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gomme & de la. réfine eft fi intime , que la liqueur
qui difiout une des parties, entraîne une
portion de 1 autre ; mais en convenant avec
ces praticiens qu’il faut des foins , des attentions
particulières , pour féparer complettement la réfine
de la ^partie extraëtive , il nous paroît du
moins qu on ne peut fe refufer à reconnoître |
que toutes les préparations d’alcès dans lefqueiles '
la portion réfineufe a été diminuée font moins
purgatives que Taloës fimplement réduit en poudre
, 8c qu au contraire les préparations dans .
lefqueiles on a conferve toute la partie réfineufe '
font des purgatifs très-aétifs d’après ces faits *
nous pouvons donc regarder la réfine de Tabès .,
comme la partie effentiellement purgative. Nous
infiftons fur ce point , parce qu’il mérite la plus
grande attention dans le choix des préparations
diverfes qui ont été recommandées.
Quoique la proportion refpe&ive de la réfîne ,
& de la partie extraétive varie dans les efpèces
d’aloës j cependant d’après le réfultat des différentes
analyfes qui ont été faites , on peut avancer
comme un terme général & moyen , que dans
un aloës bien choifi , tel qu’on doit l’employer
dans les pharmacies,, fur cinq parties de gomme,
il y en aune de réfine. Outre ces deux fubf-
tances , qui eonftituent effentiellement Taloës ,
on y trouve toujours une certaine quantité de
parties féculentes provenant du débris de quelques
fibres de la plante 5 8c entraînées dans l’expref-
fion du fuc , ces parties font peu abondantes
dans 1 aloës citrin 5 enfin on y trouve accidentellement
des parties terreufes , des fragmens ligneux.
Ces obfervations 3 faites par les plus anciens
médecins 3 ont déterminé différentes préparations
fur Taloës ^ dont l’objet eft i° . de féparer les
fubftances étrangères qui s’y trouvent accidentellement
mêlées , ainfi que les parties féculentes
qui ont été entraînées par Texpreffion ou la dé-
codion première du fuc de la plante. i ° . De
diminuer la proportion refpe&ive de la réfine &
de la gomme. 30. Enfin de rendre la réfine plus
facilement foluble dans les liqueurs animales,
& de prévenir fon impreffion irritante fur l’efto-
mac & les inteftins. Ces différentes opérations
ont été défignées fous les noms de dépuration,
d’extradion ou lotion 3 de correction 8c infucca-
tion : nous allons les indiquer fuccefiivement.
i°. L a dépura t i oNj ainfi que le nom l’indique,
eft une opération dans laquelle on fe propofe de
purifier T aloës, d’en féparer les parties féculentes
, les fubftances étrangères qui peuvent
s’y trouver accidentellement mêlées. Mais en
meme-temps , on doit avoir pour objet, de
conferver dans leur intégrité les principes réfi-
neux & gommeux qui eonftituent Taloës , car j
fans cette condition , aulieu d’obtenir fimplement
un aloës dépuré , on auroit un extrait plus ou
moins chargé de parties réfineufes ; poux faire |
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! .cette dépuration , ainfi que nous l’entendons ici,
H taut employer un véhicule qui puiffe diffoudre
en meme-temps la réfine & la gomme, fans altérer
eurs propriétés, fans changer leurs proportions : I
ialcool roible, le vin, le vinaigre font les dif-
j 01 vans les plus propres à remplir cet objet ; ainfi
lorfqu on ^voudra dépurer Taloës , on concaffera
cette fubftance , on la réduira en poudre jgrof-
liere, on Verfera par-deffus un des diffoivans indiques
, de manière qu’il fumage de deux ou trois]
pouces, on laiffera ce mélangé en digeftion jufqu’â
une par/aite diffolution, on le filtrera à travers
un blanchet oUun linge ferré , & Ton fera évaporer
la diffolution à un feu doux' jufqu’à fîccité.
