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ne t'ont qu’un tlffu ; & lés modernes n’ont rbit 1
qu’enchérir fur e <x. On leur attribue auffi. un
grand nombre de règles & de manières, d’interpréter
8c de citer les écritures., qu’on prétend
que les apôtres ont Suivies dans leurs châtions 8c
interprétations des prophéties de l’ancien tefta nient..
Stanhopé & Jenkins fe plaignent beaucoup de
la perte de ces règles , par lesquelles, diSoient-
ils , on rétabliroit les difc .rdances qui fe trouvent
entre l’ancien & le nouveau testament.
Surrenhufius, profeffeur en hébreu à Amfter-
dara , a cru les avoir trouvées dans les anciens,
écrits d|5 Juifs ; & il obfervè que le.s rabbins in-
terprétoienc l’écriture en changeant le Sens littéral
en un Sens plus noble 8c plus Spirituel. Et pour
cela, Selon lui, tantôt ils changèoient les points
& les lettres ; ou ils tranfpoSoient les mots , ou ils
les diviSoient ou en ajoutaient : ce qu’il prétend
confirmer par la manière 'dont les apôtres ont
expliqué & cité les prophéties.
Mais qui ne voit que tout ceci n’eft qu’un artifice
pour rendre moins odieufe la pratique des
Sociniens , qui au moyen de quelques points ou
virgules ajoutés ou tranfpofés dans les.livresSaints,
y forment des textes favorables à leurs erreurs ?
Mais , après tout, l’exemple des' rabbins ne les
autoriieroit jamais dans cette innovation , ni eux
ni leurs Semblables , puifquè Jefus-Chrift a for-,
mellemenc reproché à ces. faux do&eurs qu’ils
corrompoient le texte, & pervertifloient le Sens
des écritures. Les apôtres n’ont point eu d’autre
maître que l’efprit Saint; 8c fi l’application qu’ils
ont quelquefois faite des anciennes écritures au
Meflie, a quelque trait de conformité avec celles
qu’on attribue aux rabbins, c’eft qu’il arrive Souvent
à l’erreur de copier la vé rité , & que les
rabbins ont imité les apôtres, mais avec cette
différence qu’ ils n’étoient pas in Spires comme
e u x , 8c que Suivant uniquement les lumières.de
la rai Son , ils ont donné dans des. égare mens qui
ne peuvent jamais devenir des règles en matière
de religion révelee , ou tout doit fe décider par
autorité. . £
Mais ce qu’on doit principalement aux rabbins ,-
c’eft l’aftroiogie judiciaire ; car malgré les défenfes
fi fou vent réitérées dans leur loi de fe . Servir-
d'augures & de divinations , ou d’ajouter foi
aux °prédiâions tirées de l’obServation des aftres,
leurs plus fameux do&eurS ont approuvé cette
fuperftition , & en ont compofé des livres qui
l’ont répandue dans tout l’univers , & fur - tout
en Europe durant les Siècles d’ignorance, au Sentiment
de M. l’abbé Renaudot , qui connoifioit à
fond toute la Science rabbinique. ( A . R , )
RA BBOTH. S. m. { H iflo h des Ju ifs .) Les
juifs donnent ce nom à certains commentaires
allégoriques fur - les cinq livres de Moite. Ces
commentaires Sont ci une grande autorité chez eux.,
font ço'-ifidérès comme très-anciens» Les juifs
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prétendent qu’ils ont été compofés vers l’an 30
de Jéfus-Chrift. Ils contiennent" un rec cil d explications
allégoriques des do&eurs hébreux , oit
il y>à quantité de fables & de contes faits à pla.ifir«.
,On peut prouver aifément que ces livres n’ont
pas l’antiquité que les rabbins leur attribuent :
c’eft ce que le P. Morin a montré évidemment
dans la fécondé partie de fes exercitariôns fur la
Bible. Quand ils veulent citer- cef. livres , ils
les marquent par le premier mot de chaque livre
de Moïfe : par exemple ils nomment la'Genèfe
Berefchit tabba ; l’Exode , S canot rabba ; les Nom- .
bres, Jtammidbar rabba , & ainfi des autres ; 8c
ils les nomment au pluriel rabboth , comme qui
diroit grandes glofes. Il y en a eu diverfes éditions,
tant en Italie que dans le Levant. M. Simon
tèmDigne s’ être Servi d’une édition de Salon
i que. (A . R.)
RA BELAIS ( F rançois } Hijl. lit. mod. ) On
a fait de la vie de Rabelais , à peu près comme
depuis, de la vie clé Santeuil, une efpèce de recueil
de bons mois 8c de bons contes , dont
aucun n’eft bon 8c qui n’amufent que le peuple.
