
fiifioire naturelle du, comté £ Oxford. & d’une da
comté d Hartford. Mort en 1696.
PLOTIN ( Hiß. anc,) Philofophe platonicien, né
âu commencement du troifième Aède à Licopolis
en Egypte , fut difciple d’Ammonius qui tenoit
fop école à Alexandrie, _&c ma'tre de Porphyre
( voir les articles Ammonius & Porphyre ). K> avoit
d’abord effayé de plufieuis-maîtres qui ne l’avoient
pas fatisfait ; auffi tôt qu’il eut entendu Ammonius,
c'eß celui-là même que je cherchais , dit-il : il voulut
aller s’inftruire chez les philofophes perfans & indiens.
Il fuivit l’empereur Gordien qui alloit faire
la guerre aux Perfes ; mais Gordien ayant été
affaffiné par Philippe , fur les frontières mêmes
de la Perfe , Plotin courut rifque de la v ie ; il vint
à Rome l'an 245 , fous le règne de Philippe ; il y ouvrit une école de philofophie. On prétend
qu’il fir goûter à l’empereur Gallien & à l’impératrice
Salonine le projet de bâtir ou de rebâtir
une ville en Campanie, qu’ils lui auroient cédée
pour y réalifer l’idée de la république de Platon.
•Cette vil e eût été habitée par une colonie de
philofophes. On peut regretter qu’un pareil projet
foit refté fans éxecution, ü ne pourroit en réfulter ;
aucun mal, & il feroit curiçux de voir quel bien
on en pourroit retirer. Si cette petite focièté don-
moit l’exemple de plus de bonheur & de vertu que
les autres , pourquoi négligeroit-on de la prendre
pour modèle ? Î1 paroît au refté que ~Plotin fai—
foit quelque abus de la métaphysique , & que
d ’aftez grandes Angularités déshonoroient fa
phi ofpphie. Avant même d’être philofophe, il
av.oit été un ,enfant fort fingulier. A l’âge de huit
ans & au delà , fréquentant depuis long - tems
les éeoles, il alloit encore trouver fa nourrice &
lui demander à téter , on eut beaucoup de peine à
lui en faire perdre l’ufage. Devenu un philofophe, il
s’occupa te. le ment des efprits , que les corps ne
■ furent plus pour lui qu’un objet de mépris ; il
étoit honteux de ce que fon ame étojt logée dans
un çorps. Il ne voulut jamais dire ni le jour ni
le lieu de fa oaiftànçe, parce que cVroit déligner
le moment &, l’endroit précis où fen ame
immortelle avoit été emprifonnêe dans un corps
de chair ; il ne voulut jamais fe laifler peindre
parce que ç’étoit multiplier & transmettre l’image
d’un ccrj)s, 11 reftjfa tou ours de faire ufage des
remèdes' dont il avoit le plus de befoin , parce que
c’écoit prendre pour le çorps dçs foins qu’il ne
jnéritoit pas; tourmenté de douleurs de colique,
il ne confentit jamais à fe procurer le foulagement
d’un lavement, & cela en partie par mépris pour
le corps, en partie par refpeél pour la dignité de
philofophe à laquelle il auroit cru déroger. Plotin
mourut l’an 3.70 de Jefus-Chrift. Porphyre fon
difciple a écrit fa v ie , a recueilli & arrangé fes
ouvrages , dont la plupart avoient été compofés
pour l’inftruftion même de Porphyre. Ce Porphyre
% été un des plus grands adyerfaues du chriftianîfme
; on a cru que Plotin y avoit ét ? plus favoraa
ble quç contraire. Les ouvrages dç Plotin forment
cinquante-quatre traités, divifés en fix Ennéades ,
imprimées à Bâle en 15 É 0 , in-folio en grec.avec
la verfion latine , par Marfile Ficin. Il paroit < ue
Plotin a voulu, comme Socrate , avoir un efprit
familier, du moins il en eft accufé ; on lui dreffa
des autels comme à un Dieu.
PLOTINE ( Hiß. rom. ) Plotina Pompeïa , femme
de Trajan & digne d’un tel mari par fes vertus ;
elle contribua beaucoup par fes confeils , au bonheur
du peuple & au foulagement des provinces.
