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la langue 8c des autres parties. C*eft dans cette
intention qu'on a jadis vanté la confe&iôn ana-
cardine , décorée du beau nom de confection des
fages, mais appellée par Cafpard Hoffmann la
confection des fous , parce qu'il prétend que
fon ufage inconfidéré & fréquent a fait perdre la
mémoire à un grand nombre de perfonnes ,
& lés a rendues furieufes. Les arabes préparoient
un miel anacardin. Camélli, qui a fait connoître
les propriétés de cet anacarde , affure qu'étant
înfufé dans du petit-lait , il offre un médicament
excellent contre les vers & l'aftme. Le fuc mielleux
de l'écorce de ce fruit, eft cauftique 5 introduit
dans uue dent crèu'fe , la confume 8c la
détruit ; il ronge les excroiffances fongueufes
qui s'élèvent fur les plaies & les ulcères, les
verrues j les condylomes , les dartres vives 3 le;
fcrophule. C e même fuc eft employé avec de
la chaux vive 3 pour marquer les étoffes 8c
autres chofes 3 d'une couleur indélébile. Les
Indiens font cuire les fommités jeunes & tendres"
de l'anacardier 3 pour les manger.
(M . W iliemet.)
A N A C ATHARTIQUES. ( Pharmacie. ) On
nomme ainfi les médicamens qui évacuent les
différentes humeurs par les émonCtoires placés
au-deffus du diaphragme. Ainfi les vomitifs 3 les
expeCtorans 3 les ilernutatoires, les fialagogues ,
font des anacathartiques.Ce mot eft fur-tout adopté
pour les expeCtorans , comme purgatifs des poumons.
Au relie cette expreffion regarde plus la !
thérapeutique que la pharmacie , parce qu'il n'y ;
a que très-peu de médicamens compofés qui
portent Cette épithète. Voye[ le dictionnaire de
médecine.
ANAGALLÏS. ( Pharmacie. ) foye^ Mou- ,
RON.
ANALEPTIQUES. ( Pharmacie. ) Les analeptiques
font des reftaurans qui réparent promptement
les forces. On prépare des bouillons , des
gelées 3 des conferves , des poudres ,' 8cc. ana-,
ieptiqües. Il en fera queflion dans ces différens
titres de comportions. Voye% pour la connoif-
fance des analeptiques en général , ce mot dans le
dictionnaire de médecine.
ANALYSE. Il eft peu de mots dans un dictionnaire
de chimie j qui prêtent autant 3 ou à
de longs détails, ou à des généralités plus fîm-
ples que le mot Analyse. Devenu par dès acceptions
affez multipliées , une expreffion figurée,
dans le langage du monde j ainfi que dans lerllyls
<Pun grand nombre d'ouvrages fort éloignés par
leur nature des traités de chimie 3 il a toujours
cojçffervéfa valeur réelle dans cettedernièrefcience.
