
il lui donne Un volume un peu plus cônfidé-
rable, & elle prend une couleur jaune pâle à fon
difque, ce qui prouve que le gaz ammoniac eft en
partie inflammable. On verra par' la fuite qu’un
grand nombre de combinaifons ammoniacales font
combuftibles.
Le gaz ammoniac eft abfotbé par les corps poreux,
comme le charbon, l’éponge, 8cc.
M. Prieftley a découvert que l’étincelle électrique.,
tirée dans le gaz ammoniac, rend fon
volume trois fois plus confîdérable & eft dégage
du gaz hydrogène. Quoiqu’on ne connoiflfe pas encore
bien la caufe de ce changement, il paraît que
1 ammoniaque efl décompofée dans cette expérience
,’ & que les deux^ matières, qui la compo-
fent, comme on le verra dens le paragraphe fui-
yant, font feparees & miles dans l’état de fluide
elaftique, que chacune d’elles eft fufceptible de
prendre.
G’eft ainfi que l’éle&ricité agit fur l’eau, les
diffolutions de plulieurs acides, &c. ; elle détdm-
pofe ces corps & en dégage les principes fous
forme de gaz : on diroit qu’eivrompant le lien qui
les unit, elle fournit une quantité conlîdérable de
calorique & peut-être de lumière, ‘condenfés, qui
fondent tout-àccoup cés principes jufqu’à fétat
de gaz. Au refte, on reviendra fur cer objet , entièrement
nouveau en chimie, à l’article É l e c t
r i c i t é .
Le gaz ammoniac eft un de ces fluides que la
chaleur dilate le plus ; cette propriété eft une des
caufes fréquentés des détonations & fulminations
que produifent les compofés ammoniacaux.
L air athmofpherique ne fë combine point avec
ce gaz, il ne fait que l ’étendre & le divifer. On
n’a point examiné J’aClion de l’air vital fur ce
l'.'Y • «.J, ^ ,1 ic juiuic ue î eau par l union
de l’hydrogène, avec I’oxigène athmofphéri-
que : aucune expérience ne prouve encore directement
cette décompofition.
L eau abforbe promptement le gaz ammoniac
8r le condenfe. Si elle eft dans l’état de glace,
celle-ci fe fond fur le champ ; on v o it. la glace
remonter rapidement dans les cloches pleines de
ce gaz au-deffus du mercure ; en même temps-la
glace devient fluide, il fe produit du froid dans
cette expérience, tandis que le gaz ammoniac
s'échauffe avec l’eau fluide.
Ces différens réfultats font faciles à expliquer.
La glace, par fon attraction pour l’ammoniaque,
J’abforbe tout-à-coup; le calorique, qui abandonné
cet alcali dès qu’il devient liquide, eft
abforbé en même temps par la glace, qui elle-
même prend la forme liquide. Ainfi la combinaifon
d’ammoniaque & d’eau, tient pins de calorique
fixe que la glace a o. Mais elle ne peut en retenir
une certaine proportion ; aufli lorfcju'on reçoit
du gaz ammoniac dans de l'eau à 8 ou io degrés
de température, à mefure que l'ammoniaque fe
combine-en le conduifant dans l'eau , le calorique
qui fe dégage du premier de ces corps devient libre
, parce qu'il rie peut relier uni au compofé
des deux, à l'ammoniaque liquide, & l'eau dans
laquelle paflfe le gaz s'échauffe. Cell ce quon 'remarque
dans la préparation de l’ammoniaque.li-
qiude ; les bulles de gaz qu’on voit au fond de l'eaii
ciifparoiffent avant d'arriver au haut de ce liquide,
parce qu'elles s'y unifient & partagent fa liquidité!
Lorfque l'eau etvell faturée, les bulles la traver-
fent alors fans s y combiner, & on les voit crever
à la lurface du liquide. Cela eft fi confiant, que
lorfqu'on a mis plufieurs bouteilles de Woulfe les
unes après les autres , la première, après s'être
échauffée & avoir abforbé tout le gaz qu'elle peut
diffoudr©, préfente une forte ébullition, due au
gaz ammoniacal qui la traverfefans s'y difloudre;
• la fécondé s'échauffe bientôt a mefure que la première
fe refroidit j les btilles’ qui y arrivent s'v
diflqlyent, & une fois faturée à fon tour, c'ëft la
troifième qui préfente les phénomènes indiqués.
