
F r e t d e ) (Hift. lut. mod. ) deux frères, Pbus
deux jéfuites, tous deux prédicateurs.
Les fermons du pète Charles Frey de Neuville
. jouiffoient d’une grande célébrité long-temps: avant
Tinipreffion; ils n’ont rien perdu, à .paroître au
grand Jo ur ; le. public les a fort accueillis, & ils
s’en eft fait ptufieurs éditions en peu de. temps.
Get orateur a une maniéré à lu i, & ne refTemble
à perfonne. Ses deux oraifons funèbres., l’une du
cardinal de Fleury, l’autre du maréchal de -Belle-
ÏHe, n’ont pas moins r.éniii que Tes fermons, fur-
tout la première, dans laquelle, parmi des tableaux
de la plus grande.force, le tableau ingénieux & l
antithétique du janfénifme, n’a pas trop déplu
aux janféniftes mêmes.
« Jours de préfomption& d’indocilité, où, par
» un raffinement de foupîeffe & de diffimulation
» profonde , l’erreur vafte & hardie dans fes pro-
* je t s , timide & mefurée dans fes démarches,
» condamne l’Eglife, & ne la quitte pas $ reconnoît
« l’autorité | &_ne plie pas ; dédaigne le joug de
» la fubordination, & ne le fecoue pas ; refpeéle
» les payeurs , & ne les fuit pas ; dénoue irapêr-
» ceptiblement les liens de l’unité., & ne les rompt
a p a s ; fans paix & fans guerre, fans révolte îk
» fans ofcéiffanee. »
On y remarque fur-tout un portrait de la cour,
dont tous les traits font fends , qui eft d’un cour-
tifan profond , autant que. d’un orateur éloquent,
& qui finit par ce trait fupérieur encore à tous les
autres: « où les heureux n’ont point d ’amis, puif-
» qu’i l n’en refie point aux malheureux. »
Le père de Neuville avoit un frère aîné, iéfuite
comme lui, moins célèbre que lui par le talent
de la chaire , quoiqu’il l’eût exercé auffi avec fuc-
cès ; fes confrères le jugèrent plus propre à d’autres
emplois, & après l’avoir mis fucceffivement à la
tête des principales maifons de leur ordre, ils le
firent deux fois provincial de la province de France.
Après la diffolufion de la fociété, il s’étoit retiré
à Rennes, où il eft mort au mois d’aout 17 73 ,
A n s fa quatre-vingt-unième année, au même âge
que fon frère qui avoit un an de moins que lui,
& qui eft mort le 13 juillet 17 7 4 , environ un an
après lui.
Soit humilité chrétienne, foit modeftie d’auteur
qui ne croit point avoir rempli l’idée qu’il s’eft
faite de/on art , le père de Neuville, l’ainé, avoit
condamné fes fermons à l’oubli, & avoit réfifté
à un prélat qui vouloir fe charger de lés faire imprimer
: M. Fre y de Neuville, fon neveu , avocat
du roi au préfidial de Rennes, a penfé différemment.
En effet, les fermons de Pierre-Claude, qui
font au nombre de feize, huit dans chacun des
volumes, dont l’édition eft compofée, ne paroiffent
pas indignes de ce nom de Neuville que l’éloquence
de Charles a illuftré.
N EW C À ST IE ( F o y^ CAyÈNDisH. )
U EWTQ N, ^ Is a a c ) ( Hifi,lut, mgd,') On peut
? appliquer à Newton , dit M. de Fontenelîe , ce que
1 Lucai/i - a dit du Nil r qu i l n’a pas été .permis aux.
hommes de voir le N i l foible & naijfant.
Nec Viciât papules parvum, te nile ? viderc..,..
• • • • V • • £ t gentes tnaluit ortiLS
. ' Mirari qucim nojfe tuos.