La plupart même de ces hiftoires qu’on .croit fi
agréables, font démontrées impoffiblesÿ Que Rabelais.
étant à Lyon 8c voulant venir à^faris ,
mais n’ayan; ni de quoi faire ion v o y a g é ni de
quoi payer clans Son auberge.,, ait imaginé dé faire
écrire par le fils dé Son ho telle Sur de petits Sachets :
poifon pour faire mourir le roi , yoîfon pour faire
mourir la reine , le tout pour être conduit & nourri
jufqu’à Paris , fans qu’il lui es coûtât rien , tout
le monde conçoit que , dans tous les temps, on aurait
Sévèrement puni une plaisanterie fi indécente
8c fi alarmante pour la nation.
Que Rabelais faifant après coup la relation du
voyage qu’il avoit fait à Rome à U fui e au cardinal
du B e lla y , ait dit par plinfanterie qu’en
voyant un homme auffi élevé en dignité & auffi,
confidérable que le cardinal du Bellay , baifer le
pied du pape, avant de le baifer à la bouche, il
avoiteraint qu’on ne lui fît baifer quelque chofe
de pis, on en a fait l’hiftôire pofitive qu’il avoit
propofé au pape de lui baifer le derrière , mais
qu’il l’avoit prié de vouloir bien Sé. laver auparavant
, ce qui fit beaucoup rire le pape & tout
le facré collège.
Quant à la p. étendu q requête-au pape far laquelle
il le fupplioit de j ’excommunier afin qu’il ne, fût
pas brûlé, parce que Son hôteffe voulant allumer
un fagot de bois apparemment trop verd , 8c qui
avoir peine à prendre , avoit dit que ce fagot
était excommunié de la pif.de du pape , toutes ces
petites',piaifanteries niâifes fuppofeni d’ailleurs
un degré de familiarité qu’on a rarement avec
ces Sortes de perSon'nes ; o u , fi c’étôit à titre de
ce qu’on appelloit alors des fonx que Rabelais
prenoit ces libertés , Anaxarque lui eût dit avec
raifon
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xaîfon r vous devriez gagner un peu mieux vo t re ar
gent, & nous donner de meilleures plaifanteries. ,(
Nous lie Savons non plus ce qu’il faut penfer
de Sa manière de s’introduire chez le chancelier
D upra t, en parlant latin à Son fuiffe , grec à celui
que le fuiffe fit venir comme entendant le
latin , hébreu au grec & ainfi de Suite, jufqu’à
Sept ou huit langues, & le tout pour parvenir à
obtenir audience du chancelier, qui vraisemblablement
donnoit audience à tout le monde. Cette
manière de s’annoncer avoit en effet quelque
ch.ofe de piquant & de remarquable ; mais fi
c’étoit un fi grand mérite aùprès du chancelier
Duprat de Savoir tant de langues , n’y avoit-il
»pas de moyen plus Simple de faire connoître au
chancelier Duprat, qu’il avoit ce mérite , que
d’aller faire ainfi le bateleur à Sa porte & dans fa
cour? D’ailleurs la maifon du chancelier Duprat,
étoit-elle donc $ remplie de Savans, ayant chacun
le département d’une langue? Quoiqu’il en
fo it , il s’agiffoit, dit-on , de faire rétablir les privilèges
de l’uni verfué de Montpellier, que le chancelier
avoit Supprimés, 8c ils furent rétablis à la
Sollicitation de Rabelais qui occupoit une chaire
de médecine dans cétte univerfité. Sa robe y eft
encore reftée , & tous ceux qui prennent le bonnet
de doâeur en médecine , font revêtus de la
robe de Rabelais.
Rabelais avoit été cordelier , puis bénédiâin ,
ipuis médecin ; 11 fut dans la Suite chanoine 8c
curé de Meudon,; tous ces états étoient bien Sérieux
peur un homme fi gai & fi libre , toujours
livré au plaifir toujours porté à boulîbnner.
C’eft précisément ce contraire de Son état ou de
fes états & de Son humeur , qui a fait fa célébrité.
