
d’efclaves, Paul Jove loue Ton courage le fa benne
conduite , & l’expérience qu’il avoir acqaife dans les ,
guerres maritimes : 'conßanti compofiitoque Lngenio vir
tnilitioe maritima ajfuetus. Catherine -de, Médicis, fa
parente, lui procura le chapeau & le fit fon grand
«limonier.
S a l v i a t i eft aufii le nom d’un fameux, peintre ita- ;
lien , ainfi nommé, parce que le cardinal Salviati,
( Jean ) frère aîné deBernard , étoit fon prôteéleur,
& le logeoit dans fon palais à Rome. En 1554 il vint
en France pour travailler à Fontainebleau. De retour
eu Italie, il mourut en 1563. Il étoit né en 1510. Il
fe nommoit François.
SALY IEN , ( Salvïanus ) ( Hiß. Èccléfi. ) Prêtre
de.Marfeille au.,cinquième fiècle , déjflora & plaignit
arec une douleur fi éloquente les déréglemens de fon
temps, qu’il fut norrimé le Jérémie du quinzième fiècle.
On ne croit pas qu’il ait été évêque comme quelques-
uns l’on' prétendu ; on l’appelle le prêjre de Marseille
, mais @n l ’appeloit en même temps le maître
des évêques. Il refis de lui un traité de là Providence
de Dieu*, un autre contre l’avarice , quelques cpîtres \
le tout a été traduit en françois par le père Bonnet
de l'Oratoire. Bofluet, dans l’oraifon funèbre de la
reine d’Angleterre, cite Sui vi en avec honneur &
avec élo^e; il fire.de l'on livre de la Providence de,
Dieu un paiTage qui eft une peinture vive & vraie
de la fituation du malheureux roi Charles I. « Le
» voyez-vous ce grand roi, dit le laint & eloquent
» prêtre de Maifeille ; le voyez-vous féal abandonné,
» tellement déchu dans l’efprit des liens qu’il devient
j> un objet de mépris aux uns ; & , ce qui eft plusin-
» fupportable à un grand courage, un objet de pitié >
» aux autres ? Ne Tachant, poùrfuit Salvien , de la-
» quelle de ces deux chofes il avoit le plus à fe plain-
» dre, ou de ce que Siba lé nourrifloit, ou de ce
». que Séinéi avoit 1 infolencc de le maudire. De-
jeetus ufique Infiuorxm, quod grave eß3 contumeliam ,
vel quod gravius ^ mificricôrdiarn ; ut vel Sïba eum
-paficerct 3 vel ei maledicere Semci pubuce non tuner et.
Il fut tolérant , '& loin de vouloir qu’on punît dans
ce monde les hérétiques, il foutient même que nous
ne favons pas comment Dieu les traitera dans l’autre.
Haretici font fied non ficientes.... apud nos fiunt hcere-
tici} apud fie non fiunt.... veritas apud nos eßfied illi
apud fie ejfe prafiumunt. . . . errant fied bono^ animo
errant.... qualiter pro hoc ipfio fialfice opinionis^ errore
in die judicii puniendi fiunt, nullus potefi ficire jufi
. judex. De gubernatione D e i, lib. 5 , pag. 1 5 0 ,
3 5 1 .
SA LV IN Ï, ( A n t o i n e - M a r i e ) Hiß. litt. mod. )
florentin célèbre, eft un des écrivains italiens qui ont
le plus contribué au rétablifîement du bon goût en
Italie , & un des académiciens de la Çrufca qui ont
le plus, contribué à la perfection du dictionnaire. Il a
traduit en vers italiens les plus beaux monumens de
la littérature grecque-, latine, françoifeanglcife^,
l’Iliade 5c l’Qdyflée, Héftode, Théocrite, Anacréon,
Àratus, Mui’ée , les hymnes d’Orphée & de Calli-
maque, diverfes épigrammes grecques, quelques comédies
d’Arifiophane , les.vers dorés de Pythagore ,
l ’art poétique & quelques lâtyres d’Horace ; l’art
poétique de Boileau ; la tragédie de Caton d’Addiflon.
C’étoit, fans doute , travailler utilement pour les
progrès du goût que de rendre propres à fa nation
ces excellens modèles. 11 a traduit jufqu’à la vie de
Saint François de Sales de Marfolier. 11 y a de plus
beaucoup d’ouvrages originaux de lui en vers & en
pröfe, entre autres l’orailon funèbre du célèbre Antoine
Magliabecchi. S a h in i mourut à Florence en
1729.