Newton n’étudia point Euclide, il lui parut trop
clair ; il le fa voit prefqu’avant que^ de l’avoir
lu ; il paffa tout d’un coup à la géométrie de
Defcartes, aux optiques de Kepler. Il y a de$
preuves que Newton avoit.fait à vingt-quatre ans
fes grandes décru vertes en géométrie, & pofé
les fondemens de fes deux célèbres; ouvrages, les
principes, &ç. qui ne parurent qu’en 16 8 7 ,"l’auteur
. ayant alors quarante-cinq ans ; & l’optique, qui
ne parut qu’en 17 0 4 , l’auteur ayant foixante-deux
ans. On fait le grand procès qu’il y eut entre
MM. Leibnitz & Newton, ou plutôt entre leurs
nations, pour la découverte du calcul des infiniment
petits : la fociété royale de Londres, prife
pour juge par Leibnitz lui-même, a jugé en faveur
de Newton ; celui-ci, dit M. de Fontenelle,,
eft certainement inventeur, fa gloire eft erfTûreté ;
ij ne s agit que de lavoir fi M. Leibnitz a. pris de-
lui cette idée qu’il a publiée le premier. On peut
croire qu’ils l’ont inventée chacun de leur côté, &
M. de Fontenelle paroît approuver qu’on appelle
Newton le premier inventeur, & Leibnitz le
fécond.
Un-autre ouvrage de M. Newton, qui a fait révolution
, eft fon fyftême de chronologie.
M. Newton étoit né le jour de Noël ( vieux
ftyle) 1642 , à Volftrope dans la province de Lincoln
; cette terre de Volftrop étoit dans fa famille
depuis près de deux cents ans. Les Newton étoient
originaires de Newton dans la province de Lan-
cam e. Ifaac Newton fortoit de la branche aînée de
Jean Newton, chevalier baronnet. Malgré toute far
gloire, il vécut heureux & tranquille , honoré dans
fon p ay s , qui s’honoroit d’avoir produit un tel
homme, & qui ne fouftroit aucun parallèle entre
lui & Defcartes. Pour qu’il ne manquât rien à
la douceur de fa v ie , il fut riche : en 16.96, le
comte d’Halifax le fit créer garde des monnoies;
trois ans après, il fut maître de la monnoie,
emploi d’un revenu très-confidérable, & qu’il a
poffédé jufqu’à fa mort. Il fut plnfieurs fois député
an parlement, il le fut au parlement de 1688,.
& au parlement de 17 0 1.
En 17 0 3 , il fut élu préfident de la fociété royale
& il l’a été pendant vingt-trois ans fans interruption
& jufqu’à fa mort. Exemple unique ,- dit M. de
Fontenelle, & dont on n’a pas cru devoir craindre
les conféquences.
La rt ine Anne le fit chevalier en 1705. Pouf
comble de bonheur , il jouit d’une fauté parfaite
jufqu’à l’âge de quatre-vingts ans. Il fouffrit dans
les derniers temps de fa y ie , & fouffrit beaucoup *,
ta f U. avoit la pierre ; mais, accoutumé à la Tagefle
& à la modération , il ne donna pas un ligne cl impatience
, & les plus violentes dou.eurs ne lui
arrachèrent jamais un cri. Il mourut le 20 ir^ rs
(vieux ftyle) 1 7 2 7 / à quatre-vingt-cmq ans. Un
lui rendit les plus grands honneurs. Son corps fut
expofé fur un lit de parade dans la chambre de
Jérufalem ; c’eft un appartement de l’abbaye de
Weftminfter, où étoit mort le roi Henri IV , premier
roi de la maifon de Lancaftre, ce qui avoit feit.fup-
pofer, après coup, une prophétie, Suivant laquelle
il de vo it, difoit-on , mourir dans Jérufalem, & qui
s’accomplit par cette équivoque. C’eft , de puis • ce
temps, l’endroit où l’on porte au heu de leur
fépulture les pérfonnes du plus haut rang, oi-
quelquefois les têtes couronnées. Newton fut porte
dans l’abbaye de Weftminfter, le poêle fut fou te nu
par fix pairs d’Angleterre dont le grand-chancelier
étoit un. « Il faudroit prefque, dit M. de Fontanelle,
» remonter chez les anciens Grecs, fi
» l’on vouloit trouver des exemples d’une auffi
» grande vénération pour le lavoir. » j,
P Defcartes & Newton, ces deux grands hommes,
dit M.'de Fontenelle, » qui fe trouvent dans une
» fi grande oppofition, ont eu de grands rapports.
» Tous, deux ont été des génies du premier-ordre,
» nés pour dominer fur les autres efprits, &
» pour fonder des empires. Tous deux, géomètres
» exçellens, ont vu la néceffité de tranfporter la
» géométrie dans la phyfique. Tous deux ont
» fondé leur phyfique fur une géométrie qu’ils ne
tenoient prefque que de leurs propres lumières.
