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une foluble dans l'alcool, & d'une couleur brune ;
une fécondé diffoluble-dans l'eau , & peu colorée ,
de la nature des mucilages ; & une troifième in-
diffoluble dans l'eau 8e dans l'alcool , 8e d'une
■ couleur rouge. G es deux dernières , féparees 8è
-fous forme fèche , étaient déjà pures 6c pourvoient
être regardées comme des principes, bien
•ifoies ; mais i 1 pouvait n'enêtre pas de même de la
première, qui.et»it diffoute dans;l ’alcool, & il
.■ était néceffaire de oonnoïtre cette diiToîtition. '
Comme ce que l'alcool avoit diffous de la matière
entière dépofée par le réfroidiffement, devoit
être de même nature .que celle qui reftoit dans
‘la liqueur évaporée des décoctions- qui avoit été
mêlée avec le double de fon poids d'alcool, lettre
-( B:) j on a mêlé ces deux diffolutions alcooliques
pour les- exaw»nerenfemble, & pour avoir une pro-
-portion i exaéte des principes contenus dans la
totalité des matières enlevées au quinquina de
:baint-Domirigue paT la décoction dans l'eau. En
<fe rappellant que .cette dilfolution devoit contenir
9 onces 56 grains de produit, moins 1 once
i gros d.emucilage blanchâtre, 8c 2. -gros de poudre
rouge , & conféquèmment 7 onces 5 gros 56 grains , !
;nous devions retrouver ce produit. On a employé i
les procédés fui vans pour connoïtre la nature de j
cette dilfolution alcoolique : on l'a-laifiee expofée |
à l'air.dans un vafe de verrë de large ouverture ; |
au to u r de quelques .jours elle a dé-pofé fur les !
parois du rvafe itne fubftancé légèrement colorée ;
■ èn jaune, formée de.'petitesrnqlécule’s criftàllines, j
grillantes & comme, fàlines du poids d'un-gros, j
?Après avoir ramafë.cette ifubftancë, dorit l-’afpect
-fembloit .annoncer la nature falinê, 8e lorfqtie 4a
dilfolution n’en a .plus dépofé, on y a mêlé le
double de fon poids d'eau diltiîléejd-abord ce mélange
n'a.pjréfentéiaucune précipitation, mais quelques
heures après , une .grande quantité de flpëôns
d'ün; blanc jaunâtre s en réparèrent, & vinrent
à la furfaçe, de -la.; liqueur: Gesdocons -fépaf.ës,
lavés.H féçhés., pefoient 1 gros ;i2 -grains ; enfin,
la ' dilfolution alcoolique, qui ne précipsitoitplus
du tout par l'eau , a été évaporée à une chaleur
douce, elle a donné 7 onces 44 grains de ce
ïéfidu , il y. a donc- eu 3 gros.de perte ; car on
auroit dû avoir 7 oaces 3gros 44 grains : il eft
vraisemblable que cette perte .étoit due à la défécation
( D ). Après avoir analyfé, ou plutôt
ifolé des uns des autres les différens principes
contenus dans les décoctions )du quinquina de
Saint-Domingue, obtenus parleréfroidiffêment
de ces décodions, nous avons cru devoir faire
les mêmes opérations fur. le produit entier des
deçoitions évaporées fans refroidiiTement préliminaire
dans l’expérience décrite précédemment
ji°. VII* Nous avons traité lesponces rè 'grains
de ce produit par une livre d'alcool chaud-; il «'en
eft diffous plus ,de 7 onces £ il eft refté près
d’une once 8e demie de matière indiffoluble, de
laquelle nous avons féparé à-peu-près -une once
de mucilage, 8e deux gros dè poudre rouge; U
dilfolution alcoolique évaporée fpontanément a
donne de même la matière d'apparence faillie
d à-peu-près-1 gros ; l'eau en a enfuite également,
précipité des flocons jaunâtres, & l’évaporation
à ficcit’é , a fourni plus de 7 onces f de
réfidu, Nous remarquerons que cette adalyfe de
ce qu’on a appelle aujourd'hui l'extrait de quinquina
fait par l'eau bouillante , n'eft pas suffi
facile que .celle des: précipités des décodions;
on .n en retire les ditférens principes qu'avec plus
de peine, parce que tous ces principes font plus
intimement lies ; mais l'identité de ces principes
dans 1 un 8e l'autre cas, 8c le rapport même a fiez,
exad de leur poids, ne peut lai fier aucun doute
fur leur analogie. Nous conclurons donc de ces
deux expériences fuivies & comparées, i°. qu'une
vvr? j i ? quinquina de Saint-Domingue fec &
épuife par des décodions fuccelïives avec 320
livres d eau diftillée , donne 9 onces 56 grains
d une matière compofée, nommée peut-être très-
improprement extrait'; ri ° . que ce prétendu extrait
peut être féparé -en plufieurs matières par
le moyen de l'alcool chaud; 30. que ces matières
font au nombre de cinq, dont les proportions font
les fuivantes :
1 V Subftance diffoluble dans
1 a lcool... : . .............................. 7 J - o 5 44gr.
