
» fagement, je n’aurois pas été forcé de répandre
j> tant de fan g pour rétablir votre autorité : fon-
j> gez à l’avenir que fi le devoir du fujet eft la
v fou million , celui du Touverain eft la juftice ».
Philippe avoit achevé d’épuifer, dans cette guerre,
fes finances & fes forces ; Edouard augmentoit
les liennés par tous les fecours que lui envoyoient
l ’empereur , le comte de Hainaut8c d’autres prin-
; ces. La guerre fut bientôt allumée. Edouard paffa
la nier & ravagea la Flandre. Cependant, en
1 3 2 9 , il avoit rendu au roi un hommage-lige,
comme duc d’Aquitaine. Mais les rois ne crai-
gnoiènt pas de biffer entrevoir des contradictions
dans* leur conduite. Ce qu’il y a d’inconcevable ,
c’eft que dans la trille licitation où la France &
le roi fe trouvoient, Philippe fongeoit à aller
attaquer les Sarrafins y au lieu de fe défendre
contré les Anglois. Heureufement cette c roi fade,
projettèe par Philippe 8c par le pape, ne trouva
d’autres partifans qu’eux-mêmes.
Tandis que le roi méditoit des conquêtes en
Afie , Edouard en faifoit en Flandre ; mais les
troubles d’Ecoffe le forcèrent à repaffer en Angleterre.
A la faveur de la dilcorde qui régnait
entre la cour de Paris Si. celle de Londres, Jean
I V , comte de Montfort , avoit ufurpé le duché
de Bretagne fur Jeanne , époufe de Charles, comte <
dé Blois , & nièce de Jean III.
( Ulurpé, c’eft une grande queftion.)
Jean IV avoit rendu hommage de ce duché à
Edouard; il fallut porter la guerre en Bretagne,
Philippe la fit avec (accès. Mais les victoires
qu’il remportoit fur fes fujets, étoient autant de
pertes réelles ; Montfort fut pris 8c mourut dans
les fers. Philippe , l'an 1343 , conclut avec Edouard
une trêve dont ce prince profita pour faire des
préparatifs de guerre. On reprit les armes en
1346. On en vint aux mains près de Crécij les
Anglois fe fer virent avec avantage de leur artillerie
, invention nouvelle dont les François ne
faifôient point encore ufage; ceux-ci furent entièrement
défaits : Edouard afttégea Calais , on
connoît la généreufe'réfitiance deshabitans; l’emportement
d’Edouard , le dévouement héroïque
. d’Euflache & de fes compagnons, enfin la prife
de la ville. Toute la France fut indignée de ce
que Philippe n’a voit p int fecouru ces braves
afliégés ; pour prix de leur fidélité, il leur donna
. tous les offices qui viendroient à vaquer, fort à
fa nomination , foit à celle de fes enfans, jufqa’à
ce qu’ils fuffcnt dédommagés de leurs pertes.
Pour comble de malheurs , une pefte affreüfe
ravagea l’Europe. On crut? appaifer le ciel, par
des macérations. Tandis que l’épidémie détruifoit
Tèfpàce humaine, là feéle des Flagellans la dés-
Eonorott. Avec quelques coups de difcipline on
croyoit guérir des maux incurables., & effacer les
plus grands crimes. Ces pénitens devenus, voleurs
,. furent un fléau plus terrible que la pefte
<%ui les. avoit fait naître,. Il fallut toute l’autorité ,
des pontifes & des rois pour réprimer leurs excès
Si les armes de Philippe étoient malheureufes
an nord de la France, fa poétique étoit heureufc-
,au midi. Humbert I I , prince de la maifon de
la Tour-du-Pin, lui céda le Dauphiné en 1349. Il
acquit encore lé comté de Montpellier, domaine
du roi de Majorque s & jouit peu de ces paffibles
conquêtes. Il mourut le 22 août .1350. On l’avoir
furnommé le fortuné après la bataille de Monr-
caffel ; mais il fut dans la fuite le plus malheureux
des princes, & le peuple reconnut qu’il s’étoit
trop hâté de lui donner un furnom. Philippe avoit
la bravoure d’un foldat, les vertus d’un citoyen ;
mais il n’avoit pas les talens d’un roi. Inexorable
pour les financiers, lorfque leurs concuffions éclat »
toient au grand jour , il oublioit qu’il vaut mieux
prévenir le crime que de le punir 5 téméraire à
la guerre , mal-adroit dans 1a plupart de fes négociations
, il croyoit que toutes les grandes qualités
d’un prince peuvent être fuppléées-par la
bravoure & la probité. S ’il eût été fécondé par
la nation dans fon projet de croifade , il eût
amené avec lui en Afie toutes les forces de
l’é tat, c’en étoit fa it, la France étoit perdue , 8c ^
nous étions Anglois. ( M. d e S a c y . ).
