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a v e c le dieu. Get exercice dure pendant huit jours ;
fi le malade ne peut y fu ffite , on fait danfër un
d e fes parens en fa place ; durant ce temp s, on
ne doit pas manquer de faire grande' chère aux
prêtres , fans quoi le ciel ne feroit point favorable
au malade. { A . R.')
R A Y
R A Y , ( Jean ) H i f i . lu t . m o d .} fameux natu-
yalifte anglois, né en 16 2 8 dans le ,comté d’E ffe x ,
re çu en 16 6 7 à la fociété roy a le de Londres ,.
mort en 17 0 0 , a donné une hiftoire des plantes,
u n e hiftoire des in lè ô e s , & a beaucoup écrit fur
goûtes fortes de matières, même fur la théologie.
R A Y M I , f. m. ( Hi(l: mo d. c u lt e } C ’eft le nom
tjue les anciens Péruviens donnaient à la grande-
ïé t e du foleil ; elle le célébroit immédiatement'
après le folftice d’été. T o u s les grands du royaume;
les officiers fe raffembloienr dans la capitale ;
on fe préparoit à la fête par un jeûne de trois
jo u r s , pendant lefquels on (e privQir du commerce
des femmes , & il n’étoit point permis d’allumer
du feu dans la ville . L e s prêtres purifiaient les
brebis & les agneaux qui dévoient être immolés
en laorifice , ik les vierges confàçrées au folçil
prèparoient les pains & les liqueurs qui dévoient
ie r v i r d’offrandes & de Jibations. L e jour d e la
jo iem n ité , dès le grand matin , le monarque, à
la tête des princes de fa ra a ifo n , fe rendait à la"
place publique, les pieds nuds & la face tournée
v e r s l'orient pour attendre le' le v e r du fo le il,
& par différeas geftes ils marquoient le refpeâ:
& la joie que leur caufoient le s ‘premiers rayons.
O n célébroit les louanges du fôle il par des “hymnes j
j& le roi lui-même lui offroit des libations. Les
grands du royaume faifoient les mêmes cérémonies
dans d’ autres places publiques de la ville de Cufco ^
après quoi les différentes troupes fe rendoiènt au
grand temple., où il n’étoit pourtant permis qu’au
ro i & aux incas d’entrer. L a cérémonie fe termi-
noit par le facrifice d’un grand nombre clé brebis
; ôn choififfeit entr’autres un agneau noir pour
confulter l’a v e n ir ; on l’étendoit à t e r r e , la tête
tournée v e r s l’orient, & le facrificateur lui ouvrait
le côté gauche pour en retirer le coeur & les
poumons ; lorfqùe l’on ôtoit ces parties v iv e s &
palpitantes , on fe promettoit un fuccès très-favorable.
Enfin ceux qui affiftoient à la fête faifoient
rôtir la chair des viéhmes ( qu’ils mangebient avec
dévotion & ave c joie. { A . U.)
R A Y M O N D , prince-régent d’A ra g o n , ( H i f l .
’d ’E fp à g n e ) ambitieux , a d ro it , redoutable par fa
v a le u r , célèbre par fon éloquence, heureux dans
fes projets & plus heureux encore dans fes ref-
fources, R a ym o n d , à qui fon fiècîè rendit juftice ,
fu t regardé comme le plus habile & le plus éclairé
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des fouverains qui régnoient de fon temps ert
Efpagne. C e fut ’ lui q u i, par S e s négociations^ ,
les fuccès & fçs rares ta lens, jettâ les fondemens
de la grandeur du royaume d’Aragon ; fon régné
fut illn ftre , mémorable, éclatant, ,& cependant
il ne fut jamais décoré du titre de r o i , fans doute
parce que fon ambition fatisfaite de l'exercice de
la ro y au té , s’embarràffa peu d’ un vain titre qui
ne pouvoir rien ajouter à la réalité de; fa puif-
fance. R am ir e , furnomtné /c m o in e , parce qu’if
1 avoit été pendant quarante-un^ anné e s, lorfque
les grands , affemblés pour donner un fucceffeuf
au roi Alphonfe le b a ta illeu r , le placèrent fur le
tfone , Ramire , moine , prêtre , fouverain &
mariev plein de remords après trois ans d’un