Sa douceur , fa modeftie égaloient fa feienfeifance;
elle porta même le foin de rendre Rome heureufe
au delà du tems de fon empire , ce fut dans cetfe
vue qu’elle fit adopter Adrien. Elle accompa-
gnoit Trajan , lorfque cet empereur mourut à Sé-
linonte l’an 1 1 7 de Jefus-Chrift; elle rapporta
fes cendres à Rome. On ignore le tems de fa
mort la doul ur qu’en reffentit Adrien eft reftée
célèbre. Sa reconnoiffance pour cette princeffe à
laquelle il devoit l’çmpire, prouva d’avance qu’elle
ne s’éteit pas trompée dans fon choix ; il la mit
au rang des déeffes , il compofa des hymnes
à fa louange , & révéra toujours tendrement
fa mémoire,
P LC T IU S , ( L u c iu s ) Hiß. Rom.) le premier
qui ouvrit dans Rome une école de rhétorique
en latin. Il avoit compofé un traité du geße de
l'orateur, aujourd’hui perdu. Ce rhéteur, dont
Cicéron parle avec éloge, viyoit environ cent
ans avant J . C.
P L U
PLUCHE, (A ntoine) Hiß. litt. mod.) il e ft
connu principalement par fon JpeElacle de la nature
& par ton hißoire du ciel. Son fpettacle de la nature
fur-tout a été regardé long-temps comme un excellent
livre d’éducatios fur la phyfiq. e & l’hif-
tolre naturelle; on affe&e aujourd’hui de le décrier
beaucoup ; il eft vrai que les interlocuteurs
qui paroiffent daifs cet ouvrage, n’ont tous qu’un
même ton, le ton de collège, & que madame
la comtefle n’eft qu’une caillette bourgeoife; il
eft vrai que le temps a amené des notions nouvelles,
mais M. Pluche avoit fort bien recueilli &
fort nettement expofé celles qu’on avoit de fon
temps , & il les avoit puifées dans les- mémoires
de l’académie des fciences & dans les meilleures
fources. M. Rollin aimoit & eftimoit M. Pluche,
& avoir comribué à fa réputation, le janféiifme
n’y avoit pas nui non plus. On a de M. Pluche
quelques autres ouvrages moins célèbres, tels que fa
méchanique des. langue s, ouvrage qu’il avoit d’abord
compofé en latin fous ce ti:re : de linguarum ar-
tificiof & qu’il a lui-même traduit en français ;
une concorde de la géographie des djjfircns âges. Il
*
a écrit auffi fur la bible. Ne a Reims en 168$ 9
«iort en 17 6 1 à la Varenne-Saint-Maur, où il
s ’étoit retiré en 1749 , étant devenu fourd.
Pluie prodigieuse. ( Hlfioïre ) Nous nommons
avec les anciens, pluies prodigieufes , pro-
dig ia , toutes celles qui font extraordinaires , &
qu’ils attrrbuoient à des caufes furnaturelies, parce
qu’ils n’en appercevoient point les caufes physiques.
Leurs hiftoriens parlent de plufieurs fortes
d e pluies prodigieufes , comme de pluie de pierres,
d e cendres , de terre, de fer , de briques, de
«h a ir , de fang & autres femblables.
La plus ancienne pluie de pierres dont il foit
Sait mention dans l’hiftoire romaine, eft celle qui
arriva fous le régne de Tullus Hoftilius, après
la ruine d’Albe. Nuntiatum régi, patribusque e fl,
dit T ite -L iv e , livre I , chap. x x x j, in monte A l-
iano. lapidibus pluiffe ; quod chm credi vix poffet,
miffis ad id videndum prodigium in confpe&u, haud
aliter quam chm grandinem venti glomeratam in terras
agunt, crebri.. cecïdere coelo lapides. Et quelques
lignes plus bas il ajoute : manfit folemne ut quan-
documqut idem prodigium nuntiaretur, feriez per no-
vem dies agerentur. Les circonftances rapportées
par Tite - L ive femblent affurer la vérité de ce
fait d’une manière incontèftable ; & il s’eft répété
tant de fois aux environs du même montAlbanus,
qu’il n’eft guère pofiible de le révoquer en doute :
il n’eft pas même bien difficile d’en déterminer
la caufe phyfique, puifque l’on peut fuppofer
avec beaucoup de vraifemblance, qu’il y a eu
dans les premiers temps un volcan fur le mont
Albanus, & cette conjedure eft affez fortement
appuyée pour la faire tourner en certitude. On
fait que c’eft un effet ordinaire aux volcans de
jetter des pierres & de la cendre dans l’a i r , qui
retombant enfuite for la te rre , peuvent être pris
par le peuple groffier, pour une pluie prodigieufe.
