
dans cette "Bataille., (François I lui-même ) aînfi
qu’au connétable de Bourbon , qu’il aimoit alors
parce que fa mère l’aimoit ; « Je vous veux en-
» core aflùrer que mon frère le connétable 8c
» M. de Sa in t-Pol ont aufli bien rompu bois,
» que gentilshommes de la compagnie »quels qu’ils
” foient, & de ce j’en parle comme celui qui l’a
» vu, car ils ne s’épargnoient non plus que san-
>» gliers échauffés ». Ce font les propres termes
de François I , dans la lettre qu’il écrivit à la
duchefle d Angoulême, fa mere, après la bataille
de Marignan , ôc qui contient la relation de cette
bataille.
On montre encoçe a&uellement à Romoren-
tin , capitale de là Sologne, une vieille maifon,
qu’on dit être celle qu’y occupoit le comte de
S. P o l , 8c d’où partit le tifon fatal qui, le jour
des Rois 1 5 2 1 , penfa priver François I de la vie.
Dans cette expédition entreprife par jeu & par folie
, le roi affiégeoit le comte de S. Pol dans cette
même maifon, que le comte défendoit avec des
pelottes de neige, des oeufs & des pommes cuites.
Cette même année le comte de S. Pol étoit
de l’expedition plus férieufe 8c plus utile où les 1
François fur prirent Hefdin en Artois; ilfecourut
Mezières ; l’annee fuivante, joint au comte de
Guife (Claude) , il prit & brûla Bapaume, battit
les Impériaux à l’Eclufe & les Anglois au bourg
de Pas.
A la retraite de Romagnano en 15 24 , le comte
de S. Pol fut chargé, avec Bayard & Vande-
nefle, par 1 amiral Bonnivet, alors hors de combat
, de ^ fauyer l’armée. Vandenefle & Bayard
ayan,t ete tues, le comte de S. P o l, digne d’être
aîiocié a la commiffion glorieufe fous laquelle
ils avoient fuccombé,. continua de couvrir la retraite^
avec autant de valeur que de prudence,
& ménageant le peu de foldats qui lui reftoient,
il fe retira toujours combattant.
A la bataille de Pavie en iÇ 2 f , le comte de
S. Pol, baigné dans fon fang & privé dé fenti-
ment, avoir été laifle fur le champ de bataille
parmi les morts; l’avarice d’un foldat Efpagnol
lui fauva la v ie ; ce foldat ayant effayé de lui
êter une riche bague qu’il avoit au doigt &
. n’ayant pu en venir à bout, voulut lui couper
le doigt, la douleur le ranima , il pouffa un cri
aigu, revint à lu i, & fe nomma ; il avertit le foldat
de garder le fecret, parce que fi lés généraux de
l’empereur apprenoient qu’il eût un prince de la
maifon de France en fon pouvoir, ils pourroient bien
le lui enlever pour profiter eux-mêmes de la rançon;
il lui promit une récompenfe proportionnée
au fervice ; le foldat conduifit le comte de S. Pol
à Pavie, où il fut guéri de fes bleffures; dès qu’il
put monter à cheval, il revint en France avec
le foldat, auquel il donna la femme promife.
En ï ja 8 & 15 29 . lecomtede S. P o l fut chargé
du commandement dans la Lombardie & dans la
Ligurie ; on commença par lui fournir une ar—
mée plus foible de moitié qu’il ne le failoit & qii’ota
ne l’avoit promife ; les Vénitiens, fur le fecours
defquels il comptoit , le fécondèrent mal, il fit
des pertes, il éprouva des échecs , mais jamais
fon courage ne fut abbattu ; vaincu enfin par de
Leve à Landriano , entraîné dans la fuite des
fie n s ,il fe trouve arrêté par un large foffé, il
pouffe fon cheval pour le franchir, le cheval fe
cabre, réfifte, s’élance 8c tombe enfoncé dans la
fange ; S. Pol eft feit prifonnier , fon armée eft
entièrement diffipée. Ce fut le dernier aâe d’hof-
tilité de cette guerre ; la paix de Cambray lui
procura bientôt la liberté, mais il n’eut plus de
commandement dans les guerres fuivantes. I l
mourut en 1545.
' POLAILLON, ( Hiß de Fr.) Marie Lumague ,
veuve de François Polaillon , réfident de France
à Ragufe, peut être regardée comme la fondatrice
des nouvelles converties , établiffement né de
celui qu’elle avoit formé d’abord fous le nom de
Filles de la providence. Morte en 1657.
