à ce combat pour veiller fut la conduite du
gouverneur de Calais dans une occafion fi critique;
perfonne hors de la ville n’avoit fû Ton
arrivée. Il fe Contenta de faire à Charny une
légère réprimande , ou plutôt une plaifanterie.
» Meffire Geoffroy, lui dit-il, vous voulez avoir
j>-les places à trop bon marché. Vingt mille
» écris pour Calais. C ’eft trop p eu; en conf-
» cience il m’a coûté plus cher ». Edouard eut
' d’ailleurs pour Charny toute forte d’égards.
François, fils de Raymond, furintendant de
-la maifon de Henri IV alors roi de Navarre,
& chevalier d'honneur de la reine Marguerite ,
a écrit les vies de plufieurs grands capitaines
rfrançois, parmi lefquels il a donné place à
Raimond ion père. Il avoit eu un frère aîné,
Claude, tué à la guerre dans une extrême jeu-
.neffe. C ’eft pour Jean Baptifte , fils de François,
-qué'îabaronie de Foutquevaux fut érigée en• mar-
ttiuifat en 1686. Les lettres d’ érégion fpécifient
tous les fervices de fes ancêtres à commencer
.par Lancelot de Pavie , trifayeul de Raimond.
Paul Gabriel, marquis de Fourquevaux mourut
à Strasbourg-des bleflures qu’il avoit reçues
•* d a bat aillé d’Hoch fier.
PAVILLON ( N i c o l a s ë t E t i e n n e ) ( 'Hiji.
/eccïéf. & Hifi. lut. )
i ° . Le premier, fils d’un autre Etienne Pavillon,
corre&èur des domptes, & petit-fils d’un autre
Nicolas Pavillon, avocat a p pariement de Paris,
. eft ce'célèbre évêque d’À le t , fi recommandable
par fes vertus , fur-tout par une fermeté que
'toute la-puiflance de Louis X IV ne put ébranler;
' ni clans l’affaire du Formulaire ni dans celle de
la Régale. ' ( Voÿe^ à l’article B o s s u e t , le mot
' courageux 'que ce prélat dit à Louis X IV , au1
fnjet de l’évêque d’Alet & de l’évêque de Palmiers
Caulet ; voye{ atrffi l’article C a u l e t ).
Pavillon avoit été formé au miniftère eccléfiaf-
tïque par Vincent de Paule, cet homme dont tous
les talêns 'avoient pour principe & pour objet
la Charité, & un tel difc-iple honoroit u n ' tel
' tiiahre. I l 1 mourut dans la difgrace en 16 77 ,■ à
' quatre-vingts ans pàfTés.' Maiheureufes querelles
dont l’effet e ft la difgrace de la vertu! il étoit
né en 1597. Son épitaphe l’appelle un homme
humble au milieu des vertus & des éloges. Le Rituel a Vüfage diL'dïôcêfe cTAlet, qui a paru pendant
fô n : épifcbpat, a été'attribué au doâeur Anfauld,
c ’èff dire affez ; que c’ëft un ouvrage efiimé : Il
- a cependant été- condamné par le pape le moins
contraire aux Janfémftes ( Clément IX , ) en 1668;
ce qui n’émpêcha pas l’évêque d’Alet de le
faire obferver confia moment "dans fori diocéfe. Gn
de lui aufli' des ordonnances & des fiatuts fy -
nodarix. Il a paru en 17 3 3 ,' des’ mémoires- pôur
‘ ; fervïr à la vie dé Nicolas Pavillon, évêque d’Alet.
a ° . L e fécond, Etienne, étoit neveu de l’évêque
d’A le t ; c’eft lui que M. de Voltaire appelle dans
le Temple du Goût :
Le doux , 'mais foible Pavillon.
Il avoit été avocat-général au parlement de Metz.
