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tourner les pièces de toiles gârancées, après y
àvoir ajoute 7a quantité convenable d’eaù.
Le procédé s’exécute fur des toiles qui ne doivent
point être expofées fur le pré0 bu qui , après
avoir été traitées à la manière ordinaire , doivent
feulement être achevées par l’aétion de la liqueur.
Dans le premier cas s on paffe les toiles au fon
deux fois après le garançage j mais la fécondé
fois, on ajouté au bain de fon une certaine quanx
tiré de favon, enfui te on leur fait fubir une im-
merfîon dans la liqueur, après cela, on les palTe
encore au fon & au favon ,' & on achève par une
dernière immerfion j mais l’on ne parvient pas
par ce moyen a donner à leur fond un blanc auffi
beau que par l’expofition fur le pré, de forte que
l’on ne fait ufage de cè procédé que pendant l’hiver
, ou lorfqu’il faut fatisfaire à des demandes
prelfées.
Lorfque les toiles imprimées ont été traitées par
le procédé ordinaire , on lés finit très-bien avec
la liqueur , & l’on fe fert à préfent de cette méthode
mixte , foit en été., foit en hiver 3 pour la
plus grande partie des toiles qui n’ont pas des couleurs
qui puilfent être altérées facilement par la liqueur.
Écoutons d’abord M. Widmer fur les attentions
qu’exige le procédé.
« Lorfqué les'toiles que- l’oh veut foumettre à
l’a&ion de la liqueur font fortes en couleur3 j’augmente
l’énergie de la liqueur , en y ajoutant de
l’acide muriatique oxigene ; fi au contraire les couleurs
font foîbîeSy & fi‘elles n’ ont rien à perdre ,-
quoique leur'fond ne foit pas blanc 3 j’affoibîis l’action
de la liqueur 3 ou pour mieux dire , je la ral-
lentis en.l’alcalifant davantage. Alors les couleurs,
.ne font point du tout ou du moins ne font que
très-peu altérées, & cependant le fond blanchit,
mais.très-lentement, j ’ai toujours remarqué que ,
lorfqu’on veut porter la liqueur a une force telle,
què fon aétion foit très-prompte, on étoit fujet a
fe tromper & à trop altérer les couleurs, fans rendre
le fond de la toile blanc , en proportion dè ce
qu’on fait perdre aux couleurs. Aufïi je modifie la
liqueur, de manière que je puifle y laifler les toiles
au moins une heure à une heure & demie , &
fi j’avois fuffifamment de cuves, je la modifierais
au point que je pulfe lailfer les toiles environ douze
heures, ce qui mè paroîtroit préférable. Je ne
fais pas mouliner les toiles continuellement, parce
que cela occafionne une évaporation qui affoiblit
trop promptement la liqueur. J'ai foin de ne pas
mettre trop de toiles à la fois dans la cuve ,- afin
quelles foient bien à l’aife. ( i ) Le noir les
couleurs qui en dérivent, quand elles font bien im-
priméés & bien garancées , ne font pas plus attaquables
par la liqueur à blanchir que les rouges ;
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mais leur folldité dépend de plufièurs ci rçon fiances;
J’ai toujours obfervé quéle mordant1 dû noir ne fé
combinoit pas Ji facilement avec les toiles , que le
mordant du rouge', ce qui paroît prouver que
fon affinité avec la toile eft moindre que celle de
l’alumine > mais lorfque le noir s’altère facilement,
cet accident provient prefque toujours de èe qué
l’imprimeur a employé fa couleur un peu trop léché
, ou qu’il a lai fie fécher fon chaffis ou même là
couleur après la planché j de forte que lorfqu’il
« l’applique fur la toile, elle fe trouve collée & non
combinée'avec elle, ou feulement en petite quantité.
Il arrive alors que dans les bains de bouze de
vache & dans les lavages qu’on fait fubir aux toiles
avant le garançage, &: dans celui-ci même, les
parties du mordant qui métoiënt pas bien imprégnées
dans la toile, mais feulement collées defliis,
fe détachent, & .ne laifient que peu de mordant,
qui par conséquent ne donne qu’une nuance foible,
& qui peut être altérée facilement. Cet inconvénient
a fur-tout lieu , quand il fait de grandes fé-
ehereffes accompagnées de haie : on l’obferve aijfli
quelquefois avec lé mordant rouge , mais bien rarement.
