
d’antimoine , quelquefois il eft criftallifé en
aiguilles bu prifmes d'un rouge brillant &
foncé.. Quelques naturaliftes le nomment en
Cêt état kermès & foufre dorés natifs. Si Ton
trouve par une analyfe exa&e que l'antimoine
eft à l'état d'oxide dans cette mine, il faudra
en faire tfne cinquième forte fous le nom
Cl oxide dantimoine fulfuré rouge natif.
On ne traite point le fulfure d'antimoine dans
fes mines pour en obtenir le métal pur , comme
on le fait pour la plupart des métaux , on fe contente
de fondre ce minéral pour le féparer de fa
gangue & des autres matières métalliques auxquelles
il peut être lié. A cet effet on prend
deux pots ae terre , dont l'un eft percé de plufieurs
trous dans fon fond , c'eft dans celui-là que l'on
met la mine à fondre 3 l'autre pot , placé au-
deffous du premier , & deftiné à recevoir le
fulfure d' antimoine à mefure qu'il fe fond, eft
enfoncé dans la terre. On fait du feu autour du
pot fuperieur 3 on ne donne qu'une chaleur douce
dans le commencement 3 parce que cette mine eft
très-fufible 3 mais fur la fin on augmente le feu,
afin de retirer du minéral tout ce qu'il contient ,
il paffe alors une portion des autres métaux, &
notamment du fer qui fe trouve dans la mine 5 ces
métaux forment une couche de feories à la furface
du fulfure d'antimoine. Quoique ce minéral , tiré
de la Hongrie 3 paffe pour le plus pur , il eft certain
que tout fulfure d'antimoine fondu,, lorfqu'il
eft bien aiguillé & fans mélange de feories 3 eft
également parfait & propre à tous les ufages auxquels
on a coutume d'employer ce minéral. Il faut
feulement obferver que le fulfuré d’antimoine paroît
différer fuivant les lieux d'où on le tire par la
quantité refpeétive de foufre & d’antimoine qu'il
contient 3 & qu'il eft très-important de faire l'effai
de celui dont on fe fert pour préparer les médîca-
mens antimoniaux , dont il feroit fort à defirer
que la force fût toujours la même. On verra plus
bas quels font les moyens à la difpofîtibn de l'art
pour faire cette analyfe..
Le fulfure d'antimoine eft 'très - fufible 3 ainfi
qu'on peut le voir d'après le procédé employé,
pour le féparer de fa gangue 3 fi on le pouffe au
feu, lorfqu'il eft fondu dans des vaiffeaux ouverts,
il perd fon foufre qui.fe diflipe en vapeurs jauries3
la partie métallfque s'oxide aufli très-facilement j
& 'f e diflipe en vapeurs'blanches : mais à une
chaleur douce & incapable de fondre le fulfure
d’antimoine , le foufre de ce minerai fe diflipe
lentement & par degrés 3 le métal s'unit peu-à- ,
peu à l'oxigène atmofphérique & forme î’oxide
gris d*antimoine fulfuré , qu'on nommoit autrefois
chaux grife d'antimoine. Cette opération ne peut
bien fe faire qu’autant que le fulfure d'antimoine,
très-divifé préfente une grande furfaeë à l’air.
Pour.cela, on le met en poudre & on l'expofe à
un'feu très-doux fur une terrine de terre vernif- I
Il faut auffi procéder avec lenteur au com- [
mencement de l’opération, parce que ce minera!
eft très-fufible ; mais à mefuie qu'on avance dans
cette opération & que le foufre fe diflipe, l'antimoine
devenant plus réfraâaire, on peut élever
le feu jufqu'à faire rougir le fond de la capfule
qui contient ce minéral. On s'apperçoit qu'on
opère bien lorfqu'on ne fent d’autre odeur que
• celle du foufre qui fe fublime pendant le grillage,
& que la matière ne fe pelotonne pas 3 mais lorsque
le fulfure d'antimoine fe grumèle & que le
foufre fe brûle & forme de l’acide fulfureux en fe
volatilifant, ce qu'on fent par l’odeur fuffoquante
qui fe dégage, alors la chaleur eft trop grande , il
faut la diminuer.
Quoique le foufre ne paroiffe pas très-adhérent à
l'antimoine dans fa mine, il n'eft cependant pas
poflible de l'enlever tout entier par le grillage, &
l'oxide gris d'antimoine préparé par ce procédé, en
retient toujours une affez, grande quantité malgré
qu'il ait été calciné au point d’ôter au métal fes
propriétés métalliques 3 c'eft pour cela qu'il doit
être nommé oxide gris d'antimoine fulfuré.
