Si A i e A L c
eft tr|s - transparent , très -volatil j il a à-peu-près
la même odeur que l'éther fulfurique ; cependant
elle eft moins forte & moins aromatique. Il brûle
comme lu i, & donne une fumée femblable à la
fienne. Mais il en diffère par deux propriétés ;
Tune, c'eft d'exhaler, en brûlant, une odeur aufli
piquante & aufli vive que l'acide fulfureux ;
l'antre , c'eft d'avoir une faveur ftyptique femblable
à celle de l'alun. Ces deux phénomènes-'indiquent
que cet éther eft différent , & peut-être
moins parfait que les deux premiers ; fans doute
qu en continuant l'examen de fes autres propriétés
3 on lui trouvera encore des différences plus
fingulieres; maison manque d'expériences à cet
égard , & c'eft aux recherches ultérieures à prononcer
fur ce point.
C eft en examinant l’aéHon de l’acide muriatique
oxkrèné fur l'alcool & la converfion de celui-
ci en éther par cette a&ion, que M. Berthollèt
a conçu de nouvelles idées fur la nature de l'un
& de l’autre de ces produits. Il a configoé fes
expériences & fes opinions fur ce point de chimie,
dans le volume de l’académie pour l ’année 1785.
Nous inférerons ici fon mémoire, parce qu'il
eft écrit avec trop de préeilion , & que tes matières
qu'il contient font trop importantes pour
pouvoir être préfenté en extrait. On y trouvera
quelques faits déjà indiqués dans cet article/
mais fous une fqrme & avec un rapprochement
différens (1).
33 Prieftley a retiré du gaz hydrogène de l’alcool,
par le moyen de l’étincelle électrique ; il en a
aufli retiré qui étoit mêlé à une portion d’acide
carbonique, en faifant pafler l’alcool à travers
un tube d argile échauffé par des charbons ardens.
M . Landriani a remarqué que dans cette dernière
operation , une poudre charboneufe enduifoit
le tube ; & M. Monge, qui a,fait depuis longtemps
cette expérience, a obfervé. que l’eau dans
laquelle on recevoit le réfidu de l ’alcool, prenoit
la faveur & l'odeur de l’éther. M. Lavoifier- a
fait voir que dans la combuftion de l ’albool il
fe formoit de l'eau dont le poids furpafle- d'un
neuvième celui de l’alcool confumé. Il refaite
fur-tout .de cette belle expérience , que l'alcool
eft compofé en grande partie de l'hydrogène de
l’eau} cependant le gaz hydrogène qu'on retire
de l'alcool en le décompofant par la chaleur
donne de l'acide carbonique, lorfqu'il brûle avec
l'air vital parce qu’il s'eft combiné avec une
portion du charbon qui eft aufli contenu dans
l'alcool. Enfin, l’on fait que plufieurs acides /en
décompofant cette liqueur, forment de l'éther,
& que.l'acide nitreux produit, outre cela, de
l'acide carbonique & de l'acide oxalique. J'ai
tâché de reconnoître plus particulièrement quels
étoient les principes de l’alcool & de l’éther,'
par le moyen de l ’acide muriatique oxigéné. M.
Gallifte avoit déjà tenté de déterminer l'aCtion du
gaz acide muriatique oxigéné fur l'alcool 5 mais*
il s’eft fervi du procédé de Schéele, qui n'a pu
le conduire q.u'à des réfultats imparfaits. (Journal
de Crell, tom. X> pages 161 & i6y )
f « 1. J'ai mis quinze oncês d'alcool dans un des
flacons de l'appareil que j'ài décrit, pour imprégner
l'eau d'acidè muriatique oxigéné , & j'ai
remarqué qu'il abforboit très-facilement l ’acide
muriatique oxigéné , qu'il prenoit beaucoup de
chaleur, & qu'il, fondoit une portion confidé-
rable de glace dont il étoit environné, quoique
le gaz eut pafte dans un premier flacon rempli
d’eau, & également entouré déglacé.
«Cette opération, dans laquelle j'ai employé
quatre onces d'acide muriatique concentré , &
une once de manganèfe , étant finie , je n'ai point
trouvé que l'alcool eût l ’odeur d'acide muriatique
oxigéné 5 mais il avoit celle« de l'éther,
comme Ta obfervé M . Gallifte , il rougiffoit les
couleurs bleues végétales au lieu de lès détruire
il faifoit effervefcence avec les alcalis, enfin ,
L'acide muriatique avoit repris fon état naturel.