I Ainfi l'eau qui fe combine avec l'ammoniaque en
I dégagé le calorique qui tenoit cet alcali en état de
gaz, & e'ie eft la caufe de la chaleur qui fe développe
pendant cette combiriaifon;
L eau faturée du gaz ammoniac ou l'ammoniaque
liquide ,.eft ce.qu'on c.dnnoît dans les labora^
toires fous le nom d‘alcali volatil fluor, ou d'alcali
volatil cauflique. On a déjà dit que c’eft en-recevant
ce gaz dans de l'eau diftillée, & en en fatu-
rant ce liquide, que l'on prépare l'ammoniaque la
plus pure & la plus concentrée,
Le gaz ammoniac n'a point d'a&ion fenfibîé fur
les terres, ni fur les fubftances falino-ter^eufes.
II en a une très-vive fur les acides, & fur-tout fur
les acides gazeux auxquels il s'unit avec’ une
grande rapidité, 8c avec lefquels il forme' des Tels
neutres. 11 décompofe -les Tels neutres alumineux
& magnéfiens. 11 s’unit au foufre lorfqu’il le rencontre
en vapeur, 8c il forme un fulftire amrfio-
iuacal, qu’on a nommé liqueur fumante de i:oy!e;
P*oye% ce mot, ainfi que l’article SouEre.
L’aCtion du gaz ammoniac fur les matières métalliques,
n’a encore été que peu examinée; on fait
cependant qu’il convertit la furfacé du cuivre en
un oxide vert-bleu, ainfi queplufieurs autres
métaux ; 8c comme ce n’eft point à l’ammoniaque
elle-meme contenue dans le gaz ammoniac, qtfoh
peut attribuer cette propriété, on a penfé avec
raifon que c’éroit à l’eau diffoute dans Ce iaz qu’elle'devait être due. En effet, c’eft une chofe
très - connue & très- bien prouvée aujourd’hui,
que tous les gaz tiennent plus ou moins d’eaü en
difiolution ; c’qft fut-tout dans les gaz falins que
cette eau vaporifée 8c partageant leur état fluide
elaftique doit être en plus.grande quantité. Cn
verra d ailleurs dans un inftant que l’ammoniaque
liquide produit plufieurs effets qui ne font dus
qu’à la préfence d e l’eaii, tels fur-tout que des
efpèces de c.ombnftion 8c d’oxidation.
Le gaz ammoniac agit très-rapidement fur la
plupart des-o-xides métalliques, 8c fur-rtpiit. fur
ceux de mercure, de-plomb, de cuivre, d’argent,
d’or 8ç de platine., ion action générale fe fait
remarquer par la. décompofition de ces oxides 8c
par leur rapprochement de l’état métallique. Il
éprouve lui-même une décompofition , il fe forme
de l’eau &■ quelquefois de l’acide nitrique dans
ces expériences. Tout: cela-fera expliqué dans le
paragraphe fia vaut, où l’on s’occupera d.e la nature
intime de.l’ammoniaque._H eft de même facile de
concevoir, d’après cette première aCtion connue,
comment le gaz ammoniac fe comporte avec les
diffolutions métalliques, qu'en général il décompofe,
& dont il rapproche les oxides de l’état métallique
à mefure qu’il les .précipite. Souvent auffr
l’ammoniaque, précipitée du gaz par le contait
des diffolutions métalliques, ne décompofe qu’en
partie ces diffolutions& forme, .avec une de
leurs portions des fels triples à double bafe métallique
8c ammoniacale:. ( Voyt-ç l’article I ri -
sules 8c Mercure )
Legaz ammoniac n’a en général que peu d’action
fur les matières végétales; il eft'cependant
abforbé parles huiles qu’il rapproche de l’état fa-
voneux & par l’alcool, avec lequel il fe combine 1
fans décompofition. II y a peu de combinaifons
connues-'entre ce.gaz 8cles matières animales; i l :
•paraît feulement en retarder la décompofition
fpontanép .ou la putréfaétion, au lieu de l’accélé- i
rer, comme on l'avoit penfé autrefois, d’après
des expériences illufoires.
