
n’étoit rien moins que l’ami du turbulent Àléxandre,
partit auffi pour fe rendre à T u r in , dans la vue
de concourir , autant qu’il feroit en lu i, à la d é -
pofition du pontife j mais . quelques jours avant
que d’a rr ive r au terme de fon v o y a g e , il tomba
malade en ro u te , & fut obligé de s’arrêter à
Dalmace près de T u r in ; fa maladie fut auffi courte
que c ru e lle ., & après quelques jours de fouffrance ,
il mourut à Dalmace le 15 août 1 . 16 2 , après une
régence auffi fage que glorieule de vingt-cinq années.
I l n’eut pas le titre de ro i, parce qu’il dédaigna
d e le prendre; mais il remplit avec autant de dignité
que de fuccès toutes les fondions de la
ro y a u t é , & c’eft pour cela que j’ai cru devoir le
placer parmi les rois les plus illùftres, dans le petit
nombre de ceux qui ont honoré le trône d’A r a g
o n . { L . C . )
: _ R A Y N A U D , ( T h é o p h il e .) H i f i . litt. mod. )
jéfuite , fa v a n t , très-fatyrique & fur,-tout très-
b iz a r r e ; il traite de la bonté du Chrift dans un
chapitre d’un de fes ou vrage s , & il intitule ce
chapitre : Ch rifius bo n u s , b o n a , bo n um , parce
que le Chrift eft bon dans tous les genres & fous
tous les rapports. Dans un traité intitulé : L a u s b r e v i-
t a ù s , il fait paffer en revue des nez de différente
taille ; le titre de fon ouvrage annonce qu’il doit
donner la préférence aux nez courts fur les nez
longs ; il croit cependant convenable de donner
à la fainte Vie rge un nez long 8c aquilin , marque
d e bonté 8c de dignité , & comme le Chrift
xeffemble à fa m è re , il a auffi le nez un peu long.
Dans une fatyre contre les jacobins, où il prend
le nom de P e tru s à v a lle c la u s â , il s’emporte fort
contre le s horribles blafphémateurs q u i , félon lu i,
ont été |mettre la Vierge parmi les. fignes du
zodiaque ; lés parlemens d’A ix & de Touloufe
trouvèrent au contraire que c’étoit fa fatyrè qui
étoit remplie de blafphêmeS, 8c ils la condamnèrent
a u feu. Plusieurs de fes liv re s furent mis à l ’inde
x à Rome. Les jéfuires mêmes ne goûtoient pas
plus que les autres les bizarreries de leur confrère;
i l éprouva de leur part beaucoup de trave rse s,
& . leur fut fidèle malgré ces mêmes trave rfe s, &
quoique fort follicitè par les étrangers de fprtir
d e cet ordre. Les chartreux auxquels, dans fon
liv re intitulé : Tr'mitas p a t ria rch a rum , il défend
formellement & tris-férieufement d’ù fe r , même
dans leurs maladies, de lavemens compofés de
ju s de vian d e, ou de topiques où il entre de la
c h a ir , ne pouvoient pas non plus lui favoir gré
de s’être mêlé de leurs affairés pour rendre une
fembîable" décifion ; mais il, eut les carmes pour
am is , il avoit fait un traité en faveur du fcapu-
lâ ire . Ce s moines réconnoiffans lui rendirent des
honneurs funèbres dans toutes les maifons de leur
ordre. Il mourut à L yo n en 16 6 3 ; il étoit né dans
le comté de Nice en 15 8 3 . Ses oeuvres furent
recueillies à L y o n en vingt volumes in-f&fio, Quelle
co lle â io n l
t in autre R a y n a u d ou R a y n o ld ( Je a n ) contro-
verfifte anglois fur la fin du feizième fiè c le , obtint
quelque crédit dans fa feéte , par fon traité d e
Romance e cc lc fia idolo latriâg
R A Z
R A Z I L L I , ( Marie de ) H iß . litt, mod.") d’une
famille noble de Touraine , fut connue fous le
regne de Louis X IV par des poéfies fort peu connues
aujourd’hui. Son goût pour, les vers aléxan-
drins & pour les fujets héroïques, la fit nommer
C a llio p e .; elle fut comjyife dans la diftribufion
des grâces répandues fur les gens de lettres ;
Louis X IV lui donna une penfien de 2600 liv .
E lle mourut à Paris en 1 7 0 7 , âgée de quatre-
vingt-trois ans.
