
s’expofer à la difgrace de fon prince , qtie de le
fatisfaire en défobèiflanr à Dieu. ( La vigne de
Naboth eft paflee en proverbe pour défigner le
foible héritage d’un pauvre comparé aux vafles
domaines d’un riche opprefleur. L ’hiftoire de
Naboth efl rapportée au troifièine livre des Rois,
chapitre 1 1 . ) {.A . R .)
NABUCHODONOSOR, .pleurs de la génération
, ( ou Saosd'uchin ) ( HIß, facr. ) roi d’A f-
fy r ie , fils d’Aflaradon,, commença à régner à
Linive , l’an du monde 333 5. Ce prince, enflé
.de la victoire qu’il avoir rempo.tée fur Arpha-
xad ou Déjocès, roi des Mê'des , dans les plaines
de Sagau , entreprit de réunir toute la terre à
Ion empire. Il envoya donc fommer les nations
qui s’étendent jufqn’aux confins de l’Ethiopie, de
le reconnoître pour roi ; mais ces peuples, renvoyèrent.
avec mépris les ambafladeurs , & firent
peu de cas de les menaces. Nabuchodonofor, outré
de colère, jura de s’en venger; & ayant levé une
armée formidable, il en donna le commandement
à Holopherne . avec ordre d’exterminer tous ceux
qui avoient fait infulte à fes ambafladeurs. Ce
général, après avoir porté la défolation dans une
grande étendue de pays , vint enfin échouer à
Bémlie , où il trouva le terme de fes conquêtes
ëc de fa vie. Nabuckodonojor, ayant appris le mauvais
fuccès de fes armes, en mourut de chagrin,
après avoir régné près de vingt ans. Judith, t à
& f e q . ( A R . ) ’ ’ ’
N a bu ch o d o no so r , autrement N a bo po -
LASSAR. {H iß . fa cr.) père du grand Nabuchodonofor,
fi fameux dans l’écriture , étoit babylonien,
& com man doit les arm ces de Saracus, roi
d'Aflyrie. Il fe joignit à Aflyages pour ren'verfer
cet empire : ils afliégèrent Saracus dans fa capitale
; & ayant pris cette v ille , ils établirent fur
les débris dé l’empire d’Aflyrie deux royaumes,
celui des Mèdes qui appartint à Aflyages, & celui
des Chaidéens, fur lequel fut établi Nabopo-
lajfar, l’an du monde 3.378. ( voyêq ci-deflùs l’article
N a fo p o l a s s a r . ) ( A R . )
N a b u c h o d o n o so r , ( Hiß. facr. ) fils de
celui dont nous venons de parler , avoir été
afiocié à l’empire de Chaldée du vivant de fon
père , qui l’avoit employé à diverfes expéditions.
Ce jeune prince, après avoir châtié plufieurs gouverneurs
qui s’étoient. révoltés , marcha contre
Pharaon Néchao , roi d’Égypte , & ayant ren-
• contré l’armée de fes ennemis près de IVuphrate,
il la vainquit & fondit fur le royaume de Juda \
dont le roi étoit tributaire de Néchao. I! affiégeà
ce prince dans Jérufalem, prit la ville , fit le roi
prifonnier, & vouloir d’abord le mener à Babylone
charge de chaînes ; mais ayant changé de
lèntimem, il lui rendit la.couronne & la liberté
à condition qu’il lui demeurerort aflujetti, & qu’il
.lui paierait tribut. Il fc contenta d'enlever, plufieurs
jeunes enfans du fang r o y a l, du nombre ,
defquels furent Daniel , Ananias , Mifaël St
Azar jas . qu il fit conduire à Babylone pour être
élevés dans fon pala's: c’efi de cet événement,
qui artiva lan du monde 3 39 8 , que l’on commence
à compter les foixanre & dix années de
la captivité de Babylone. Nabopolaflar étant mort,
ion fils fe hâta de retourner à Babylone pour
monter fur le .trône de fon p è re ; dès qu’il y fut
arnve , il diftribua par colonies fes captifs, & mit
dans le r-.mple de Vénus les va fes facrés du
temple de Jerufalem, & le s riches dépouilles qu’il
avoit remportées fur fes ennemis. Ce prince, la
deuxième année de fon règne, eut un fonge myf-
terieux , dont il fut effrayé, mais qu’il oublia
entièrement. Il confulta les fages de fon. royaume
pour favoir d’eux ce qu’il avoit vu en fonge ;
mais aucun n’ayant pu le deviner, le ro i, outré
décoléré, les| condamna tous à la mort. Dani-1,