» Mais l’un , prenant un vol hardi, a voulu fe
»> placer à la fource de tout, Ce rendre maître des
» premiers principes, par quelques idées claires
& fondamentales, pour n’avoir plus qu^a def-
» cendre aux phénomènes de la nature, comme
» à des conféquences néceffaires. L ’autre, plus
' » timide ou plus môdefte , a commencé fa marche
» par s’appuyer fur les phénomènes pour remonter
» aux principes inconnus , réfolu de les admettre
v (juels que Lsputdonner l’enchaînement des con-
v féquences. L’un part de ce qu’il entend net-
» tement pour trouver la caufe de cç qu’il voit.
» L ’autre' part d." ce qu’il voit pour en trouver la
» caufe., foit claire , foit obfcure. Les principes
» évidens de l’un rie fè conduifent pas toujours
» aux phénomènes tels qu’ils font. Les phéno-
j> mènes ne conduifent pas toujours l’autre à des
» principes affez évidens. Les bornes qui, dans ces
» deux routes contraires, ont pu arrêter deux
» hommes de cetteefpèce.ce ne font pas les bornes
» de leur efprit, mais celles de l’efprit humain. »
Il étoit impoffible à un cartéfien de tenir la
balance plus égale entre fon héros & le héros des
Anglois, qui eft devenu, avec le temps, celui de
tout le monde.
« On a lu avec avidité , dit M. de Voltaire, &
9 l’on a traduit en anglois l’éloge de M. 'Newton y
» que M. de Fontenelle a prononcé dans l açaclé
mi- clés, firienccs. On art«encîoit en Angk-fe)
Ton jugent cin t, comme ut io déclara;ion folei
nelle de la fiipcrioriré de la philofpphie ang’.oi!
mais quand on a v u ......... . . . . qu i! compar
Defcartes à. Newton, tou:te la-' fociété ray;
de Londres s’eft foulevée :; loin d’acquicfcer
» jugement, on a fort critiqué le difeours. Pin-
» fleurs même ( & ceux-là ne font pas les plus
» philofophes) ont été choqués de cette compari
ratfoti, feulement parce que Defcartes étoit
» ftançois. »
Les Anglois n’ont - a s eu le même reproche
il faire à M. de Voltaire ; le parallèle qu’il fait de
Defcartes & de Newton eft entièrement à l’avantage
du d.mier'; New‘on eft véritablement fon
héros ; il a expofé & célébré fa doélrine & e n .
préfe & en v e r s , & dans des vers où lé mérite
de la plus grande difnculté vaincue eft encore le
moindre mérite. Il pouffe enfin l’enthoufiafnte de
la poéfie & celui de l’admiration jufqu’à s’écrier :
Clinfîdcns du très-haut, fubïhmces éternelles,
Qui brûlez de fes ferjx, qui couvrez de vos ailes
- Le trône Où votre maître eft a dis parmi vous ,
Parlez; du grand J/envcrr, n’étiez-vous point jaloux?
N G O
NGOM BO S, ( Hift. mod. Superjiition.') prêtres
impofteurs des peuples idolâtres du royaiune de
Congo en Afrique. On nous les dépeint comme
des fripons avides qui ont une infinité de moyens
pour tirer des préfens des péuples fuperftiiieux
& crédules. Toutes les calamités publiques & particulières
tournent à leur profit, parce qu’ils per-
fuadent aux peuples que ce font des effets de la
colère des dieux, que l’on ne peut'appaifer que
par des facrifices, & fur-fout par des dons faits à
leurs miniftres. Comme ils prétendent être forciers
&devins, on s’adreffeà eux pour connoître l’avenir
& les chofes cachées. Mais une fource intarif-
fable de richeffes pour les ngombos, c’eft qu’ils per-
fuadent aux-nègres qu’aucun d’eux ne meurt d'une
mort naturelle, & qu’elle eft due à quelqu’empoi-
fonnement ou maléfice dont ils veulent bien découvrir
les auteurs, moyennant une rétribution; &
toujours ils font tomber la vengeance fur ceux qui
leur ont déplu, quelqu’innocens qu’ils puiffent être.
Sur la déclaration du prêtre, on faifit le prérendu
coupable, à qui l’on fait boire un breuvage préparé
par le ngornbo, & dans lequel il a eu foin de
mêler un poifon trè s-v if, qui empêche les inno-
cens de pouvoir fe juftifier, en fe tirant de l’épreuve.
Les ngombos ont au-deffous d’eux des prerres ordinaires
, appelles gangas, qui ne font que des fripons
fubalteriies. ( A . R. )
N I C
NICAISE. (Hifi. eccléf. ) 11 y a de ce nom deux