
radicaux ont plus d’affinité avec Toxîgène , que
n’en ont lé charbon , l’hydrogène , 8cc.
Il faut en dire autant des alcalis fixes. Quoiqu’il
y ait des raifons, pour penfer d’après la
décompofition de l’ammoniaque , que lazoteeft
un des principes de ces fels , comme on l’a dit
aux articles alcalis & ammoniaque ; il s’en faut
cependant de beaucoup que cette partie de l’ana-
lyfe ■ foit avancée autant qu’il feroit à defirer
qu’elle le fût. < )n peut même dire que les moyens
ou les méthodes d’analyfe ne font point encore
trouvées pour ce travail , 8c que ce ne fera pas
par les expériences faites jufqu’à préfent fur ces
fubftances qu’on en viendra à bout. Ainfi l’on voit
qu’il refte encore beaucoup de chofes à faire dans
l’analyfe des matières falines, en ne parlant même
que de celles dont un grand nombre de propriétés
font connues , 8c fans même y comprendre
celles qui pourront être découvertes par la fuite
dans le règne minéral.
D. La fcience eft bien plus avancée fur les
matières métalliques 3 qu’elle ne l’étoit il y a
un demi-fîècle. Depuis trente ans, on a découvert
un grand nombre de fubftances métalliques. 11
paroît même que les découvertes en ce genre
ne font pas terminées -, 8c qu’on peut efpérer
de les voir s’accroîtré tous les jours. 11 ne peut
pas être queftion de l’analyfe des métaux , puif-
que tout ce qu’on a trouvé de nos jours en chimie
, nous porte à penfer que ces corps ne font
pas décompofables 3 8c fe comportent dans nos
expériences comme des matières fimples. Ce n’eft
pas cependnat qu’on puifife affurer & que l’on: ait
jamais dû penfer ou dire que les métaux font
en eux-mêmes des corps fimples. Une pareille
opinion ne nous a jamais été perfonnelle, &ceux
qui l’ont attribuée aux chimiftes françois qui ont
changé la face de la fcience par le rapprochement
des nouvelles découvertes & par les inductions
générales qu’ils en ont tirées , ne les ont pas fans
doute bien compris. De ce qu’ils ont prétendu
que les métaux ne font en aucune manière dé-
compofés dans les diverfes opérations qu’on leur
fait lubir 3 ils n’en ont pas inféré que les métaux
font des corps fimples 3 des élémens , ni même
qu’on ne parviendroit pas quelque jour à leur faire
fubir la décompofition à laquelle ils ont en quelque
forte échappée jufqu’àujourd’hui ; mais feulement
qu’au lieu de les décompofer 3 comme on croyait
l’avoir fait autrefois 3 on les avoit au contraire
combinés avec d’autres corps. Ainfi il faut conclure
des obfervations très-exaCtes des modernes 3 que
les principes inconnus qui compofentles métaux ,
que les élémens qui entrent immédiatement dans
leur formation y font fi adhérens, fi intimemen t
combinés, qu’aucune autre, matière n’a pu encore
les défunir, 8c conféquemment que leur analyfe
n’a point été faite, il eft même facile d’apperce-
vorr que la méthode propre à faire cette analyfe
des métaux , eft elle-même parmi les objets les
■ plus, inconnus & Jes plus éloignés de Tétât dé
la fcience. Mais fi lés métaux n’ont pas pu être
analyfes , fi la méthode propre à conduire a la
connoiffance de leurs principes, eft loin d?être
trouvée, en revanche les comportions métalliques
, que la nature offre en fi grande quantité
dans les entrailles de la terre , & au’on connoît
fous le nom de mines , ainfi que celles des com-
pofitions fi variées, que les procédés des arts créent
pour leurs befoins , font pour les chimiftes autant
d’objets intéreffans a’analyfes. Ici l’on doit
ranger l’examen chimique de tous les alliages métalliques
naturels ou artificiels, des oxides métalliques
natifs, des métaux qui exiftent fous terre
dans leur forme métallique, des fels neutres dont;
ils font partie, des fulfures fi variés 8c fi nombreux
qui fe préfentent dans les mines 8c qui en!
