
manque au moins feize, entre autres telle cPËpâ-
xninondas, Béotien comme hai, & comme lui,
dans un autre genre, la gloire de fa patrie ; celle
ides deux Scipions , furnommés Africains; il nous
manque a u l e s parallèles de Thémiftocle &.
de Camille, de Pyrrhus' & de Marius, de Pho-
cion & de Caton, de Céfar & d’Alexandre
Un homme de goût clifoit que fi de tous les
livres de l’antiquité il n’en pouvoii (auver qu’un
a fon choix, il choifiroit les vies de Plutarque
Racine & M. Rollin vantent beaucoup le vieux
gaulois de la tradu&ion d’ -<myot; il a en effet
ies grâces & fon énergie part.culière; je crois
cependant qu’on a befoin de lire Plutarque dans
une langue plus formée, plus grave, plus remplie
de dignité, que ne l’étoit le français du temps
d Arnyoï. Le caraéïëre dominant &-prefque unique
du vieux fi ançais étoit la naïveté ; c’êtoit la languë
propre du genre naïf, & la Fontaine, le plus
liai/ de- nos écrivains modernes , l’emploie avec
goût & avec fuccès lorfqu’il veut être, pour ainfi
dire . plus naïf encore. Cette même langue con-
venoit fort aux mémoires hifforjques, où Fauteur
raconte ce qu’il a vu & ce qu’il a fenti, & où
la naïveté eff un charme qui attache le leâeùr.
Ce feroit en conféquence une fort fotté entre-
prife que celle de mettre en langage moderne
les mémoires de Philippe de Comines, de Vieille-
v ille , de Fieu:anges; &c. & c’en fut une affez
lotte que d’y mettre la vieille & naïve hif-
toire du chevalier Bayard. Ou auroit pu fe
difpenfèr aufli d’y mettre les mémoires des du
B e lla y , & pluficurs per Tonnes n’ont pas approuve^
daps le temps, qu’en y ait mis même les
mémoires de S u lly , malgré le mérite de l’exécution
qui enfin a fait prévaloir les nouveaux mémoires
; c a r q u o i qu’on en dife eneore, on ne
lit plus que ceux-ci; mais enfin plus un livre
e fl effentiellement naïf, plus il gagne à être écrit
en vieux français-, langue qui. double ce mérite
de naïveté. Plutarque ne manqne certainement
pas de naïveté, mais c’eft de cette naïveté qui
préfente vivement les objets & qui les met fous
les yeux-, qui peint les hommes au naturel, qui
montre moins le héro*- que l’homme, non; de
celle qui porte au rire & qui tient je ne fais quoi
du badinage ; o r , tel eft le caraâère de la naïveté
d’Amyot & dè fon langage. Si Plutarque eft naïf,
c e n ’eft pas aux dépens de la gravité, de la di
gnité, qui conviennent à un hiftorien, & voilà
les cara&ères que la langue d’Amyot ne peut pas
rendre. Nous n?avons befoin que de l’exemple
d’Amyot lui-même, pour diftinguer parfaitement
ce qui convient à cette langue & ce qui n’y
convient pas. La traduéfion ou roman de Daphms
ér Chloè, ouvrage effentiellement naïf, a un charme
inexprimable ; Amyot eft auftï original que l’ori-
gmal même, & fait autant d’effet; quand il traduit
Plutarque, fa langue perd de fon prix, elle
e s trop m e fq u in e a trop b a d in e , p o u r p e in d re des
hiros,' même- dans ce- qu’ils ont de plus fîmple
& de ^ plus familier.; elle remplace toujours la--
dignité par la naïveté-, elle a fouvent l’air d’une
parodie ; on font; bien qu’il faut une autre langue?
pour peindre Caton, Brutus, Cicéron, Alcibiade,
ces fiers Romains, ces Grecs é loquensces hommes
; luperieurs aux autres hommes.
i n.a P°*n t traduit-les traités dè morale;:
-y. l abbé Ricard les traduit dans ce moment avec-
(uçcesv On trouve un rapport fenfible entre ces-
difeours moraux de Plutarque & les différentes
moralités'répandues dans les poéfies d’Horace,,
îoit que ce rapport ait été recherché ou qu’il foit
1 effet du hafard; il fembie qu’Horace ait indiqué?
a Plutarque la plupart de fes fujets,
S i la •vertu efl le fruit de l* en feigneruent c’eft-:
auftï une des queftions philofophiques qu’Horace-'
\ fe propofe
Virtutém do&rina paret- naturane donet;
De là vertu morale. Des moyens de réprimer la colèrqtp.