Il étoit de l’académie des belles-lettres , quoiqu’il
ne {oit connu que par des poéfies légères
& par des ouvrages de profe qui font aufil chofe
lé gè re , irïais cette académie n’a jamais dédaigné
aucun-genre de littérature , ce féroit une
injufiice trop indigne d’elle. L’académie frànçoife
lui trouva auffi affez de taie ns 8c de goût pour
l’admettre dans fon fein ; il avoit en effet de la
facilité, de la grâce, de la dêlicateffe, du nâturel ;
mais l’nrie. & l’autre académie aiiroit pu le trouver
trop peu laborieux. Il paroit qu’il -étoit de
ces gens à qui les fuctès de la convêrfatiOn
fuffifent, 8c font négliger ces fiiccès plus durables
que procurent les ouvragés ; en èffet ces fucéês
de la converfatîôn' coûtent moins à 'c eu x qui
peuvent les obtenir , 8c on en jouit plus fenfi-
Biement. Il mourut à Paris le 10 janvier 1705 ;
il étoit né en 163a , il avoit été reçu à Tac»»
démie frànçoife en 16 9 1 , à la place de Benferade ;
les poéfies ont été. recueillies en 17 15 & 1720*
G n y diftingue entre autres pièces une efpèce
d’éloge ou d’apologie de l’inconftance, qui fioiç
•par ces vers;
L’honneur de pafler pour confiant
Ne vaut pas la peine de l’être.
Et où Ton trouve dJautres vers agréables & in®
gériieux , tels que ceux-ci :
"Ulyfle t qui pour fa fagefTe ,
Fut fi célèbre dans la Grèce ,
Qùoi'qu’amoureux & bien-traité.,
Refufa, malgré fà teridreflTe ,
D’accepter l’immortalité ,
A la charge d’aimer toujours line déelTe.
Il confole un hômme qui avoit éprouvé une
inconftance, en lui difant en fubfiance: votre
maîtreffe n’a rien fait que de fort naturel 8t de.
fort légitime :
Vous avez ce fié de lui plaire ,
E lle 'a celTé de vous -aimer....... .
Son incdhftarice » cri vous quittant,
Ne fait que .prévenir la vôtrp.
PAVIN. ( Voye{ Sa in t Pa v in . )
P A U
PAUL. Il y a d’abord deux faints de ce nom»
C O r in u S ' de t o u t l e ; m o n d e .
î °. L?apôtre- des Gentils ,- dont toute rhifioire
Te--trouve dans les aéles des apôtres 8c dans f»#,
• «pitres.
t? . Salut, P a u l, premier herrnire. mort; en
3 4 1 , à cent quatorze ans, dans les déferts de la
Thebaïde, où la perfécution de l’empereur Déce
& l’indignité d’un beau-frère de Paul qui avoit
voulu le dénoncer pour avoir fa confifcâtion ,
l’avoient forcé de fe retirer. Uue caverne, habitée
avant lui par des faux-monnoyeurs, fut
fa demeure, des dattes fa nourriture, des feuilles
de palmier fes vêtemens, mais il vivoit à l’abri
des perféenteurs, il vivoit loin des hommes ,
qu’il vaut mieux fervir fans doute, mais qu’il
efi plus fur d’éviter. Dénué de tout, mais délivré
de tou t, il trouva dans une vie libre 8c tranquille,
dans le filence des pafiions, dans la fup-
prelîion des béfoins, dans la méditation, dans la
prière > une douceur qu’il n’avoit ofé fe promettre,
Saint Antoine qui d’un autre côté de la
même contrée avoit embraffé le même genre
de vie 8c qui croyoit être le premier, en parcourant
ces déferts où il fe croyoit feul égaré,
parvint à la caverne dè P a u l, lia connoiflance
& amitié avec lui 8c lui promit de revenir le
voir. Quand il revint, il trouva l^int Paul im-
: mobile , dans l’attitude d’un homme abforbé dans
la méditation ou livré tout entier à l’oraifôn, il
le touche , il Pembraflè, faint Paul n’étoir plus.
M. Rollin cite deux vers d’un de fes écoliers,
qui traitant ce fujet 8c peignant le moment .où
faint Antoine embraffe faint P a u l, s’écrie:
Quidfaôis , Antotii ? jamfriget Pautus , & ait as,
Immixtus fuperis , nec jam tuas , attigit arecs.
feeureufe imitation de ces deux vers de Virgile;
Jamtjuè vole , ferai- ingenti circumdata ttoclè ,
Invalidafque tibi tendensheu ! non tua , palmas.
^ On juge bien que les légendaires n’ont pu
s’empêcher de joindre bien du merveilleux à
rhifioire déjà fuffifammenr merveillenfe de faint
Eaul\ ils font venir un corbeau pour lui apporter
fon pain tous les jours, ce qui n’efi pas fort
difficile à inventer après rhifioire d’E.Ue, Ils font
venir des lions pour creufer avec, leurs, ongles
la foffe où faint Antoine l’enterra : heiireuÇement
des critiques très-orthodoxes nous autorifent à
ne point croire ces merveilles.