font la plus grande maffe. La minéralogie attend
de ces analyfes bién faites & de la comparaifon
de leurs réfultàts , une marche qui puiffe guider
fies pas, 8c éclairer fes méthodes dans la elaffifi-
cation des mines , Ôc cette partie de la fcience
minéralogique ne fera complette , que lorfque
ces analyfes auront été répétées fur les principales
mines connues 8c exploitées dans les diverfes régions
de la terre. On ne peut plus fe borner ici
comme on le faifoit autrefois en docimafie à traiter
les compofés métalliques naturels parla calcination
ou le grillage, la réduction à travers les
charbons , ou dans dès creufets, tout doit être
fait avec la plus grande précaution. Il faut employer
tous les moyens qui peuvent faire connoître
la nature , le nombre 8c la proportion des diverfes
fubftances unies aux métaux dans les mines } il
faut en aggrandiffant encore les reffources de la
docimafie humide, dont Bergman a le premier
.enfeigné à faire une partie précieufe de fart chimique
, traiter les mines par les différens acides
qui peuvent en ifoler ou en diffoudre lés divers
principes , foit minéralifateurs , foit minéralifés.
On ne doit point fe contenter de rechercher le
métal ou les métaux qui y font contenus , & négliger
la nature 8c la proportionnes minéralila-
teurs. Sous ce point devue, l’analyfe des mines
en préfentant à la vérité plus de difficultés , 8c
en exigeant mêmevde la part de ceux qui s’y
livrent une grande étendue de lumières 8c de con-
noiffances chimiques, promet une ample moiffofi
de découvertes , 8c- des progrès rapides dans la
minéralogie. Il faut en dire autant de l’examen
de tous les alliages qui font employés avec tant
de fuccès dans une foule d’arts, 8c qui malheu-
reufement font fouvent faits d’après les feuls indices
d’une routine aveugle 8c chancelante. L’art
des différens départs, qui ne font autre chefs
que des efpèces d’analyfes fondées fur les attrapons
connues des métaux pour Toxigène , Dr
leur plus ou moins difficile oxidation, & fur
l’adhérence diverfe de leurs oxides pour les acides,
eft aujourd’hui pouffé beaucoup plus loin qu’il
ce
fie: l’évoit été autrefois. La chimie poffede des
moyens fûrs, pour féparer les unes" des autres
toutes lés;n^atières métalliques alliées-, pour en
déterminer la nature 8c les proportions j non-
feulement on fait départir le cuivre 8c les métaux
volatils Hé l’argent & de Tor, l’argent pur de l’or
lüi-niêmé, mais encore* féparer l’argent 8c l’or
du ' platine , l’étain du plomb , le bifmuth du
plomb 8c d‘e'l’étain, le fër. du cuivre, l’arfénic
de tôutës lés autres matières métalîiqués , * auxquelles
il peut être'‘uni. 11 n’y "a donc pas’ d’alliage,
qui ne puiffe être départi 8c exactement
connu, quand même les métaux y feroient plus
multipliés qu’ils n’ont coutume de l’être dans
ces'% fortjb'S de »combinàiforis. La chimie eft donc
aù plus haut point de perfeêtion poffibîe pour
l’anaîÿfé1 des compofés métalliques;., 8c elle ifia
quef. très-peu de chofe à defirer fur cé point.'
E. Lés bitumes font des corps inflammables,;
qu’on a voulu en vain comparer entr’eux, 8c réu- ;
nir dans un feul genre.' Les minéralogiftes com-
méncent à être perfuadés. qu’il y a prefque autant
de'gefiresjjarmi les bitumes, qu’on ÿ çofnptoit
autrefois d’èfpèc'es , & qu’ils différent finguliè-;
reméfit,’. lès. unsjës autres. L’anal'yfé chimiquë
paroît devoir offrir le même réfultat. La diftil-
îâtiqn fur-tout montre dans la plupart de ces corps
une cohipofition analogue à;celle des fiics-végétaux,
réfineux ou balfamiques , d’où ils paroiffent ma-
nifeftement tirer leur origine, 8c le complément
de cette1 analyfe fera quelque jour la détermination
. précife des fubftances végétales auxquelles’
lesrbimmés, doivent leur tiaiffance. Déjà cette de-;
compofition1 comparée de quelques; bitumés , a'
fait pèhfér qu’il en exiftoit, dont l’orïginépourroit
bien avoir été due à des matières-animales enfouies
dans les terres au milieu des eaux de la
mer. ^ C’eft ainfi par exemple queplufîeurs miné-,
ralqÿftés François' foupçonnent que le- charbon dej1
terre".'eft formé par les graiffes 8c lés’huiles des;
animaux marins , 8c ' fur-tout des cétacés 8c des
poiffons, "'M. Parmentier a été conduit à cette’
opinion pà'r la fufibîlité 8c l’état huileux de la,
plupart aes charbons de terre , par l’odeur fétide
qu’ils répandent en brûlant,-8c fur-tout par les
fels ammoniacaux qu’ils fourniffent. La nature de
l’huile 8c dqs ’ gaz qui s’en -dégagent par la diftil-
lation peuvent eriçorê' autorifer cette affertiop,
ainfi qué; la forme de Couches très - nombreufes ,
appliqûéés.lès ünes-fur lëS autres qu’on obferve dans'
toutes lès carrièrès ou- la nature a depofë ce bi-’
turfte; .On ‘ peut ënçore joindrç aux preuves précédentes,’
les> coquilles, foffiles 8c les autres productions
marines, que l’on trouve à la furface'
de ces carrières. Depuis quelques années on a
foupçonné què l’ambré gris, pourroit bien n’être
suffi qu’unë'production animale} enfin on croit
etre peu-éloigné de connoître l’Origine "du.fuccin
pour une fubftancè végétale' extraite'’ -en' quelque
fûrté,’ ôif"âu * moins folliciteê' daiïs foh excrétion
Chimie. Tome, II.