2°. M u c i la g e . '. . . . . ; . . . - . . . . 1 x 3P
• 4n* Poudré'rouge... . . . ; . . . . » 2 »
;• 4 '. Matière d’apparencce faline.
: . . . . . . . . . . . . J. . . . . >, - j «
y Flocons ' indiffolubles? dans
1 eau.-------. . . . . 111 /; ;; Fi 1 .... - ,y % \ L
Perte. . . . . . ______ . » 2 »
9 | o 3 ,$6
Nous n'avons pas cru devoir défigner par des
nbms pàrticulièrs les différentes matières '..féparees
dè: 1 extrait ^entier de ce quinquina y . ces noms
lie doif enr être donnés qu'après avoir examiné les
propriétés càradériftîques de chacune d’eliés. Nous
allons traiter aduellement cet objet, en défignant
ces matières par les caradères fuivants : i°. le
rnucilage ; '1 \ la fubftancé d'apparence faline ;
3°. la matière flocpneufe; 4®. ’la fubftancé en
poudre rouge ; 5 làXubftançe brune , filante,
te la plus abondante:’
IX. Anaîyfe des différentes matières féparees de l'extrait
par Us opérations çi-deffus.
A. La matière que l'alcool a précipitée ( le
mucilage) dés décodions concentrées (B) n'avoit
prefquè pas de faveur ; fa couleur é to.it brune après
la déification , 8e elle n'âVqit nulle odeur.7 Elle
s'uniftoit facilement à l ’eau, & fa difDlution
mouffoit comme celle d'une 'gomme. Diftillée à
feu nud, el]e a donné un fluide élaftiqüe corn*
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pofé de gaz hydrogène. 8e d'acide carbonique ,
une liqueur jaunâtre qui.étoit de l'acide pyço-muqueux,
& fur laquelle nageoit .un peu .d'huiîe-. La
chaux mife dans ce : produit na point développé
l’odeur d’ammoniaque fon charbon étoit léger,'
poreux 8e volumineux.
B. Matière déapparence faline.
La fubftancé qui s'eft féparée fpontaném.ent
de la dilfolution alcoolique dê- Fèxtr^î étoit
comme on l'a déjà dit, criftallifée, br-iliantecomme
une fubftancé faline 5 elle n'a point d'e faveur
bien marquée , relie croque fous les dents, elle
ne fe combine plus avec l’ alcool , elle fe diifout
dans l’eau chaude , 8c ttois grains ont été parfaitement
dilfous dans d f u-x onces, d-'eau bouillante...
Cette‘dilfolution étoit très-claife.;.L’éàu de chaux
ne la troubloitpas furie jchamp jrfeukmenç elle èn
développoit la couleur. Quelques jours après , il
s’y étoit formé un précipité fauve. Les alcalis
cauftiques liquides s’y unilfent avec rapidité, 8e'
il en réfiüte une liqueur brune ; fa diftftUtion
fournit- de l ’ammoniaque , un flegme jaune, des
■ fluides élaftiques, compofés de gaz hydrogène
& d’acide carbonique , de l’huile. 11 refté dans
la cornue un charbon volumineux, mais plusdenfe
cependant que celui de la première matière.
C . Subftancefioconeufe.
La fubftancé. liaconeufe précipitée par l’eau
de la dilfoliftion alcoolique de l’extrait, avoit une
couleur blanche grifâtre 5 elle s’eft ramollie promptement
fut 4e§ charbons allumés , 8e a exhalé
une fumée blanche très-fétide ; elle s’eft dilfoute
un peu dans l'alcool, & nullement dans l’eau
diftillée à une forte chaleur ; il s’én eft dégagé
des fluides élaftiques , un liquide jaune, très-fé^
tide, verdilfant les couleurs bleues végétales ,
une huile rouge épailfe ; il reftoit dans la cornue
un çharbçn aflfez volumineux.
