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de Jean-Baptifte Berrier de la F e r r iè re , doyen des
doyens des maîtres des requêtes , & de Marie
Potier de Noyion . I l en a eu des enfans.
R E S T A U T ( P i e r r e ) H iß . litt. mod. ) Av o ca t
au c o n fe il, auteur d’un liv re à qui fon utilité a
procuré un grand nombre d’éditions ; ce liv re
connu de tout le monde a pour titre : p rin c ip e s
généraux & raifonnés de la grammaire F ra n ça ife .
R eß a u t a revu aufli un traité de l’ortographe
imprimé à Poitiers en 17 7 5 . 11 eft encore auteur
d e quelques autres ouvrages moins connus. Né à
B e auvais en 1 6 9 4 ; mort à Parisien 17 6 4 .
R E S T A U R A T IO N , f. f. ( H iß . mod. d ’A n g l. )
O n appelle en Angleterre la reflauratiqn ou le
réta bliJJement, le changement de 1660 , par lequel
le roi Charles I I fut rappellé au trône de fes
pères. Je n’examine point fi l’on pouvoit s’en
difpenfer ou non ; mais on a remarqué qu’après
cette reflàuration des S rw a rd s , le caraélère d e la
ra t io n fouffrit une altération confidérable. S ’il eft
permis de dire la vérité , elle changea l ’hofpita-
lité en lu x e , le plaifir en débauche, les feigneurs
des provinces & les gentilshommes de la chambre
d è s communes en courtifans e t en petits-maîtres.
L ’efprit anima la licence du fiècle , & la galanterie
y répandit le vernis qui fa it fon apanage. On
v i t fuccéder à l’auftérité du gouvernement du pro-
te é leu r , les goûts de la cour de Louis X IV . On
n’aima plus que les poéfies efféminées ,. la mol-
leffe de Wa lle r , les fatyres du comte de Rochefter ,
& l’efprit de C ow le y . Enfin Charles I I ruina
Ion crédit & fes affaires , en voulant porter dans
fon gouvernement le génie & les maximes de
ce lui de France. V o ilà le germe qui produifit
l ’événement de 16 8 8 , confacré fous le nom de
■ révolution. ( D . J . )
R E S T IT U T IO N . ( H iß . mo d. ) C ’eft ainfi
qu’on nomme à Rome l’ufage où èft le pape ,
d e donner le chapeau de cardinal à un des plus
proches- parens du pape qui lui avoit conféré à
lui-même le cardinalat. ( A . R.)
R E T Z . ( G o n d y ou G oN D r) H iß . mod. ) L a
maifon de G o n d i, originaire de F lorenc e , y b ril-
lo it dès les premiers temps dé la république. On
l a croit defcendue de la maifon de Philipp i, une
des plus anciennes de la Tofcane ^ un Braccius
Philippi fut fait chevalier par Cha rlemagne , en
Cette maifon porte le nom de Gon d i depuis le
treizième fiè c le ; ejle a joué un g^and rôle dans la
fameufe querelle des Guelphes & des Gib e lin s;
e lle eut beaucoup d’alliances ave c les maifons
S alviati & Médicis. En conféquence de ces alliances
, un cadet de la maifon de G o n d i, Antoine I I ,
v in t s’établir en F ran c e , où il acquit des terres du
temps de Catherine de Médicis, I l fiit maître-
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d’hôteî du roi Henri I I , & fa femme fut gouvernante
des enfans de France.
i ° . C e t Antoine de Gondi forma en France la
branche des ducs de R e t^ -G o n d i. Il eut un grand
nombre d’enfans , dont deux principalement élevèrent
affez' haut en France la grandeur de leur
maifon. . ; ' I
2.0. L e premier fut Albe rt de G o n d i, duc de
R e t { . marquis de B e lle - Ifle , maréchal de France »
il eft décrié comme inftigateur de la S a in t-Ba r -
thélemi.
