
adoptèrent cette dénomination, qui a été confervée,
pour défigner refpèce d'animal que nous connoif-
fons aujourd'hui fous le nom d’élan , ou orignal ;
l’ongle de cet animal à long-temps été vanté comme
un excellent antiépileptique , & il eft encore
infcrit dans quelques difpenfaires modernes au
nombre des fubftances officinales ( Voye^Él a n . )
de force de l’animal, de fon âge , & de l’efpècé
de nourriture qu’on lui a donnée ; quoi qu’il en
foit , ces calculs ou concrétions font légères , ten-
- dfes , friables , d’une couleur jaunâtre , fouvent
difpofées par couches concentriques ; & quand
°n les garde long-temp$, dit Lem'ery , elles fe
réduifent en poudre à caufe des petits vers ou
mites qui s’y engendrent.
_ Cette efpèce de pierre, qui a encore été défî-
gnee fous le nom de be^oard du boeuf 3 a été fort
recommandée comme fudorifique , apérîtive ,
propre pour refifter au venin , pour arrêter les
cours de ventre , pour l’épilepfie.Jof. Duchefne,
plus connu fous le nom de Quèrcétan , en vante
fur-tout l’ufage contre la jauniffe , & pour diffou-
dre les calculs biliaires. La dofe étoit depuis fix
grains, jufqu’ à vingt-quatre * & on la donnoit en
poudre, fous la forme de bols , ou délayée dans
du vin. Enfin, on la recommandoit comme un excellent
errhin pour faire éternuer , & on le regar-
doit propre à fortifier la vue & le cerveau. Tant
de propriétés font prefque'oubliées aujourd’hui 5
1 alcheron ou pierre biliaire du boeuf ne fe trouve
plus dans nos pharmacies; mais on prépare avec la
bile de cet animal une forte d’extrait dont quelques
praticiens ont recommandé l’ ufage. ( Voye^ Bile,.)
A LCHïME LECH. ( Pharmacie. ) Dénomination
adoptée par quelques écrivains Arabiftespour
défigner une efpèce de melilot, que l’on a par la
Cuire diflingue fous le nom de melilot égyptien.
A L C H IM I E .
§. I. Généralités fur V alchimie.
C ’eft ; dit | ancienne encyclopédie 3 la chimie
la plus fubtile , par laquelle on fait des opérations
de chimie extraordinaires 3 qui exécutent
plus promptement les mêmes chofes que la nature
ell long-temps à produire, comme lorf-
qii’avec du mercure & du foufre feulement on
fait en peu d’heures une matière folide & rouge
qu’on nomme cinnabre , & qui eft toute fem-
blable au cinnabre natif que la naturè met des
années & même des fiècles à produire. »
» Les opérations de l’alchimie ont quelque chofe
d’admirable & de myftérieux 5 il faut remarquer
que lorfque ces opérations font devenues plus
connues , elles perdent leur merveilleux , & elles
font mifes au nombre des. opérations de la chimie
ordinaire , comme y ont été mifes celles du
lilium , de la panacée, du kermès, de l’émétique
, de la. teinture de l’écarlatte, &c. &c.
Suivant la façon dont font ordinairement traitées
lés chofes humaines, la chimie ufe avec ingratitude
des avantages qu’elle a reçus de l’alchimie;
l’alchimie ell maltraitée dans la plupart des livres
de chimie. »
» Le mot alchimie, eft compofé de la prépofition
A LCÉE. ( Vharmacie.') Malva alcea. C ’eft une
efpèce de mauve qui en a les propriétés ; elle eft
vivace, & croît naturellement en Fiance, en
Allemagne, & en Angleterre. On vante beaucoup
fa décoétion contre les tranchées, les dyfen-
teries épidémiques , & pour adoucir les âcretés
d’urine ; on l’employe dans les lavemens, les
fomentations , les cataplafmes émolliens & réfo-
lutifs. Pena & Lobel ont. remarqué qu’elle^ étoit
moins vifqueufe que la mauve vulgaire. Le ca-
taplafme de l’alcée eft v.anté en Allemagne contre
les tumeurs fquirrheufes des mammelles; la manne
infuféè dans du vin fert contre le flux de ventre
& les hernies. Il y a des auteurs qui prétendent
q*ue cette racine eft uii violent purgatif; pour
détruire cette fauffe affertion, nous, l’avons fou-
vent fubftituée à la racine de guimauve en tifanne,'
fans que cette boiffon ait occafionné une feule
évacuation d’urine. L’alcée eft encore digeftive
& adouci ffante; la feuille d’alcée doit être récoltée
avant la fleuraifon. Ce t adage a été compofé
en fon honneur.
