
8 À L A
matières donne une pâte fine & qui fournit un
vafe compact & fans de grands pores , comme;
la plupart de çes vaiffeaux ; leur mélangé exaCfcfait
une pâte identique dans toutes fes partiès , &
quand elle eft cuite , elle eft moins fujette
à caffer. Une jufte proportion donne un léger
degré de fufibilité , par lequel les molécules de la
matière fe collent , s'unifient plus intimement,
8c il en réfulte des vafes plus oenfes. 11 faut bien
prendre garde de pouffer cette, propriété trop
loin 3 car il fe formeroit une efpèce de verre qui
feroittrop fragile : la cuiffon confifte dans un degré
moyen ; trop forte elle rend les vafes caffans, &
trop foible elle les jaifie- poreux : c’eft ce dernier
défaut qui eft lewplus (Commun dans ces vaiffeaux.
. Ces alambics font employés à plufieurs ufages
particuliers , 8c fur-tout à diftiller des matières
qui ne s’élèvent point en vapeurs à la chaleur de
l’eau bouillante , tels que les acides, &c. C ’eft
toujours ou prefque toujours à la chaleur du bain
de fable qu’on les expofe. Il y a quelquefois de
l’avantage à s’en fervir en place de corniies ,
quand ils font bons 3 8c qu’ils retiennent l’air
comprimé 3 pour faire des acides , 8c fur-tout de:
l’ammoniaque , parce qu’elles_peuvent fervir plu-
fieurs fois, en préfentaot la facilité de retirer le
réfidu de l’opération, tandis qu’on eft obligé de
caffer les corniies à chaque diftillation. A l’article
Instrumens , on indiquera les-moyens de fabriquer
des alambics de terre meilleurs que ceux qu’on
vend à Paris ; car dans de grands travaux chimiques,
il y a beaucoup d’avantages à préparer foi-même,
les inftrumens.
Les alambics de ver,re reffemblent parfaitement
à ceux que l’on vient de décrire ; ils en ont tous
les inconvéniens , & ils n’en diffèrent que parce,
qu’ils font tout en verre> ils ont cependant un
grand inconvénient de plus qu’eux, c’eft qu’ils font
extrêmement épais, & qu’ ils portent à leur fond
quatre pontis qui ne permettent pas d’élever leur
température beaucoup au-deffus de l’eau bouillante,
aufli eft-ce'prefque toujours au bain-marie qu’on
les expofe.On s’en fert cependant quelquefois pour
faire des fublimations de matières qui demandent
pour cela une chaleur plus forte que l’eau
bouillante ; mais il eft bien rare que ces vaiffeaux
foient confervés. On peut cependant les expofer au
bain de fable, en modérant la chaleur. Nous n’in^
lifterons pas davantage fur les ufages de chacun de
ces vafes*, ils feront énoncés dans les opérations
où ils fervent ( i) . ( M . Vauquelin. )
A L AN A ( Pharmacie.') Les anciens défignoient
foUs ce nom , une efpèce de terre que l’on tiroit
d’Alana , ville d'Egypte. Paul d’Egine , ,dans fon
catalogue des fubftances médicamenteufes, indique
A L A
fous le nom Ühlàna bolus, ou alana terra, line efpèce
de bol ou terre tiolaire, à laquelle il attribué
les..mêmes propriétés qu’au bol d’Arménie,: on
trouve encore aujourd’hui dans le commerce ,
fous le nom d’alarra , mais plus ordinairement fous
celui de tripoli, une efpèce de pierre légère tendre
, tirant fur le rouge , & qui paroît avoir'; été
touchée par le feu. des volcans, bu quel qu’autre^
feu fouterrain.
Des écrivains qui attribuent à toutes les fubftances
de la nature quelques propriétés médici-:
nales, n’ont pas héfîté de dire qued’alana ou tripoli
étoit déterfif , déficatif, aftringent ; mais
cette terre n’eft d’aucun ufage en médecine ; placeurs'
ouvriers l’employent pour polir leurs ouvrages
, & èlle ne peut fervir en pharmacie, qu’à
aétoyer les .mortiers; I Rj
ALATERNE . ( Pharmacie. ) Rkamnus Alater-
nus Linnéi. G’eft un charmant arbriffeau toujours
v e r t, qui eft fouvent à feuilles joliment pana-,
chées , plus propre à décorer les jardins des
curieux, qu’à fournir de médicamens les'pharmaciens.
