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4e l’alcool s’opère aux dépens de la deftniélion
d’un principe végétal , que la matière fucree
éprouve une décompofition qui la- réduit à un
terme plus fimple 3 ainfi la fermentation vineufe
ou alcoolique eft un commencement de deftruc-
tion des principes formés par la végétation ; ainfi
on peut la confidérer comme un des mouvemens
établis par la nature pour Amplifier Tordre de com-
poficion que préfentent les fubftances végétales.
VIII. La fermentation acide ou acéteufe eft le
fécond- mouvement naturel qui contribue à réduire
les compofés végétaux à des états de com-
polition plus umple. Cette fermentation qui donne
naiflance au vinaigre, n'a lieu que dans les.liqueurs"
qui ont d’abord éprouvé la fermentation
vineufe. On a remarqué que le contadt de l’air
étoit nëceffaire pour la produ&ion- du vinaigre.
On a vu même T air être abforbé par le. vin qui
tourne à l’aigre, il paroït.qu’une certaine proportion
d’oxigène atmoiphérioue eft néceflaire à
fa formation, de l'acide acéteiix.
ÎX. Il y a fans doute plufieurs autres fermentations
analogues à celle qui forme le vinaigre,
& dont on ne connoît pas encore bien le produit.
Telle eft, par exemple, celle qu'éprouvé
Teau mêlée d’amidon, fous le nom d’eau fûre
des amidoniers j telle eft celle qui forme le pain
aigri, .le chou & les liqueurs aigres. Tous ces
changemens doivent être confidérés comme de's
moyens de décompofition qui fimpljfient toujours
les combinaifôns compliquées des végétaux.
X . Enfin, après que les liqueurs-végétale^ou
leurs parties folides humeétées ont pafle à l’état
d’acide , leur décompofition en fe continuant par
les circonftances favorables, c’eft-à-dire, par une
température douce ou chaude, par Texpofition a
l’air & par le coritadt de Teau, les conduit à une
putréfaction qui finit par en volatilifer, fous forme
de gaz, la plupart des principes. }1 fe dégage de
Teau, de l’acide carbonique, du gaz hydrogène
carboné & même fulfuré , de l’huile volatile en
vapeur, quelquefois même dirgaz azote & de
T ammoniaque 5 il ne relie plus après cela qu’un
réfidu brun ou noir, connu fous le nom de terreau
, formé de carbone un peu huileux & gras,
dont Teau extrait encore quelques fubftances fa-
fines & un peu de matière extradtive. *
XI. La nature en organifant les animaux, en
formant leurs humeurs & leurs folides par des
compofitions compliquées, a mis en eux un germe
de oeftrudtion qui fe développe apres la mort des
individus. < 4
Cette deftrudtion s’opère par le mouvement
qu’on a nommé putréfaction, & qui confifte dans
une efpèçe de fermentation, une décompofition
ente 4e ces fubftances liquides ou folides : leur
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ordre de compofition plus compliqué que celui
des matières végétales , les rend encore plus fuf-
ceptibles de la décompofition putride.
XII. Les matières animales compofées d’hydrogène
, de carbone, d’oxigène & d’azote, fouvent
plus compliquées encore par l’union du foufre, du
phofphore, &c. privées de ce mouvement & fur-
tout de ce renouvellement qui conftituent la vie
animale, s’altèrent bientôt par des attractions plus
fimples entre chacun de leurs principes 3 qui tendent
à s’unir deux, à deux. Cette réaCtion donne
naiflance à des compofés binaires, tels que l’acide
carbonique, l’acide nitrique-, l’ammoniaque, le
gaz hydrogène carboné, qui fe dégagent peu-à peu
dans fatmofphère en diminuant proportionnellement
la mafle des matières; animales. C ’eftainfi,
& par une fuite de la décompofition naturelle ;
; qu’on voit ces matières fe ramollir, changer de
couleur, d’odeur, perdre leur tiflii, leur forme,
répandre dans Tatmofphète des vapeurs & des
gaz qui s’y diflolvent, & qui vont porter dans
d’autres corps, & fur-tout dans les végétaux, les
matériaux néceflaires à leur formation.