P h i l i p p e I , ( Hifl. d’Efpagne. ') furnommé fe
Beau ou le B e l, à caufe des grâces de fa figure
étoit fils de Fémpereùr Maximilien I & de Marie
de Bourgogne. Il monta fur le trône d’Efpagne
en 15 0 4 , p a r fon mariage avec Jeanne , furnom-
mée la Folle , reine d’Efpagne , fécondé fille &
principale héritière de Ferdinand V , roi d’Aragon,
• & ■d’Ifàbell'e, reine de Caftille. Il ne régna pas
deux ans , étant mort à Burgos en 1506. ( A . R . )
P h i l i p p e I I , fils de Charles-Quint 8c d’I fa-
belle de Portugal, fuceéda à fon père en *5561,
après l’abdication de celui-ci. Jamais règne ne fut
plus fécond en événemens ; jamais prince ne
forma tant & de fi vaftes projets ; & quoiqu’il
■ ne manquât ni de génie, ni de reffources pour
les faire réufiïr, l’événement juftifia prefque toujours
cette maxime | qu’une ambition démefurée
eft la ruine des états. Ce prince commença par
, faire la guerre à- la Frahc-e ; mais il ne fut pas
profiter des viftoires de Saint-Quentin & de Gravelines.
La paix glorieufe de Cateau-Cambrefis,.
chef-d’oeuvre de fa politique , l’aveugla fur des
intérêts plus réels. Il alluma les bûchers de l’In -
quifition-, & prit un plaifir barbare à. voir brûler
fes malheureux fujets. Il conquit le Portugal;
mais cette conquête ne le dédommageoit pas de
la perte d’une partie des Pays-Bas. Il fe déclara
! le protefteur de la ligue ; Si., en voulant démembrer
la France par les faÔions que fon argent y
fomentoit, il biffa enftamer fon patrimoine , &
couper des fources d’^ii cet argent couloitr dans,
fes coffres. H porta fes vues ambiiieufes fur h
coufonne d’Angleterre, entreprife nialheureufe;
qui coûta à. l.ififpagne quarante millions de., duç
a ts , vîhgt-cînq mille hommes & cent vaiffeaux :
c’étoit acheter bien cher la honte de ne pas réuffir.
Enfin il affaiblit fes forces en Efpagne pour s’enrichir
en Amérique ; & malgré les tréfors^ tm-
menfes qu’il tira du nouveau monde, il ne biffa
à fon fucceffeur que cent quarante millions de
ducats de dettes. Il mourut le 13 feptembre 1598 ;
après quarante-quatre ans & huit mois de régné ,
dans b foixantè-quatorzième année de fon âge.
{ A . R ) *
P h i l i p p e I I I , fils du précédent 8c d Anne
d’Autriche, fut obligé de reconnoître l’indépendance
des Provin.ces-Unies , de rétablir la rhaifon
de Naffeu dans la polfèflion de tous fes biens, &
de biffer aux Hollandois la liberté du commerce
dans les grandes Indes. Aveuglé par 1a confiance
entière qu’il eut pour des miniftres avares &
defpotiqùes, il chaffa les Maures d’Efpagne, &
'avec »eux l ’indùftrie & les aits. Il eft vrai qu’il
accorda enfuite les honneurs de la nobleffe Si
l’exemption d’aller à la guerre, à tous les Efpa-
gri,ois qui s’sdonneroient à 1a culture de la terre ;
Biais quel bien pou voit produire une telle prérogative
, fur une nation qui fe faifoit gloire de
fa pareils & du funefte métier des armes ? Ce
prince mourut en 16 2 .1, âgé de quarante-trois ans.
{ A . R. )
P h i l i p p e I V , fils de Philippe III & de Marguerite
d’Autriche, fuccéda à (on père. Il fit la
guerre aux Hollandois, d’abord avec avantage,
puis avec perte. Il voulut s en venger fur la
France : fes armes eurent le même fort ; & il vit
des provinces entières paffer fous b domination
de ion ennemi. Le Portugal fecoua aulli le joug
de l’Ëfpagne, & reconnut pour roi le duc de
Bra^ance : ce qui lui reftoit du Bréfil lui échappa
de meme. Peu fenfible à tant de pertes, il s’en
cqn fol oit dans le fein des plaifirs. Ainfi vécut dans
une molleffe honteufe Philippe I V , ni aimé, ni
c ra int, ni refpeclé de fes fujets. Us parurent avoir
pour lui l’indifférence qu’il eut pour eux. Il mourut
en 16 7 5 , âgé de foixante-dix ans. ( A . R .)