Un pourra egalement obtenir’ une diffolution
complette des deux principes qui eonftituent
1 aioveV ?n employant de l’eau pure , mais chaude,
car a 1 aide de la chaleur, la gomme fert d’intèr-
. e P,0111 Solution de la réfine j mais il faut
éviter 1 ébullition, parce qu'à ce degré de température,
la réfute fe grumèle , fe précipite, &
1 aloes eft en partie décompofé ; enfin de quel-
que maniéré que l'on procède, quelque foit le
diliolvant quon ait choifi, il nous paroît que,
dans cette opératio.n , on ne çonferve Jamais complettement
les proportions refpeétives de gomme
,, , .? re“ ne qui fe trouvent naturellement dans
i aloes ; car comme l'a remarqué Hoffman, une
longue ébullition, même dans l’eau la plus pure ,
dépouillé 1 aloës de fa qualité purgative, parce que,
comme nous 1 avons indiqué, la réfine fe précipite
& le grumele. En fe bornant à une évaporation
lente & graduée, il y a encore lieu de croire
commele dit Robinfon, que cette évaporation doit
laftérer a d'autres égards; auffi la dépuration
ae 1 aloes a-t-elle été confondue par un grand
nombre de pharmacographes avec l'extraïlibn &
cette operation qui paroît avoir été imaginée par
les anciens, parce qiie l'aloës qu'ils recèvoient
etoit alors mélangé avec des parties fabloneufes
terreufes , ou des fragmens ligneux, eft trés-
inutile de nos jours , où nous avons facilement l'a-
nes^ & dans un état de pureté- aflèz confiant ;
elle feroit même 1 contraire à lobjet qu'on fe
propoferoit puifqu’elle changerait les proportions
de fes principes ainfi donc lorsqu'on a befoin
de conferver la vertu purgative & ftimulante de
1 aloes, il faut 1 employer tel qu'on nous l'envoie
, il fuffit de le choifir d'après les caraétères
que nous avons indiqués précédemment.
a . L e x t r a c t i o n eft une préparation dans
laquelle on cherche à extraire, à féparer la gommé
de la reiine, ou au moins à diminuer la pro-
portionxefpeaive .de ces deux fübftancëscette
operation a encore été défignée par Jes anciens,
, dans un grand nombre, de. difpenfaifes, fous
le titre de lotion de l aloës y ont faifira facilement,
la théorie & les procédés de cette opération
fi on fe rappelle que dans Taloës, fur cinq parties
de gomme il y en a une de refîne que. cha.-
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cufte 'de ces deux fubftances , en raifon de fa nature
, a un diffolvant particulier 5 Tune étant foluble
dans l’eau froide , 8c l’autre dans l’alcool :
d’après ces principes généralement avoués, on
peut obtenir de. Taloës deux extraits très-diffé-
rens par leur nature 8c leurs propriétés. L’un
doit être fimplement défigné fous le nom d’extrait
, ou comme oii rappelle ordinairement}extrait
gommeux, 8c l’autre doit.êtrenomme réfine
ou extrait réfineux d’aloesi Pour préparer T extrait
gommeux à?aloës , on prend la quantité que Ton
veut d’aloës , on la pile dans un mortier r &
lorfqu elle eft en poudré , on verfe peu-à-peu
deffus , 8c en triturant, une certaine quantité
d’eau froide. On continué la trituration pour
faciliter la folution de la partie extra&ive de Ta-,
loè's^ On laifté repofér qüélques minutes , & oh
détante la 'liqueur y on verfe enfuite. peu-à-peu ,
8c en contirtùant la trituration , unè nouvelle
quantité d’eau que Ton tire au clair , on réunit
ces deux diftolutions que l’on laifle dépofer pendant
cinq ou fix heures, on décante enfuite la
liqueur, & on la fait évaporer au bain-marie ,
jufqu’à confiftance d’extrait.
Quelques-uns pour préparer cet extrait , font
digérer de l’aloës concaffé dans de l’eau froidé,
pendant quarante-huit heures ; ils filtrent enfuite
la liqueur, & Ja font évaporer comme nous Ta-
Ÿtrns dit.
On peut encore employer de l’eau chaude, même
bouillante , pour obtenir cet extrait ; mais alors
comme Tinfufion contient une allez grande quantité
de réfineN en diffolution, il faut la laiffer ré-
froidir. avant de la filtrer, afin que la réfine ait
letems de fe précipiter; mais quel que foit le
procédé qu’on préfère , il faut toujours employer
la plus, petite quantité d’eau qu’il eft poffible ;
car , comme nous l’avons indiqué d’après Robin-
fon, l’évaporation même la plus lente altère toujours
les propriétés de Taloës.