règne ridicule , d’avoir quitté le cloître pour le
feeptre, & renonce au facerdoce pbur une femme
dont il avoit eu l’infante; Pétroniile, accablé des
‘ devoirs d e là royauté, & clé ceux de fon état d’é -
P0UJf * impatient de fe. délivrer de ces deux far-
j be aux , affemblà les états d’Aragon , & comme
| ^on, incapacité ,1’avoit rendu fort méprifable , il
obtint facilement que* R a ym o n d , com te ’de Barcelone
. épouferoit l’ infante Pétronille qui n’ayoit
que deux ans .alors; que jufqu’à la ttiajorité dé cet
t n fant, le comte de Barcelone gouvernerait l’état,
I & qqe dans'le cas où Pétronillé'viendroit à mourir
■ enfans, fon époux hériteroit du royaume. L ’im -
| bécllie Ramiré'eut à peine obtenu le cbpféntement
des états, q u e , fe dépouillant des vêtemeiis ro y au x ,
•. il prit l’habit de mo in e , alla s’enfevelir dans un
cloître ,s & employer les dernières années de fon
inufile v ie à 'd e ffe rv ir une églife. Les commen-
cemens de la régence du comte de Barcelone furent'
inquiétés par le roi de N a v a r re , dont Garcje R a -
mirez q u i, s’étant flatté d e fuccéder à Ramire le
m o in e , fe déclara l’ennemi' irréconciliable du régeùt
& fit la guerre à l’Aragbn. Alphonfe V I I I qui *'
n étant çpae roi de C a ftille , avoit pris par orgueil
le titre d’empereur de rEfp agne ,d om il ne poftedoit
qu’une foible pa/tie , avoit épeufé la' foeur de
R a ym o n d ; i l 'eo0 m une ligue avec Ton beau-
fr è r e , & le roi dé Navarre fe ligua à fon tour
çoritre lés deux fouverains avec le j^>i' de Por4
fugal. Alphonfe V IU cbmmença les. hoftilirés ,- &
fe jetta fur la Navarre où il eut de grands fuc.4
c è s , & où vraifemblablement il en eût eu de plus
eclatans encore , f i , dans; le temps qu’il portoit la
terreur dans ce royaume , la v i&oire remportée
par dom Garcie fur les Aragonois, ne l’eût obligé
de ramener au plus, vite fes troupes au fecours
dé fon beau-frère , vaincu & vivement preffé par
le roi de Navarre. L a guerre continua encore pendant
environ une année; mais Alphonfe fatigué
de foutenir une- querelle qui lui étoit é trangère ,
fit la paix ave c dom G a r c i e f a n s comprendre
dans le traité Je prince R a ym o n d fon be au-frè re ,
qui demeura feul expofé aux armes des Navarrois.
Ce n étoit pas feulement contre cette puiflance que
le régent d’A ragon a v o i t à lutter., il a v o i t encore
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■4 Soutenir une guerre contre les Mahométans, &
ppur comble d’embarras, il avoit en même temps ,
à repouffer les prétentions clés chevaliers du Temple,
les demandes des chevaliers de l’ordre de S. Jean,
de Jèrufalem & dé l’ordre du faint Sépulcre, auxquels
Alphonfe le ba ta illeu r : avoit, par le plus
infenfé des teftamens, légué tous, fes états. R a y mond
, au nom de Pétronille, & cbmme‘ régent
du royaume, foutenoit avec raifon qu’Alphonfe
n’avoit pu difpofer de fes états fans le confente-
ment du peuple & fans lé conecurs des loix. Cès
raifons étoient très-valables ; mais le pape favorîfoit
les prétentions des légataires, & dans ce fiécle
d’ignorance, les loix ni la- raifon n’étoient point
une égide contre les foudres du faint fiége ; R a y mond
fe conduifit en cette occafiouï avec là plus i
rare prudence , & parvint à dédommager, du con-
fentement des états, les légataires, avec de l’argent,
quelques riches établiffemens & plufieurs
châteaux qu’il leur céda, à condition qu’ils défen-
droient les frontières du royaume contre les infidèles
; mais tandis que R a ym o n d écarroit ainfif les
légataires ü’Alphonfe U b a ta illeu r , le roi de Navarre
faitoit une cruelle irruption dans les provinces ara- j
gonoifes, & maître de Tarragone qu’il avoir prife !