Eft dyfentends radice alcea juvamen ,
Couva 'fis , celerique alyo, ruptifque medetur ;
Ht tremulis confère membris ; ftrumafque rejolvit
lUita. (M . WlLLEMET.)
A L CH A R IT , *ALE CH AR IT , A LO H Ô L 1
A L O G A R , A L T A R IS , A LU DIT , A N T A - ;
R IO L , ( Pharm.) Différentes.dériominations employées
par les Arabiftes pour défîgnerJe mercure.
ALCHERON. ( Vharmacie. ) Lapis alcheron. ■
Quelques écrivains ont donné ce nom à l’efpèce
de pierre que^l’on trouve dans la véficule du fiel
de boeuf ; ces fortes de concrétions, ou calculs
biliaires, font formées par l’épàiffifTement de la
bile, & on en rencontre très-fréquemment à la fin
de l’hiver lorfque les boeufs ont été retenus long-.
temps dans l’étable , & réduits au fourrage, & c .,
tandis qu’on- en trouve rarement pendant l’été ,
lorfque ces animaux ont des pâturages frais, &
font employés à quelques travaux. Ces obferva-
tions faites depuis long-temps par Hoffman, &
confirmées tous les jours' dans les boucheries ,
font bien fentir quelle eft l’influence de l’exercice
& des alimens fur l’état & la nature de.la bile :
auffi c’eft dans le mois de mai que Schrodèr eon-
feille de chercher des pierres dans la véficule du
fiel du boeuf. Ces calculs font d’un volume plus
ou moins confidérable, ce qui dépend de quelque
■ circonftance particulière, & peut-être de l’état
al qui eft arabe, . & qui exprime fublime ou par
excellence , & de chimie ; de forte que alchimie ,
fuivant la force du mot, fignifie la chimiè fublime,
la chimie par excellence. »
» Les antiquaires ne conviennent pas entr’eux
de l’origine ni de l’ancienneté de l’alchimie. Si on
en croit'quelques Liftoires fabuleufes , elle étoit
dès le temps de N o é .T l y en a même qui ont
prétendu qu’Adam favoit de l’ alchimie. *
» Pour ce qui regarde l’antiquité de cette feien-
« e , on n’en trouve aucune apparence dans les anciens
auteurs , foit médecins, foit philofophes,
foit poètes , depuis Horace jufqu’ à 400 ans après
Jefus-Chrift. Le premier auteur qui parle de
faire de l’o r, eft Zofîme, qui vivoit vers le commencement
du cinquième fiècle. Il a compofé
en Grec un livre , fur l’art divin de faire de Vor
& de l ’argent. C ’eft un manuferit qui eft à la
bibliothèque du roi. G et ouvrage donne lieu de
juger que lorfqu’il a été écrit, il y avoit déjà
long-temps que la chimie étoit cultivée , puif-
qu’elle âvoit déjà fait ce progrès, v
» Il n’eft point parlé du remède univerfel, qui
eft l’objet principal de l’alchimie , avant Geber ,
auteur Arabe, qui vivoit dans le feptième fiècle. «
« Suidas prétend que fi on ne trouve point de
monument plus ancien de l'alchimie, c’eft que
l’empereur Dioclétien fit brûler tous les livres
des anciens Égyptiens, & quë c’étoit ces livres
qui contenoient; les myllères de l’alchimie. «
« Kirker affure que la théorie de la pierre phi-
lofophale eft expliquée au long dans la table
d’Hermès & que les anciens Égyptiens n’igno-
roient point cet art. m .
; » On fait que l’empereur Caligula fit des effais
pour tirer de l’or de l’orpiment. C e fait eft rapporté
par Pline, hiftoire naturelle 3 ckap. X X X I II .