Je réitérai l'opération, & je trouvai que l'alcool
avoit pris une odeur d'éther plus forte , je fis
encore quatre foi's la même expérience , & l'acide
| muriatique oxigéné parut s'abforber toujours & fe
décompofer avec la même facilité > mais l’ odeur
d'éther alla en diminuant depuis la fécondé opération
5 elle étoit prefqu’entièrement diflïpée après
la dernière 5 l'on fentoit, au contraire, une
odeur affez forte de vinaigre'*, alors je faturai de
foude une moitié de là liqùeur, qui prit une
couleur jaune , tirant fur le brun | je la diftiîlai
au bain-marie ; les premières portions qui paffèrent
étoient une liqueur éthérée qui , cependant, fe
mêloit avec l'eau ; bientôt là liqueur cefla d’être
inflammable, & ne fut que de l'eau qui avoit
une légère odeur de fucre brûlé. La couleur de
celle qui étoit dans la cornue fe fon çoit . de plus
en plus , & préfentoit avec l.a faveur du fel marin
une faveur & une odeur bien caraftérifées de
fucre brûlé ou de caramel ; il s'y dépofoit quelques
parties noires qui étoient infoîubles dans
l'alcool , & qui reffembloient à une huile brûlée.
J'ai retiré la plus grande partie du fel marin, en
continuant l’évaporation 5 il eft refté une liqueur
épaifle, que j'ai defféchée à une légère chaleur 5
j'y ai mêlé de l'alcool, quia pris une couleur
brune & une faveur falee, mais toujours mêlée
à celle de caramel. Le réfidu qui n'a pas été
diffous étoit un mélange de fel marin & de fubf-
tance fucrée 5 j'ai fait évaporer l'alcool jufqu'à-ce
qu'il fe fait formé une criftallifation confufe. La
( 1 ) M ém o i r e fu r l a d é c om p o f î t io n d e l ’ e fp r i t -d e - v in & d e l ’ é t h e r , p a r le m o y e n d e l ’ a i r v i t a l , p a r M . B e r th o l le t . L u le xj
a v r i l 1 7 8 ç , p a g . j o 8 . O n a fe u lem e n t c h a n g é le s n om s d’ e fp r i t - d e - v i a & d ’ a c id e m a r in d é p h lo g if t iq u é q u i é to ie n t e n u & g e
a lo r s , a v a n t l ’ é t a b l i f f em e n t de l a n o u v e l le n om e n c la tu r e .
A L C
fubftance faline qui reftoit alors, m'a paru avoir ;
une faveur femblable à celle de l'acètite de foude,
mélée à celle de la fubftance fucrée. J'y ai ajoute
un peu d'eau diftillée > j'ai mis cette diftillation
dans une cornue avec un peu d’acide fulfurique,
& j'ai diftillé à un feu léger 5 la liqueur qui a
paffé, avoit, d'tns manière non douteufe, la faveur'&
l'odeur de l'acide Aacéteux ».
» II. J'ai cru reconnoître , dans cette expérience
, la préfence du fucre ou d’une matière
analogue au fucre j pour m'en affurer, j'ai cherché
à déterminer quelle altération pouvoit éprouver
le fucre, de la part de l'acide muriatique oxigéné:
j'en ai donc imprégné de l’eau fucrée, en me fer-
vant toujours du même procédé. L'acide muriatique
oxigéné a paru d'abord n'avoir aucune aCtion
fur le fucrej mais ayant laifle pendant quelques
jours le flacon exactement bouché , la liqueur a
perdu peu-à-peu la couleur de l'acide muriatique
oxigéné 5 elle eft devenue femblable à de l'eau
pure."Dans cet état-, elle a rougi le papier bleu ,
de façon que l'acide muriatique avoir repris fes
propriétés. J'ai répété plufieurs fois cette expérience
fur îamême liqueur, & toujours les mêmes
phénomènes ont eu. lieu. Après cela, j'ai faturé
de foude là liquèur, qui étoit très-açidè, & je l’ai
fait évaporer ; elle a pris peu-à-peu une couleur
brune, & elle a laifle un réfidu mêlé de fel marin
& d'une fubftance qui refiembloit au fucre brûlé ,
& ne différait du réfidu que j'avois obtenu de
l'alcool 3 que par fa couleur un peu moins foncée.
Une parrie de la liqueur qui avoit été laiffée dans
un flacon, fans avoir été expofée à l'aCtion du
feu, a pris, dajns un certain efpace de temps, une
couleur jaune foncée. Je penfois qu'il auroit dû
fe former quelque acide nouveau par la combi-
naifon de l'oxigène; mais je n'en ai pu reconnoître
aucun ».