Ira , furor brevîs e f t ............... ..
Qui' non moderabitur irse ~
Infeâum volet eflè dolor quod iuaferit»
• De la tranquillisé de Famé ; c’eft encore une dés*
queflions qu’Horace fe propofe :
Quid purè tranquïllet ?|
De l ’amour fraternel
Vivet extento Proculeius xvo
Notus in fratres animi paterni.
De F amour des, pères & des mères pour leurs enfàns^.
At pater ut nati, fie nos debemus amici
Si quod fit vitiam non fâftidire-. Strabonem-
Appeliat poetum pater, &c.
Quelles maladies font plus dangereufes, de celles dg
Famé ou de celtes dit corps F
Die- me
Vivere aec refte, nec fuaviter. . . . s-
•. .-Quia mente minüs validus quam corpore tôt»
Nil audire velim, nil difcëre quod levet xgrujn,.
Fidis offendar medicis , irafear amicis,
Cur.me funefto*properent arcere veterno.
De la dèmangeaifon de parler; De la ; cunofîtii
Percontatorem fugito, nam garrulus idem eft,.
Nec^retinent, patulx commiffa fideliter aures,.
Et femel emiffiim volât irrevocabile-yerbium
Arcanum neque tu ferutaberis illius unqua®.;
CoauniiTttnique teges & vino tortas & ira.. r
'Mais ce rapport eft fur-tout fenfible d'ans lé
traité de l’ainour des richeffes; on y retrouve,
pour ainfi dire, Horace à chaque pas; il eft vrai
que l’avarice eft de tous les vices & de tous les»
ridicules celui qu’Horace laiffe le moins en paix.
O n trouve dans le * 'recueil de i ’âcadémie des
iiifcriptions & belles-lettres,des remarques critiques
de M. l’abbé Sallier, de M. Secouffe , de M. de la
Curne d e Sainte-Pàlaye, de M. de Mandajors,
de M . B u r e t t e & de quelques autres fur Plutarque.
P L U V IA L , (A ntoine ) ffijl. de F r .) gentilhomme
Dauphinois , le premier qui ait ouvert
en France des académies- ou écoles de manège,
& avant lequel on étoit obligé d’aller apprendre
cet art en Italie ; il fuivit de France en Pologne
& dé Pologne en France > lé duc d’Anjou qui
furie roi Henri II F. Il eut la direction de la grande
écurie de Henri IV. Et comme fes ta le ns n’étoient
pas- bornés à ceux d’un écuye r, le même Henri
IV le fit fous-gouverneur du dauphin , depuis
Louis X l l î , & l’envoya en ambaffade en Hollande.
On a de lui Fart de 'monter achevai, ouvrage dans,
lequel le graveur Crifpin de Pas , à , dit-on ,
rendu très-reffemblanres les figures des feigneurs
de la cour qui mo.ntoient à cheval dans le manège
de Pluvinel.-Celui-ci mourut à Paris eir 1-620.
F O C
FO CO K , ( Edouard ) Hiß. litt, modi) fa van t
Angloîs né à Oxford en 1604 > très-habile dans
les langues orientales, voyagea beaucoup dans le
levant & rapporta plufieurs manuferirs orientaux :
profeffeur en hébreu & chanoine de l’églife de-
Ghrift à Oxford , il perdit ces emplois pour fon
attachement à la caufe de Charles I. Il y fut rétabli
à la reftauration de Charles II. On a de
lui fpecimen Hißorice Arabum , un recueil de lettres ;
la traduction' des annales d’Eulichius , Patriarche
(FAlexandriey & de Fhißoire orientale d'Abulpharage ;
' il a beaucoup travaillé aufii fur l’écriture fainte.
