
6 0 6 R O I R O I
de la répu b liq u equ e Tes confeillers , • 8c qu’ils
ne dévoient avoir pour objet que fa confervation
£k fa gloire. ( D . J . )
^ R o i des Romains. ( Hiß. mod. ) Dans l’empire
d’Allemagne , c’eft le prince élu p ar le s éleâeurs
pendant la vie de l’empereur, pour avoir la conduite
& le maniement des affaires en fon abfence,^
comme vicaire général de l’empire , & pour fuc-
cédsr après fa mort ail nom & à la dignité ^empereur,
fans qu’il, foit befoin d’autre élection ou
confirmation..
Cette qualité , dans le fens où on la prend au-
' jourd’hui, étoit tour-à-fait inconnue du temps des
premiers empereurs de la maifon de Charlemagne,
qui étoient empereurs & rois des Romains ; c’eft-
à -d ire , fouveràins de la ville de Rome .tout en-
iemble. Ils donnaient à leurs héritiers préfomptifs
la qualité de roi d’Italie , comme les anciens empereurs
romains faîfoient prendre celle.de Xéfar
à leurs fucceffeurs défignés à l’empire.
Le nom de roi des Romains ne commença à être
en ufage que fous le règne d’Othon I , & ies empereurs
le prenoient, quoiqu'en pleine poffeffion
de l’empire, & de la dignité impériale, jufqu’à
ce qu'ils eu fient été couronnés par les papes. C’eft
en ce dernier fens qu’il,fau,t entendre le texte de
la bulle d’o r , quand elle fait mention du roi des
Romains, dont elle n’a jamais parlé dans le fens
où l’on emploie aujourd’hui ce terme, que nous
avons d’abord défini fuivant l’iifage préfènt : car
le defTem de Charles IV , en faifant la bulle d’or,
étoit de rendre l’empire purement éleefif, de fonder
& d’affermir les prérogatives des électeurs. Or ce
qui s’eft .palfé dans la maifon d’Autriche depuis
500 ans, montre alfez clairement que/rien n’eft
plus contraire à cette liberté que l’éle&ion d’un roi
des Romains, du vivant même de l’empereur» Les
électeurs prévirent bien ces inconvéniens , lorfque
Charles V voulut faire élire Ferdinand fon frère
roi des Romains, & prétendirent les- prévenir par
un réglement conclu enVeùx & cet empereur , à
Schweinfurt, en 15 3 2 , mais que la maifon d’Autriche
a bien fit rendre inutile.
Leroi des Romains eft choifi par les éleâeurs,
& confirmé par l’empereur ; il eft couronné d’une
couronne ouverte , qu’on appelle romaine , mais
on ne lui prête aucun ferment de fidélité qu’après
la mort de l’empereur; on lui donne le titre d'au-
p iß e , & non celui de toujours augufie, qui eft ré-
fervé à l’empereur. L ’aigle éployée qu’il porte dans
fes armes, n’eft qu’à une tête. En vertu de fon
t it re , il eft fans eonteftation fuccefleur.de l’empereur
, après fa mort : & , pendant la vie de l’empereur
, vicaire unique & univerfe'l, fécond chef &
régent de l’empire II eft vrai que tant que lern-
pereur rende dans l’empire , tous ces titres magnifiques
font pour le roi des Romains fe s honneurs
pouvoir,
Le roi des Romains a d’ailleurs des avantages qu*
lui font communs avec l’empereur, comme de
prefider aux diètes, de les convoquer de l’aveu
des élë&eurs, & de les congédier ; de faire des
comtes & des barons, de .donner des lettres de
nobleffe , d’accorder des privilèges aux univerfités ;
de mettre les rebelles an ban de l’empire, en
obfervant toutefois lés formalités ordinaires ; de
rappeller les proferits, de commuer les peines , &c.
mais il recomioît l’empereur pour fon fupérieur.
Il doit n’aeir qu’au nom & par ordre de l’empereur
; c’eft au moins ce qu’il doit promettre ,
par-la capitulation qn.’on lui fait .ligner après fon
éledion. Suppofé qu’il n’ait pas l’âge de dix-huit
ans, & qu’avant que de l’avoir atteint, il parvienne
à l’empire, on lui impofela condition de n’agir en
qualité d’empereur, que fous l’autorité des vicaires
de l’empire , comme fes tuteurs, jufqu’à ce qu’il
ait les années de majorité fixées par la bulle d’or ;
les a&es néanmoins & les ordonnances doivent être
rendus en fon nom.