d’àffaut, il s’étoit fucceffivément emparé de beau- |
coup d'autres places. Cette guerre eût fini par
e.re funefteà l’une des deux nations , & peut-être
a 1 une Si à 1 autre qui, occupées à s’entre-détruire,
donnoient aux Mahométans la liberté de profiter
de leurs divifions, & le moyen le plus infaillible
de les accabler, lorfqu’elles fe. feroient mutuellement
affoiblies, fi l’empereur Alphonfe qui vënoit
de donner en. mariage une de fes filles naturelles
au réi de Navarre, n’eût ménagé une trêve,entre
les deux puiffancés. Cet événement fut d’autant plus
heureux pour le prince d’Aragon, que dom Raymond
Berenger, comte de Provence, fon frère,
ayant été affa.fliné, & fa fucceffion étant difputée
à fon neveu, il lui importoit d’aller affurer la, fou-
veraineté de la Provence au légitime héritier de
Berenger. Cette expédition fut heureüfe, & il n’eut
pas^plutôt affuré le comté de Provence à fpn neveu,
que retournant en Aragon, il renouvelfa là trêve
avec le roi de Navarre, &. fécondant l’empereur
Alphonfe contre les infidèles il contribuabèaucbûp
au fucces du fiége d’Almerie. Il fe fignàloit contre
les' Maures, lorfque Ramire II étant mort dans le
couvent qu’il.avoit chpifi pour retraite, l’infante
Petromlie fut proclamée reine d'Àragon. Siti-fàit
du ritre.de régent, Raymond U m paifiblement la
quTité de reine à Pétronille fa fiancée, & pour-
lUiyant fes fticcês contre les MahbmétàijiSv il leur,
enleva Totïofè, i mporta fur eux les' avantagés
lês plus confidérables, employa le peu de jours
tranquilles que l’a guerie lui laiffoit , à affurer,
P,ir lo pins fiiges règlement, la tranquillité , ,le '
*Tautorité des loix. daps.^îe foyaiim?, '
^7 (;uî l’art de fe concilier la confiance clu clc- gé,
au ttibyèri' d une pii agmàVique qu’îf 'pubiVà, * $ y à i ‘
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laquelle il déclaroit que déformais les rois d’A r a gon
ne /s’einpareroient plus des biens des évêque*
qui viendreient à m o u r ir , comme ils avoient été
jufqu’alors dans Pufage d e s’eii emparer. La reine Pér
tronille étant parvenue à l’âge de quinze an s , R a y mond
l’époufa folemriellemtnt, & ne voulant g a rder
que la régence, refufa de p ren d re , comme il
l ’eût pu , le titré de r o i , bien affuré que ce refus
modefte ne nuiroit en aucune manière à fon autorité
; quelque temps après ce m ariag e , la trêve
fut renouvellée entre la Navarre & l’ Aragon. R a y mond
c om m u n de combattre avec avantage centrales
Mahométans., fur lefquels il faifoit d’importantes
çonquêresj; il les eût pouffé es plus loin , fi
la dernière trêve étant expirée , il n’eut cru devoir
prévenir les NaVarrois ; mais avant que de corn- .
mencer les hoftilités , il fe ligua étroitement ave c
Alphonfe fon beau-frère , & par le nouveau traité
cl’alliâncè qu’ il conclut avee lui*, il fut convenu
que l’infant A lp h b n fe , encore au berceau & fils
de R a ym o n d , épouferoit dona Sànche, fille de l ’empereur.
Affuré par ce traité , du fecours dn roi
de C a ftille , le régent fondit fur la N a v a r re , &
s’empara de quelques places ; mais l’empereur
Alphonfe étant venu à mourir & cet événement
ayant privé R a ym o n d du puiffànt fecours auquel
xTs’étoit attendu, cette guerre lui devint plus .or,é-
reufe qu’u t i l e &. le roi' clé Navarre eut à 'font
tour dès fuccès importais : ces viciffitudes fatiguèrent
également les deux fouverains , qui terminèrent
leur querelle par un traité de paix. D om
San ch e , roi de Caftille & fils d’Alphonfe V I I I ,
pénétré d’efîimè. & d’à dm i ration pour le régent
d’A.ragoh fb iî orade , fit avec lui une étroite
a-lhauce , mais fans que le roi Sancke voulut fe
départir de l’hommage qui étoit dû à fa couronne
pour la ville de Sarragoffe & le pays finie fu r k f
droite de l’Ébrë , que lVmpereur Alphonfe avoit
pris fous fa p ro te ffion , & qu’il avoit rendu au
r o i Ramire I J à foi 8c .hommage. !R a ym o n d p c f-
fédoit en France des domaines fort étendus, &
il étoit iritéreffé à v iv re en bonne • intelligence
a y fc Henri I I , roi; d’Angleterre & duc d’À q u i-
taihe. Henri I I étoit paffé à B la y ê ; R a ym o n d fcit
lift rendre v ifite , & dans l’entre vue des deux
princes, il fut convenu que R ich a rd , fécond fils
cle H e riri, èpQtiferoît B e re iig e re , fille du comte
R a ym o n d t mariage en faveur duquel Richard feroit
déciaré duc d’Aquitaine. Quelque temps après ,
Hènri I I déclara la guerre au comte de T o u io u fe ,
ot R a ym o n d paffant en France à là tête dè fes
trotijse's, fer vit puiffam ment Henri en qualité d’a llié.
Cette gueï fe' vènoit d’ être terminée , .lorfque l’em-
pèreiu Fredérriç fètigité de là mauvaife fo i , des
mènaces S i des foudres du pape' Alexandre I I I ,
& réfolu de dépqfèr cè pontife in q u ie t, convoq
u a , pbur prendre des mêfures à cet e ffe t, plu-
fiçurS .pnnées al Turin'.- Raymond q u i , dans ion
dermer Voyagé dé P ro vence , avôit vu l’empereur
'Frédéric ave c lequel il s’étoit l i é , & qui d’ailleurs
S s s 2