L'oxide-fulfuré & gris d'antimoine, pouffé au
feu fans addition , fe fond en un verre plus ou
moins tranfparent, fuivant que le minéral qui a
fervi à le former étoit plus ou moins oxidé. Si
cet oxide contient peu de foufre & beaucoup
d'oxigène, le verre qu'il donne eft opaque 3 il
forme une efpèce de foie d'antimoine ou oxide
d’antimoine fulfuré vitreux. Si l'oxide d'antimoine
contient beaucoup de foufre, & s’il fe
rapproche encore du cara&ère métallique, il pro- '
duit un verre tranfparent plus fufible, qu'on nomme
verre d)antimoine ou oxide d'antimoine fulfuré vitreux
& tranfparent. On peut obtenir celui-ci plus
facilement & plus promptement, en ajoutant à la
chaux grife trop calcinée un peu de foufre ou de
fulfure d'antimoine, la matière entre en fufion
dans l'inftant.
L'oxide gris d'antimoine & le même oxide vitreux
, chauffés dans un creufet avec leurs poids
de flux noir & un peu defavon noir ou d'hiiile,’
fe réduifent & donnent dë l'antimoine pur. Le flux
noir dans cette opération fert à deux ufages 5 l'alcali
qu'il contient s'unit au foufre que ces matières
n'ont pu perdre par la feule a&ion du feu, & la
matière carboneufe favorife la rëdu&ion de l'oxide
métallique : c'eft de cette manière que fe
prépare l'antimoine en grand dans le commerce 5.
on l'appelle régule.. Qn coule ce métal caffant en
pains orbiculaires, & applatis , ces pains préfen-
tent à leur furface une criftallifation en forme de
feuilles de fougère. On n’a décritici lamanière dont
le fulfure d’antimoine eft altéré par l’a&ion du feu
& de‘ l'air que pour arriver à fa connoiffance du
procédé le plus ufité pour fe procurer le métal
nommé. antimoine.. .On fera connoître plus bas un
grand nombre d’autres propriétés du fulfure d'antimoine,
& plufieurs autres procédés pour en obtenir
le métaL II faut‘d'abord- exairfiner ici lés
caraftëres & les a&ions chimiques de l’antimoine,
ou'on nommoit autrefois régule.
q L'antimoine n'eft que. peu altérable par le contâ
t de la lumière, il hë'fe fond au feu que lorf-
ou'il eft rouge 3 & fi on le chauffe fortement dans
des vaiffeaux clos, il fe volatilife en entier fans,
être décompofé. S i on le laifle refroidir lentement
lorfqu'il e f t . fondu,. & qu'on décante la portion
fluide lorfque fa furface eft figée,-on trouve le
refte cryftallifé en pyramides ou en tremies, comme
nous l’avons déjà dit plus haut : telle eft^ la
caufe des étoiles ou des feuilles de fougère qu on
v o it fur les pains de ce métal.
Ce métal, fondu dans des vaiffeaux ouverts,
s'oxide promptement 3 lorfqu'il eft bien rouge,
bien pénétre de feu; il s'en-élève des fumees
blanches, épaiffes qui, en fe condenfant,;fe précipitent
à la furface du métal fondu, ou s’attachent
au couvercle du creufet fous la forme de
prifmes allongés pu .de petites aiguilles blanches.
C'eft un oxide métallique fublime, auquel - on a
donné le nom impropre de, fl eut s argentines de régulé
£ antimoine, ou Celui de neige d antimoine.
Pour en préparer une certaine quantité , on
place un creufet horifq.ntalement dans un fourneau,
de forte que • fes bords s ajüfteht avec la
porte du foyer, à laquelle on le lutte a laide
dè la terre à four. On met dans ce creufet de
l'antimoine, on fait affez de feu pour faire fondre
& fumer ce métal. On reçoit cette fumee
dans un fécond creufet qui s’adapte au premier3
elle s'y condenfe en aiguilles tres-deliees, blanches
& brillantes, qui paroiffent être d^s prifmes.
à quatre pans. Les cryftaux, attachés de toutes
parts au parois du creufet extérieur, y prennent
dans leur enfemble la forme de buiffon ou de
neige. On en voit qui ont jufqu'à deux ou trois
pouces de long 5 mais leur diamètre, très-petit ne
préfente que , des fractions de ligne, ^ _ne Per_
met pas à l'oeil de déterminer avec precifion leur
formé, ? • / > n.