Cette opération n'a pu fe faire fans des con-
noifîancés de chimie , fupérieures à celles qui
fuffifent dans la plupart des arts & des expériences
, pour lesquelles on employé le feu. »
« Au refte le monde eft fi ancien, & il s’y fait
tanr de révolutions , qu’il ne refte point de monument
certain de l’état où' étoient les fciences
dans l,es temps qui ont précédé les vingt derniers
fiècles : je n’en rapporterai qu’un exemple.
La mufique a été portée dans un certain temps
chez les Grecs à un haut point de perfection :
elle étoit fi fort au-deffus de la nôtre , à en juger
par Tes effets , que nous avons eu peine à Je
comprendre ; & on ne manqueroit pas de le révoquer
en doute , fi cela n’étoit pas bien prouvé
par l’attention fingulière qu’on fait que le gouvernement
des Grecs y donnoit, & par le témoignage
de plusieurs auteurs contemporains & dignes
de foi. %
*> Il fe peut auffi que la chimie ait de même été
portée à un fi haut point de perfection que nous
ne pouvons le faire aujourd'hui , & que nous ne
comprenons pas comment il feroit poftible qu’on
l’exécutât. C ’eft la chimie ainfi perfectionnée
qu’on a nommée alchimie. Cette fcience comme
toutes les ( autres , a péri dans certains temps ,
& il n’en eft refté que le nom. Dans la fuite,
ceux qui ont eu du goût pour l’alchimie , fe font
tout d’un coup mis à faire des opérations dans
lefquelles la renommée apprend que l’alchimie
Téuffiffoit : ils ont ainfi cherché l’inconnu fans
palfer par le connu. Il n’ont point commencé
par la chimie , fans laquelle on ne peut devenir
alchimifte que par hazard. »
» C e qui s’oppofe encore fort aux progrès de
•cette fcience, c’eft que les chimiftes, ç’eft-à-
dire ceux qui travaillent par principes ,. croyent
que l’alchimie eft une fcience imaginaire à la
quelle ils me doivent pas s’appliquer ; & les
alchimiftes au contraire , croyent que la chimie
n’eft pas la route qu’ils doivent tenir. «
» La vie d’un homme, un fiècle même n’eft, pas
fuffifant pour perfectionner la chimie ; on peut
dire que le temps où a vécu Beccher , eft celui
où à commencé notre chimie ; elle s’eft enfuite
perfectionnée du temps de Stahl, & on y a
encore bien ajouté depuis cependant elle eft
vraifemblablement fort éloignée du terme où
elle a été autrefois, n
» Les principaux auteurs d’alchimie font Geber,
le moine Bacon , Lulle , Ripiëy , Jean le Hollandais
, Ifaac le Hollandais, Bafile Valentin,
Paracelfe , Van Zuchten , Sendigovius , &c.
(' Ane. Encyclop. )
! On voit par cette manière de parler de l’alchimie
, que l’auteur de cet arti’cle dans la première
édition de l’encyclopédié étoit bien loin
d’avoir des idées nettes fur l’art de faire de l’o r ,
fur fa différence d’avec la chimie ; il fuppofe
des principes propres à guider dans cet art, &
il auroit dû dire que plus on avance dans la
chimie & moins on trouve de' chemin qui con-
duife à l’alchimie ; qu’il n’y a aucune étude,
aucune marche connue pour fe diriger dans les
recherches relatives à l’art de la pierre philofo-
phale. Macquer en a parlé avec bien plus de
précifion dans fon dictionnaire. » Le terme alchimie,
dit-il, a été employé paroles prétendus
adeptes , & par les chercheurs cle pierre phi-
lofophale , pour défigner la chimie par excellence,
dont, ils fe flattent qüe la connoilTance
eft réfervée à . eux feuls. Les adeptes regardent
la chimie comme une fcience vulgaire , qui
contient à peine les premiers élémens de I5 fcience
myftérieufe de l’alchimie ; mais jufqu’à préfent
ils n’ont rien produit qui, au jugement des per-
fonnes fenfées, puiffe. donner le moindre fondement
à une pareille prétention. Les vrais chimiftes
regardent l’alchimie comme une fcience
imaginaire, & ceux qui s’y adonnent comme
des gens qui, fauté d’être fuffifamment inftruits,
quittent la réalité pour courir après l’ombre. »
Dans le difeours préliminaire qu’il a mis à k