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A la vérité 3 l'efpèce de grande opération générale
qu'il repréfente , a tellement été perfectionnée
par les travaüx fucceffifs des chimiftes 8c
fur-tout depuis vingt ans, qu'on peut avec vérité
fe fervir de cë mot, pour définir le plus grand
nombre des opérations particulières de l'art auquel
il appartient. Auffi eft-il reçu dans le plus grand
nombre des ouvrages, comme parmi toutes les
perfonnes qui poffèdent bien la langue françoife ,
que la chimie peut être définie la fcience de l'ana-
lyfe. Cependant il ne faudroit pas préndre cette
expreffion trop à la lettré, car on rifqueroit de
fe former des fauffes idées de la chimie, & de
commettre des erreurs fur les avantages de cette
fcience. Si la chimie peut être regardée comme
la fcience de l'analyfe , parce qu'elle tend toujours
à féparer les principes des corps, elle doit
à auffi julte titre être caràCtériféé comme fcience
de la fynthèfe, puifque dans, la plupart de fes
opérations , & même dans Celles où elle cherche
à faire des analyfes., elle ne parvient fouvent à
fon but, qu'en faifant des fynthèfes ; mais pour
éclaircir ce point, ainfi qu'un grand nombre d'autres
objets que cet article, préfente à notre dif-
cuffion, il 11e faut pas fe borner , comme on
l'a fait dans un, grand nombre d'ouvrages de
chimie , à confidérer l'analyfe d'une manière
. abllraite ^ à ne donner que des idées abftraites ,
fouvent auffi vagues & prefque aufti inutiles,
qu'elles font générales. 11 faut, après avoir défini
le mot A n a l y s e , entrer dans tous lesVdétails
qui concernent ce grand moyen de la fcience,
faire connoître non-feulement fon influence-en
général & dans les opérations de la chimie, mais
encore la manière dohtl'analyfe procède dans l'examen
des différens corps de la nature. Cet article
fera donc naturellement partagé en deux fe&ions :
dans la première', on définira l'analyfe en général
} on en établira les différentes efpèces , on
expofera les forces qui les opèrent, on diftinguera
les méthodes générales qu'on emploie , les inf-
trumens qui y fervent, & on fera voir combien
de données l'emploi, l'ufage & laconnoif-
fance, même de tous les objets généraux, exigent
de la part de ceux qui veulent s'occuper avec
fruit de ces travaux. L a fécondé feélion fera une
application plus détaillée des principes généraux
préfentés dans la première 3 on y tracera fuccef-
fivement les méthodes générales qu'on a pratiquées
avec fuccès, & qu'on pratique tous les
jours, pour faire l'analyfe des différens corps
naturels , qu'on divifera en plufieiirs claffes par
rapport à ces confidérations. On pouffera même
les limites de la puiffance analytique , s'il eft permis
de s'exprimer ainfi , jufqu'à faire entrevoir
l'exiftencè'.poffible d'analyfes plus élevées, plus
fublimes que celles qui ont été faites jufqu'actuellement,
8c qui s'exerceront fur des corps
inattaqués jufqu'à préfentpar tous les moyens que
les chimiftes ont eus en leur pouvoir.
A N A
S E c T ï O N P R E M I E R E .
De l'analyfe confidérée en général
L’anilyfe confidérée en général eft une réparation,
un ifolement des principes des corjis■ , qui
en opère la décompofition , 8c qui les réduit a
leurs eléroens. L’exiftence de l'analyfe qui, comme
on voit, eft dans ce fens général le vrai fyno-
nvme du mot Décomposition, fuppofe donc
que les corps font compofés & c eft une de ces
vérités fenties de tous les- temps , connue par
tous les hommes, que les fubftances naturelles
font formées de principes ou d'élémens qui les
compofent. Cependant il eft encore quelques modifications
à admettre dans cette opinion fur la
nature générale des corps.Sile raifonnement conduit
à croire que tous les corps, de la nature
font des compofés, l’expérience .n a pas fait voir
que tous puftent être décompofés, & qu'on put
cenféquemment faire une analyfe de toutes les
productions naturelles ; d'une autre pan , a corn-
p o f itio n dçs corps eft plus ou moins compliquée,
& l'analyfe plus ou moins difficile, de forte que
les progrès de la fcience ont du a cet egard changer
à mefure les idées ,des favans , 8c leur donner
une exactitude plus grande, à mefure cju ils ont
avancé vers une perfection plus marquée.
§ I. Des diverfes efpeces d'analyfes.
Les idées générales qui ont ete données juf-
qu'ici de l’analyfe chimique, conduifent naturellement
à diftinguer plufieurs efpèces d analyfes, celle-
ci n'étant confidérée en général que comme la fe-
paration des principes des corps. Quatre efpec|s
principales d'analyse* fe préfentent d abord a la
penféé : la première qui pourra être fuffifamment
diftinguée par T'expreffion d'analyfe mécanique
eft la plus fîmple à concevoir, 8c la plus facile
à exécuter j elle a fpéeialentfent lieu pour la réparation
des différentes matières qui compofent lë
corps des végétaux ; ainfi lorfqu'on fépare par la
■ preffion, la filtration , le repos 8c fuivant 1 ordre
de la pefanteur ,• de la liquidité, de la forme , de
la groffeur des molécules , de Leur tendance
à s ’ifoler parleur propre nature, les fucs, la recule,
les huiles, la partie colorante, la réfine, &c..
des végétaux, on ën fait une efpèce d analyfe.
