mélanges , ou plutôt ces combinaifons complexes,
ont tous les jours lieu dans la pharmacie & dans
les arts : il eft cependant très - vraifemblable que
les différens degrés d’affinités qui exigent entre
les refînes diverfes & l'alcool; doivent influer fur la
manière dont elles fe diffolvent les unes par rapport
aux autres , quand on les préfente enfem-
ble à Ta&ion de ce diffolvant j M. Tartelin eft
le feul chimifte qui ait commence un travail fur
cet objet. Il en a donné les réfukats. dans un Mémoire
inféré parmi ceux de l'académie de Dijon
(année 1783. p. 1 .) Pour déterminer les degrés
d’affinité de l’alcool pour les divers corps rélïneux ,
M . Tartelin n’a pas cm pouvoir fe fervir de la
diffolubilité compofée de ces corps tels qu’ils font
'dans le commerce, à caule des impuretés qui les
accompagnent j mais il a pris des alcools réfîneux
faturés de chacune des réfînes ; il en a évaporé des
quantités égales ; & il a jugé par celle du produit
obtenu du degré d’affinité qui exifte entre
elles 8c l’alcool. Cependant il eft plus exaêt de
défîgner les réfultats par le nom de degrés
de diffolubilité ^ que par celui d’affinité ; parce
qu’il eft poffible qu’une réfîne diffoluble en moindre
quantité qu’une autre-dans l’alcool; ait cependant
plus d’adhérence pour lui. Voici ce qu’a trouvé
M. 1 artelip fur les diffolutions fatürées de vingt-
cinq réfînes dont il a évaporé deux onces.
T a b l e des quantités de réfînes diffoütes par V alcool 3
& obtenues par L*évaporation de cetté'liqueur.
Alcools réfîneux d’aloès...............
rdvaporarion.
-de réfîne de gayac..
-de benjoin en larmes
“ én fortes.
“ d’affa foetida.............
“ de faiidara
.288sraiPs-
.168
! l5 4
; i 4S
>144
.142
“ de refîne de jalap,.
•de baume en coque
■ de gomme gutte...........
. I08
de réfîne de fcammonée. 104
de baume de tolu-...
de fangdragon...........
de myrrhe................
de gomme élémi.-..
92
de gomme ammoniaque.
84
•de galbanum..
7?
‘d’oliban.........
76
“ de fagapenum. . . ■ .
74
“ de bdelfium........
-d’euphorbe...............
72
-de fuccin . , . . . . . . , . .
60
-d ’opopànax . . . . . . . .
-de la tacamaque........
“ de bitume de judée.,
“ de charbon de terre.,
24
Le travail dont cette table offre le réfultat ; eft
fans doute bien loin de répondre encore exaéte-
ment à ce qu’on doit defîrer fur les attrapions
des alcools pour les réfînes j il auroit fallu déterminer
comment elles fe comportent toutes réci-
proquement avec ce diffolvant. C e n’eft pas que
M. Tartelin n’ait eu auffi cette idée ; mais il n’a
pas fait un affez grand nombre d’expériences pour
y parvenir.
Sans doute c’eft à cet ordre des affinités que
uent le phénomène de précipitation des alcools
refîneux ; qui fe préfënte fouvent quand on les
mele les uns avec les autres. Les obfervations de
M. 1 artèlin fur cet objet doivent être citées ici.
Il eft probable ; dit-il dans l’endroit indiqué que
cette précipitation n’a lieu qu’à raifon des différentes
affinités des réfînes avec l’alcool. Après
avoir donné les réfultats de les effais compris
dans la table que nous avons préfentée d’après
lui ; il ajoute les confîdérations fuivantes. 3» On
voit par les détails de cette table 3 que Talées eft
de toutes les réfînes que j’ai éprouvées } celle
qui a le plus d’affinité avec T alcool; & le bitume
celle qui en a le moins. Il y auroit eu de la précipitation
a en conclure que dans le mélange de
ces différentes teintures ; le précipité ; lorfqu’il
auroit lieu ; devoit fe faire aux (dépens de celle
qui avoit le moins d’affinité avec l’alcool j en
effet ce menftrue étant; faturé dans Tune 8c dans
1 autre des teintures ; neparbiffoit pas devoir abandonner
une des deux fubftances qu’il tënôit en
diffolution. L’expérience feule pouvoit m’éclairer
fur cet objet ; 8c voici quels en ont été les
réfultats.