Il y a eu cinq papes du nom de Paul.
Pa u l I , frère 8c fucce-ffeur d’Etienne II ou
I I I , connoiflant le goût de Pépin le B r e f , rot
de France, pour tout ce qui concernoit le culte
8c la Liturgie, goût qu’on\appeîloit alors'amour
des lettres , lui envoya dés chantres 'de l’égliïe
srôriïai'ne ponr inftruire ceux du palais. Il lufen-
vo y a auffi quelques livres recherchés alors, 8c
P.ne horloge d’invention nouvelle que les hifio-
riens appellent horloge hotfurrie, Jufques-là 6n ne
connoifibit point dé manière de mefurer le temps,1
qui ne dépendît du foleii; on u’avoit point d’autres,
hpjrlog;es ,que les cadrans fpîaîres. Tout ce'
qu’on fait de cette nouvelle horloge, c’efl qu’elle
marquoit les heures la nuit comme lè jour. La
defeription qu’on nous en a laiffée ne nous apprend
point d’ailleurs fi c’étoit une horloge de
fable, oivd’eau, ou à roues. Paul I ; élu en y y j ,
mourut en 767,
Paul II ( Pierre Barbo ) noble vénitien , étoit
neveu d’Eugène I V , & fuccèda en 14 6 4 , à Pie II.
Il étoit beau, le favoit bien, 8c voulut à fon
exaltation prendre le nom de Formofe, dans le
meme fens ou on difoit de l’archevêque de Paris,
de Harlaÿ de Chanvallon :
Formoji pecoris euflos formojior ipfe.
Mais il n’y a qu’un pape notoirement. laid qui
puifie fans ridicule prendre ce nom de Formofe.
Barbo la. fentit, Sç prit celui de P nul I I . C e
pontife avoit une grande facilité à pleurer. Pie I I ,
fon prédéceffeur, l’àppelloit : Notrc-Dame.de P it ié .'
Ce fut lui qui donna aux cardinaux la robe de
pourpre & le bonnet de foie rouge; ce fut lui
auffi qui, par une bulle du 19 avril 14 7 0 , ordonna
que le Jubilé reviendroit tous les vingt-
cinq ans. Il publia des croifades contre lès Turcs
& contre Podiebrad r,oi, de . Bohême hérétique.r
Il haïffoit les gens de lettrés. Platina qu’il avoit
mis deux fois en prifon & qu’il avoit dépouillé;
de. fes .biens, ne l’a pas flatté dans fon hiitoire.
Il, vécut dans .la moliefle & mourut d’indigeflion
en 14 7 1. Le cardinal-Quirini a donné fa vie en
: 1740. .
Paul IIÎ ,( Alexandre Farnèfe ) Romain; cet
■ avantage d’être né romain , le titre de doyen
du facré collège, fon âge ( il avoit foixanre-
fept ans ) concoururent à le faire élire après la
mort de Clément V I I , en 1534. Le peuple de
Rome gémi finit fui-tout 41e ne voir depuis longtemps
fur le faint flège que des pontifes étrangers
à Rome. Si à chaque éleétion , il ne ciioft pas'
autour du conclave , Romand là volano , comme à
1 éleqion d'Urbain V I , en 13 7 S , il n’en defiroit
pas moins .vivement un Romain pour pape.
I aul 111 eut toujours devant les yeux l’exemple
de Clément V I I , prifonnier de Charles-Quint
II tâcha de tenir la balance auffi égale qu’il lu i
fut pofiible entre ce redoutable conquérant, ce
preneur de princes, & fon rival François I.
C e fi fous fon pontificat, en '15 3 6 , queCharies-
Quint donna dans Rome en plein çonfiftoire
cette fcène feandâleufe, où il déclama fi incié-
cemment tontre François I , . & ce fut par le
conféil de c e '. Pape, qu’il donna des copies fi
adoucies & fi affaiblies de ce même difeouts , q u i
avoit autant choqué que furptis ceux qui l’avoient
entendu , & qui parut prefque modéré, à ceux qui
I l f Æ B f i l ^ut aux foins1 de ce même pape’
Paul I I I , qu’on dût Pèntrévu;è:d’Aigues-Morics