» Il réfulte de-là, premièrement, que l’alcool
contient du fucre 5 fecondement, que l'oxigène
de l'acide muriatique oxigéné fait éprouver au
fucre un effet analogue à celui de la combuftion.
Il me paraît probable que cet oxigène, qui eft
très-difpofé à fe combiner, parce qü'il eft privé
d’une partie du principe de l’élafticité où du câlo-
rique, s'unit à l'hydrogéné de la partie huileufe
du fucre, & forme de l'eau : par-là le fucre eft
réduit dans un état charboneux. C'eft ainfi que,
lorfqu'on dégage du gaz hydrogène de l'huile, par
le moyen de l’étincelle électrique, les parties de
l'huile qui font décompofées" laiffent précipiter
des molécules de charbon, comme M. Monge l'a
obfervé : de même, lorfqu'on diftillé du fucre ou
bien une huile, & qu'il s'en dégage du gaz hydrogène
, le réfidu eft dans un état charboneux ;
mais fi l'on fait une combuftion à l'air-libre, le
charbon fe combine lui - même avec l'air vital
pour former de l'acide carbonique. Il refte à découvrir
pourquoi l'oxigène de l'acide muriatique
oxigéné ne peut fe combiner avec le charbon,
A L C
avec lequel cependant il a une grande affinité pendant
qu'il fe combine avec le gaz hydrogène, privé
d'élafticité, avec le foufre, le phofphore & les
fubftances avec lefquelles il a le moins d'affinité.
» III. Une moitié feulement de l'alcool que
j'avois imprégné d'acide muriatique oxigéné avoit
fervi à ces premières expériences;. J ai tenu 1 autre
moitié pendant près de deux mois dans un flacon
bouché exactement 5 cette liqueur, qui n avoit
d'abord à l'oeil que l'apparence de l'alcool, avoit
pris peu-à-peu une Couleur jaune. Dans cet état,
je l'imprégnai encore plufieurs fois d acide muriatique
oxigéné ; après cela, je la faturai de foude :
elle fe troubla, & j'apperçus un peu d'huile qui
venoit nager à fa furfacé ; je la filtrai, & il tefta
fur le filtre une huile brune, dont une partie etoit
prefque concrète. Je diftiîlai la liqueur -, la pre-
I mière portion qui paffa avoit faiblement 1 odeur Sc
la faveur foible de l'éther. En continuant 1 operation,
j?en féparai le muriate de foude, & j eus un réfidu
femblable à celui de la première expérience, fi ce
n'eft que je ne pus y retrouver l’acide acéteux y
quoique la liqueur en eût parfàitement l’odeur.^
» IV. J'ai fournis l'éther fulfurique à des opérations
femblables 5 il a aufli abforbe & décom-
pofé une grande quantité d'acide muriatique oxî-
gerié, en produifânt beaucoup de chaleur.^ La
couleur n'a point changélorfque j ai faturé de
foude l'acide muriatique qui venoit de fe reproduire
y mais il s'eft fépâré une quantité affez con-
fidérabîe d'une huile très-légère, aromatique , &
femblable à cèlle qu'on retire dansde procédé de
l'éther fulfurique, & qu’on connoit fous le nom
d'huile douce de vin. La liqueur filtree faifoit un
petit précipité avec la diffolution de baryte 5 je
l'ai diftillée \ j'en ai retiré un peu d'étner non
décompofë, après cela beaucoup d'eau : fur la fin
de la diftillation, la liqueur qui étoit dans la
cornue eft devenue un peu jaune, & il n eft refte,
en continuant l'évaporation, que du muriate de
foude un peu colore en jaune ». ,
» Ces dernières expériences font voir que l'ether
contient une huile légère, combinée avec une
furabondance de gaz hydrogène, lequel, s'unif-
fànt avec l'oxigène de l'acide muriatique oxigéné ,
forme de l'eau > il s'y trouve aufli un peu de l'acide
dont on s'eft fervi pour fa production, ainfi que
Schéele l'a déja prouvéj & cette petite portion
d'acide eft probablement le feul principe qui conf-
titue la différence des éthers. La couleur jaune
qu'a prife la liqueur fur la fin de l'évaporation ,
me paraît due à une portion d'huile qui a été
décompoféej par l'acidë muriatique oxigéné; & fi
l’opération eut été pouffée plus loin , toute l’huile
légère auroit été décomposée de la même manière,
parce qu'elle auroit été privée de l'hydrôgène qui
entre dans fa compofition ».
» La nature de l'éther & fa différence avec l'alcool,
me paroiflent déterminées avec affez de
précifion pat les- èbferyations précédentes, & 1 o*