qui fe trouvoit enveloppé dans cet arrêt, comme
étant du nombre d- s fages, alla trouver le ro i,
& le pria de lui accorder quelque délai pour
chercher l’explication de ce qu’il defiroit. Il l’obtint;
OC apres qu’il eut imploré la miféricorde du Dieu du
c ie l, ayec fes trois compagnons, le myftère lui fut
découvert dans une vifion pendant la nuit ; alors
fi retourna vers le ro i, & lui dit qu’il avoit vu eu
longe une ftatue d’une hauteur énorme, dont la tête
etoit 4’or , la poitrine & les bras d’argent, le ventre
& les euifies d’airain , & les jambes de fer : que
pendant qu’il étoit attentif à cette vifion, une pierre
fe détachant de la montagne avoit frappé la fiatue
par les pie^s & l’avoit réduite en poudre, & que
cette pierre devenue une grande montagne avoit
rempli toute la terre. Voilàyotre fonge3 ô roi, ajouta
Daniel, & en voici l’interprétation : « vous êtes le
” rjfi des rois, & le Dieu du ciel a fournis toutes
” chofes à votre puiffanee. C eft donc vous qui
» etesiâ tete d’or. Après vous il s’élèvera un autre
» royaume qui fera d’argent , enfuite un troi-
» fieme qui fera d’airain , & auquel toute la terre
» fera fournifr. Le quatrième fera de fe r , &
” Reluira tout en poudre. Ce fera alors que Dieu
» fufeitera un royaume qui ne fera jamais détruit,
” qui anéantira tous les autres , & qui fubfiftera
” éternellement. Dan. n 9 37 & f eq. »
Nabuchodonofor, ravi d’admiration, rendit gloire
au vrai Dieu , & éleva Daniel aux plus grands
honneurs. Ces quatre empires repréfentés par les
quatrediffère ns métaux de la ftatue, étoient ceux
des A Syriens , des P-rfes , des Grecs & des Romains.
Ces quatre empires fe fuccèdent; le§ mis
font envahis par les autres, & il fe forme ainfi
un. haifon entr’eu x , exprimée par l’unité de la
ftatue ou fe trouvent joints les quatre métaux.
L e premier eft celui dé s Babyloniens, dont la
grandeur & la magnificence étoient marquées, par
l o r , le plus précieux des métaux. Cyrus fonda
.le fécond empire, & la fageffe de fon gouvernement
forma un fiècle d’argent ; cet empire s'agrandit
fous fis fucceffeurs, & finira Darius-Godomac,
L’empire des Gre c s, figuré par le ventre & les
cuiffes d’airain, fut établi par Alexandre ; & les
guerres fanglantes qui le caraâérifent, ainfi que la
dureté de la plupart des fucceffeurs du gouvernement
de ce prince, répondent très-bien à l’airain. Les
jambes de fer figuroient la monarchie des Romains;
qui ne s’établit & ne fe foutint que par des guerres
perpétuelles, & qui, par la force invincible de fes
armes, fubjuguatoutes les nations. La pierre détachée
de la montagne, qui réduit tout en poudre ,
eft la figure de Jéfns-Chrift , qui defeend du ciel
dans le l'ein d’une vierge pour former fon Eglife , j
mettre fous le joug les plus redoutables puif-
fances de l’univers , anéantir l’idolâtrie , & fubju-
guer, par la croix , tous les royaumes du monde ,
pour n’en faire qu’un feul empire à qui l’éternité
eft promife. Cependant Joakim , fe laffant de
payer tribut aux Chaidéens, fe fouleva contre
eux. Nabuchodonofor, occupé à régler les affaires
de fon empire , &. ne pouvant marcher contre
ce rebelle, y envoya une puiflanre armée qui défola
toute la Judée. Joakim lui même fut pris dans
Jérufalem , mis à mort & jeté à la voirie, fuivant
la prédi&ion de Jérémie. Jéchonias, fon fils, qui
lui fuccéda, s’étant aufti révolté contre le roi de
Babylone , ce prince vint l’afliéger ; le mena
captif à Babylone, avec fa mère , fa femme, &
dix mille hommes de Jérufalem : entre les prison
niers fe trouvèrent Mardochée & Ezéchiel.
Nabuchodonofor enleva tous les tréforsdu temple,
brifa les va les d’or que Salomon y avoit mis ,
& établit à la place de Jéchonias , l’oncle panmel
de ce prince , auquel il donna le nom de Sédécias.