Dans toutes lès délions ouïes combinaifons du
gaz .ammoniac, dont il vient d’être queftion, on
voit en- général ce gaz perdre la forme de fluide-
elaftique, fe fixer, partager la liquidité de cer-1
taines fubftances, 8c la (olidite de quelques-unes;
cette fixation , cette condenfation ne.-peut pas
avoir lieu fans .qu’il fe dégage une quantité plus
ou moins grande, de calorique, fuivant la dote dp
ce corps que-peut retenir le nouveau compofé qui
réfulte de.cettefixa-tion .de l’ammoniaque. 1 elle
eft quelquefois j la. quan tité de calorique , dégagé.
dans ces combinaifons, que les matières s’échauffent
au point de prendre prefquélfeù, 8c que quelques
unes même préfentent de la flamme, comme,
par exemple , la combinaifon du gaz ammoniac
avec le gaz acide muriatique oxi^ené ; mais dans
-ce cas, l’ammoniaque eft décompofée 8c ne refte
point dans fon état d’ammoniaque ou d'alcali.
Si l’on confidère enluite les propriétés.de ce fell
dans l’état liquide, c’eft-à-dire^de l’eau faturée:
de gaz ammoniac , qui forme l'alcali volatil caufti-
que des laboratoire* , 8c que nous défignons par le
fitnple nom d’ammoniaque,- parce que c’eit fous
cette forme que cèttè efpèce-de fel eft confervée
& prefque toujoursïemployéé dans les laboratoires
chimie, on y reconnoïtra en général les mêmes
propriétés, excepté qu’elles font en général dans
un degré plus,marqué ; mais de ce que l’ammoniaque
unie ici à l’eau ferr.ble avoir déjà fatisfait une partie
de fa tendance à la combinaifon, il ne faut
point en conclure trop généralement, que cet alcali
volatil liquide n’a pas la mêmé aélion, la même
énergie fous cette forme que dans l’état de gaz.
L’expérience montre- que fouvent cette énergie
eft. plus grande dans l’ammoniaque que1 dans le^gaz
ammoniac. Quelques réflexions feront connoître
la caufe de ce phénomène. D’abqrdfi l’on trouve,
par le raifonnement que l’eau, en abordant le gaz
ammoniac, a dû épuifer une partie de fon attraction
par fa combinaifon même, pourquoi ne re-
garderoit-on pas l'union de ce fel avec le calorique,
qui le met dans l’état de gaz, comme employant
de même une portion de fa force combinatoire,
de- fon attraction ? Cn connoît plufieurs cotps
gazeux qui s'unifient moins bjen fous cette forme
que dans l’état. liquide ; ainfi quoiqu’il foit très
vrai en général que plus l’asgrégatipn eft foible
dans; les corps Se plus leur force de combinaifon
eft grande, il exifte beaucoup de circonftances où
la fufion des. corps dans le calorique s'oppofe à
leur combinaifon avec d’autres corps, par la force
qui les. tient dans cet état de difiolution aériforme.
L’ammoniaque combinée avec l’eau y eft beaucoup1
plus condenfée, beaucoup plus faline en
quelque forte que dans l’état de gaz, & comme
les matières falines agiffent fouvent d’autant plus
qu’elles font plus concentrées, fur une foule de
fubftances, la forme liquide favorife cette aélion
dans l’ammoniaque, enfin-l’eau elle-même exerce
fon attraâion en même-temps que l’ammoniaque,
fur beaucoup de corps, & c’eft encore là une des
caufes de la grande aCtion que préfente l'ammoniaque
liquide, comparativement à celle qu’offre
le gaz ammoniac..- lD’après ces réflexions -générales
, on. conçoit qu’il eft néceflaire de parler
: des -propriétés chimiques de l’ammoniaque liquide,
après avoir expofé celle du gaz ammoniac, oc
d'infifter fur-tout fur les différences que cet état
.fait naître dans fes a étions fur les corps. ,
' L’ammoniaque liquide, contenue,, commeil a été
-dit dans les flacons d’un laboratoire, eft blanche,
fans couleur,- femblable à de l’eau ; mais fa pe-
fanteur eft moins grande que celle de l’eau dif-
. tiliée. Suivant les expériences de M. BrilTon ,
l’eau diftillée pefant io ,o co , l'ammoniaque ne
.pèfe que 8,970*, de forte qu’un pouce cube de
ce liquide, pèferquatre gros quarante-fept graihs,
. & un pied cube foixante-deux livres, douze on-
:ces, cinq gros, neuf grains. Mais je penfe que
M. Griffon ne s’eft pas procuré l’ammoniaque la plus
forte 8z.la -plus concentrée, dont j’eftime le poids
à très-peu plus que 8,000,1 eau donnant 10,00©.
L’odeur vive que nous avons déjà indiquée dans
ce liquide, dépend de ce que l’ammoniaque tend
fans ceffe à fe dégager de l’eau, 8c de ce que la
.portion qui s’ en dégage vient frapper les nerfs