
blanchiment ordinaire. Il paroît même par des expériences
de M. Decroifille , que l’acide muriatique
oxigené en refferrant les pores du coton , lui
donne plus de folidité, & qu’en même temps il
lui communique la propriété de prendre des couleurs
plus éclatantes. De ce que les toiles font
moins ufées , il en réfulte un inconvénient aux
yeux de quelques commerçans 3 c’eft qu’elles pa-
roiffent liipins fines que les toiles- de même qualité
blanchies à la manière accoutumée. M. Bonjour
a même été obligé de. chercher les .moyens d’ufer
les toiles qui a voient été blanchies- à la manière
accoutumée dans l’établiflement qu’il dirige. On
fentque ces moyens ne font pas difficiles à trouver
; mais ceux qui voudront s’en paffer profiteront
d’une plus grande folidité.
Et ces vafies prairies qui, dans les pays les plus
fertiles, font abandonnées aux toiles qu’il faut y
tenir étendues pendant toute la belle faifon 3 par-
viendrai?je à les conquérir à l’agriculture , pour laquelle
leurs produétions font perdues pour la plus
grande partie ?
Si je ne me fais pas illufion , le procédé que j’ai
décrit doit être diriingué de ceux qui contribuent
aux fimples progrès des arts ; il mérite une recommandation
particulière auprès de ceux qui veillent
fur la profpérité publique,puirqu'outre les intérêts
du commerce , il peut contribuer dire&ément à
vivifier les campagnes , qui font la première fource
de nos rich elfes 3 & qui ont tant de droits à nous
infpirer de l’intérêt.
Je vais paffer à la defcription de quelques autres
ufages auxquels on peut employer l’acide muriatique
oxigené. 11 paroît qu’on peut s’en fervir
avec fuecès pour détrfiire le fond garance des toiles
peintes. Lorfquon a imprimé ces toiles avec diffé-
rens mordans 3 on les paffe dans la garance ou les
deffins prennent différentes nuances fuivant la
nature des mordans >r mais le fond de ces toiles
reçoit auffi la couleur de la garance ; cette couleur
eft beaucoup moins folide que celle qui a été
fixée par les moraans 3 & il faut la détruire par le
moyen de la bouze de vache & du fon 3 & par de
longues expofîtions furie pré. Je cherchai à fup-
pléer à ces moyens par l’acide muriatique oxigené,
mais j’obfervai que les couleurs qui dévoient être
confervées étoient elles-mêmes fort altérées. M.
Henry , favant chimifte de Manchefter , éprouva
que les carbonates , foit de potalfe , foit defoude ,
empêchoient ce mauvais effet de la liqueur, &
il s’en eft fervi depuis lors .avec fuccès ; j’ignore les
détails du procédé qu’il fuit. M. Decrpifille'm’écri-
vit à-peu-près dans le même temps , qufil »voit
fait la même obfervation , & je la vérifiai bientôt
eiime fervent du procédé que j’ai décrit à l’occafîon
de la Ieffive de Javelle, en étendant de beaucoup
d’eau la’ liqueur qu’on obtient par-là. M.
Qberkampf, à qui je communiquai ce procédé,
& qui ne négligé rien de ce qui peut établir la
perfection de fa belle manufacture de toiles de
Jouy, ne tarda pas à commencer les effais qu’il
vient de continuer avec M. Royer, & qui promettent
un heureux fuccès pour les couleurs dans lef-
quelles le fer rf eft pas encore employé, car celles
là font affoiblies} les rouges au-contraire prennent’
plus d’éclat qne par le procédé ordinaire:
mais ce que je çonnois de cet art n’eft pas encore
porté à une affez grandé, perfection , pour que j’en
préfente les détails. (1) •
Il fera probablement plus important pour le
procédé des toiles peintes que pour le blanchiment
, de pouvoir déterminer la force comparative
des liqueurs j mais la difTolution d’indigo ne
peut être employée à cet ufage, parce quelle ne
fe décolore qu’imparfaitement lorfqu’il y a un mé*
lange d’alcali, félon l’obfervation que m’a communiquée
M. Wart : au-contraire la difTolution de cochenille
remplit parfaitement cet objet.
MM. Henry & Decroifille ont auffi obfervé
qu’on pouvoit employer avec fuccès la liqueur
compofée d’acide muriatique oxigené & d’alcali,
pour aviver le coton qu’on a teint en rouge d’An-
drinople.