J’ ai éprouvé différentes fois que dans les couleurs
qui avoient été altérées , & même en parties
détruites parl’aétion de la liqueur, les mordans
n’étoient point du tout attaqués , puifqu’en
garançant les toiles dont les couleurs avoient en
partie difparu, la matière colorante de la garance
-le fixoit comme auparavant , & que les fécondés,
couleurs étoient auffi belles & avoient autant de
folidité que les premièrés.
; Ce que je defirerôis für-tout pour la perfection de
ce procédé, ce feroit un agent qui indiquât en,
même-temps la force-acide & la force alcaline de
la liqueur j je pourrois alors facilement confier à,
un ouvrier le blanchiment des toiles peintes, au
lieu qu’aétuellemen&jè fuis obligé de furveiller continuellement
moi-même ces opérations.
Il m’eft arrivé de me fervir pour préparér la li-
qaeur, de potafie qui étoit tombée en déliquescence
à l’air, & j’ai éprouvé qu’alors la liqueur
jaunifioit beaucoup plus les rouges, mais que le
noir y. réfiftoit plus long-temps.
L’on a obfervé (Comme vous, Moniteur,, que
les couleurs qui font dues àlagaude, ne pouvoient
pas foutenir l’aétion de la liqueur > mais M. Widmer
imagina qu’en affoibliffant l’énergie du gaz
acide muriatique oxigene par fa combinaifon avec
1 urine, il pourvoit en'conserver encore alfez pour
détruire la couleur du fond, fans* attaquer celle,
qui eft fixée par les mordans. L’épreuve parut,
réuffir y mais le fond qui au fortir de cette liqueur,
étenduexle io à 12parties d’eau, fembloitblanc,
reprit une teinte jaune par la déification. Nous exa-
( 1 ) Lorfque l’alcali fe trouve en excès trop confidérable dans la liqueur dont on fait ufagé pour la rétablir par l’infufîon de l’acide
muriatique oxigené, on remet le réfidu dans le récipient , & on l’imprègne de nouveau gaz , de forte qu’on fait feryir la liqueur
j.ufqu’à ce qu’elle foit chargée ; de parties colorantes dont la liqueur a été détruite , 8c qui fe font combinées ayec l’alcali.
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minâmes enfemble ce phénomène, Sc nous apper-
çùmes que l’on pouvoit détruire parfaitement le
fond jaune fans nuire-aux couleurs fixées, fi l’on
fe fervoit, foit pouf mêler à la liqueur, foit pour
laver la toile d’eau,qui ne 'contînt pas de fèls à bafe
terreufe, mais que ces fels- étant décompofés par
lès parties colorantes de la gaude, celles-ci fe fi-
xoient par le moyen de la terre, & ne pouvoient
être détruites par la liqueur. Nous n’avons pu
vaincre cet obfiacle ; mais je préfume que cetfe liqueur
pourra être utile pour quelques teintures, &
d’autres épreuves donnent à M. Widmer- Tempérance
de pouvoir'employer l’acide muriatique oxigené
pour les toiles qui ont fubi le gaudage..
Vous refufez votre affentiment à l’obfervation
de M. Decroizille,,dont j’ai parlé relativement à
l’effet fur l’acide muriatique oxigené. Lorfque le
coton a déjà fubi un autre blanchiment, il ne doit
plus être traité qu’avec beaucoup de circonfpec-
tion par cette liqueur, qui alors peut l’altérer &
même le détruire.
Les toiles dë coton blanchies par l’acide muriatique
oxigené, préfehtent avec celles qui ont fubi
le blanchiment ordinaire, une différence qui les
fait diftinguèr fûrenient par le feul ç.oiitaéf, même
après qu’elles font imprimées, & M. Oberkampf
y trouve un tel avantage, foit par la perfection au
blanc qui influe fur les'couleurs .qu’on leur donne
enfuite, ainfi que vous l’obfçrvez, , foit pour la
qualité de la toile, qu’il préfère celles qui ont été.
blanchies de çette manière, quoique jufqu’à préfent
le prix de ce blanchiment .ait été pour lui fu-
' .périeur à celui du blanc ordinaire. L’on- va voir
quelques obfervations de M. Widmer fur cet objet
' ; | I m !
