
de guérir , vient de s’offrir par les travaux de
MM. Lavoifîer & Séguin , fur la refpiration & la
tranfpiration. Ainli tout annonce les grands ’avantages
de l’analyfe chimique pour l’aggrandiffement
de la phyfique animale. Tout eft difpofé pour la
pourfuite de ces grands travaux , & l’on peut dire
qu’il ne manque que des travailleurs dont le nombre
ne fauroit être trop confidérable,pour aggrandir
ces importantes recherches. Quelques physiciens
ont révoqué en doute une partie des découvertes
modernes fur la chimie animale ; cette belle
différence trouvée par M. Berthollet entre les
fubftances animales & les végétales , dans la pré-
fence de l'azote pour les premières , & d’où il a
fait découler fi naturellement & fi heureufement
toutes les différences de leurs analyses ., n’a pas
paru bien prouvée à M. Keir qui a fait eon-
noître fes obje&ions à cet égard dans fon édition
du dictionnaire de chimie de Macquer. Mais M,
Berthollet enexaminantîes affertions fur lefquelles
le chimifte Anglois fe fonde , y a répondu d’une
manière vi&orieufe : il eft indifpenfable d’inférer
ici fa réfutation que M. Berthollet en a faite dans
les annales de chimie , tome Xpag. 131.
M .K e ir élève, dit-il* plufieurs difficultés fur
l’exiftence de l’azote dans les fubftances animales}
il infîfte particulièrement fur ce que l’acide fulfu-
lique & l’acide muriatique n’en dégagent pas : on
diroit qu’il a examiné l’aêtion de ces acides}
mais il me paroît qu’il s’eft contenté de l’imaginer
: je vais expofer ce que j’ai obfervé.
J’ai mis de la laine dégraiffée dans l’acide ftil-
furique, elle s’eft diflbute à une légère chaleur}
la diffolution étoit d’abord fans couleur , mais en
augmentant la chaleur elle a bientôt noirci.
J’ai mis dans une cornue de l’acide fulfurique
avec une portion de laine que l’expérience précédente
m’avoit indiqué pouvoir fe diffoudre , &
j’ai fait la diftillation à un appareil pneumato-
chimique. Il s’eft dégagé une. affez grande quantité
de gaz , dont à-peu^près les f étoient de l’acide
carbonique. Après avoir abforbé tout cet
acide, le réfidu étoit inflammable, il contenoit
peut-être du gaz azote, & je me propofois de
m’en affurër par les moyens que j’ai décrits ( 1 ) ,
& la fuite de l’expérience ne me donnoit pas des
lumières fuffifantes. A la fin de la diftillation il
eft fublimé une quantité confidérable de ftilfate
d’ammoniaque très-blanc 5. il n’eft refté dans la cornue
quun enduit charboneux. j ’ai répété l’opération
en retenant dans un récipient l’acide_ful-
fureux qui fe forme : la première moitié éprouvée
avec la chaux donnoit- des nuages blancs,
lorfqu’on promenoit à fa ïurface un tube de verre
humecté d’acide nitrique 3. la fécondé moitié pro-
duifoit encore plus cet effet. L’acide fulfureux qui
J tè forme dans cette opération contient donc de
l’ammoniaque.
j ’avois effayé autrefois la diftillation de l’acide
muriatique fur une fubftance animale} mais fans
prendre les précautions fuffifantes-, & j’avois obtenu
un gaz inflammable que je m’étois propofé
d’examiner. U y a apparence que je n’avois pas
employé une allez grande proportion dvtcide muriatique,
& que le gaz que j’obtins étoit dû à
faction du feu fur la fubftance animale même.
J’ai^examiné l’aétion dé l’acide muriatique fur
la laine dans une capfule placée'fur un bain de
fable : elle s’y diffout même plus facilement que
dans l’acide fulfurique} mais il faut une chaleur
continuée plus long-temps pour que la diffolution
prenne une couleur foncée : elle finit par être
noire.
