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fontaine. Ces préambules achevés, Apollon aver-
tifloit lui-même ce fon arrivée dans le temple
qui trembloit jufques dans fis fonde mens. Alors
les prêtres conduifoient la Pythie dans le fanâuaire,
& la plaçcient fur le ttépié. Dès que la vapeur
divine ccmmençoit à l’agirer , on voyoit fes cheveux
fe dreffer fiir fa tète , fon regard devenir
farouche , fa bouche écume.r, & un tremblement
fubit & violent s’emparer de tout fon corps. Dans
cet état elle failoit des cris & des hurlé mens qui
rempliffoient les affiftsns d’une fainte frayeur. Enfin
ne pouvant plus réfiftcr au dieu qui l’ag'toit,
elle s’abandonno.it à lu i , & proféroit par intervalles
quelques paiples mal articulées que les prêtres
recueillaient avec foin ; ils les arrangeoient
enfuite , ëc leur donnoient avec là forme du
v e rs, une liaifon qu’èîles n’avoient pas en fortant
de la bouche de la Pythie. L’oracle prononcé ,
en la retiroit du trépié pour la conduire dans fa
cellule , où elle étoit plusieurs jours |à- fe remettre
de fes fatigues. Souvent , dit Lucain , une mort
prompte étoit le prix ou la peine de fon enthou-
fiafme.
Cette'vapeur divine qui agitait la Pythie fur le
trépié , n’avoit pas toujours la même ve/tu. Elle
fe perdit infenfiblemcnt. Sur quoi Cicéron dit :
<t Cette vapeur qui étoit dans l’exhalaifon de ,1a
»> terr e , 6c qui infpiroit la Pythie, s’cft donc éva-
»» porée avec le tems : vous diriez qu’ils parlent
ot de quelque via qui a perdu fa force. Quel teins
t» peut confumer ou épaifer une vertu toute di-
w vine ? Or qù’y a-t-il. de plus divin qu’une ex-
» halaiion de la terre qui fait un tel effet fur l’a-
» me , qu’elle lui donne & la conneiffance de
o* l’avenir , & le moyen de s’en expliquer en
» v e r s } »
Un jour cette prêtreffe d’Apollon donna deux
©raclés oppofés , l’un aux Ioniens , & l’autre
aux Achéens, au fùjet des fiâmes qu’ils regar-
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dolent comme leurs dieux tutélaires ; ce qui jette
entre cqs peuples de mêmeNoiigine une femence
de dif corde affreufe. Dans un te ms éclairé 8c bien
policé, on aurait puni très-féversment la prêtreffe
d’Apollon pour fe jouer ainfi des oracles.
11 ne faut pas confondre la Pythie avec la Sybille
de Delphes , vraie vagabonne , qui aîloit de contrée
en contrée débiter fes prédirions , qui ne mon*
toit jamais fur le. facrê trépié , & qui prophétifoit
fans le fecours des cxhalaifoss qui fortoient du
fanéhiaire de Delphes. Que Virgile peint bien là
fureur de la Pythie !
Subitb non vultiis t non eolor unus ,
Non compta manfere coma j fedpeffus anhelum
E t rab'te fera corda tument',....
stt Fhabi nondum patiens, Sic.
C ’efi là que Reuffeau a pnifé ces vives idées *
O u t e l ^ u e d ’A p o l l o n le m iû i f t r e t e r r ib l e
Im p a t i e n t d u d i c a d o n t le fp u ffle in v in c ib l e
A g i t e t o u s f e s f e « s ,
L e r e g a r d f u r i e u x , la t ê t e é c h e v e l é e ,
D u t e m p le f a i t m u g i r la- d em e u r e é b r a n lé e
F a r f e s c r i s im p u iiT a n s .
T e l a u x p r em i e r s a c c è s d ’ u n e f a i n t e m a n i e ,
M o n e fp r i t a l la rm é r e d o u t e d u g é n ie
L ’ a f a u t v i â o r i e u x ;
I l s ’ é t o n n e , i l c om b a t l ’ a r d e u r q u i l e p o lïe d e ;
E t v o u d r o i t f e c e u e r d u d ém o n q u i l ’ o b fè d e
L e jo i i g im p é r ie u x j '
M a i s f i - t ô t q u e c é d a n t à la f u r e u r d i v in e ,
1 1 r e c o a n o î t e n fin d u d ie u q u i le -d o m i n e
L e s f o u v e r a in e s lo i x ;
A l o r s t o u t p é n é t r é de fa vertu fuprênje ,
C e n ’ e f t p lu s u n m o r t e l , c ’ e fl: A p o l lo n lu i -m êm e
Q u i p a r le p a r m a v o i x .
{ L e chevalier DE J à UCOURT.)