Mort à-Oxford en 16 91.
P O D
PO D E S T A T , f. m. (H iß .-mod.) magïftrat ,
o ffic ie r d e juftice & de police dans une ville
lib re .
Ce mot e ft italien, p o d e f t a & fe dit fpécia-
lement des magiftrats de Gènes & dé Venife ,
dont la fonâion e ft d’admiiiiftrer la juftice.
C e t t e charge répond ä celle de préteur à Rome :
i l y a appel üè' leurs fentences aux auditeurs
n o u v e a u x , o u à la g a ra n t ie c iv i le nouvelle. {A. R.)_
P o e :
P O E L E , ( Droits honorifiques ) d a is qu ’on p ré fen te
a u x ro is , a u x p r in c e s , & au x g o u v e rn e u r s des
p r o v in c e s , lo r fq u ’ils fo n t le u r en tr é e dans, u n e
P O G
ville , ou dans d’autres cérémonies. (D ,
PCETUS, (. voyez A r r is . )
F O G
POGGIO Bracciolini (Jean-François) Hiß.
litt, mod. ) On l’appelle communément le Pogge ,
écrivain fatyrique dans fes hiftoires, & obfcène
dans fes contes , qui a dans ces deux genres une
affez grande réputation. Erafme difoit que fans-
fes obfcénités il ne mériteroit pas d’être hi que
par fes ofefcénités il inèritoit de n’être paslu.ll avoir-
cependant le titre d’écrivain apoftolique , il étok:
fecrétaire des papes & le fut depuis Boniface IX ,•
juïqu’à Calixte III. Il l’éroiten même tems de ta république
de Florence. Envoyé à Confiance pendant la-
tenue du concile, mais pour des objets étrangers au
-concile & purement littéraires, il y vit brûler Jérôme
de Prague , & révolté d’une telle cruauté, il écrivit
pcurla défenfe de cet infortuné ;:ilpaffa les derniers
tems de fa vie dans la retraite , ii s’en étoit ménagé
une fort agréable auprès de Florence , il y
mourut en 14 5 9 ; il étoit né en 1380 * à Terra-
nova dans le territoire de Florence. On fera de?;-
fon Hifloire de Florence, (depuis l’an 135:0 jufqu’à
l’an 1455 ) , de fes contes, de fa traduôion la;ine
des cinq premiers livres de Diodore de Sicile, &c.
- tel cas que l’on voudra ; mais la littérature lui
a dès obligations qu’elle ne peut jamais oublier ;
c’eft lui qui a découvert & qui nous a fait con-
noître quantité de livres anciens ; nous lui
devons Lucrèce, Manilus, Silius Italicus, Quin*
tilien, Am mien Marcellin , un morceau de
Cicèion , de finibus & de legibus , une partie de
l'Àfconius Pèdianus , les douze premiers livres de;
Valerius Flaccus , &c . l’abbé Oliva femble avoir
fait pour le Pogge ce que celui-ci avoit fait pour-
ces anciens auteurs ; il a fait' imprimer pour la'
première fois à Paris en 1723 , le traité du Pogge
de varietate fortunes.
Le Pogge biffa deux fils , tous deux hommes de'
de lettres. L’aîné , ( Jacques Poçgio ) , auteur d’une
traduéfion italienne de l ’IIißoire de Florence de fon
père, des vies de quelques empereurs romains , de la !
vie de Philippe Sc/iolarius ,:d’u iv commentaire fu r le
triomphe de la renommée , poème de Pétrarque
fut pendu en 1478 , pour être entré dans la conjuration
des Pazzi.
On a du cadet ( Jean-François Poggio ) , chanoine
de Florence & fecrétaire de Léon X , mort
en 15 2.2.', un traité" du pouvoir du pape & de
celui du concile , où il accorde beaucoup à la puif-
faiace pontificale.
S O I
POIGNARD , f; m. ( Hifi. mod. ) dague ou
petite arme pointue que l’on porte à la main,
à la ceinture, ou qu’on cache dans la poche.
Ce mot vient de poignée. Le poignard étoit-au^r