33 de fis plufîeurs mélanges de ces • teintures ; 8c
je trouvai que toutes celles des fubftances réfir
rçeufes ; dont l’affinité avec l’alcool étoit égale ,
ne donnoient aucun précipité lorfqu’on les mêloit 5
que le mélange donnoit un précipité d’autant plus
abondant; qu il y avoit plus de différence entre
là diffolubilité de çes fubftances j qq’ainfi le phév
nomène. do la précipitation étoit réellement con-
féquent aux différens degrés d’affinités des réfines
avec l’alcool. ^
” Il me feftoit à reconnoître fi ces précipités
etoient compofés d une feule des réfînes diffoutes
01^ de toutes j.es deux. Le réfultat de. mes expériences
ne m autorife pas à prononcer affirmativement
fur cet objet intéreflant. Je me propofe
de les réitérer; de les multiplier de manière à
pouvoir faire ceffer toute indécifîon 5 mais en
attendant je vais rendre compte d.e ce que j’ai
obfervé. J’ai mélangé des teintures de réfines
odorantes 8c de réfines inodores > d.e diffolubilités
différentes ;•-& qui de voient 3 fuivant mes premières
expériences ; me donner un précipité. J’ai
examiné enfuite ce précipité, il avoit confervé
de l’odeur 5 mais.après un temps*plus ou moins
long ; l’odeur s’eft diffipée ; 8c la quantité du précipité
a été foiblemejit diminuée, C e réfultat me
pâroît prouver que ces deux réfines avoiënt con- I
tribué à former ce précipité 3 8c dès-lors qu il
n’eft pas Teffet de la différence de leur affinité :
mais qu’elle eft'.donc la càufe de ce phenomène ?
C ’eft un nouveau problème que j ai cherche a
refondre: par l’expérience fuivânte.
» J’ai mêlé de la teinture d’aloes , fubftance
très-foluble dans l’alcool} 8c de celle d’affa-fetida
qui l’eft mbins. J ’ai fait évaporer ce mélange ;
8c ayant yërfé furleréfidu la même quantité
d’alcool qui avoit tenu ces'réfines en diffolution ;
j’ai obfervé que ce menftrue. a refufé d’en difiou-
dre une partie ; 8c qu’il a pris environ quatre
grains- de moins par once.
» Cette différence pourroit engager à fuppofer
que les réfines en fe combinant , forment un
cOmpofé qui devient moins diffoluble ; 8c qu’ainfi
les précipités font Teffet de ce changement de
diffolubilité, Cependant j’ai cru reconnoître ; dans
cette expérience ; .que Taffa-fetidâ'; moins diffoluble
que l’aloës ; faîfoit la plus grande partie
de 1^ portion non diffoute ; 8c cette remarque
m’engage à fufpendre encore mon jugement ; 8c
à attendre ; avant de le hafarder ; que d’autres,
expériences'aient diflipé toutes més incertitudes.
Je fouhaite. même que celles-ci puiffent détourner
quelqu’un d’en tenter de pareilles. Mais je
crois devoir; pour leur épargner quelques tentatives
illufoires ; les engager à n’employer que les
teintures abfolument fatürées ; car alors l’alcool qui
feroit furabondant ; rediffoudroit les précipités à
mefure.qu’ils fe formêroient j & fi je leur fais faire
cette observation ; c’eft que ce défaut d’attention
m’a induit en erreur dans mes premières tentatives. 03 Quoique je n’ai pas eu tout le fuccès que
j’efpérois de mes expériences ; il m’a femblé
utile de les communiquer à l’académie > parce
que 3 i°„- elles prouvent que l’alcooT a différens
degrés d’affinité avec différentes réfînes j 20. ‘que
ces différences ; ou celles qui résultent de la
combinaifon de deux réfines 3 occàfiônnant des
précipités ; les remèdes qui réfultent du mélange
de deux teintures , ne peuvent être exaêlement
appréciés que par la cônnoiffance de la fubftance
qui formera la plus grande partie du précipité.