Pour préparer {‘extrait réfineux 3 qui, dans quelques
difpenfaires' , eft nommé baume d.'aloës , on
verfe de l’aicool rectifié fur le réfidu de la diffo-
lution premièré , & par une digeftion de deux
fois vingt-quatre heures, on a une diffolution de
la réfine d’aloës, que nous nommons alcool réfineux
d’aloës , 8c par l’évaporation de l’alcool
on obtient l’extrait réfineux fous forme concrète.
On peut en mélangeant l’alcool d’aloës avec fa
diffolution aqueufe , fe procurer un extrait po.urvu
des deux principes de l’aloës', & très-dépuré.
Nous ne nous arrêterons pas. à expofer les
propriétés différentes de ces préparations ; on peut
confuîter, fur cet objet, le dictionnaire de médecine
\ nous remarquerons feulement que l’extrait
gommeux que Lieutaud nomme aloës lavé , contient
encore tir^e certaine quantité de réfine qui
a été entraînée par les parties extraélives , ce
qui le rend encore un purgatif affez a&if à la
dofe de huit à quinze grains 5 il eft cependant-
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moins purgatif, & fur-tout moins échauffant que
Taloës ; il convient fur-tout aux perfonnes qui
font tin ufage habituel ou fréquent de l’opium,
car l’opium procure la conftipation , & l’extrait
d’aloës rétablit, entretient la liberté du ventre
fans débiliter ■ Teftomach , fans procurer de la
chaleur ; nous l’avons employé avec fuccès dans
'une forte de phtifîe pulmonaire, compliquée d’un
[dérangement des règles, & accompagnée d’une
[toux 8c d’un, état d’irritation que Ton ne cal-
moit que par l’ufage fréquent de l’opium. En
faifant dans , l’eau froide; , 8c avec les précautions
indiquées , une folution de ce premier extrait
, on féparera encore quelques portions réfineufes,
on obtiendra un produit plus pur,
plus apéritif, moins échauffant ; mais auffi moins
ipufgatif.;.Galien en avoit déjà fait la remarque,
car il., dît éxpreffément, livre, de la faculté des
médicamens ^fimples : « Si aloe.quod purgat,
abeo quod eft. aftringens eluatur ( id quod fieri poteft
per exuliam lotionem^ tune çerte aut débiliter,
aut plane nikil purgabit. »
Robinfon , dans fon ouvrage intitulé le Pharmacien
moderne 3 avance que lîNjianière dont les
anciens préparoient Taloës lavé , étoit tout-à-fait
différente de celle qu’on pratique aujourd’hui ,
pour obtenir l’extrait gommeux ; car, dit-il, on
1 jettoit tout ce que l ’eau avoit diffout, 8c on
employoit le réfidu en qualité de remède pour
1 appuyer cette affertion , il rapporte le paffage
fuivant de Van-Helmont : aloe ablutione fuccum
amittit- meraque refina manet refidua qui fua ad
inteftina adheftone torminum & hemorroidum eft
concitatrix : il cite encore quelques pàffages de
Galien, qui dit expreffément que Taloës perd
beaucoup de fa vertu purgative , par la lotion ,
mais ces citations prouvent feulement que les
anciens connoiffent les deux principes qui conf-
tituent Taloës , 8c en admettant les conféquences
qu’en tire Robinfon, il faudroit en conclure que
la réfine de l’aloès n’eft point purgativè , ce qui
nous paroît contraire à l’obfervation , comme
nous l’avons remarqué plus haut.
30. Comme on vit que l’ufage de Taloës pro-
curoit fouyent des évacuations abondantes , 8c
des douleurs inteftinales , on affocia à l’aloës
différentes, fubftances que Ton crût propres à
corriger cette propriété irritante : dans ces vues
, les anciens affocioient fouvent à Taloës, comme
c o r r e c t i f s , le fafran , & différentes fubftances.
aromatiques ; ils, recommandoient fur-
tout de l’incorporer avec du miel , 8c de faire
prendre ces préparations peu avant le repas ,
afin que le remède mêlé, avec les alimens, fût
plus facilement diffous : par la fuite on reconnut
que les tranchées, qui accompagnent fi fou-
vent l’ufage de Taloës , font principalement oc-
eafionnées par la portion réfineufe , qui étant
plus tenace, plus vifqueufe, moins foluble dans
les liqueurs animales que la partie extractive ? Z z