XIII. Tous les phénomènes, de la putréfaction
cfes matières animales tiennent au méchanifme gui
vient d’être expofé. On voit dans l’union de* l’ffy-
drogène & de l’azote la formation de Tàmmonia*
que , qu’on a regardée comme le principal produit
de la putréfaction. La combinaifon du car-
.bone avec l’oxigène explique la formation & le
dégagement de • l’acide carbonique, dans lequel
; on faifoit confîfter vers les premiers temps de
la découverte des gaz, tous les myftères de la
putréfaction. L’acide nitrique, à la formation duquel
on fait que les- matières animales contribuent
tant dans lés nitrières artificielles, tient à l’union
de l’azote & de Toxigènej une certaine quantité
de gaz hydrogène fe dégage en emportant du
carbone, du foufre & même du phofphore j delà
l’odeur infeCte fi variée &'la phofphorefcence de
toutes les matières animales qui fe pourriffent.
XIV. Lorfque tous ces principes volatils le
font unis deux à deux & répandus dans l’atmof-
phère, il ne refte plus que quelque portion de
carbone unie ou mêlée aux fubftances falines
fixes, telles que les phofphates de fou de & de
chaux. Çes réfidus forment une efpèce de ter-
reau, qu’on nomme terre animale , qui retient
fouvent un peu de gaz hydrogène fulfuré & carboné
, un peu de graille & d’extrait, & dans lequel
les végétaux trouvent abondamment les principes
propres à la formation de leurs matériaux ; ^0:'.a
pourquoi ce réfidu animai eft fi propre a iervn
d’engrais quand i l eft fuffifamment confondue.
X V . Une certaine quantité d’eau eft néceffaire
à cette décompofition .putride des matières
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males} elle leur1 fournit la quantité d’oxigène né-
ceffaire'à la compofition de l’acide carbonique &
de T acide nitrique 5 elle contribue fihgulièrement
à la naiflance de ce mouvement par les attractions
de l’oxigène qu’elle y porte. Sans doute aufli l’hydrogène
provenant de cette décompofition de Teau
contribue beaucoup à la formation de .l’ammoniaque
j car c’eft un fait bien connu, que lorfque les
matières animales font délayées dans, une grande
quantité d’eau, elles fourniflentabondamment de
l’ammoniaque dans leur décompofition.
XVI. La putréfaction confiftant dans une fuite
d’attraCtions particulières, eft modifiée, de bien
des manières différentes par tpiites les circonftances
extérieures, telles que la température,,-lé
milieu qu’occupent les matières animales , l’état
plus ou moins pefant, fec où. humidè- de Tatriiof-
phère, &c. C ’eft ainfi que lerxadavre's tenfouis
dans la terre, ou plongés dans l’ëau, oufufpendus
dans l’air, éprouvent des effets varies , auxquels
leurs mafles, leurs quantités, leur voifinage avec
d’autres corps, ainfi que toutes les propriétés variables
des trois milieux indiqués ic i, .donnent en- •
core des formes nouvelles & diverfes, 1 i ..
XVII. Gn a des-preuves1 de cette affertion dans \
ce qui arrivé" aux- cadavres enterrés feuls à feüls, !
ou enfouis en mafle & entaïïes les uns fur' les'au- '
très. Les premiers, entourés d’une grande quantité,
de terre, font bientôt détruits par ,1a putréfaction,
dont les produits aériformes ou liquides font ab- j
forbés par cette mafle terreufe ou par l’atmof- j.
pbère 5 les-féconds n’ayant point autour d’eux cette f
■ elpëcé -de- récipient '■ terreux ou atmbfphéïique', |
■ féjournent long-temps fans fe détruirez la-matièrfe
animale s’y convertit toute entière en ammoniaque
& en huile concrète : cëlle-ci forme avec l’alcali
volatil un favon femblable à celui qu’on a trouvé !
dans1 le fpl des cimetières fur chargés de cadavres.