.POLÉMON, {Hiß. anc.') jeune Athénien fort
décrié pour- fes dérèglemens dont il faifoit gloire,
fortant d’une partie de débauche, paffe devant l’école
de Xénocrate, en trouve la porte ouverte,
y entre, plein de v in , parfumé d’effence , portant
une couronne fur la tê te , il prend place
parmi les auditeurs , moins pour écouter que
pour braver 8c infulter. L ’affemblée frémilfoit
d’indignation ; Xénocrate calme & ferein I changeant
feulement de fujet, fe met à exalter les
avantages de la tempérance 8c de la fobriété, à
montrer toute la difformité, toute la honte attachées
aux vices contraires; ce difcours fut pour
Polémon , ce qu’eft pour Renaud dans le Taffe le
miroir magique où il fe voit revêtu des honteux
ornemens de la molleffe ; Polémon ouvre les yeux,
rougit , ' f e couronne tombe de fa tête, il renonce
au vin pour jamais; le voilà devenu feélateur de
la fegeffe 8c difciple de Xénocrate, auquel il
devoit fe vertu & le retour de fa raifon. Jamais
converfion ne fut plus prompte, plus fincère ni
plus confiante. Il fut dans la fuite le fucceffeur de
Xénocrate. dans fon école. Ç’efl à ce grand changement
qu Horace fait allufion dans la fetire 3*.
du livre 2 :
Si puerilius his, ratio elfe evincet, amarc j
Nee quidquam differre, utrumne in pulvere trimur»
Quale prius ludas opus, an meretricis amore
Sollicitus plores : quatro, faciasne quod olim
Mutatus Polemo , ponas iniignia morbi
Fafciolas , Cubital, focalia. Potus ut ille
Dicitur ex collo furtim carpfifle coronas ,
Poftquara eft impranfi correptus voce raagiftri?
Polémon vivoit environ trois fiècles avant
Jéfus-Chrifl,
Polémon , eft auffi le nom de deux rois de
Pont, pere & fils, doftt l’un dut ce loyaume de
Pont au triumvir Marc-Antoine, duquel il fut
l’ami confiant; l’autre embraffa le judaïfme > pour
époufer la reine Bérénice que Titus avoit aimée;
mais Bérénice l’ayant quitté, il quitta auffi le
judaïfme, céda aux Romains le royaume de Pont,
qui porta long-temps depuis le nom de province
Polémoniaque, parce qu’elle avoit été poffédée par
les Polémons.
On a des harangues d’un orateur Polémon,
qui vivoit du temps de Trajan, environ un
üèçle après J . C.
POLENI. (le marquis G io v an i) (Hi/L
mod. ) profeffeur d’aftronomie & d e mathématiques I
à Padoue, où il étoit né en 1683 , 8c où il mourut
en 1 7 6 1 , fut reçu en 1739» à l’académie des
fciences de Paris , où il avoit remporté trois prix.
Il étoit auffi de l’académie de Berlin, de celle
des Ricovrati dé Padoue, de la fociété royale
de Londres, de l’inftitut de Bologne. Il excelloit
dans l’architeélure hydraulique , & fut chargé par
la république de Venife de l’infpeâion & du foin
de fes eaux. Il fut confultè aufli par le pape Benoit
X I V , fur les réparations à faire à la bafi-
lique de Saint Pierre. M. le marquis Poléni joi-
gnoit à la connoiffance des mathématiques celle
des antiquités. On a de lui des fupplémens aux
recueils de Groevius & de Gronovius, ces fupplémens
rempliffent cinq volumes in-folio. Les
vertus du marquis Poléni égaloient fes connoif-
fances. Il fut l’ami de tous les favans 6c de tous
les philofophes illuftres de fon fiècle.