N e v e r s , G o n d i , T a v a n n e , u'n p o ig n a r d à la m a in »
E c h a u f f a i e n t l e s t r a n fp o r t s d e le u r z è le in h u m a in ;
E t p o r t a n t d e v a n t e u x la l i f t e d e le u r s c r im e s ,
L e s e o n d ü i fo ie n t a u m e u r t r e & m a r q u o ie n t l e s v iâ im e r »
C e fut lui qui apprit à Charles IX à diffimu-
l e r , ce fut lui aufli qui lui apprit à jurer. On a
cru que le projet de Catherine de Médic is, en?
consentant au mafiacre de la Sainte Barthélemi ,
avoit été différent de celui des G u ife s , & bien
plus atroce ; elle fe propofoit moins, d it -o n , de-
facrifier un des partis à l’au tre , que de les extern
miner tous les deux., & même tous les trois : car
les Montmorencis, catholiques, mais ennemis des.
Guifes & amis d e .C o lig n y , leur coufin , formoient
comme un troifième p a r t i, qu’on appella depuis le
parti des* P o litiqu es . L e plan de Catherine étoit:
que quand les Guifes attaqueroient C o lign y , les
Montmorencis fe joindroient à lui & le jetteroient:
fur les Guifes ; qu’alors le roi fortant du L cu v re
ave c fes gardes & les troupes raffemblées dans-
P a r i s , fondroit à la fois fur les Guifes , fur C o -
l in y , fur les Montmorencis, les extermineroit tous
& qu’aiors la . puiffance roy a le n’ayant plus de
contrepoids » Catherine , fous le nom de fon fils ,,
régneroit defpotiquement avec le maréchal de
R e t ç -G o n d i , feul confident de ce projet & plus,
capable de l’a voir conçu que de l’exécuter. L ’en-
treprife manqua par deux caufes : l’u n e , que les
huguenots furpris fe laiffèrent égorger fans réfif-
tance comme des troupeaux ; l’ au tre , que les;
Montmorencis relièrent tranquilles, & qu’on n’ofa.
les attaque r, parce que le maréchal , leur frère
a în é, eut la prudence de relier à C h a n t illy ,.&
ne put jamais être déterminé à v enir à la cour#
V o y e z à l’article C o lign y quelques particularités»
fur le maréchal de R e t { . Brantôme eft ^très-peu-
favorable à cét Italien. Il dit que le maréchal
étoit p e t it - fils * d’un meûnier des environs de
Florence , & fils d’un homme qui avoit fait banqueroute
à L y o n , & d’une mère encore plus,
cou p ab le , g ran de revenderejfe d e . . . . . dit Brantôme.
L a vérité eft q u e , comme nous l’avons d i t ,
fon père avoit été maître - d’hôtel de Henri I I ;
la m è re , gouvernante des enfans de F ran c e ;fo u .
ayeul , un des premiers magiftrats de Florence.
Charles IX le fit feul premier gentilhomme
de fa chambre & grand chambellan,. Il répré^
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fenta la perforine du connétable.au facre de Henri
n i qui le fit général des galères , chevalier de
fe s ordres, duc & pair , gouverneur de P ro v en ce ,
géné'ralifiime des armées. Tan t de fiiveur n étant
pas fouteau d’un affez grand mérite, ne fit qu exciter
l ’envie fans infpirer le refpeél. L e maréchal de
Re tz mourut le 2 2 avril 1602.
3 0. L e frère du maréchal de R e t { que nous
jivons annoncé, fut le cardinal de Gondi ( Pierre )
é v ê q u e de Paris,commandeur de l ’ordre du faint
E lp lit à la première création , chancelier oç premier
aumônier de la reine Elizabeth d’Autriche ,
femme de Charles IX . Mort le 17 fé vrie r 1616.