Lfoxide d'antimoine blanc & fublime n eft pas
feulement fufceptible de fe volatilifer dans le temps
de la1 .déflagration du rnétai^ mais ,il fe fublime
feul loriqu on le pouffe au feu.
Gét .oxide’ peut aufli-fe: fondre, en un verre de
couleur orangée 3 ce verre eft . plus pale & p'^s
tranfparent que celui que l’on fait ay^c 1 oxidfe
gris & fulfuré id'antimoine. Mais aufli il eft beau.-
coup plus difficile à; fondre. L'oxide fublime en
aiguilles a plus de poids que n'en, avoit 1 antimoine
qui l'a formé , ce qui dépend de l'addition de 1 o-
xigène. Ce métal paroît en être fi avide, quelorf-
qu'on le chauffe très-fortement il s enflamme en
produifant même des efpèces d'explofions ou de
ïulgurationsvl
L'antimoine n'éptoüve aucune alteration dé la
part ' des1 matières combuftibles3 mais les oxides
d’antimoine'peuvent être décompofespar ces fubftancés
& rëprèndre l’état métallique. Comme la
plupart font très-oxidés ou chargés de beaucoup s
d'oxigène, & que ce principe y adhère fortement,
ils ne paffent que très-difficilement à l’état métallique}
& comme ils font en même temps plus
ou moins volaiils,, on ne peut faire cette réduction
que dans des vaiffeaux fermés. U paroît que
poxide blanc fublimé eft diffoluble dans l’eau , &
qu’il a pris quelques caraétères falins. Rouelle eft le
premier qui ait fait cette obfervation, fur un autre ‘
oxide d'antimoine qui fera bientôt traité dans cet
! article. Quelques oxides métalliques & en particulier
ceux d’arfénic, de molybdène & de tungf-
tène, paflent à l'état falin & acide, lorfqu'ils font
faturés d’oxigène} peut-êtrè découvrira-1-on par
la fuite la même propriété dans 1 oxide d antimoine.
M. Berthollet penfe à cette occafion que les oxides
métalliques qui ne font point fenfiblement acides,
exercent les fonctions d un alcali avec les acides.,
& celles d'un acide avec les alcalis 5 il les corlfi-
dère comme un terme qui donne naiffance à deux
p r o g r e f f io n s o p p o f e e s . On yerra plus, bas. qu il a.
examiné en particulier la combinaifon d'un oxide
d’antimoine avec l a p o t a f f e , ou cèt oxide paroît
jouer le rôle d'un véritable acide. ^
L'antimoine n'eft que fort; peu altéré par l’air;
on ôbferve feulement que la furface de ce métal
fe ternit. Il ne fe difiout pas dans 1 eau, cependant
quelques médecins foupçonnent qu'il communi-,
que à ce fluide une qualité émétique très-marquee.
Les oxides blancs d’antimoine diffous dans l’eau,
donnent à ce fluide une propriété émétique. Cette
aétion, jointe à leur diffolubilité dans l'eau & a
leur volatilité, préfente une forte d’analogie avec
l'oxidè d'arfénic. Plufieurs minéralogiftes ont penfé
que la mine d'antimoine n’étoit jamais exempte
d'arfénic ; il eft certain que, jette en poudre fur
■ les charbons, ainfi que le métal lui-même, elle
exhale une odeur légèrement1 arfenicale, & que
lorfqifon s'expofe à cette vapëur,- on eft purgé
& bn éprouve les 'effets d’un erhpoifonnement
léger, -comme je l’ai obfervé plufieurs fois jdans
; mon.laboratoire. Eh 1783'^ faifant dans mon labo-
ratoire:,- rue des Bourdonribis,- une leçon; fur l’an-
1 (imoine, un grand nombre de détonations ayant
i été opérées1 fous la cheminée vafte que j’y ai fait
conftruîre i' il s?en échappa cependant quelques
bouffées de vapeurs, parce qu’on approcha plu-
fieuts creufets près des bords extérieurs de la
hotte pour mieux faire voir l’effet & les phénomènes
dés détonations. Le laboratoire fe remplir
bientôt d’üne vapeur un peu épaiffe, dans laquelle
plus de 50 pèrfonnés refterent plongées environ
une heure, fans quelles en fuffent aucunement
àffeâées;-Mais le foir, & fut-tout la nuit, plus
de vingt .perfonnes éprouvèrent de la toux , de
l’oppreffion, de la douleur à la' poitrine, de la
eufffon & de -la douleur aux yeux, de la cha-
leur à la peau , un ' mouvement fébrile très-
■ marqué 5'- cette fcèné-fe termina par une futUÆ