Les anciens firrvpliciftesc affurent que les
feuilles & Ies jèunesi branches'de l’alaterne font
déterfives , rafraîchiffantes &: aftringenteis ; on en
prefcrit l’infufion.en gargarifme pour les înflamma-
tionsde la,bouche& l’angine. Ses baies font modérément
aftringentes, la décoCtion de fa racine a été
ïmife en ufage par quelques-uns contre la' vérole.
lrLe bois peut fervir à faire de jolis ouvrages d’é-
ibénifterie. On employé en Portugal la dëcôüftion
de l’écorce pour colorer les bois ;.les feuilles 8c
les jeûnes branches doivent être recueillies pour
l’ufage de la médecine, en juin , juillet 8c août.
Nous cultivons l’alaterne à feùilles panachées depuis
long-tems dans notre iardin botanique nous
ne l’avons vu fleurir qu’ une fpis , il a donné des
baies rouges, folitaires. Il faut encaiffer cet ar-
briffeau l’hiver, & le renfermer dans une orangerie
? il eft indigène' à toute l’Europe auftrale, la culture
n’en eft pas difficile. ( M. W iIlemet. )
A L A T IO N , ou encore mieux H A L A Ï IO N ,
( Pharmacie.) mot grec, 8c adopté par quelques
anciens médecins &; pharmacôlogiftes, pour dé-
figner une efpèce derémède compofé de fel 8c
de fubftances. aromatiques^ Voye^ à la lettre if*
pour ce mot & quelques autres analogues.
A LAU RA T A LG A LÏC {Pharmacie.) Dénomination
des arabiftes pour défigner le nitre ou ni?
trate de potaffe. ( Ruland. )
. ALBA T E C H A , A LB A T E CH E , 8c queL
quefois B A TE CHA . ( •Pharmacie. ) “Dénominafi)
On n’â point indiqué de figures dans cet article, parce qu’elles le font déjà daiis_cçlui de M. Guvton ; 8cfur-tout parce
iu*on en trouvera une explication détaillée dans le volume des planches. Il faut confulter la divifipn des planches^de chimie,
qui a pour titre ; Inftrumens & fourneaux.
A L B A' L B 9
tiotï‘employée par Mefué , 8c que l’on retrouve
dans un grand nombre d’écrivains Arabifteis 8c
d’anciens difpenfaires , pour défigner une des quatre
grandes femences froides ; c’eft félon Joubert,
Bauderon, & le plus grand nombre des Pharmaco-
graphes , la femencëdu mèlon, 8c fuivant Jacques
Monard, celle dé concombre.
ALBATRE. En,confidérant chimiquement l’albâtre
, on reCônnoîc que les deux efpèces qu’on
diftingue en minéralogie, font aufli deux efpèces
de compofés diftinCfcs. L’ albâtre-proprement dit,
eft du carbonate de chaux 5 l’albâtre gypfeux eft
du fulfate de chaux. Ces deux Tels terreux n’ont
de particulier ", & ne diffèrent d’avec les autres efpèces
ou variétés connues &diftinguées par lés mi-
néralogiftes, que parla forme 8c par le tifiu. .Souvent
l’une & l’autre efpèce d’albâtre'eft mêlée 8c tâchée i
par des oxides de fer ; lè premier donne de la '
chaux vive 8c le fécond du plâtre, cuit par l’a&ion
du feu. Les ouvragés , les vafes , les ftatues fabriquées
avec ces deux efpèces d’albâtre , doivent
être foigneufement garantis dii contai: des acides.
Ils font très-tendres^ & fe rayent par les‘pierres
dures ^ les métaux, le frottement réciproque ; un
coup brufque, une chute ou un choc quelconque
les brife facilement. On en fait aifément l’a-
nalyfepar l’eau qui enfépare quelquesTels lolubles
îorfqu’ils en contiennent, par le feu qu f donne
dans chacun un produit calciné différent, par le
charbon qui réduit l’albâtre gypfeux en un fulfure,
8c qui ne produit rien fur l’albâtre calciné, parles
acides qui diffolvent facilement ce dernier avec
effervefcence 8c qui ne font ordinairement rien
fur l’albâtre gypfeux. Voye^ les mots CARBONATE
de chaux & Sulfate de chaux. .