R É A
R É A L , ( César -R ichard de Saint- ) Hiß,
litt., mod. ) c’eft l’abbé de S a in t -R é a J. , auteur &
même hiftorièn diftingué , quoiqu’on l’accufe d’être
romancier en hiftoire comme Varillas fon ma ître,
auquel il eft bien fupérieur. Son dom Ca dos paffe pour
un roman écrit avec intérêt, 8c M. Grd fle y a prétendu
que la conjuration de V en ife , dont la forme
a auffi quelque chofe de romanefque , n’étoit qu’un-
rom an , même quant au fond. L a conjuration de
Venifé n’a , félon lu i; rien de réel. C e font - là
les ouvrages de l’abbé de S a in t - R é a l , les plus célèbres
, mais il en a compofé phifieurs autres &
dans le. genre hiftorique, & dans d’autres genre s,
nommément une v ie de Jéfus-Chrift.
L ’abbé de S a in t - R é a l étoit de Chambéri ; fon
père étoit confeiller au fénat de cette ville. La
ducheffe de Mazarin s’étant d’abord réfugiée en
Savoie , y vit l ’abbé dé S a in t -R é a l elle le goûta .,
il s’attacha dé fon côté.à la duché fie, qui le mena,
en Angleterre avec elle. I l mourut à Chambéri
vers la fin de l’année 1692,.
R É A L , (G aspardde) H iß . lit t , m o d .) fei«
gneur de C u rb an , grand-fénéchal de Forcalquïer.
On a de lui un grand ouvrage en huit volumes
in -4 °. intitulé : la Science d ii •gouvernement, fcience
qu’il eft plus alfé d’enfeigner que d’exercer. Né
à Sifteron en 16 8 2 ; mort à Paris en 17 5 2 .
R É A U M U R , (R en é-A n to in e F e r c h a u l t de)
H iß . litt, m o d .) de l’ académie des fciences, auteur
de plüfieurs découvertes, les .unes très-utiles, Fes
autres au moins très-CurieufeS , fur la formation
des coq uille s, fur les ara ign é es, les m eules , les
puces marines , & c . fur Fhiftoire naturelle des in -
fe& e s, fur la digeftion des oifeaux , fur la manière
dont ils conftruifent leurs nids , fur les rivières aurifères
de France | fur l’art de retirer .les paillettes
d’or que les eaux roulent ave c le^fable ; il découvr
it en Languçtloc des mjnes de turquoifes, il dé^
couvrit la matière dont on le fert pour donner la
couleur aux pierres fauffes ; il trouva & il expofa
Y art d e convertir le fe r-fo rg é en a c i e r . F art d ’ adoucir
le fe r - fo n d u 6* de fa i r e des ouvra ges de fe r - fo n d u
a u ffi fin is que de fe r - fo rg é . On lui doit les manufactures
de fer-bLanc-établies en F ran c e ; avant lui
on ne tiroir le fer-blanc que de l’étranger ; on lui
doit l’art de la porcelaine, il contrefit même celle
de Saxe ; .on lui doit le nouveau thermomètre qui
porte fon nom. Sa découverte de l ’ art de faire
• éclore & d’élever les poulets & les oifeaux comme
en Egypte , fans faire couver des oeufs , parut.brillante
; on s’en occupa long-temps, mais elle eft
reftée jufqu’à préfent infru&ueufe , c’eft-à-dire que
le fuccès qu’on en obtient ne dédommage pas des
peines-& des dépenfes.
M , de R éaum ur étoit né à la Rochelle en 1683 ;
il mourut à fa terre de la B ermond ière, dans le
M a in e , le 1 7 o&obre 17 5 7 .
R E B
R E B I . f. m. {H iß . mod. R e l ig io n . ) C ’eft ainfi
que i’011 nomme au Japon les fêtes folemnelles
que célèbrent ceux qui fuivent la religion du
Sintos ; elles fe paffent à vifiter fes amis. Après
a voir été au temple, on employé le refte du jour
en feftins 8c en ré joui fiances.. Les Jap on ois font
perfuadés que les plaifirs innocens dont jouiffent
les hommes, font très-agréables à la divinité, &
que la meilleure manière d’honorer les eamis,
ç’eft-à-dire, le sY a in t s , eft de fe procurer dans ce
monde une.partie de la félicité que ces êtres heureux
goûtent dans le ciel. Les Sintoïftes ont chaque
mois trois fê te s ; la première fe célèbre à la nouvelle
lune , la fécondé à la pleine lune , & la troi-
fièm e , le dernier jour de la lune. Ils ont outre
cela plufieurs fêtes folemnelles : la principale s’appelle
fo n g u a tç ; elle arrive le premier jour de
Tannée; elle fe paffe à fe faire des préfens. L a
féconde fête fe nomme, fo n g u a tç -fom n it^ , & fe
célèbre le troifième jour du troifième m o is; elle
eft deftinèe à la récréation des jeunes filles , à
qui leurs parens donnent un grand feftin. L a troifième
tête s’appelle goguat^-ganitç , & tombe fur
le cinquième jour du cinquième m o is; elle eft
xleftinée pour les jeunes garçons. L a quatrième
nommée fiffigu a r^-n an u k a , fe célèbre le feptième
jour du feptième mois ; c’eft un jour de réjouiffance
pour les enfans. Enfin la fête appellée kunit^ fe
célèbre le neuvième jour du n uvième m o is ; elle
eft confacrée au plaifir de la table, au je u , à la
d an fe , & même à la débauche & à la diffolution.