« J’ai blanchi l'éte dernier par l’acide muriatique
oxigené environ 200 pièces de toile mixte de
lin & de coton écrue. Je les ai fait imprimer avec
une pareille quantité de même toile, mais qui avoit
été blanchie par le procédé ordinaire. J’ai chaque
fois fait garancer nombre égal des deux efpèces de
toiles j & leur ai toujours fait fubir enfemble les
différentes opérations. J’ ai conftamment éprouvé
que les pièces qui avoient été.blanchies avant l’im-
preffiôn par le nouveau procédé, étoient après
avoir été garancées, beaucoup plus blanches que
les autres & les couleurs toujours plus vives &
beaucoup plus fortes. Nous fûmes même toujours j
obligés d’affoiblir les couleurs par la liqueur foi- j
blemènt alcalifée. Cette méthode préfente donc '
un grand avantage fur l’autre, puifque les toiles j
blanchiffent plus facilement au fortir de lagarance,
qu’on peut donner un blanc beaucoup «plus beau
aux fonds, & que les couleurs fixées par les mordans,
y font retenues avec plus de force que fur
celles qui font blanchies par l’ancien procédé. Je
ferois tenté de croire que par l’ancienne manière
de blanchir les toiles écrues, les parties colorantes
ue font pas parfaitement détruites, ou que les parties
oxigenées ne font pas entièrement enlevées de
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dedans les toiles où elles forment une efpèce d’enduit
autour de leurs fibres, lequel fe combine lui-
même avec les parties colorantes en leur donnant
un fond fauve, & les empêche de fe fixer auffi fortement
que fur les toiles qui ont été préalablement
bien blanchies. J ai obfervé un phénpmène qui a
beaucoup fixé mon attention, & qni, me femble
être bien d’accord avec cette théorie. On le remarque
fur- tout après que les toiiesont pafie deux
-fois au fon j les couleurs de celles qui ont été blanchies
avant 1 immerfion par l’ancienne méthode,
font fenfiblement plus terreyfes, plus ternes & plus
fales que celles dés autres. ' .
Vos expériences, Monfieur, & celles de M. Vid-
mer, ont. déjà porte bien loin le procédé dont vous
vous êtes occupé. Puifient tous ceux qui exercent
une induftrie éclairée, confidérer leurs découvertes
& leurs obfervations, comme un tribut qu’il
ett glorieux de payer aux fciences & aux arts.
Addition aux lettres de M. Haujfmann a M. Btrthol-
let. Ann. de chim. T. 12. p. 141.
Pour ne pas nuire à l’attraélion des parties cor
lorantes de la garance ou autre fubftance employée
à la teinture, il faut abfolument, avant de teindre
les toiles -de coton ou de. lin imprimées avec des
mordans, les débarrafier de. toutes les parties fali-
nesrOn parvient à ce but, en tenant long-temps
dans de l’éau courante les pièces qui fortent de
l’impreffion, ou en les faifant paffer l ’une après
l autre dans une chaudière d’eau bouillante. L ’ex-
pofition dans, une eau courante n’emporte pas toujours,
fur taut en hiver, & lorfque les toiles font
fines & ferrées, toutes les parties falines qui font
opiniâtrement retenues parla gomme & par l’amidon
dont.on fefert pour épaiffirles mordans, &
la fimple ébullition dans l’eau fait que les parties
falines, qui confiftent principalement en acétite
de fer & en acétite d’alumine, laifient évaporer
une partie de leur aci.de, & dépofent fur la fur fa ce
des toiles une portion d’alumine & d’oxide de fer,
par le moyen defquels les objets blancs fefalifient
dans la teinture , & fe rebîanchiffent plus ou
moins difficilement. On remédie à cet inconvénient,
en ajoutant a l’eau bouillante de la bouze
de vache.
Après avoir tenté plufièurs autres ingrédiens ,
pour les fubftituer à la bouze de vache, j’ai ef-
layé le carbonate de chaux ou la craie pilée, &•’
quoique j’aye laifféà l’acide acéteux tout le temps
de s’évaporer par une déification complette, & par
un repos de plufièurs jours, il refioit néanmoins
encore alfez de cet acide, pour former dans les
mordans avec la craie de l’acétite dè chaux , qui
au moyen de là chaleur de l’eau bouillante, s’eft
infinué entre la'furface de la toile & l’alumine , a
affoibli l ’adhérence* de l’alumine & l’a enlevée.
Les premières pièces que l’on y a pafiees , n’ont
pas perdu beaucoup de l’intenfité de la couleur que