QU A
ADRIG AT I.’ ( Monnaie de Rome) C’eft
ainfi qu’on nomma les premiers deniers d’argent
qui furent faits à Rome , l’a a 4S5 de- fa fondation
, qu’on commença d’y fabriquer de la mon-,
noie d’argent. Ces premiers deniers d’argent va-
loient dix as' de cuivre , 8c furent d’abord du
poids d’une once ; leur empreinte étoit une tête
de femme coëffée d’un cafque , auquel étoit attachée
une aile de chaque côté ; cette tête repre-
femoit la ville de R ome , ou une viéloire menant
un char attelé da deux ou quatre chevaux
de front i ce qui fit appeller ces pièces lorfqu il
y . avok deux chevaux de front, bigati, & lorfqu’il
y en a voit quatre , quadrigati. Sur le revers de ces
pièces étoit la figure de Caftor & deFollux.(^4 . R.)
Q U AD R IL LE , f. f, ( Fets galante ) petite troupe
de gens à cheval , fuperbement mon es & habillés
, pour exécuter des fêtes galantes , accompagnées
de joutes 8c d%prix. Quand il n’y a qu un
quadrille , c’eft proprement un tournois ou courfe. :
Les joutes demandent deux partis oppofé's. Le
carroufel en doit avoir au moins quatre , & le
quadrille doit être jcompofé au moi..s de huit ou
douze perfonrtes. Les quadrilles fe diftinguenr par
là forme des habits, ou par -la diverfité des couleurs.
Le dernier divertilièment de ce genre qu’on
ait vu .dans ce -royaume, eft celui que donna
Louis X IV , en 1662 , vis-à=vis les Tuileries ,
dans l’eneeinte qui en a retenu le nom de la
place du carroufel. Il y eut cinq quadrilles. Le roi
étoit à la tête des Romains ; fon frère des Per-
fatis ; le prince de Condé des Turcs ; le duc
d’Enguien fon fils .des Indiens ; le duc de Guife
fi Singulier en to u t, des Américains. La reine-
mère, la reine régnante , la reine d’Angleterre,
mère de Charles I I , étoient fous un dais a ce
fpeélacie. Le comte de Sault, fils du duc de Lef-
diguières , remporta le prix , & le reçut des mains
de la reine-mère. ( £ > . / . )
QUADRUPLATOR. f. f. ( Hiß. rom. ) Ce
mot qu’on trouve dans Cicéron , fignifie un
délateur , pour des crimes qui concernaient la
république : on le. nommoit quadruplator, parce
qu’on lui donnoit la quatrième partie du bien
qui , fur fa délation , avoit été confifquè ;
Plaute a forgé le verbe quadruplait , pour lignifier
, faire la profejjion de délateur. ( D . J . ')
QUALIFICATEURS DU SA IN T OF FIC E ;
(Hiß. mod. ) nom qu’on donne dans les pays
Q U A
où Vinquifttion eft établie, à quelques membres
eccléftaftiques de ce tribunal.
Les qualificateurs font des théologiens , qui
prononcent fur les difeours ou les écrits de ceux
oui ont été déférés à l’inquifuion , & décident
ces difeours ou ces écrits font hérétiques ou
approchent de l’hèréfie ; fi les propofuions qu’ils
contienrent font fait fies, erronées, (chifmatiques,
hlafphématoires ; impies, feditieufes , offenfjves
des oreilles pieufes , &c. Les qualificateurs jugent
dufii fi la défenfe de l’acculé eft valable & foliole ,
ou fi elle n’a pas ces qualités. Lorfque les in-
quifiteurs héfitent s’ils doivent faire emprifonner
une perfonne ; ils confultent les qualificateurs qui
donnent leurs réponfes par écrit , afin qu’elles
puiffent être jointes aux autres pièces de la procédure
& leur fervir de bafe. Au refte, ces avis
des qualificateurs ne font que de fimples eonful-
tations , que les inquifiteurs ne font point obligés
de fuivre. Limborck, hifitor. inquifit.
Q U A R ANTA IN E , ( Hifi. mod.) nom en
.ufage fur les ports de mer pour fignifier le temps
que les vaifteaux venans du levànt & les paffagers
; qui font deffus ou leurs équipages doivent refter
à l’a vue des ports avant'que d’avoir communication
libre avec les habitaas du.pays.^
On prend cette précaution pour éviter que ces
équipages ou paffagers ne rapportent d’Orient
l’air l<jes ‘maladies contagieufes & peftilentielles
qui y font fort fréquentes ; & Ion a donne a
'cette épreuye le nom de quarantaine , parce qu’elle
do:t durer quarante j<frrs. Cependant lorfqu on
eft fur que ni les marchandifes, ni les paffagers
ne font partis de lieux ou fufpeéls , ou i nie êtes
de contagion, on abrège ce terme , & 1 on permet
le débarquement tant des perfonnes que des marchandises
; mais ©n dépofe au moins les uns &
les autres dans un lazaret où on les parfume.
Le temps qu’elles y demeurent fe nomme toujours
quarantaine, quoiqu’il ne foit fouvent que
de huit ou quinze jours , 8c quelquefois de moins.
Ce langage n’èft pas exact, mais 1 ufage la confirmé.
Quarantaine , eft auffi en Angleterre une
mefure ou étendue de terre de quarante perches.
Q U A R ANT IE . f. f. (H ifi. de Venife) Ce mot
I /g ffît en parlant de la république de Venife, 8c
I fignifie cour compojée de quatre juges. On diftingn©
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