par une efpèce de fourmi qui l’accompagne conf-
tamment,-Mais toutes ces affertions , pour être
confirmées ou détruites, exigent encore une grande
fuite d'expériences, qu’on eft bien loin d’avoir
terminées. Il faudra réunir toutes les reffources
de. l’analyfe la. plus exaCte ~3 tous les fçcours ,
tous lés moyens de la chimie, pour établir des
comparaifons fuivies-entre les 'bitumes 8c les productions
végétalés ou minérales , auxquelles ils
paroiffent'être lé plus analogues. Outre la diftil-
latjori yqüi a fait prefque Tunique moyen d’analyfe
qu’on leur a appliqué jufqu’àpréfent, il fera né-
ceffaire de traiter les bitumes par les alcalis , par
les acides | par les huiles , par l’alcool , parj’é-
thèr, 8c dé traiter en même-temps 8ç abfolument
de' la même manière ceux des- fucs huileux^, végétaux
ou animaux , qui paroîtront avoir ave©
eux les traits de reffemblance les plus frappans
dans leurs propriétés extérieures.
§ IV. De tanalyfe végétale.
Il n’y a pas encore trente ans , que la partie
de la chimie qui comprenoit les végétaux , étoit
entièrement1 8c uniquement composée des principaux
procédés des arts qui s’exercent fur les différents
produits de ces êtres. La chimie végétale,
dans les cours 8c dans les ouvrages , ne confi-
déroit alors-les végétaux , que par les préparations
diverfes qu’on leur fait fubir dans les arts du
pharmacien , du vigneron, du fucrier, du confi-
feur, ditfavonier, dû boulanger, du teinturier, 8cci
Au temps de Rouelle on commença à tirer quelques
induCtions1 générales, fur ce qù’on appelloit
les principes des végétaux, 8c cette partie de
la chimie dont la plus grande feCtion n’examinoit
que la -feule préparation des remèdes tirés du
régné végétal, reçut tout-à-coup un nouveau
luftre. On. fit à-cette époque fur les végétaux
8c fur les confidérations chimiques tirées des procédés
des arts qui y étoient relatifs , ce qu’on
avoit commencé à faire environ cent ans auparavant,
fur les minéraux. L’analyfe végétale commença
donc à exifter , 8c tous les chimiftes s’en
occupèrent fà .l’envi. On recueillit 8c on compara
les èxpériences de Boulduc , de Geoffroy, de
. Neumann , de Gaubius de Cartheufer, dé
; Margraf, de Venel, de Model, de Roux , 8cc.
les deux Rouelles, 8c fur-tout Rouelle le cade^
. firent un :grand nombre d’expériences fur les matières
végétales j il réfulta de tous cës travaux ,
une fuite de données nouvelles 8c plus exactes
fur les matériaux de ces êtres. Bucquet offrit
le premier, dans fon introduction à l’étude des
corps tirés du' règne végétal, un tableau exaCfc 8c
auffi complet qu’il étoit poffibîe alors , de toutes
| les découvertes chimiques faites dans Ce règne ,
8c il difpofa le premier dans un ordre méthodique ,
toutes/es connoiffances acquifes dans leur analyfe.
Depuis ce clvmifte, Scheèle a trouvé plufieuis