( A . R . )
R E B O U L E T , ( Simon ) H iß . lit t . mod. ) avocat
ex-jéfuite , auteur d’une H iflo ir e des fi l le s de F enfa
n c e , condamnée au feu par le parlement de T ou -
loufe gj d’une hiftoire de Louis X IV , eftimée pour
}’,Ç?2&hude; c’eft lui qui a rédigé les mémoires du
chevalier de Forbin; ( voyez l'article Forbin ) il
eft enfin l’auteur dune*hiftoire du pape Clément
X I , qui fut fupprimée à la prière du roi de Sardaigne
, dont le père y étoit maltraité, parce qu’il
avoit perfécuté les jéfuites, anciens confrères de
R e b o u le t , qui confervoit pour eux de rattachement.
Qu’il nous foit permis de faire quelques
réflexions fur la condefcendance cu’on ■ eut en
cette-occafion pour le roi de Sardaigne. Un parti-,
culier dont on diffame les parens morts, les juf-
tifie comme il peut; & fi l’in fuite eft gratuite &
produite par un efprit de fatire criminel, i! .obtient
jufti.ce & réparation. L’honneur de fes parens
eft fon bien propre, & fait partie de fon patrimoine
; il n’en eft pas de même des rois; ce ne
font pas des hommes ordinaires; du moment de
leur mort ils appartiennent à Fhiftoire, qui a droit
de les juger. Il eft vrai qu’une fatire n’eft pas un
jugement, & qu’elle pourroit avoir des caractères
de fauffeté , de malignité, de calomnie, qui rea-
droient l’auteur très-répréhenfible, & que pour
l’intérêt même de Fhiftoire on ne pourroit pas
laiffer fubfifter ; mais hors ces cas extraordinaires
où l’autorité auroit évidemment raifon , les rois ne
fauroient 11 fer trop fobrement de leur puiflance
pour gêner les jugemens de Fhiftoire. On ne doit
plus aux rois morts que la vérité ; il feroit.injufte
d’exiger qu’on eût pour eux les mêmes égards,les
mêmes refpefts qu’on avoit de leur vivant aux dépens
même de la fincérité ; le prétexte de la piété
filiale doit céder ici à l’intérêt du genre humain,
pour qui les aâions des rois 8c les événemens publics
font une fource de leçons néceffaires ; car ,
qu’on ne s’y méprenne point, chaque fait a fa moralité
8c peut fervir de leçon; ce prétexte de venger
la mémoire de fes parens, qui ne feroit fou-
vent qqe la crainte & la prévoyance des jugemens
qu’on fe prépare à foi-même dans la poftéricé, ten-
droit à priver le genre humain des leçons de l’hif-
toire ; d'ailleurs, où s’arrêteroit cette prétendue
piété filiale ? fe borneroit-elle au père ? remonte-
roit-elle à l’ayeul, au bifayeul, &c ? corromproit-
elle toute Fhiftoire 8c la réduirok-elle à n’être
qu’un éternel panégyrique ? La règle que- nous
propofons eft beaucoup plus jufte ; refpefter les
rois pendant leur vie, fe refpecler affez foi-même
pour leur rendre, à charge & à décharge, pleine &
entière juftice après leur mort ; c’eft l’intérêt de
l'humanité , il doit toujours prévaloir.
M. Reboulet étoit né à Avignon, le 9 juin 1687;
il mourut dans la même ville en 1752.
REBUFFE, ( P i e r r e ) H iß . litt. mo d. ) fameux
jurifconfulte françois, né près de Montpellier en
1487, mort à Paris en 1557, qui enfeigna le droit
à Montpellier , à Touloufe , à Cahors, à Bourges,
à Paris , & dont les ouvrages ont été recueillis
en fix volumes in - f o l io , & font cités au barreau
com m e u se grande auto^té,