4®. L ’évêché de Paris fut quelque temps comme
héréditaire dans cette maifon de Gondi. L e cardinal
( Pierre ) dont nous venons de p a r le r , s en
démit en faveur du cardinal de R e t { » fon neveu , f H e n r i) fils du maréchal, de R e t ^ .C e cardinal
fut rais en 16 2 1 à la tête des- affaires avec le
comte de Schemberg. I l eut à fe reprocher cl avoir
confeillé à Louis X I I I la guerre c ivile contre les
huguenots ; il l’ y fu iv it , Si mourut à fa fuite a
B e z ie r s ,le 3 août 16 2 2 .
5 ° . Il eut pour fucceffeur dans le fiege de
P a r i s , Jean-François , fon frère puîné , qui en fut
le premier archevêque , Paris n’ayant été érigé
en archevêché que le 20 o âôb re 1622.^
6 ° . C ’eft celui-ci qui eut pour coadjuteur le
célèbre cardinal de R c t^ , f©U n eveu, (Je a n -F ra n çois
Paul de G o n d i, ) le grand rival du cardinal
Mazarin, fi Connu par fes intrigues & par
fes mémoires ( v o y e z l’article J o l y ) . Çet homme
fingulier, dit M. de Voltaire , eft le premier évêque
en France qui ait fait une guerre civile fans avoir
la religion pour prétexte. I l s’eft peint lui-même
dans fe s mémoires , « écrits avec un air de gran-
« d e u r , une impétuofité de g én ie , & une ine-
» galité , qui font1 l’image de fa conduite. C e to it
» un homme q u i ,.d u fein de la débauche, Si
» languiffant encore des fuites qu’elle entraîne ,
m prêchoit le peuple Si s’en faifoit idolâtrer. Il
37 refpiroit la faélion & les complots ; il avoit é té ,
m à l’âge de vingt-trois a n s ,l ’aine d une confpi-
« ra tion, contre l^avis de Richelieu : il fut 1 auteur
» des barricades : il précipita le parlement dans
» - le s cabales , & le peuple dans les feditions. C e -
» qui paroît furprenant , c’eft que le parlement
» entrain? par lui leva l’ étendart contre la cour ,
» avant même d’être appuyé par aucun prince...
» E n lifant les lettres du cardinal Mazarin & les
3) mémoires du cardinal de Reeç , on vo it aifement
» que R e i^ étoit le génie- fupérieur. Cependant
» Mazarin fut tout - puiffant, Si R e t { fut ac-
w câblé. »
L e portrait de ce faélieux cardinal , dans !e
préfident Hénault, eft un de ceux qui ornent Je
plus fon abrégé chronologique. « On a de la
a peine, d it-il, à comprendre comment un homme
» qui paffafa v ie à cabaîer,n’ èut jamais de véritable
» .objet, R aimoit l’intrigue pour in triguer; cfprit
R E T J4 7
» h a rd i , d é l ié , v a f t e , & u n p eu r em a n e fq u e , » Tachant t i re r p arti de l ’au to r ité qu e fon état lu i
33 d o n n o it f u r i e p e u p le , & fa i Tant f e r v i r la r e l i -
» g io n à fa p o l i t iq u e , ch e rch an t q u e lq u e fo is à f e
» fa ir e un m é rite d e c e q u ’il ; ne d e v o ir q u ’a u
» h a fa rd , & a juftant fo u v e n t ap rè s cou p le s m o y e n s
» a u x é v én êm en s . Il fit la g u e r r e au ro i , m a is
» le p e r fen n a g e d e re b e lle é to it c e q u i le fla tto it
» le p lus d ans fa réb e llio n ; m a g n ifiq u e , b e l e fp r i t ,
33 tu rb u le n t , a y a n t p lus d e fa illie s qu e d e fu it e ,