11 eft vrai que malgré cette dénomination d ana-
lyfe mécanique , peu de chimiftes ont regarde
cette fimple opération comme une véritable ana-
lyfe, parce qu'on n'emplpje pas une force chimique
pour la faire $ mais tous mécaniques que
font le § moyen s quiy fervent, ils fuffifent cependant
pour vaincre l'attraction & la cohérence des principes
les uns avec les autres, ,& telle eft en
dernier reffort l'idée la plus nette 8c la plus precife
qu’on puiffe fe former d'une analyfe. Sans doute
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’ c'eft la plus foible & la plus fimple des méthodes
qui foient capables de féparer les principes ; mais
ce n'en eft pas moins une véritable réparation , 8c
î comme telle on y trouve en dernier examen une
véritable analyfe. On doit fentir que cette efpèce
de décompofition eft une des plus fréquentes 8c
des plus employées dans les arts. Elle eft d'ufage
pour obtenir la plupart des matières végétales j
elle diffère beaucoup des efpèces fuivantes.
Une fécondé efpèce d'analyfe, que l'on doit
foigneufement diftinguer , eft l'analyfe fpontanée.
On entend par-là une réparation de principes ,
une décompofition opéree fans le fecours des
moyens chimiques, 8c par les feules forces de la
nature. Depuis que la chimie eft fortie de fes laboratoires,
depuis que, guérie de la folle croyance
qu'elle devoit tout à fes travaux , elle s'eft portée
dans les laboratoires de la nature, pour y obferver
avec foin les phénomènes qu'elle y préfente en
grand, on a bientôt reconnu qu'il fepaffoit dans les
minéraux même, & au fein des couches & dès
cavités fouterraines, des analyfes, des décompc-
fitions continuelles , qui en changent ou en modifient
la nature. C'eft ainfi que les métaux
s'oxident par le contaéfc de l’eau, de l'air 8c des
acides, qui fe déeompofent au milieu des filons
8c descavités des mines; c'eft ainfi quefe forment 8c
fedétruifènt fans ceffe les acides, les fels neutres,
terreux & alcalins, les fels métalliques 5 en un
mot, c'eft par une efpèce d'analyfe minérale fpontanée
que fe développent fucceftivement tous
J e s états- fi variés des mines que les minéralogiftes
nomment des pajfages, & qui font quelquefois
fi bien imités par les chimiftes dans leurs opérations
ou analyfes artificielles. L'analyfe fpontanée
eft encore bien plus manifefte bien plus rapide
"dans les compofés végétaux 8c animaux.. Abandonnes
à eux-mêmes après avoir été d’abord fé-
. parés du corps des êtres qui les ont formés, 8c
privés du mouvement dont ils y étoient agités,
ces compofés ne relient pas long-temps dans leur
premier état ; bientôt ils éprouvent -un mouvement
inteftin qu’on nomme fermentation, 8c qui
; n’eft autre chofe qu’une véritable analyfe fpontanée
j plufieurs de leurs principes fe volatilifenr,
d’autres fe .combinent dans une proportion nouvelle
, & forment des corps plus fimples qu'ils
n'étoient d'abord. Peu à-peu, 8c par les progrès de
cëtte réa&ion intime, les matériaux primitifs de
ces compofés s'ifolent, fe féparent, feréduifent
en vapeurs pour la plupart, 8c préfentent ainfi
une véritable analyfe, dont le réîultat eft la def-
tîDuêtion du corps trè.s-compofé qui l'a éprouvé.
( Voyei Fermentation )Y On peut dire que
toute analyfe artificielle eft une imitation de cette
analyfe naturelle, 8c que l'art ne tend en effet
qu'a féparer, qu'à ifoler ainfi les divers principes
qui font plus ou moins étroitement unis dans les
compofés naturels.
Les deux autres efpèces d'analyfes font encore