J ai mis dans une cornue de Lucide muriatique,
& la proportion de laine que l’expérience précédente
m’avoit appris pouvoir s’y diffoudre 3 mais
lorfque l’appareil a été privé d’air., les .vapeurs
d’acide muriatique enfe combinant d’une manière
foudaine avec l’eau, ont produit une réforption
qui a fait paffer l’eaü dans la cornue. Une fécondé
épreuve , faite avec des précautions nouvelles, ne
m’a pas mieux réuffi 3 alors j’ai fait l’expérience en
adaptant fimplëment un récipient à la cornue. Sur
la fin , il .s’eft fubiirrié une proportion confidérable
de muriate ammoniacal, dont une partie étoit
brune, & celle qui étoit la plus avancée dans le
col de là coraue étoit très-blanche. Il eft refté
dans la cornue uné quantité de charbon beaucoup
plus confidérable que dans l’expérience avec l’acide
fulfurique : le charbon leffive a donné une diffo-
lution qui contenoit une quantité notable de ,fer.
A en juger par l’odeur des vapeurs qui s’échap-
poientfur la fin de l’opération, il a. dû fe dégager
du gaz hydrogène.
Nous retrouvons donc, eiutraitant une fubftance'
animale avec l’acide fulfurique. & l’acide
muriatique, le principe qui fe fépare fous la.
forme de gaz azote, lorfqu’on la diffout par le
moyen de l’acide nitriqué. Si l’on demandoit pourquoi
dans une circonftance ij. entre en combinai-
fon & forme de l'ammoniaque,. & dans l’autre il
fè dégage en gaz, je pourrois dire* qu’il me Suffit
que l’exiftence de ce principe dans les fubftances.
'animales, loin d’être démentie par l’aêtion de l’acide
fulfurique & de l’acide muriatique, en reçoive
au contraire uné nouvelle confirmation.
Mais je propoferai une conjecture.
L acide fulfurique & l’acide muriatique exerçant
une aêtion moins vive fur les fubftances animales
que l’acide nitrique fuffifamment concentré,
& ayant befoin d’une chaleur affez forte, polit
opérer leur décompofition,. l’azote fe trouve dans
des. circonftanc.es femblables à célles de la. diftilla-
( 11 Suite ûes Qbfervatioûs fut la nature des fubftances aoi/ua!esfc Mémoii^s. de. l’academie ^
tionàfeu nud, pour fe combiner avec l'hydrogène,
&, former avec l’acide un feUmmomaçal ;
unè partie furabondante de l’hydrogène eft obligea,
de prendre l’état élaftique. , ■ ■ .
Il faut remarquer qu’avec l’acide fulfurique il
refte très-peu de charbon, mais qu’on retire beaucoup
d’acide carbonique 5 avec l’acide muriatique
on a une beaucoup plus grande proportion de
charbon, d’où il faut conclure qu’il doit fe dégager
très-peu d’acidé carbonique.
Par la diftillation à feu nud, on retire certaine-
ment beaucoup pins- le gaz hydrogène que dans la
diftillation avec l’acide fulfurique ; il eft probable
qu’une partie de l’hydrogène eft détruite par fa
' combinarfon avec l’oxigène qui fe fépare^ de l’acide
fulfurique, lorfqu’il eft changé en acide ful-
fureux, & qu’une partie de l’hydrogène eft due,"
dans la diftillation à feu nud, à la décompofition
4e l’eau,
Je fuis convenu ( annales de chimie, tom. 3 |
page 107) que l’expérience par laquelle j’ai prouvé
l’exiftence de l’azote dans les fubftances animales
n’avoit pas d’abord l’ exactitude que l’ on a droit
d’exiger. Pourquoi a-t-elle obtenu l’affentiment
des anti-phlogifticiens ? c’eft qu’elle s’ accordoit
avec l’idée qu’ils avoient de l’azote', vde la com-
pofîtion de l’ammoniaque qu’ilsregardoient comme
bien établie, de celle de l’acide nitrique , des
produits de la diftillation & de la putréfaction 3
c’eft quelle s’étayoit fur un grand nombre de
phénomènes qu’elle expliquoit, ou qui lui fervoient
de preuves. Examinons quelques cirçonftances de
cette expérience.
Lorfque l’acide nitrique eft décompofé par
une fubftance., il donne du gaz nitrique ou du
gaz azote , félon la vivacité de la décompofition 3
fi elle fe fait rapidement & d’une manière tu-
multueufe, fi la fubftance’ qui s’empare de l ’oxigène
a une plus grande affinité avec ce principe,
alors c’eft du gaz azote pur, ou mêlé avec du
gaz nitreux,-qui fe dégage 5 fi au contraire la décompofition
eft moins vive, c’eft du gaz nitreux
( Poye?mém.del’ acad. 178.5 , p 336,l’expérience
que j’ai décrite fur la foie traitée avec l’acide nitrique.