J’ai fait voir qu’on pouvoit blanchir , par le
moyen de l’acide muriatique oxigené , la cire végétale
qui eft verte 5 je n’ai pu lui donner un blanc
égal a celui que prend la cire ordinaire, mais elle
ne retênoit qu’un teinte jaune, & elles’étoit fort
rapprochée par les autres propriétés, de la cire ordinaire.
J’avois auffi éprouvé que la cire jaune pouvoir
blanchir par ce moyen ; mais il m’avoir Fallu
refondre cette cire, & répéter plufieurs fois l’opération
pour la bien blanchir ; & j’avok jugé îque
les frais feroient trop confidérablqs ; pour pouvoir
fubftituer ce procédé à celui dont on fait ufagé.
M. le chevalier Landriàni m’a écrit que M. le
baron de Born avoit éprouvé que la cire jaune fe
blanchiffoit fort .bien lorfqu’on l’expofoitsà la vapeur
de l ’acide muriatique oxigené j & qui! fe
• propofoit de faire un établiffement de ce blanchi4-
ment. Ici la vapeur n’offre pas les principaux incon1
véniens dont j’ai parlé pour les toiles , & je ne
ferois pas furpris qu’on pût fe fervir avantageufe*
ment de ce procédé.
J’ai annoncé dans mes premiers mémoires que
l ’on pouvoit fe fervir de cette liqueur pour
éprouver la folidité des couleurs , & pour déçoit
vrir dans quelques initans quelles dégradations
l’injure du temps devoit y produirez Un grand
nombre d’expériences m’ont convaincu de cette
( 1) 11 paroît, par ce que je viens d’apprendre de M. Tagkos, célèbre manufacturier de Manchefter, où l’oii commence
de ces nouveaux établiffemens, que l’on n’a pas toujours befoin d’ajouter de l’abali à l’acide muriatique oxberié ; & que e
douleurs où entre le fer ne font pas toujours »ftbihües. Ççs effets variée dépendent probablement des procèdes différens uou
on fe fert pour imprimes les toiles.
propriété , & - jç n’ai rencontré jufqu’à préfent
qu'un très-petit nombre d'exceptions ; je crois
même que l'on ne fera jamais trompé lorfqu'on
mettra dans la même liqueur, pour fervir d’objet
de comparaifon, un échantillon d'une même couleur
j de la bonté de laquelle on fera affuré.
M. Haufleroan de .Colmar a éprouvé , ainii que
je le tiens de M. Diétrich, que l'on pouroit détruire
la couleur quelconque d'un drap par le
moyen de l’acide muriatique oxigené, en le paffant
enfuite dans une légère diffolution d’acide fulfuri-
que, pour diffoudre les parties métalliques quife
trouvent dans plufieurs teintures. Il fauteependant
obferver ( & c’eft une propriété dont on peut encore
tirer avantage) que l'acide muriatique oxigené
colore en jaune les fubftances.animales ; je
fuis par-là porté à croire, que le procédé de M.
Hauifeman eft fur-tout applicable aux fubftances
végétales.
A Million a la defcription du blanchiment,&c. tome 6
des annales de chimie, p. 204.
Je me fuis propofe en publiant la defcription
du blanchiment par l ’acide muriatique oxigené ,
de communiquer tout ce que je pourrois ajouter
à ce procédé , foit par mes propres obfervations ,
foie par mes correfpondances, lorfqu'on ne m’a
point impofe le fecret, & il doit paroître naturel
que les perfonnes qui fe dévouent à cet art, fe
refervent- les améliorations auxquelles elles font
parvenues, car il n’y a pas de propriété plus ref-
petlable que les découvertes de l’indulirie.
M. Writer a éprouvé qu'il ëtoit avantageux de
terminer le procédé ..par l’expolition des fils &
des. toiles fur le pré, pendant trois ou quatre jours,
penaant lefqueis il faut les arrofer quelquefois, &
apres cela , les laver dans de l’eau pure. Il croit
que cette expofition eft indifpenfable pour leur
ôter unenuance jaunâtre qu'ils confervent j mais
il cbferÿè que le' coton n’a pas befoin de cette
opération.