D; Poudre rouge.
La matière colorée 8t pulvérulente eft du plus
beau rouge ; elle femble formée 4e- grains i appliquée
fur des corps blancs , elle préfente ’ une
très-belle coule.ur,rouge ; les papiers qui en fpnt
peints, né fe décolorent qu'à la longue,, même
dans: l'aci4e muriatique; qxigené^ j elle y réflffe '
prefque autant que |’indigp. Elle pe s'unit point.
a I eau ni à l'alcool, à quelque ççtnpéràturie que
rè foit ; les fubftances alcalines liquides là diffo}-
vent très-vites., & forment dans cette combi-
iiaifop une liqueur d'un • rouge brun , mais il eft
rfnpoilible d;e la préçipitet* fous la même çpftleur
qu'auparavant . elle donne à la diftillation beau-
ÇAup d'huile, de 4'ammohiaque affez abondarti-
^ n t , 8e un peu d’eau : le charbon & les fluides
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r élaftiques que l'on en obtient , font peu confi-
’ dérables.
E* Matière brune.
Enfin la^matière brune eft en plus grande quan-'
tiré que les autres fubftances, -elle fait plus des
deux tiers de la malîe ;■ fa couleur eft d'un rouge?
brun., fa faveur eft très-amère, 8e il paroit que
jc'eft elle qui en donne aux autres > car aucune
■ n'a d'amertume bien décidée, û elle eft parfai-
■ teroent pure. L'eau froide ne l'attaque point, mais,
'fi. elle eft chaude-, la dilfolution eft d'autant plus
! rapide. & plus parfaite, que la température de.
| l'eau eft plus élevée ; à mefure que l’eau refroidit
, la plus grande partie de cette matière fe
i féparé & ,fe dépofe avec les mêmes propriétés
’ qu'auparavant, Il en refté. dans l'eau , à raifon dè
RI quantité de- ceUç-ci, comme le prouve l'évaporation.
Au premier c6up,-d*oeil il paroît étonnant
qu'une matière qui n'eft nullement difpoféè
à s'unir à 1 eau , tant que; la température de celle-
ci n’excède, pas le terme de dix degrés, en devienne
fufcepti b le par l’ addition de la chaleur ;
mais c eft un fait de plus qui prouve combien la
■ chaleur change'; l'équilibre des corps , relatif a
leurs combinaifons. 24 parties d’eau chaude fur
une de la matièrè infoluble à froid, ne biffent
rien dépbfer parle réfroidiffement. L'eau de chaux
mife dans cette dilfolution y fait naître un changement
fingulier. C e changement confifte dans un
précipité rougeâtre comme de l'ochre , qui fe re-
diffout, fi on ajoute beaucoup d'eau. Les acides,
ou au moins, l’acide muriatique, ne paroît pas changer
la dilfolution aqueufe de cette fubftancé. Un
gros de cette matière infoluble, mis dans huit
onces d'eau de!chaux bouillante, a forme une
poudré' Etiquetée , qui n’eft pas foluble dans 500
partiës d’eau , ni dans les alcalis fixés, tandis
qu’elle l'e ft, lorfqu'on ne l'a point traitée avec
l'eau de chaux. L'alcool la diffout parfaitement
biën , fur - tout lorfqu’on l’a divifçe auparavant ,
j folt par ^mQyens chimiques , foit par des procédés
mécaniques. I.orfqu'elle eft en maffe , il
|fa-iit beaucoup de temps pour que la combinaifon
’ fë faffe. Cette matière fe deilèche facilement à 4'air ; dans çec état, fa couleur paroît noire;
èllë eft d'une grande fragilité, & fa eaffure eft
lnifante' comme celle de Faloes. Fortement cîiauf-
fée dans de$ vaiffeaux fermés, elle donne beau-
Icoup- de gaz hydrogène &. dbeide carbonique ,
un produit liquide Be de l’huile affez abondam-
(ment. Lé charbon qu’elle laiffë, étoit volumineux;
il occupoit dix fois plus de place que la
matière entière;. Le produit liquide contenait l'acide
que donnant tous ïfs mucilages chauffés, ’commué
avec 4ë l’ammoniaque , ou du pyro-
muçite d’ammoniaque avec excès d'acide, car
il r.ougiffoit fortement les teintures bleues végétales,
& il exhalloit de l'aiutupuiaque par l’inter-
mède de la chaux.