S A M
SA MANÉEN . f. m. ( Hiß. des rtüg. oriental. )
Iss Samanéens étoient des phijqfophes indiens» qui
fprmcieut une claiïe. différente de celle des brachmanes
autre feile principale de la religion indienne.
Ils n’ont point été inconnus dés européens. Stra-
bon Si S. Clément d’Alexandrie en ont fait quelque
mention. Megafihène., qui avoit compofé des mémoires,
fur les indiens , appelle les philofophes dont
il s’agit, Germ.inés ; S. Clément d’Alexandrie S armants
o u Semai , & rapporte l’origine, de ce
dernier nom au mot grec <r$p.voc -, vénérable. Porphyre
les nomme Samanéens, nom qui approche
davantage de celui de Schamman , encore ufité dans
les Indes pour défigr.er ces philofophes*
Les Samanéens, au rapport de S. Clément d’A lexandrie
& de S. Jérôme, embralsèrent la 'doctrine
d’un certain Butta, que les indiens ont placé
au rang, des dieux, & qu’ils croient être né d’une
- vierge.
Les brachmanes ri’étoient originairement qu’une
même tribu ; tout indien au contraire pouvoit être
Samanien. Mais auiconque défiroit entrer dans cette
claffe de philofophes , étoit obligé de le déclarer
au chef de la ville en préfence duquel il faiioit
l’abandon de tout fon bien, même de fa femme
& de fes enfans. Ces philofophes faifoient voeu de
chafteté, comme les brachmanes ou gymnofophiftes.
Ils habitoient hors des villes, & logeoient dans des
maifons que le roi du pays avoit pris foin de faire
conftruire. Là r uniquement occupés des chofes cé-
leftes, ils n’avoient pour toute nourriture que des
fruits & des légumes, & mangeoient féparément
' fur un plat qui leur étoit préfenté par des per-?
fonnes établies pour les fervir.
Ces Samanéens & les brachmanes étoient en fi
grande vénération chez les indiens 3 que les rois
. venoient fouvent pour les confulter fur les affaires
Id’ état , & pour les engager à implorer la divinité en leur faveur.
Ik ne craienoient point la ^eûruélion, du corps,
fk quelques-uns d’entre eux avaient le côiifage dè fe
donner la mort en fe précipitant dans les flammes,
afin de purifier leur ame de toutes les impuretés
dont elle avoit été fouillée, pour aller jouir plus
promptement d’une vie immortelle. On leur attri-
buoit le don de prédire l’avenir, &. S. Clément
d’Alexandrie dit qu’ils avaient beaucoup de ref-
peél pour une pyramide oii l’on confervoit les os
d’un dieu.
Il y avoit plufieurs branches de ces philofophes,
entr’autres celle des hylobii, ainfi nommés parce
qu’ils étoient retirés dans les forêts & dan? les lieux
déferts, oh ils ne vivoient que de feuilles & de
fruits fauvages , n’étoient couverts que de quelques
écorces d’arbres , ne faifoient jamais ufage du vin ,
& n’avoient aucun commerce avec les femmes.
Celles-ci cependant avoient droit d’afp ire r au même
degré de perfe&ion, & pouvoient aufii embrafîêr
un genre de vie auftère.
Ce qui vient d’être rapporté, d’après les écrivains
grecs & latins, eft ce qui a déterminé à
-croire qu’il y a peu de différence entre les Samanéens
& les brachmanes , ou plutôt qu’ils font deux
feétes de la même religion. En effet, on trouve
encore dans les Indes une foule de brachmanes
qui paroiffent avoir la même doctrine, & qui v ivent
de la même façon ; mais ceux qui' ont une
parfaite reflemblance avec ces anciens Samanéens,
font les talapoins de Siam : comme eux retirés dans
de riches cloîtres, ils ne pofsèdent rien en propre
Ôç jouiflent d’un grand crédit à la cour ; mais
quelques-uns plus auftères ne vivent 1 que dans
les bois & dans les forêts : il y a auffi des femmes
qui les imitent.
La doétrine des Samanéens fe trouve répandue
dans les royaumes de Siam, de Pegu, & dans les
autres lieux voifins, ou les prêtres portent 1^. nom de
talapoins. Mais le plus commun, & celui fous lequel
ils font connus à la Chine & au Japon, eft celui de
bonnes ; dans le Tibet ils font appelés lamas.