Ibiff page 332). C ’eft dans le commencement
de l’opération & fans feu. que le gaz azote
regardée comme une bafe folide fur laquelle re-
pofe la théorie qu’ils ont préfentéel On doit voir
manifeftement que toutes ces découvertes éclai-
rent.la phyfique animale , & . qu'elles en changent
prefqu entièrement fes bafes ; déjà leur application
a été tentée par plufieurs phyficîens à là refpiration
fe dégage , ce n’eft qu’après ce dégagement paifible,
lorfque l’èffervefcence eft animée par le moyen
de la chaleur, & dans le moment par conféquent
où l’on auroit pu foupçonner la réparation de
l ’azote de l’acide, que j’ai obtenu le gaz nitreux.
Ces obfervations de M. Bertholet, fur les
objections|de M. Keir , font claires & tellement
fondées fur l’expérience, qu’on doit s’attendre à
ne plus voir reproduire des difficultés de ^ cette
nature, & que la rnaffe desTaits recueillis fur
l’analyfé animale, & fur la nature compofée des
fubftances de ce règne avec celles du règne végétal,
'par les travaux des chimiftes françois, doit être
, à la digeftion & a la nutrition. V o y c ^
l'article An im a i isa t io n , qti’on confîdère dans
ce diftionnaire comme une opération chimique.
11 n’eft pas néceflaire.fans doute d'infifter longtemps
fur les avantages que promet cette marche
nouvelle de l’analyfe animale, lorfqu'elle prendra
pour fujet de fes travaux les matières altérées,
changées, modifiées ou entièrement formées par
les effets des maladies. Il n’eft pas permis de
douter qu'il e.n fortira tout - à - coup de grandes
vérités, qui conduiront non-feulement à connoître
la nature des maladies, les changemens, les con-
verfions qu'elles éprouvent fi fouvent, mais mqme
les véritables moyens de les traiter. On a déjà
reconnu la vérité, de cette affertion, par rapport
aux prétendus lithontriptiques, pour l’ufage
des abforbans, dansle traitement desempoifonnés,
dans l'adminiftration des cauftiques, &c. Ce fera
dans des hôpitaux peu nombreux en malades,
mais où l'en raffemblera un certain nombre de
fujets aflëétés de la même maladie pour en bien
obferver tous les phénomènes &les fymptômes,
pour en bien faifir les nuances & les différences ,
& qui feront deftinés au perfectionnement de’ •
l’art de guérir, qu’il faudra multiplier Ies^travaux
en ce genre, & que l'on pourra -reconnoître une
foule de phénomènes chimiques dont on n’a encore
nulle idée exafte. Les maladies qui attaquent
le tiffu des os, foit en les ramolliffant, foit en
; les defféchant, foit en augmentant leurs dimen-
fions par les exôftofes, foit en corrodant leur
tiffu par la carie, foit en les renouvellant par
les féqueftres, tiennent manifeftement à des changemens
chimiques dans le fuc offeux, que des
analyfes bien faites de ces organes malades comparées
à celles des os fains feront certainement découvrir.
Les caractères intimes de l’urine qui offre
des connoiffances jüfqu’ici trop incertaines polir
le diagnoftic & le pronoftic des maladies, qu’ils
accompagnent, deviendront infiniment plus utiles
qu’ils ne l’ont été jufqu’à préfent. La nature de
la goutte, du calcul, du rhumatifme, du cancer,
qu’on a vainement cherchée dans l’obfervation
clinique feule , ne fera peut-être un problème
que jufqu’aumoment où une analyfe chimique bien-
■ faite des.concrétions arthritiques, calculeufes, de
l’humeur & des organes infeCtés du cancer, réunie
a celle de l’urine, de la fueur & des autres évacuations
des malades qui éprouvent Ges affeCtions ,
donnera des lumières, qu’ on attendroit en vain
de l’obfervation muette & filentieufede ces orages
de la vie humaine. En un mot, s’il exifte une
route faite pour conduire. l’art de guérir à une
exactitude qu’il a trop méconnue jufqu’ic i, tout
M o t