» p lu s d e ch im è re s que d e v u e s ; d ép la cé d an s
37 une m o n a rch ie , & n ’a y a n t pas ce qu ’il' f a llo it
>7 p o u r ê tr e r é p u b lic a in , p a rc e qu’ il n’é to it n i
77 fu je t fid è le n i bon c ito y en ; auffi v a in , ^ p lu s
77 h a rd i & m o in s h o n n ê te h om m e q u e C i c é r o n ;
>7 enfin plus d ’e f p r i t , m o ins g ran d & m o ins m é - 37 ch an t q u e C a tilin a . S e s m ém o ire s font t r è s - a g r é a - », b lé s à lire ; m ais c o n ç o it -o n qu ’un h om m e a it
77 le co u ra g e , o u p lu tô t la fo l ie d e d ire d e lu i -
37. m êm e p lu s d e mal qu e n’ en eût pu d ire fo r t
77 p lu s g ra n d en n em i ? »
(O h o u i , on le c o n ç o it t r è s - b ie n , Si. ■ c e tte
rem a rq u e du p ré fid en t H én au lt m’ a to u jo u r s p a ru
a ffe z f r iv o le ; il n e co n fid è re pas qu e l ’im p re fiio u
q u i réfulie du m a l q u e le c a rd in a l d it d e lu i-m em e ,
lu i e ft tr è s -a v a n ta g eu fe ; q u ’il e ft p e in t c om m e
u n h om m e b r illan t & fu p é r ie u r , Si q u e b e a u c o u p
d e g en s a im en t m ie u x l ’ a dm ira tio n q u e l’e ftim e
M a is c ’ eft la co n d u ite q u e tin t le c a rd in a l a p rè s
la m o r t d e M a z a r in , q u i d o it le fa ir e à la fo is
a im e r , e ftim e r &. a dm i re r ; i l n’y a qu un g ran d
& n o b le c a r a â è r e q u i p u iffe fe r e le v e r fi n o b le m
en t a p rè s tan t & d e te lle s e r r e u r s ; i l a m o n tré
com m en t un g ran d h om m e fa it r é p a r e r ‘ les p lu s
g ran d e s faute s .
77 C e q u i e ft é to n n a n t , d it à c e , fu je t le p r é f id
en t H é n a u l t , c ’e ft qu e c e m êm e h om m e , fu r
33 la fin d e fa v i e , n’éroit p lus r ien d e tout c e l a ,
37 & qu ’ il d e v in t d o u x , p a if ib le , fans in t r ig u e ,
37 & l ’am o u r d e to u s le s h on n ê te s gens d e fo n
7» temps ; c om m e f i to u te fo n am b itio n d’a u t r e -
» fo is n’a v o i t é té qu ’u n e d éb au ch e d e f p r i t , Sc
37 d e s to u r s de jeu n e ffe d ont on fe c o r r ig e a v e c
» l’â g e ; c e q u i p ro u v e b ien qu’ en e ffe t il n’y
» a v o i t en lu t au cu n e p affion ré e lle . A p r è s a v o i r
37 v é c u a v e c une m a gn ific en c e e x trêm e , & a v o i r
37 fa it jfo ur p lu s d e q u a t re m illio n s d e d e tte s »
77 tout fu t p a y é , fo it d e fo n v i v a n t , fo it a p rè ^
37 fa m o r t .» .
I l m o u ru t à P a r is d ans l’ ilô te l d e L e fd ig u iè r e s
le 2 4 aoû t 16 7 9 . S o n c o rp s fu t p o r té à S a in t -
D e n i s , dont' i l a é té le p rem ie r ab bé . I l a v o ie
é c r it à dix-Cept ans 1 hiftoir© d e la co n ju ra tio n cm
com te d e F ie fq u e . 11 fu t au teu r d’ u n e m u ltitu d e
d e b ro ch u re s p o lit iq u e s o u fe d itieu fe s , p en d an t
le s tro u b le s de la F r o n d e .
L e s au tres p e fo n n a g e s d ig n e s d e rem a rq u e d ans
la m a ifo n de G o n d i -Ret%, font :
7 0. Charles de Gondi, marquis de Belle-Ifle , fils
d u m a ré ch a l d e n é en 1 5 6 9 , n om m e , e a