
ordinairement la fcience & l'art de préparer les
médicamens , ne devoit pas être employé pour dé-
figner le lieu où on les prépare , ou celui où on
les garde. V'oyei les mots Pharmacie & Pharmac
ien .
APPAREfL. On pourroit ranger fous ce mot
tous les vaifleaux de la chimie que Ton diviferoit
en autant de genres qu’ils ont d’üfagês 5 &*fous
ce point de vue , l’on auroit des appareils pour la
calcination 3 la combuftion , &c. c’eft-là l'ordre
qu’a fuivi M. Lavoifier dans Tes élémens de chimie.
Mais comme dans chacun de ces mots les
nfages des inftrumens feront énoncés 3 & que ce
îferoit tomber dans des redites inutiles & fafti-
dieufes 3 nous avons pris le parti de ne décrire à
ce mot que les inftrumens qui nont pas de nom
particulier. Nous croyons que cette méthode qui
paroît déjà avoir été adoptée par M. de Mor-
veau 3 aura plus d’avantages pour les le&eurs. Si
nous en jugeons d’après nos fens 3 nous ferons
convaincus que celui qui aura befoin de renfei-
gnemensfur un vaifîeau quelconque 3 ira plutôt
les chercher à fon nom , qu’à fes ufages qu’il ne
connoît fouvent pas , ou dont il ne connoît qu’une
parties car il n*eft peut - être pas un feul inftru-
qui ne ferve, ou qui ne puilfe fervir à plufieurs
fins. D’après ces confidérations qui nous paroif-
fent déterminantes , nous nous bornerons feulement
à faire ici l’explication des vaifleaux qui n’ont
pas de nom particulier 3 ou qui font connus depuis
long-temps fous le nom d’appareil. Enfin quoiqu’il
importe peu que les moyens de la chimie fondés
fur des vafes foient décris fous un nom ou fous un
autre 3 pourvu que l’on parvienne à en donner une
connoiflance exaéte , nous penfons cependant qu’il
eft bon d’écarter d ’ici tout ce qui pourra fe ranger
ailleurs, afin de ne point nous traîner trop longtemps
fur le mot , & de n’être point faftidieux en
répétant toujours la même chofe. Cette diverfité
«dans le travail fera en même-temps agréable au
îeêleur & à l’auteur.
Les appareils font une partie de la chimie 3
Fans laquelle cette fcience n’exifieroit véritablement
point 5 car ce n’eft qu’avec eux que
l’homme peut avoir recours à l’expérience 3
pour affurer la marche de fes idées 3 ou pour
prouver le réfultat de fon raifonnement , qui
dénué d’expériences ne doit être regardé que comme
une hypothèfe plus ou moins vraifemblable.
Dans les fiècles pafîes , les appareils chimiques
étoient fort inexacts & ne doqnoient prefque jamais
de réfultats vrais 3 c’eft pourquoi la théorie
de cette fcience a été entièrement faufle jufqu’à
nos jours. Une logique nouvelle 3 mieux fuivie &
pi us conféquente 3 redi fia les appareils 5 ceux - ci
a leur tour en fourniflant des données plus certaines
, appuyèrent le raifonnement & le condui-
firent à de nouvelles combinaifons , & à des cpé-
rationsplus compliquées. Ce fut fur toutlorfqu’on
fentit la néceüïité de ne > rien perdre pendant les
analyfes des corps pour avoir de$ idées exa&es de
leur nature j quand on voulut déterminer l’influence
des corps environnans fur celui qui faifoit
l’objet du travail, qii’il fallut des inftrumens capables
de féparer les élémens les uns des autres, de
les retenir féparément, d’en faire connoître les
propriétés', la quantité, &c. C ’eft à l’aide de la
géométrie, de la méchanique & de la phyfîque
réunies,que la chimie eft parvenue au point a’exactitude
où elle eft aujourd’hui à cet égard.
On entend en chimie par le mot appareil, la
réunion de plufieurs vafes. Les appareils varient
fans cefle, par la forme , le nombre & la nature
des parties qui les compofent,fuivant que les opérations
auxquelles ils font deftinés varient elles-
mêmes. Il eft rare qu’une expérience nouvelle
n’exige pas unjippareil nouveau, foitdans la forme,
l’arrangement ou la nature j c’eft le raifonnement,
çe font les indices que l’on a fur Ja nature des corps
que l’ onfoumet à l’analÿfe , ou que l’on veut unir,
& les réfultats que l’on croit en obtenir , qui guident
le chimifte dans la préparation des appareils.