XVIII. Dans l’eau lés phénomènes de la dèf-
tru&ioh des matières animales font encore différentes;
j a me fure que de nouveaux produits fe forment,
Teàii les difloùt & lés entraîne dans Tair.
Une humidité foutenueaVêc une température confiante
de quelques degrés au-defliis de o , favorife'
la putréfaction & la diffolution de ces matières en-
gaz. Un air fec & chaud au contraire en volatili-
fant l’eau, defleçhe, raccornit les corps animaux,
& les ’ conferve, prefaue comme un fable fec &
brûlant le fait dans l’Égypte, fi fertile en momies
naturelles.
XIX. Quoique toutes les circonftances de la.
putréfaêbion , toutes les variétés prefqu’innom-
brables des phénomènes quelles préfentent n’aient
point encore été connues ni décrites, on recon-
noit cependant que tous.ces phénomènes fe bor-
nènt à changer des compofés compliqués en compofés
plus fimples, que la nature.rend ainfi à de
Nouvelles combinaisons les matériaux qu’elle n’a-
voiten quelque forte que prêtés , aux végétaux. &
Chimie. Tome î / .
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aux animaux, & qu’elle exécute ainfi ce cercle perpétuel
de compofitions & de décompofitions qui
en attellent la puiflance, en montrent la fécondité,
en même-temps qu’elles annoncent une marche
aufli grande que fimple dans fes opérations.
Application des proportions de ce dernier titre.
Outre tous les objets indiqués à la fin des deux
titres précédens, auxquels les articles de celui-ci
peuvent fournir des applications prefque immédiates,
on trouve dans les divers expofés de ce
douzième titre les applications fuivantes :
La confervation de toutes les fubftances extraites,
des végétaux.. :
Les diverfes altérations fpontanées qu’elles
éprouvent ; le fermentations acéteufe vineufe, 8:c.
Lés produits de ces altérations fouvent employés
aux befoins des arts.
La production de l’ammoniaque & de l’acide
nitrique.s-
L’influence de la putréfadion dans, les régions
diverfes des corps vivans.
; La contagion & ks maux produits par les vapeurs
des matières:putréfiées.
■ La théorie ■ de l’emplacement & du fervic.e des
hôpitaux, des égouts, dés latrines, des voie-nés,
des cimetières, &c.
AXÔNGE. Axüngia des latins{Pharmacie.} C e
mot, d’après ton étymologie,paroîtdéfigner ftri&é-
mèni: une fubftance propre à oindre les eflieux des
roues-j axiam iihguen. Aüfli eft-il employé dans Galien
& «les: anciens écrivains, pour défigner une
graiflè de cochon vieille & rancie, que les Grecs
nommoiént axungion ou exyngion. Cependant par
la fuite ce mot a été adopté généralement pour défigner
indiftinClement toutes les efpèces de grailles
-fournies par les animaux 3 & c’èft en ce fens qu’on
le trouve fouvent employé dans les pharmacogra-
phes 5 mais nous n’adoptons pas çètte dénomination,
& nous renvoyons au mot Graisses Texpofition
des préparations & des propriétés de ces fubf-
tançes. .
Des pharmacographes amateurs du merveilleux,
ont donné le nom d3axonge à des fubftances très-
différentes de la graifle.Schroder dans fa pharmacopée,
fait mention de deux efpèces d’argile qu’il
nomme terres figillées d3Allemagne 3 Tune, dit-il,
qùe l’on nomme .(Irigienne 3 à caufe de la ville de
Striga en Siléfie, eft jaune, & on la nomme fouvent
moelle ou axonge du foleil, parce qif ajoute-t-il,
on croit qu’elle eft empreinte du foufre du foleil,
& propre aux maladies du coeur. L’autre efpèce
furnommée liguiene, eft encore appelle© axonge do
la lune, parce qu’on Ta cru pénétrée du foufre de
la lune , & que d’après cela on la regardoit comme
ëfficace dans les maladies de la tête, &c.
Gn a encore donné le nom d'axonge de verre ou
fleur de crijlalf à la.fubftance faline qui fumage les
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