ALBATRE. (Pharm.) Cette pierre dont on diftingue
aujourd’hui deux efpèces , l’une gypfeufe,
l’autre calcaire, a été employée comme médicament
, 8c eft encore inferite dans quelques difpenfaires
modernes , au nombre des fubftances
officinales. Les anciens faifoient ufage de l’albâtre
non-feulement à l’extérieur, mais encore pour l’intérieur,
8c ils ne l’employoient jamais qu’après
l ’avoir expofé plus ou moins long-temps à 1’aCtion
du feu 5 de forte que par cette préparation , l’albâtre
approchoit plus ou moins de l’état de chaux
ou dé plâtre, ce qui dépendoit de la nature de
fes parties conftituantes , & du dégré de feu auquel
il avoit été expofé j cependant fuivant Galien
8c Paul d’Egine, quelques-uns donnoient l’albâtre
brûlé 8c délayé dans une boifîbn , à ceux qui
étoient fujets aux maux d’eftomac: Etmuller, dans
fes notes fur la pharmacopée de Schroder , ne
craint pas même de dire que l’albâtre brûlé ou calciné
, a les mêmes vertus que le plâtre, 8c que
pris à la dofe d’une once, il eft un Temède éprouvé
pour arrêter la dyfenterie f mais c’eft principale-
meat contre les maladies externes , 8c comme, tor
Chimie. Tome IL
pique , que l’albâtre a été employé. Diofcoride ,
8c après lui Oribafe, difent-que l’albâtre brûlé 8c
mêlé avec, de la réfine ou de la poix, amollit &
diffout toutes les duretés ; qu’incorporé avec du cé-
rat& appliqué fur la région de l’eftomac , il modéré
les douleurs de ce vifeère , qu’il fortifie les gencives;
on a fait aufli avec l’albâtre un onguent qui fe
trouve décrit dans plufieurs pharmacopées fous le
nom à’onguent d'albâtre , • ou onguent alabafirin.
Jean Langius , qui vantoit beaucoup cet onguent
contre toutes les affections inflammatoires 8c dou-
loureufes , qui le regardoit fur-tout comme très-
efficace dans les maladies des yeux , 8c qui s’en
étoit fervi avec fuccès dans une bleffure^grave dé
l’oe i l , donne, d’après Benevenutus , la formule
fuivante pour la compbfition de cet onguent. -
Prenez albâtre en poudre fine
Huile rofat de Méfué,
Cire neüve ,
Vin blanc odorant,
fleur de camomille, ■
Tiges de ronce,
Rhue ,
Fenouil,
2 livres.
1 livres'. -
2 onces. ,
8 livres.
i livre.
i poignée & demf
4 poignées.
4 onces.
Après avoir pilé les herbes, faites bouillir le
tout dans un vafë de verre fur un feu doux jufqu’à
la confomption du vin ; alors verfez le tout dans
un mortier chaud, ajoutez-y douze blancs d’oeufs,
8c broyez toute cette màfle pendant huit heures.
Après ce temps êyprimez fortement à travers un
gros linge, 8c lorfque l’onguent'eft refroidi, s’il y
'éft refté quelque humidité, elle s’amaffera au bas,
8c on la féparera.
Langius ne bornoit pas I’ ufage de cet onguent
aux affections externes, il le recommandoit aufli en
forme de bols, contre la toux, la colique ; il s’en
fervoit encore pour faire des frictions dans les douleurs
arthritiques 3 ,8cc. Cependant malgré tant
d’éloges, cet onguent.n’eft plus employé aujourd’hui.
Lemery ' & quelques autres pharmacographes,
donnent une autre formule pour la compofition
de l’onguent alabaftrin ; mais ces préparations ne
font point employées de nos jours, & fi l’albâtre
pouvoir avoir quelque propriété dans un onguent,
il feroit infiniment plus fimpîe de le réduire en
poudre très-fine , 8c de l’incorporer avec un cérat
ou quelque autre compofition analogue.-
11 ne faut pas confondre avec l’onguent alabaftrin
, une autre compofition décrite par Nie..
Myrepfus, fous le nom d‘onguent alabaftron : dans
cet onguent, décrit par Myrepfus, il n’entr©
point d’albâtre, il fe prépare feulement avec une
décoCÜon de plufieurs plantes mucilagineufes y
amères, aftringentes , aromatiques , auxquelles
on ajoute des graiffes, plufieurs fortes de réfines,
& que l’on fait bouillir jufqu’à l’évaporation-
de tout-e humidité y il eft vraifemblable que cet
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