POL I, ( Ma r t in ) Hijl. litt. mod. ) affocié étranger
de l’académie des fciences, né à Luques le 2 1 .
janvier 1662 , chymifte habile, vint en France en
17 0 2 , offiir à Louis X IV un fecret important ,
relatif à la guerre ; le roi ne voulut point s’enfervir,
6c préféra, dit M. de Fontenelle, î’intérêtdu genre
humain au fien ; il s’affura feulement que l’invention
feroit fupprimée , 6c mit à ce prix les bienfaits
qu’il répandit fur l’inventeur. On peut avoir regret
que la poudre à canon n’ait pas été préfen-
tée à un prince de ce caraélère. C’eft la réflexion
de M. de Fontenelle. M. Poli rerourna en Italie
en 17 0 4 , publia en 17 0 6 , à Rome , un grand
ouvrage , intitulé : il trionfo de glï Accidi ; fut nommé
en 1708 , premier ingénieur des troupes du
pape,fit exploiter avecfuccès en 17 1 2 , des mines
de cuivre 6c de vitriol dans les terres du prince
• Cibo , duc de Maffa ; revint en France en 17 13 ,
6c prit féance à l’académie; reçut en 17 14 , de.
nouvelles grâces du roi , d’après lefqueljes il prit
le par;i de s’é ablir à Paris; il fit venir d’ Italie, fa
femme 8c fes enfans , qui ayant vendu tous leurs
effets avec précipitation 6c avec perte, n’arrivèrent
à Paris que pour voir expirer le 29 juillet
1 7 1 4 , celui fur lequel ils avoient fondé l ’efpérance
d’un meilleur fort dans ce pays.
POL1DORE , ( voyez Polydore ).
POLIGNAC {Hijl. de F r .) C’eft le nom d’une
desplus anciennes maifons de l’Auvergne, 6c elle
tire ce nom de l’ancien château de Polignac, fitué
dans,le V ê la i, fur les confins de l’Auvergne , fur
une vafle roche autrefois confacrée à Apollon ,
6c où ce Dieu avoit un temple dont on dit
qu’il fubfifte encore des relies ; delà le nom
d'Apollinaris d’où s’eft formé, dit-on , par fuccef-
fion de temps 8c par corruption, celui de Po/i-
gnac, qui n’eft au fond que le même nom avec
une terminai fon moderne 6c locale.
Sidoine Apollinaire parle du château de Polignac
comme de fa maifon paternelle ; fon bifayeul
paternel, de ce même nom d’Apollinaire , étoit
d’une ancienne famille patricienne, qui avoit donné
des fénateurs à la ville de Rome ; il étoit préfet
du prétoire des Gaules ; fon fils eut la même dignité
6c fut le premier de fe race qui embraffa le chrif-
tianifme. Le fils de celui-ci eut encore le même
-emploi fous les empereurs Honorius 8c Valen-
' tinien ; il fut le père de Sidoine Apollinaire j.
celui-ci époufa la fille de l’empereur Avitus •, après
la mort de fa femme, il fut élu évêque de Clermont
en Auvergne, jl’an 472 ; il laifla de fon
mariage un fils nommé aufli Apollinaire , qui
commanda les armées d’A la ric , rival.de Clovis.
L ’évêque de Clermont fit élire Apollinaire fon
frère, vicomte du V ê la i, 8c c’eft de lui que def-
cendent les Apollinaires ou Polignac, vicomtes du
Vêlai. Si par hafard il fe mêle un peu de fable
à ce récit, fouvenons-nous que les fables mêmes
prouvent dans ce genre , elles prouvent au moins
un dégré d’antiquité où la fable fe mêle toujours
à l’hifloire, parce qu’il eft antérieur aux titres 8c
aux aéles. Ce^ vicomtes de Vêlai , ont eu longtemps
toutes' les prérogatives de la fouveraineté ,
celle fur-tout de faire battre monnoie à leur coin ;
il y a encore, dans le Vêlai de ces pièces de
monnoie qu’on appelle vifconùnes, c’eft - à - dire
monnoies du vicomte. On appelloit dans les
temps les plus reculés, ces vicomtes de Vêlai >
feigneurs des montagnes , reguli monitum. François
I. fut reçu en 15 3 3 , au château de Polignac avec
une magnificence qui lui donna une haute idée
de la grandeur 8c de la-puiffance des feigneurs
de cette maifon; ils prenoient a fiez ordinairement
pour nom de baptême le nom de Sidoine Apollinaire.
L’homme le plus célèbre que cette maifon ait
produit dans les derniers temps, a été le cardinal
Melchior de Polignac :
L e c a r d i n a l , o r a c l e d e l a F r a n c e . . . . . .
. . . C e N e f t o r q u i d u P in d e eft l’appui *
Qui d e s f a v a n s a paffé l 'e fp é x a a c e