Quoique le mont Alban ne jettât ordinairement
ni flammes ni fumée , le foyer de ce volcan
lùbiiftoit toujours', & la fermentation des matières
folphureufeS & métalliques qui y étoient
contenues , avoit aflfez de force pour jetter en
Uair des pierres , de la terre & divers autres
corps qui retomboient du ciel dans les campagnes
voiftnes.
Le Véfuve & les autres volcans qui en font
proches, caufoient un effet tout femblable dans
l’Italie inférieure; mais comme leur embrafement
étoit continuel., & ces évacuations affez fréquentes
, les peuples qui s’étoient accoutumés à ce
îpe&acle, n’étoient plus effrayés que des évaporations
qui vomifloient ces matières en plus
grande quantité, ou qui les pouffoient à une plus
grande diftance.
C ’eft à cette dernière caufe, c’eft-à-dire aux
embrafemens & aux évacuations du V éfuv e , que
Ton doit rapporter ces pluies de terre dont il eft
feuvent fait mention dans Tite -L iv e , & dans la
HifUire. Tom. IV
compilation de Julius Obfequens. Caio Martio I I I
& Tito Manlio Tôrq. coff., dit i l , lapidibus pluït,
& nox vifa efl interdiu in urbe Româ. Cette pluie
de pierres étoit donc accompagnée d’uri nrrage
de cendres affez épais pour cacher la lumière
aux habitans de la ville de Rome.
Dans les embrafemens confidérables du Véfuve
& du mont Etna , ‘lès cendres & les pierres calcinées
font portées à une diftance très-confidérable.
Dion Caflius rapporte que lors du fameux embrafement
du Véfuve , arrivé fous l’empereuf
Vefpafien , le vent porta les cendres & la fumée
que vomiffoitcette montagne, non-feulement
jufqu’à Rome, mais ffiême jufqu’en Egypte.
La chronique du comte Marcellin obierve k
l’année 4 7 a , c’e ft -à -d ire , fous le confulat de
Marcien & de Feftus : que cette même montagne
s’étant embrafée, les cendres qui en fortirent fe
répandirent par toute l’Europe, & causèrent uti
fl grand effroi à Conftantinople , que l’on célé-
broit tous les ans la mémoire de cet événement*
par une fête établie le viij des ides de novembre.
Dans l’embrafement du mont Etna , arrivé en
1 5 5 7 , & décrit dans la Sicile de Fazelli, & dans
le dialogue latin du cardinal Bembo, la cendre
fut portée à plus de 200 lieues de la' Sicile.
L ’hiftoire iomaine n’eft pas la feule qui nous
fourniffe des exemples de pierres tombées du ciel;
on en trouve de femblables dans l’hiftoire grecque
, & même dans les écrits des philofophes les
plus exaâs. Perlonne n’ignore que la fécondé
année de la lxxviij olympiade , il tomba du ciel
en plein jour, une pierre auprès du fleuve Egos
dans la Thrace. Pline affure que l’on montroit
encore de fon temps cette pierre , & qu’elle étoit
magnitudine vehis, colore adujlo. Cet évènement
devint fi fameux dans la Grèce , que l’auteur de
la chronique athénienne, publiée par Selden avec
les marbres du comte d’Arondel, en a fait mention
fur l’article 58 , à l’année 1 1 1 3 de l’ère at-
tique ou de Cécrops.
Cette pierre qui tomba dans la Th rac e , étoit
apparemment pouffée par le volcan qui en fit
tomber trois autres dans le même pays plufieurs
fiècles après, c’eft-à-dire, l’an de j . C. 4 5 2 ,
l’année même de la ruine d’Aquilée par Attila.
Hoc tempore, dit la chronique du comte Marcel-;
lin , très magni lapides è coelo in Thraciâ cecïdereé
On pourroit peut-être attribuer à la même caufe
la chûte de cetre pierre qui tomba du ciel au
mois de janvier 17 0 6 , auprès de Lariffe en Macédoine
; elle pefoit environ 72 livres , dit Paul
Lucas qui étoit alors à Lariffe. Ellefentoit le fouf-
f r e , & avoit affez l’air de mâchefer : on l’avoit
vue venir du côté du nord avec un grand fiffle-
ment, & elle fembloit être au milieu d’un petit
nuage qui fe fendit avec un très-grand bruit lorf-
qu’elle tomba. I Le fameux Gaffendi dont l’exaâitude eft aulS
reconnue que le fa voir, rapporte que le 27 a©,
S s