Par exemple - 3 fi en mêlant la teinture de mir-
rhe j qui §ft peu purgative à celle d’aloes qui l’eft
beaucoup ; on a un précipité ; 8c fi la myrrhe
fait la principale portion de ce précipité ; il eft
évident que la vertu purgative de la teinture qui
aura éprouvé cette précipitation ; fera proportionnellement
plus forte que fi le précipité' étoit
compofé de parties égales des deux réfînes v 8c
que cette teinture lé feroit beaucoup moins ; fi
l’aloës'étoit la fubftance qui fe feroit précipitée
en plus grande quantité 33.
On voit ; d’après cet expofé ; des expériences
de M. Tartelin ; combien il refte encore
d’effais à taiie pour bien connoître ce qui fe paffe
pendant l’aélion de l’alcool fur les réfines.
Chimie. Tome II,
6°. D*après cette diffolubilité connue depuis
long-temps des huiles volatiles 8c des refînes dans
l’alcool 5. on a employé ce diffolvant pour enlever
ces matières ; & fur-tout là réfîne aux differentes
fubftances végétales ; 8c réciproquement en
voyant agir l’alcool fur les racines 3 les .bois, les
écorces; &c. on én a conclu qué ces partses.con-
tenoient de là réfine. BoulduC; IMeumaii; Geoffroy;
Rouelle , Cartheufer ; ont ainfî effayé par d acr
tion de l’àlcool le plus grand nombre des végétaux
ou de leurs produits Naturels utiles en médecine
5 il eft vrai que la différence des réfultats
qu’on trouve fouvent dans ces expériences de
ces chimiftëS fur les mêmes fubftances ; - jette
le leéfeur dans l’incertitude > mais on reconnaît
par un examen réfléchi qu’ils n’ ont pas furvi
exactement la même méthode ^ ou opère dans des
circonftancesparfaitemèntfemblables. Les matières
•végétales pouvoient n’être pas parfaitement egajes,
homogènes :j sèches ; ou humides , âgées au même
point &ç. l’ alcool avoit, fans doute y différens
degrés de rectification 5 lés effais ont peut - etre
auffi été faits à diverfes températures. Quoi qu il
en foit, de toutes ces variations 3 l’alcool eiVtour
jours le.diffolvant dont on fe fert pour extraire 8c
pour apprécier la réfine sèche ; contenue dans lés
matières végétàles defïechées, 8c c’eft un des plus
fréquens 8c des plus sûrs moyens d’analyfe végétale
que Ton puiffe'employer ; il faut favoir cependant
que cette liqueur diffout en meme-temps
quelques extraits; de ceux fpécialement qu on
nomme extraCto-réfineux ; &für-tout les réfino ex»
traCtifS; des gommes réfines ; 8cç. j mais on fépare
-enfuite ces diverfes matières par lé moyen de 1 eau
pure ; qui précipite, les réfines 8c retient les ex-:
traits proprement dits.
' Pour faire cette efpèce d’analyfe 3 on réduit en
pétits morceaux ; ou même en poudre , les matières
végétales dont on veut, extraire les principes
5 on les; met dans un màtras, on verfe defius
trois ou quatre fois leur poids d’alcool; de forte
quexè liquide foit au-deffüs des ces matières, on
bouche lé col dii màtras -avec une veffie percée
de quelques trous d’épingles , autrefois on y
luttoit un autre petit matràs qu’on nommoit vaif-
feau de rencontre. On .expofe l’appareil au foleil
du printemps ou de l’été; ou fur un bain de
fable modérément chauffé; fi Ton opère en automne
ou en hiver > on laiffe plus ou moins longtemps.
ce mélange en digeftion j quand 1 alcool
eft bien coloré on le décante ; on en ajoute de
nouveau ; 8c Ton pourfuit cette méthode jufqu’à
ce que l’alcool- ne paroîffe plus rien prendre à
■ la matière végétale. Alors on dit que celle-ci
eft épuifée de tout ce quelle contenoit de dif-
; foluble dans l’alcool. On précipite par l’eau cette
diffolution ou cette teinture 3 on recueille 8c on
s examine à part la réfine j on évapore enfuite la
liqueur furnageante qui fournit l’extrait. Si la dif-
folution. alcoolique, ne fe trouble point par TaddT