Le roi des Romains eft traité de majejlé royale
par tous les princes, & dans les cérémonies, il
marche au côté gauche de l’empereur, un pas ou
deux derrière. Quand il s’y trouve feul , le maréchal
de la cour ne porte l’épée devant lui que
dans le fourreau, au lieu qu’on la porte nue devant
l’empereur. Le même roi traite l’empereur de
majejlé 9 & l’appelle fon feigneur ; mais l’empereur
ne le traite que de dïleüion.
Comme la bulle d’or , quand il s’agit d’élire ira
empereur, parle feulement d’élire un roi des Romains
futur empereur ; c’eft toujours une condition
préliminaire, que le fujet à qui on deftine l’empire
, foit choifi & déclaré roi des Romains par les
éLeâeurs, âinfi que nous l’avons vu pratiquer dans
les deux dernières élevions. Heiff. hift. de l ’empire
9 t. I I I . .
L ’ufage d’élire un roi des Romains 3 été établi
en Allemagne, pour éviter les inconvéniens des
interrègnes , & pour afiùrer le bien-être & la tranquillité
de l’empire , que la concurrence des con-
tendans pouvoir altérer. Pour élire un roi des Romains,
il faut que tous le s éleaeurs/affemblent,
& délibèrent f- la chofe eft avantageufe au bien
de l’empire. En vertu de la capitulation impériale,
le roi des Romains peut être choifi par les électeurs,
indépendamment du confentement de l’empereur
, lorfqu’il n’a point de bonnes raifonsfoour
s y oppofer. Les juçjfconfultes ne font point d’accord
pour favoir fi un roi des Romains a , en cette
qualité , une autorité qui lui eft propre, ou fi fon
autorité n’eft qu’empruntée, ( delegata). Il paroît
confiant que le roi des Romains n’eft que le fuc-
ceffeur défigné de l’empereur, & qu’il ne doit être
regarcie que comme le premier des fujets de l’empire.
Les empereurs qui en ont eu le crédit, ont
eu fora de faire élire leur fils ou leur frère roi
R O I
5les Romainâ, pour afiùrer dans leur famille la
dignité impériale qui n’eft point héréditaire, mais
éleéfive. ( A . R. )
ROINE-BLANCHE. ( Hiji.de France ) On ap-
pqlloit autrefois raines-blanches les reines veuves, ou
à'caufe de leur coëfFure hlanche , ou en mémoire
de Blapche de Caftille, veuve de Louis V III, &
dé Blanche d’Ev reux , veuve cîe Philippe de Valois.
( D . J . )
R oitelet , ou Pe tit Ro i , regulus, ( H'fi. mod. )
titre qu’on voit fou vent employé dans les conciles
des Saxons d’Angleterre., pour fynonyme à
comte.
De-là fub-regulus, qu’on employoît pareillement
pour fignifièr vicomte, quoique ces deux mots fem-
blent en bien des endroit® être pris indifféremment
l’un pour l’autre. Ainfi voit-on dans les archives
de la cathédrale de Worcefter „ qu’Uthredus y
prend quelquefois la qualité de regulus , & d’autres
ibis celle de fub-regulus de la cité de Worcefter.
Mais dans d’autres endroits , nous trouvons ces
deux qualités diftinguées l’une de l’autre. Offa , roi
de Mercie ; Uthredus regulus ; Alredus 9 fub-regulus.,.
&c. ( A. R. |
R O K
ROKOSZ. f. m. (H i f i mod.pelitiq. ) C’eft ainfi
que l’on nomme en Pologne une efpèce de confédération
, qui a. lieu quelquefois dans les diètes
ou affemblées de cette nation tumultueufe. Lorfque
les nobles craignent quelquè chofe de la part
du roi ou du fenat, ils fe lient par ferment in
caput & animam , de foutenir les intérêts de la
patrie, & ils font obligés, enverra de rokof^, de
s’armer pour veair à fon fecours, ou plutôt pour
la déchirer. ( A . R. ).