P h i l i p p e V , duc d’Anjou, fécond fils de Louis,
dauphin de France, & de Marie-Anne de Bav
iè re , né à \ erfailles en 1683 , fut appelle au
trône d’Efpagne par le teftament de Charles II ;
tuais il eut bien de la peine à s’y affermir. Il
•oppofa a tous les obftacles une confiance inébranlable
, qui à b .fin en triompha. Aprèi 1a paix
d’Utrecht, Philippe eut la confolation de voir b
couronne d’Efpagne affurée pour jamais à fa pof-
ténté dans la ligne mafculine. En 1720., ce monarque
fe dégoûta du rang fuprême qui lui avoit
tant coûté, i l abdiqua en faveur de Louis fon fils.
-Celui-ci ne régna que quelques mois. Sa mort
précoce rappella Philippe fur un trône qu’il n’eût
jamais dû quitter : alors il 'le montra vraiment
digne de ■ régner. Il réforma la juftice , mit les
■ flôx en v igu eu r.fit fleurir le commerce, anima
rinduftrie j appella les arts , établit des manu-
faâures, rétablit la marine & la difcipline militaire
, encouragea les fciences, fut aimé de fes
fujets, & s’acquit des droits aux hommages de
1a poftérité. Philippe V mourut en 1746 , âgé de
foixantè-quatre ans, dont il en avoit régné quarante
cinq. .( A. R. )
PH IL IP P E de Suabe , ( H'foire d ’Allemagne. )
X V e roi ou empereur de-Germanie depuis Conrad
I , X X e empereur d’Occident depuis Charlemagne,
né en4 18 0 de Frédéric Barberouffe &
de Beatrix de Bourgogne , duc de Tofcane en
119 5 , dé Suabe en 119 6 , élu empereur en 1 1 9 7 ,
mort en 12 2 8 , le 22 juin.
Si l’on en excepté l’éreétion de 1a Bohême en
royaume , le régné de Philippe n’eft marque par
aucun événement mémorable. Né avec tous les
talens du conquérant 8c de l’homme d é tat, ce
prince parut in fenfible à fa gloire, & ne fongea
qu’à rendre le calme à l’empire. Nommé tuteur
de Frédéric II & régent du royaume pendant fa
minorité , il fut obligé de prendre la couronne
pour lui-même , parce que les états & le pape ne
voulant pas reconnoître le jeune Frédéric, il etoit
à craindre que le feeptre ne paffât dans une famille
ennemie de b fienne. Il eut d’abord à effuyer
toutes les contradictions de b cour de Rome, qui
haïffoit les Suabes, moins par rapport aux cruautés
exercées par Henri V I , qu’ a leur puiffance &
à leur fierté , qui ne leur avoit jamais pérmis de
reconnoître un maître dans un pontife. Innocent
I I I , fi fameux par i’éreétion du fanulam tribunal
de l’inquifition , occupoit alors le fiege apoftoli-
que ; il expliqua lui-même fes motifs : fi Frédéric,
difoit-il, déjà roi de S ic ile , étoit encore empe*
leur 9 il feroit à craindre que fon royaume étant
uni à l’empire , il ne refufât un jour d’en faire
hommage à l’églife. Ce pape s’étoit propofé d’af-
foiblir la maifon de Suabe : fes fucceffeurs firent
plus , ils l’anéanrirent. Pour réuffir dans fon projet
, Innocent III fit une ligue avec plufieurs
princes d’Allemagne en faveur d’Oton de Brunf-
w ik , refte d ’une famille illuftre & puiffante, mais
ruinée par les derniers empereurs. Le pape defi-
roit, avec une ardeur fi v iv e , d’opérer une révolution
, qu’il écrivit au roi de France ( Fhilippe-
Augufte ) qu’il fai Soit que Philippe perdît l ’empire
ou qu’il perdît le pontificat. Quelques princes
d’Allemagne avoient vendu 1a couronne à un
troifieine concurrent q u i, ne la pouvant confére
r , fut obligé de b revendre à Philippe q u i,
après avoir défait Or on IV dans plufieurs combats,
convoqua une affembiée générale: il. fit un discours
aux états pour leur i fpirer des fentimens
pacifiques ; il dépofa les marques de fa dignité ,
s’offrant généreufemenr à descendre du trône,
I s’ils connoiffoient quelqu’un qui fût plus digne
j d’y monter. Cette magnanimité lui concilia tous
i les coeurs, 8i tous fuffrages fe réunirent pour
L 1 %