Par rapport à la forme , elle ne doit pas être la
même pour les fluides élaftiques que pour les liquides
, & pour les liquides que pour les folides.
Par rapport au nombre des parties , c ’eft fouvent
la quantité de matière fur laquelle on agit qui le
gouverne, quelquefois auifi c’eft fa nature ou fes
propriétés ; quant à la nature des appareils c’eft
toujours les propriétés des corps qui la dirigent ;
car l’on fait aifément que cherchant à connoître
l’aélion de deux ou de plufieurs corps les uns fur les
autres, il faut éviter le plus foigneufement pofiîble
celle d’un autre qui compliqueroit l’opération, &
rendroitle réfultat faux. Il eft des appareils qui
doivent fubir un grand degré de chaleur fans' fe
fondre, d’autres au contraire font expofés à un
grand froid ; les autres doivent réagir fur des fub-
ftancestrès-fixes,& d’autres fur des corps volatils,
d’autres doivent fupporter un grand poids, réfifter
à une force confidérable , & d’autres n’ont point
d’effort à faire 5 d’autres enfin font deftinés à contenir
des matières très-aétives, & d’autres des
corps très-inerts. Voilà en général quelles font
les principales caufes qui néceflitent de la variété
dans les"appareils chimiques. L’application de ces
principes ne peut pas être faite ic i, c’eft dans la
defcription des opérations , & dans l’explication de
chaque appareil en particulier qu’elle fe trouvera.
Les parties des appareils fe communiquent quelquefois
immédiatement, & fouvent par des moyens
plus ou moins différens ; lorfqu’elles ont été difpo-
fées de manière que leurs capacités puiffent n’en
faire plus qu’une, alors on les nomme vaiffeaux de
rencontre. Mais communément ces vaiffeaux ne peuvent
être réunis fans corps intermédiaires 5 on fe
fert alors de tubes difpofés à propos, foit de verre,
de métal ou de toute autre matière, fui vant que
l’exige l’opération. Quelquefois deux ou plufieurs
vafes fe réuniffent exa&ement comme un flacon
j criftal avec fon bouchon , fouvent aufli c eft le
contraire & l’on eft obligé d’employer un corps
étranger pour féparer leurs capacités d avec 1 at-
mofphère & de tous les corps extérieurs environnans
Ce corps étranger de quelque nature qu il
foit eft appellé lut, & l ’adion de l’appliquer ett
appellée Lutter. On s’en fert aufli pour réunir les
vafes avec .les tubes intermédiaires. On en donnera
la compofition & la manière de le préparer au mot
L u i : . 1 . ,
Quoique notre intention ne foit pas de remonter
à l’origine des appareils chimiques anciens ni
de faire perdre le temps des le6teurs_ à la recherche
des phafes& des progrès de la chimie , cependant
il nous paroît utile de faire connoître quelques
uns des anciens appareils qui portent l’empreinte
du génie, qui ont fait faire quelques
pas de plus à la fcience, & qui ont infenfiblement
conduit au degré d’exa&itude où font ceux que 1 on
emploie aujourd’hui. y , ...
Avant que la chimie des proportions fut établie,
à l’époque où les fluides élaftiques n’entroient que
comme zéro dans le calcul des chimiftes , leurs
appareils étoient auffi (impies qu inexacts. C etoit
fouvent un aflemblage mal fait d’une cornue avec
un ballon, ou de deux matras renfermés 1 un dans
l’autre appelles vâijfçàux de rencontre , ou bien un
vafe unique difpofé de manière que les matières
parcouroient fans celfe le même cercle en revenant
fur elles-mêmes. ,
Cependant les vaiffeaux (impies ont été connus
des plus anciens chimiftes , & c eft plutôt par des
formes mieux entendues & par un arrangement
mieux combiné que par des nouveaux vaifleaux,
que la chimie nouvelle diffère de 1 ancienne.
En effet les appareils de la diftillation, de la
macération, de la fublimation, de la fufion , des
diffolutions, des criftallifations, des fermentations,
des digeftions , des cohôbations, & c. exiftent de- ;
puis long-temps. De-là les bains de fable, d eau ,
de fumier, les alambics, les cornues, les matras,
M ballons, les creufets , les fourneaux, ont pris
naiflance.