R O L
RO LA N D , Statues de ( Hifi. moderne') Dans
plufieurs villes de Saxe & d’autres parties d’Allemagne
, on voit dans les marchés publics, ces'i
colonnes fur lefquelles on a fculpté une épée ; ou •
bien ces colonnes font furmontêes de la ftatue d’un ■
homme armé dùne épée , ce qui eft un fymbole
de la haute jufiiee. Orra cru que, ces monumens
reprêfentoiènt Roland,. neveu de Charlemagne, û 1
vanté., fur-tout dans lès romans; mais c’èft une
erreur, & l’on penfe que le nom qu’on leur donne,,
vient de l’ancien mot faxon rugen, dénoncer en juf-
tice , ou bien du mot- ruhe, tranquillité, & lànd'
pays, comme fi ces monumens étoient des fymboles.
de la tranquillité qu^ procure- la juftice. ( A . R. )
ROLIN , f. m. ( terme de relation )• nom que les
babitans du Pegu donnent au chef de leur religion ,
si leur foùyéraiiî pontife. (D ; J . j
R O L 607
R O L L E , ( Mich e l ) Hiß. litt. mod. ) de.l’académie
des fciences , grand algèbrifte. u Un
i » homme capable comme lui de fe facrifier en-
» tièrement à l’algèbre , n’eft pas un préfem que
» la nature faffe tous les jours aux fciences, dit
M. de Fontenelle. Il n’y a point d’nabiles ma-
» thématiciens qui ne fâchent beaucoup d’algè-
» bre , ou du moins affez pour l’ufàge indifpen-
» fable. Mais cette fcience pouffée au delà de
» cet ufage ordinaire , eft fi épineufe, fi com-
»> pliqtiée de difficultés , fi embarraffée de calculs
» immenfes, & pour tout dir'e fi affreufe, que
» très-peu de gens ont un courage affez héroï^-
» que pour s’aller jener dans fes abîmes pro-
» fonds & ténébreux. M. Rolle eut tout ce cou-
» rage, ou plutôt il n’en eut pas befoin.-Une
» paffion décidée pour cette fcience l’en diipen-
, » fa.; il n’ÿ a point de mérite, il n’y a pas de
jj facrifice du moins à fe dévouer à ce qu’on
j j aime. Simple maître à écrire & ne tirant que de
jj-cette proftflion fa fubfiftance celle d’une
j j famille nombreufe , tout ce qu’elle pou voit:
j j lui laiffer de loifir, tout ce qu’il pouvoit dé-
jj rober à fon fommeil, la paffion dominante le
jj. prenoit, & l’on fait, dit M. de Fontenelle,.
jj que les pallions- font toujours leur part affer
n bonne j j .
M. Ozanam dont "le nom eft illuftre dans îes>
mathématiques, ayaqt propofé en 1682 un problème
qu’apparemment il croyoit difficile , M-
Rolle,, toujours limple maître à écrire,. & inconnu
non-feulement au public., mais même aux
mathématiciens , le réfolut en fe jouant, ce ne;
fut pour lui qu’une récréation mathématique, & .
)1 prit plaifir à aller beaucoup au-dèîà du problème
, comme pour infulter à l'a facilité qu’il y
avoit trouvée , il déploya la plus grande connoif-
fance dès nombres. M. Colbert, qui, félon Mode
Fontenelle, avoir des efpions pour découvrir
le mérite caché ou naiflant, déterra M. Rolle-
dans fon obfcurité, & lui donna une gratifica-
; tion, puis^ une penfion.
En 16 8 5 , il fûtreçu à- l’académie de s fciences..
Il avoit enfeigné les mathématiques à un des.
fils de M. de Louvois, & M,. de Louvois,.pour le-
récompenfer, lui avoit donné une place lucrative
au bureau de l’extraordinaire dés guerres; mais;
cette place l’êloignoit dé l’algèbre & de l’académie,
il leur en fit le facrifice, & c’en étoit un;
dans l’état de fa fortune,.
En 16 90, il publia un trait$ d’algèbre, oii'ea-
remarqua fur-tout fa méhode dite des cafc a de s 9;
qui' refout les- équations déterminées de tous, les>
degrés. - ’ ' '
En 1699 , il donna une- méthode pour rés-
fo u d r e lès- que fiions indéterminées de- l'algèbre. IL y ?
a encore de lui quelques autres oiiyrages^ tour :
jours fw i’àlgèbre. Il’ la croyoit encore, imparfaite
& fufeeptibie.:d’vme étendue, que l’on-, ne;
penfe pas même ,,dit M.. de. Fontenelle:,, à- y. dèr-.