Ce nouveau roi marcha fur les tracts de fes pré-
dé cefteurs , & fit une- ligue avec les princ: s
voifins contre celui à qui il étoit redevable de la
couronne. Le roi de Babylone vint encore en
Judée avec une armée formidable ; &. après avoir
réduit les principales places du pays , il fit le
fiége de Jérufalem. ’Il fut contraint de le lever
pour marcher contre Pharaon Ephra, roi d’Egypte,
qui venoit au fecours de Sédécias; mais ayant
battu ce prince, & l’ayant forcé de rentrer en
Egypte , il fut reprendre le fiége. Sédécias, voyant
qu’il n’y avoit plus d’efpérance de d ’ fendre la
ville , s’enfuit, fut pris en chemin & mené à
Nabuchodonofor , qui étoit alors à Réblatha en
Syrie. Ce prince , après lui avoir reproché (on
infidélité & fon ingratitude,, fit égorger fes en-,
fans en fa préfence , lui fit crever les y e u x , le
chargea de chaînes & le fit mener à Babylone.
L ’armée des Chaidéens entra dans Jérufalem , & y
exerça des cruautés; inouïes : .on égorgea tout fans-
diftinéîion d'âge, ni de fexe-.. Nabuzarclan , chargé
d’exécuter les ordres de fon maître , fit mettre le
feu au temple du Seigneur , au palais du roi ,
aux maifons de la v ille , & à toutes c lies des
grands -, après en avoir tiré tout ce qu’il y avoit
de plus précieux, & les réduifit en cendres. Les
murailles de la ville furent démolies ; on chargea
de chaînes tout ce qui reftoit d’habitans, après
avoir égorgé foixante des premiers .du peuple
aux yeux de Nabuchodonofor ; & Nabuzarclan ne
laiffa dans le pays de Juda que les plus pauvres ,
à qui il donna des vignes & des terres à cultiver.
Ainfi périrent pour la première fois , fous la
main de Nabuchodonofor, Jérufalem & fes princes.
Jérémie ne ceftoit de leur dire que Dieu Brème
les avoit livrés à ce ro i, & qu’il n’y avoit de
falut pour eux qu'à fubir le joug ; ils ne crurent
point à fa parole. Pendant que ce prince les tenoit
étroitement enfermés par les prodigieux travaux
dont il avoit entouré leur ville , ils fe laifîoient
enchanter par leurs faux prophètes. Le peuple ,
féduit par ces impofteurs, fouffrit les plus rudes
extrémités, & fit tant par fon audace infenfée,
que la ville fur renverfée , le temple brûlé , &
tout perdu fans reftource. Le même prodige de
féduéfion , de témérité & d’en du rcilfe ment fe
remarqua à la dernière ruine de Jérufalem , par
Tite , envoyé cle Dieu , comme Nabuckodoncfor,
pour exercer fa vengeance fur ce peuple rebelle.
Ils furent réduits aux mêmes extrémités , la
même rébellion , la même famine . les mêmes
voies du fa lut ouvertes, la même chute ; & pour
que tout lût femblabie , le fécond temple fut
brûlé fous Tite , le même mois & le même jour
que l’avoit été le premier fous Nabuchodonofor.
Ce prince, de retour à Baby lone , au lieu de
faire hommage à Dieu des viéloires qu’il avoit
remportées par fon fecours, en fit honneur à
fes idoles , & fit dreflér dans la plaine de Dura
une ftatue .d’o r , haute de .foixante coudées, en
l’honneur d’une faillie divinité que récriture ne
nomme pas. La dédicace s’én fit av-c pompe ;
les grands de l’état & les gouverneurs des provinces
furent appellés à la cérémonie, & tons eurent
ordre , fous peine de mort , de fe profterner
devant l’idole & de l’adorer. Les feuls compagnons
de Daniel ayant refufé de le faire , le roi
irrité les fit jeter dans une fournaife ardente, où
ils furent miraculeufement préfervés des flammes
par l’ange du Seigneur. Alors Nabuchodonofor v
frappé de ce prodige , les fit retirer . & donna
tin édit , dans lequel il publia la grandeur du
roi des Juifs & défendit à qui que ce fû t, fous
peine de la v ie , de blafphémer fon nom. Deux
ans après la guerre des Ju ifs , Nabuchodonofor, qui
avoit été le fléau de la juftice divine contre
Jerufalem & la Ju d é e , lui prêta fon miniftère
pour punir les Tyr iens, les Philiftins, les Moa-
bites & plufieurs -autres peuples voifins & ennemis
des Juifs , qui éprouvèrent à leur tour la
févérité des jugemens de Dieu. Il alla d’aborc!
mettre le fiége devant T y r , ville maritime,
iiluftre par fon commerce. Ce fiége dura treize
ans ; & dans cet intervalle , l’armée du roi défola
les pays dont nous venons de parler. T y r enfin fut
prife & faccagée. Dieu , pour dédommager ce
prince des maux qu’il avoit foufterts à ce fiége ,