Il étoit d’ailleurs remarquable par la figure
la plus noble , la plus belle , la plus Spirituelle,
par une taille majeftueufe, par beaucoup d’efprit,
de fei», de gaîté , par beaucoup de connoiffances,
par un caractère original. Il plaifanta, dit-on, même
en mourant, mais il eut encore le malheur de
plaifanter mal dans ce dernier moment , s’il eft
vrai qu’il Se'Soit fait mettre un vêtement nommé
vdomino , pour avoir le plaifir de dire : beati qui in
domino moriuntur ; heureux ceux qui meurent dans
lé feigneur, ou qui. meurent en domino. >
Quant à Son livre fi vanté & fi long - temps
admiré, on fait le jugement que M. de Voltaire
en a porté & le parallèle qu’il en a-fait avec le
dofteur Swift qu’on appelloit en France le Rabelais
de l’Angleterre. Cette grande réputation
de Rabelais eft une de celles que M. de Voltaire
a détruites ou fort ébranlées, u Le do&eur Swift,
» dit-il, a l’honneur d’être prêtre comme Rabe-
w lais, & de Se moquer de tout comme lui; mais
» on lui fait grand tort...» de l’appeller de ce nom.
» Rabelais dans Son extravagant & inintelligible
1 livre a répandu une extrême gaîté & une plus
» grqnde impertinence. l i a prodigué l’érudition,
n les prdures 8c l’ennui; un bon conte de deux pa-
Hifloire. Tome i f .
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1) geS;.eft acheté par des volumes de. Sottifes ; il n’y
« a que quelques perfonnes d’un goût bifarre qui
» So piquent d’entendre & d’eftimer tout cet ou-
n v rag e ; le refte de la nation rit des plaisanteries
» de Rabelais, 8c méprife le livre ; on le regarde
>», comme le premier des bouffons; on eft fâché
» qu’un homme qui ay-oit tant d’efprit en ait Sait
n un fi miférable ufage ; c’eft un philofophe ivre ,
v qui n’a écrit que dans le temps de Son ivreffe.
» M. Swift \ f t Rabelais dans Son bon Sens &
v vivant en bonne compagnie. Il n’a p~s à la
» vérité la gaîté du premier, mais il a toute la
» fineffe, la raifon, le choix, le bon goût qui
» manque à notre curé de Meudon. Ses vers Sont.
» d’un goût finguiier & prefque inimitable ; la
» bonne plaifanterie eft Son partage en vers &
» en profe ».
On a dit du livre de Rabelais ce qu’il dilbit
lui-même des loix commentées & embrouillées
par les jurifconfultes, que détoit une belle robe
bordée J ordure ; le temps ne peut que rendre plus
difficile de jour en jour l’intelligence d’un livre
où l’allégorie domine. Dans ce qu’on entend encore
de Rabelais, on trouve affez d’efprir & de
Savoir pour juftifier une partie de la réputation
dont il a joui, 8c affez de mauvais goût pour
juftifier les dédains des critiques & le refroidiffe-
ment des le&eurs; mais la Fontaine en faifoit grand
cas 8c grand ufage, & il faut reconnoître qu’il
a encore des partifans pleins d’efprit 8c de goût*
^ Rabelais étoit fils d’un aub'ergifte ou d’un apothicaire
de Cbinon en Touraine. Il eut fa chaire
de Montpellier en 1 5 3 1 , Sa cure de Meudon en
•1545. Il mourut en 1553*
R A B IR IU S , ( C a iu s ) Hifl. rom.) chevalier
romain. Nous avons un plaidoyer que Cicéron
fit pour lui dans l’année même de Son confiilat*
Voici quel en étoit le Sujet : dans le temps des
cruautés 8c des fourberies de Marius, Saturnin,
le plus Séditieux des tribuns, s’étoit vendu à toutes
fes fureurs & en avoit été le plus coupable miniftre.
Ses crimes ayant révolté, il périt par l’effet d’un
Soulèvement général, à la tête duquel étoient le
Sénat,les deux confuls, prefque tous lesmagiftrat*
& tous les gens de bien 8c les meilleurs citoyens.
Au bout de trente-fept ans, un tribun nommé
T . Labiénus, neveu d’un autre Labiénus, feâa-
teur de Saturnin & tué avec lu i, entreprit de
venger Son oncle & de faire condamner à mort
Rabirius qu’il aceufoit d’avoir tué Saturnin ; il
ne l’avoit pas tu é , mais Suivant un ufage toujours
barbare , lors même qu’on ne Sait que juftice,
il avoit porté Sa tête comme en triomphe de
maifon en maifon. Sur les accufations & les inf-
t an ces. de T . Labiénus , on tira au Sort deux com-
miffaires pour juger Rabirius, 8c l’un de ces com-
miffaires fut Céfar , qui lui-même avoit fait agir
Labiénus; l’autrefut un parent de C éfar, ce qui
.fit penfer qUG pour cette Sois le Sort navoitpas
N an