L’Inde eft le berceau de cette religion , de l’ aveu
des habitans de tous les pays oh elle s’eft établie : il
y a apparence qu’elle a même pénétré jufques chez
les barbares de la Sibérie , oh nous trouvons encore
des fichammans, qui font les prêtres des tungoufes ;
mais elle n’a pas été uniforme dans tous ces différens
pays. Plus les Samanéens fe font éloignés du lieu de
leur origine, plus ils fembient s’être écartés de la
véritable doélrine de leur fondateur. Les moeurs des
peuples auxquels ils ont enfeigné leur religion, y
ont apporté quelques changemens , parce que les
Samanéens fe font attachés plus particuliérement à
certains dogmes & à certaines pratiques religieufes
qu’ils ont jugé convenir davantage avec le eara&ère
de ceux chez lefquels ils vivoient j mais par-tout on
.feconnoît la religion indienne.
Hifoire. Tome IV >
M. de la Crofe , qui a beaucoup parlé des Samanéens
, dit qu’il n’en refte plus de traces fur les côtes
de Malabar & de Coromandel ; que le culte des brach-
mes a-fuccédé à celui des Samanéens ; que ceux-ci ,
félon le témoignage des brachmes , ont été détruits
par le dieu Vifichrtou, qui dans fa fixième manifefta-
tion prit le nom de Vegouddovaavatarum;qui les traita
ainfi, parce qu’ils blafphémoient ouvertement contre
fa religion , regardoient tous les hommes comme
égaux, n’admettoient aucune différence entre les diverfes
tribus ou caftes , déteftoient les livres théologiques
des brachmes, & vouloient que tout le monde
fut fournis à leur loi. M. de la Croze croit que cet
événement eft arrivé il y a plus de fix cents ans. Mais
/toutes ces traditions, des malabares font détruites par
le témoignage des écrivains grecs qui font mention
des brachmes établis de tout temps dans les Indes, &
qui leur donnent une do £1 ri ne à-peu-près femblable
à celle des Samanéens : c’eft une remarque que M. da
la Croze n’a pu s’empêcher de faire.
Si le nom de Samanéen ne paroît plus fubfifter
dans cette partie de l’ Inde, nous y retrouvons encore
les jôghis , les vanapraftas, les fanjaflis & les
avadoutas , connus fous le nom général dé brachmes,
& qui, comme les Samanéens , n’admettent aucune
différence entre ~ les caftes ou tribus , &, fuivent encore
les préceptes de Budda , le fondateur des
Samanéens. Plufieurs hiftoriens arabes qui ont eu
connoiflance de ce perfonnage , le nomment Bou-
dafip ou Boudasfi. B ç ia a v i, célèbre hiftorien perfan »
l’appelle Schekmouniberkan, ou fimplement Schek-
mouni ; les chinois, Tche-kia ou Chekia-meount,
qui eft le même nom que Schekemouni de
| Beidawi ; ils lui donnent encore le nom de F o -
teou ou Foro,quieft une altération de Phutta ou Butta„
Mais le nom fous lequel il eft le plus connu dans
tous les ouvrages des chinois, eft celui de Fo , diminutif
de Foto. Les fiamois le nomment
Prahpoudi-tchaou, c’eft-à-diré, le faint d’une haute
origine, Sammana-khutama, l’homme fans paflion ,
& Phutta. M. Hyde dérive ce nom du mot Perfan
butt, idole, ôc M. Leibnitz a cru que ce légiflateur
étoit le même que le Wodin des peuples du nord.
Dans la langue des Indiens, Butta ou Budda fignifie
Mercure.
Il n’eft pas aifé de diffiper les ténèbres qui ob-
curciflent l’hiftoire de ce fondateur de la religion
indienne. Les peuples de l’Inde, toujours portés au
merveilleux, ne débitent que des fables qui nous
obligent d’avoir recours à des hiftoriens étrangers;
& ceux-ci ne nous fourniflent point allez de détails
pour que nous publions parvenir à une exa&e con-
noiflasce du temps & du lieu de la naiflance de ce
philofophe.
Quoi qu’il en foit, Fo ou Bodha , après s’ être marié
à l’âge de 1 7 ans, & avoir eu de ce mariage un
fils, fe retira dans les déferts, fous la conduite de
A cinq philofophes. Il y refta jufqu’à Y ge de 30 ans,