le fer fans toucher à l’or.
Le fer ne s’unit au cruivre qiie difficilement
& en petite proportion ; il rend la couleur de ce
métal plus p â leL a portion de fer qui , dans une
fonte, n a pu s allier avec le cuivre, forme un
métal ou un culot fëparé, qui cependant eft fort
attaché à la furface du cuivre. Les degrés d’af-
fiuité du fer avec les autres métaux, fuivant la
table de Gellert, en renverfant l'ordre dans lequel
il les a remarqués ( c’eft-à-dire, en commençant
par ceux avec lefquels il a la plus grande
affinité, ce qui paroît plus naturel) , font l’or,
l’argent & le cuivre.
L’étain, fuivant le meme auteur, s’unit avec
tous les métaux 8c les rend aigres 5 le fer 8c le
plomb font ceux qu’il altère le moins à cet égard :
l’or 8c l’argent font, au contraire, ceux auxquels
l’étain donne le plus' d'aigreur. Cependant,
j'obferverai relativement à Cette propriété, qu’il
s’en faut de beaucoup qu’elle foit aufli énergique
qu’on l’a dit & que les orfèvres le craignent.
On a prétendu que le voifinage, 8c même les
vapeurs de l’étain fuffifent pour rendre l’argent
8c l’or très-caflant $ dans les laboratoires des monnoies
8c des orfèvres , on évite avec grand foin
d’avoir, 8c fur-tout de fondre de l’étain à côté
des fourneaux où l’on fond l’or ; il y a certainement
un peu de préjugé à cet égard. On fépare l’étain
de l’argent 8c de l’o r , par le moyen du plomb
8c de la coupelle.- On emploie quelquefois le
nitre 8c le ' muriate de mercure corrofîf, ou le
fublimé corrofîf, pour le même ufagfe.
L’alliage de l’étain avec l’or 8c l’argent n’eft
donc d’aucun ufage $ au contraire, on l’évite avec
le plus grand foin ; mais avec le cuivre, l ’étain,
forme un métal allié connu fous le nom de bronze
ou & airain qui eft fort utile, 8c qui mérite un
article particulier en raifon de fes grands ufages.
( Voyei les mots B R O N Z E , A l l i a g e D E C L O C H E
après celui-ci.).
L’alliage de l’argent 8c du cuivre avec l'étain,.
eft d’une pefanteur fpécifique plus grande, 8c
celui de l’or avec l’étain eft d’une pefanteur
moindre que la règle de l’alliage ne fembleroit
l’indiquer. La table d’affinités de Gellert donne
pour celles de l’étain, avec les autres métaux, en
lés nommant toujours dans un ordre renvërfé du
lien, comme on le fera toutes les fois qu’il en
fera queftion, le fer , le cuivre, l’argent 8c l’or.
Le plomb s’unit avec tous les métaux, à l’exception
du fer, avec lequel on n’a pas pu l’allier
jufqu’à préfent. Gellert obferve à ce fujet, que
cette propriété du fer à l’égard du plomb, le
rend propre à féparer ce dernier métal d’avec
lés autres, pourvu que le métal dont il s’agit
de le féparer n’ ait pas plus de difpofîtion à s’unir
avec le^ plomb qu’avec le fer. Ce qu’il y a
de certain, c’eft que le plomb lui - même peut
fervir d'intermède pour féparer le fer d'avec
d autres métaux, par exemple de l’argent ; car
“ 1 on fait fondre une fuffifante quantité de plomb
^vec de 1 argent allié de fer, le plomb s’empare de
argent très-facilement, 8c en fépare le fer, qu’on
voit nager à la furface de ces deux métaux
Jondus.
L alliage de l’or 8c de l’argent avec le plomb
I a une pefanteur fpécifique plus grande, que
m proportion du mélange ne fembleroit l’annonce
r, au lieu que le métal compofé de cuivre
ou d'étain avec le plomb eft d’une pefanteur fpécifique
moindre.
L'alliage du plomb avec les autres métaux eft
en ufage pour les eflais des mines , pour l’affinage
8c pour la liquation.
, On allie aufli le plomb 8c l’étain enfemble pour
en former la foudure propre aux tuyaux 8c autres
ouvrages en plomb, ou pour oxider ces métaux
enfemble, 8c en faire le blanc nommé calcine ,
‘qui fait partie de Y émail blanc.
Malheureufement on ne borne point l'ufage de
cet alliage à ce qu’otr vient d’annoncer. La cupidité
8c la néceflité de faire des ouvrages d’étain
à bas prix pour les befoins des hommes peu
fortunés, a fait employer l’étain allié à un quarc
de plomb, pour fabriquer les vafes en ufage dans
différens cas de l’économie domeftique j 8c quoique
des loix autrefois exécutées enjoignirent de
ne vendre cet alliage que fous le nom de claire-
étoffe, pour des ufages à fa vérité différens de
jceux de la cuifine, on a étendu fes ufages à
beaucoup d’autres cas où elle peut avoir de grands
inconvénient, en raifon des maux que le plomb
produit dans l’économie animale. Il fera queftion
plus en détail de cet alliage , 8c des moyens de
l’effayer, à l’article de I’Et a in .
La table des affinités de Gellert ne donne, pour
celles du plomb avec les autres métaux, que l’argent,
l’or , l’étain 8c le cuivre.
Le zinc s’allie avec toutes les matières métalliques,
à l’exception dubifmuth, avec lequel
il ne peut s’unir fuivant Gellert. C e métal,
caftant en s’uniffant aux. autres fubftances métalliques,
rend plus fufibles celles qui font plus
difficiles à fondre que lui. Les alliages de l’o r ,
de l’argent, du cuivre 8c du plomb avec le zinc,
font d’une pefanteur fpécifique plus grande j ceux
de ce même métal avec l’étain, le fer 8c l’antimoine,
font au contraire d’une pefanteur fpécifique
moindre que la fomme de celles des deux
métaux de l’alliage.
Les alliages du zinc avec la plupart des matières
métalliques ne font point ufîtés dans les
arts î mais celui de ce métal avec le cuivre, l’eft
beaucoup, c’eft lui qui forme le cuivre jaune,
les tombacs , le fimilor, 8cc. ( Voye^ ces mots. )
Les affinités du zinc avec les autres matières
métalliques, font, fuivant la table de Gellert, dans
l’ordre fuivant : le cuivre, le fe r , l’argent, l’or ,
l’étain 8c le plomb j mais il eft marqué pour ce
dernier métal, eh partie, c’eft-à-dire, apparemment
que le zinc ne s’unit point au plomb dans toutes
fortes de proportions. ( Voye^ Z i n c . )
Le bifmuth s’unit avec tous les métaux du&iles 8c
avec la plupart des métaux caftans ; cette fubftance
métallique a même une telle aétion fur les autres ,
qu’elle facilite fenfiblemeiat leur fufîon. Lebifmuth
rend tous les métaux auxquels il eft uni, aigres 8c
caftans, Il ne s'unit point au zinc, ni, fuivant