Mais les chimiÆes devenant plus exacts, voulant
Amplifier leurs opérations pour mieux les
entendre, tenant un compte égal des principes qui
fe dégagent, & de ceux qui fe combinent, voulant
fur-tout appliquer la balance à leurs operations, &
la rendre pour- ainfi-direrefponfable des réfultats,
ont imaginé des appareils à l’aide defquels dis ne
perdroient rien & pourroient | tout apprécier, j
en recueillant chaque principe à mefure qu il fe
fépareroit de ceux auxquels il eft uni dans le eom-
pofé qui eft fournis à l’analyfe , ou déterminer la
quantité & la nature d’un inconnu , par le réfultat
de fa combinaifon avec un corps connu.
Si Haies n’a pas apporté dans fes travaux , une
précifion rigoureufe , au moins il eft le premier
qui en ait fenti la néceffité 3 dc qui ait fait fes etforts
pour y parvenir. L’ aétion de Tair^dans les
opérations de la nature & de l'art, quin’avoit pas
étéapperçue,ouqui avoit été négligée avantlui,fixa
fon attention. Ilpenfa que l'air entroit dans la combinaifon
de beaucoup de corps j & q u ily influoit
par fa nature & par fa malle. Convaincu de cette
vérité j il conftruilit des appareils pour recueillir
ce principe à mefure qu'il fe dégageoit des corps
par différens moyens. . ,
Avant de décrire les appareils de Haies qui lont
déjà allez compliqués, nous décrirons un appareil
limple tel qu'on s'en fert pour diftiller ou fublimer
des matières fans les altérer, 8c qui repartent dans
le vafe qui les reçoit au même état que celui ou.
ils étoient auparavant.
La figure „i.-CLaJfe 6 des inftrumens pour les dlftrl-
lations, eft un appareil limple. Cet appareil eft
compofé d'une cornue tubulée A. pofée fur un
paillaffon. Son bec B. entre dans un ballon K
percé d'un petit trou T . Ce trou etoit autrefois
delliné à donner iffue aux fluides élaftiques ou aux
vapeurs qui n’.avoient pas le temps de fe conden-
fer , ou qui n'étoient point de nature à l’être par
le froid. , , , .
Quelquefois il arrive que le bec de la cornue
ne peut entrer dans le ballon, alors on emploie un
corps intermédiaire nommé allonge ,■■ tel qu'on le
voit figure xo de la claffe 6 des inftrumens pour la
diftillation , cet inftrument a été décrit à fon mot
& fe voit ifolé figure S delà même claffe.
Ces appareils fervent principalement a diftillec
des corps qui s’élèvent facilement en vapeurs ^ &
quife condenfent dememe, comme 1 eau, 1 ether,
l'alcool j les acides , &c. Afin de ne rien perdre ,
on plonge le ballon dans l'eau fraîche , & on le
recouvre d’un linge mouillé. Comme les vapeurs
qui s'élèvent du fond de la cornue, fe réduifent
en liquide ou en fulide fur le bec de la cornue
avant_d'être dans le ballon 3 il eft neceffaire que le
col de la cornue ait une pente décidée vers la
pointe.' ,
Nous reviendrons plus particulièrement.au.mot
D i s t i l l a t i o n fur l’ ufage de ces appareils.
Appareil pour augmenter. l’aftion du calorique.
M Lavoifier confidérant la cherté & les difficultés
des moyens que les'chimiftes ont employés
jufqu’à ce jour pour produire un grand degre de
chaleur., a cherché à y en fublhtuer d autres
plus commodes , moins chers & a la portée de
tout le monde ; ces moyens confident dans 1 emploi
du gaz oxigène, au lieu d’air atmofpherique,
pour la combuftion, & des rayons du foleilraf-
femblés par un verre ardent. Il produit par-la une
chaleur trois ou quatre fois plus interne qu avec
l’air atmofphérique lelleeftmême fupérieure acelle
qu’onobtenoitparles appareils, qui coutoientbeaucoup
d’argent. \ n „ „ .
On fe fert pour cela d une table A 15 U D , fig.
19. d. 7 , pejcée en F d'un trou, à^ravets lequel on