D’autres perfonnes ont blanchi à l’ent jère fatif-
faétion des gens de. l’art, fans cette expofition , &
dans plufieurs expériences,.je me fuis’convaincu
que; l’on pouvoit amener le lin au blanc ie pluspar
fait fans elle ; cependant lorfque le fil & la toile
fe trouvent .comprimés dans.quelques parties,
comme il eft bien difficile qu’ils ne le foient dans
les opérations en grand, ces parties confervent,un
oeil jaune qui exigeroit quelquefois plufieurs opérations
pour être effacé par-tout également; ce
Qui augmenteront les frais , & tendroit à affoiblir
fe lui, au lieu çu’une courte expofition fur le pré
diffipe cette nuance. Cette pratique me paroît
donc de voir être adoptée pour le lin ; elle n’exige
QU un terrein très-peu étendu , & elle n'entraîne
Qu un ioible défavantage pour le temps.
1 oin que « Decrofille ait renoncé à fétablif-
fement qu’il a formé à Rouen , comme je l’ai dit
j fur une relation fände, il y a.fait divers change-
mens avantageux au procédé, ainfi qu’on devoit.
l’attendre des foins de cet habile chimifte. Il me
permet de publier ce paffage d’une de ces lettres/
» On vous a trompe , Moniteur , lorfqu’o»
Vous a dit, que mon établiffement’pour la compo-,
fition & emploi dp votre Ieffive n’avpit point eu
lieu ; il eft maintenant en pleine aéb'vite. Nous
blanchiffqns au même prix à-peu-près que les cu-
randiers, les großes étoffes de coton & les toiles
fines.de lin.pour chemifes ,;les bas, bonnets &c.,
en fil & coton. Je me flatte .d’avoir pertèaionné
votre découverte. Mon grand récipient diftilla-
■ toire eft dans un genre tout-à fait nouveau ; j ’en
ai totalement banni Je bois ; chacun de mes ma-
tras contient 60 jivrès -d’acide fulfuri.que , & c .
J ai banni egalement le bois pour les vafes. où je
plonge les ftijets à blanchir. Notre blanc eft maintenait
plus eftiméque le plus beau blanc quefiffent
les Anglois avant votre découverte. Le coton filé ,
blanchi par votre Ieffive, prend avec beaucoup
davantage la teinture dite ■ d’ Andrinople ; on
évité , par ce moyen, environ un tiers de la main,
d oeuvre. 11 faut moins d’huile dans les aprêts }
votre Ieffive d ailleurs , employc y dans certaines
circonftances du procédé, concurremment avec les
■ jWn <JroSues » produit une couleur beaucoup
plus belle. Votre découverte fera des plus utiles
à notre ville ; bien des marchands trouvent leur
compte à donner des étoffes à déteindre, & je
leur rends les étoffes auffi faines & auffi blanches
que fi jamais elles ri’euffent fubi teinture ou im-
preffion. *>
La fubftitution d une matière qui ne foit pas
attaquée pal la liqueur au bois pour le tonneau
pneumatique & pour les baquets, elf très-importante
pour le fuccès de ce blanchiment, parce;
qu’on évite par-là une perte confidérable de liqueur
, qui porte fon aftion fur le bois, & les
frais de réparation des vafes qui fe détruifent
promptement.
J’ai .preferit de plonger dans l’eau la toile qu’on
for-t acidulée par l’acide fulfurique; cette préparation
ne fuffit pas , il faut la plonger dans uns
légère Ieffive cauftique , médiocrement chaude ,
& l ’y tenir pendant quelques inftans.
Lorfqu’on fait couler immédiatement la liqueur
dans les baquets, ainfi que je l’ai preferit, il tauc
avoir foin de la bien mêler avec l’agitateur, parce ■
qu’autrement laliqueur la plus faturée qui occupe
le fond s’écouleroit la première , & auroit une
trop grande aélion. L’on peut fe paffer d’agitateur
& alors 11e laiffer couler que la moitié ou les trois
quarts de la liqueur qu’il faut mêler avec la quantité
d’eau qui lui convient, félon les proportions
que j’ai établies , & le refte de la liqueU; qui fe
trouve très-foiblement imprégnée fert, avec l’eau
. qu’on ajoute , pour l’opération fuivante.
Plufieurs perfonnes ont entrepris le procédé
fans avoir des notions de chimie, ou fans faire at