
P IT T , ( G u il laum e) ( Hiß. d*Anglet. ) comte
de Chatam , principal mimftre d’Angleterre fous
les rois George II 8c George III. La guerre de 17 5 7
le mit en grande faveur auprès de fes rois 8c de fa
nation ; il fut créé pair du royaume en 1766. Il
mourut le 1 1 mai 17 7 8 , dans fa terre de Hayes.
Son dernier mot, qu’il adreffoit à un grand d'Angleterre
, qui étoit auprès de lui, fut : Aii ! mon ami,
Jauvei ma patrie ! L ’Angleterre s’étoit engagée dans
cette guerre contre fes colonies d’Amérique, qui
ne fut jamais du goût du lord Chatam ; il fut
enterré .aux-frais de la nation dans l’églife de Weft-
minfter. Il n’eff pas encore temps , fur-tout pour
un écrivain français , de juger un miniftre anglois ,
qui fut notre ennemi, 6c dont le fils encore vivant,
encore jeune, (n é en 17 5 6 ) déjà illuftre,
remplit aufli avec gloire le miniftère anglois,
en 1787.
P IT T A C U S , {H iß . anc,) l’un des fept fages
de la Grèce, étoit de Mitylène dans Pile de Lesbos;
il contribua beaucoup avec le poète Alcée & fes
frères , à délivrer cette île du joug d’un tyran
qui s’en étoit rendu maître.
Il en fut le maître à fon tour, mais ce fut par
le choix de fes concitoyens ; il avoit eu le commandement
de l'armée des Lesbiens dans une guerre
contre Athènes. Pour épargner de part 8c d autre
le fang des hommes, il offrit de fe battre en
duel contre Phrynon , général ennemi, à condition
que la querelle des deux nations feroit vuidée
par ce combat; la propofition fut acceptée, Pit-
tacus vainquit & tua Phrynon. Les Mithyléniens,
d’un commun accord, déférèrent par reconnoiffance
à Pïttacus la fouveraineté de leur ville. Il l’accepta
pour rendre fes concitoyens heureux, & pour
donner ce rare exemple cl’un gouvernement jufle
8c fage ; il a de plus donné dans un de fes apophtegmes
une marque infaillible pour reconnoître
un bon gouvernement ; c’e f l, difoit-il, quand les
fujets, au lieu de craindre le prince, ne craignent
que pour lui. Une autre de fes maximes^ étoit de
ne jamais médire ni d’un ami, parce qu’il eft notre
ami, ni d’un ennemi, parce qu’il eft notre ennemi.
Quand il crut au bout de dix ans avoir affuré
le bonheur public, il abdiqua la fouveraineté, &
voulut jouir de nouveau de la douceur de vivre
parmi fes égaux. Alcée qui avoit été fon ami, mais
qui étoit l’ennemi déclaré des tyrans, h’avoit pas
voulu diftmguer des tyrans ordinaires un homme
que fes çonci. oyens avoient prié de les gouverner ;
il ne l’avoit pas épargné dans fes vers fatyriques;
il ne fit par-là que procurer au généreux Pïttacus le
plaifir de lui pardonner & la gloire de le vaincre
à force de hien&its.Pittacus mourut vers l’an 474
avant J. C.
PIZARRO ( François ) Hiß. mod. ) Voyez les
articles Almagro , Ata ba lipa , Cortez, aventurier
célèbre par la découverte & la conquête du
Pérou, par fa valeur 8c fes cruautés. Dans fon enfance
, il gardoit les pourceaux chez fon père en
Efpagne ; un de ces animaux s’étoit égaré , l’enfant
n ofa plus retourner à la maifon paternelle, &
s’enfuit par la même raifon qui fait que dans Virgile
le berger Ménalque , défiant Dametas au prix
du chant, n’ofe propofer pour prix aucune pièce
de fon troupeau:
De grege non. aufim quidquam deponere tscum
Eß mihi namque domi pater > eß 'mjufla noveredj
BiJ'que die nnmerant ambo pecus.
Le petit Piçarro s’embarqua pour les Indes oc-,
cidentales. Ce fut en 152,5 qu’il découvrit le Pérou;
il employa la rufe & la force pour le conquérir,
il profita des divifions des deux Incas, des deux
frères, Huafcar & Atabalipa, qui fe difputoient le
trône ; il parut prendre le parti de l’un contre
l’autre pour les perdre tous deux , c’eft la politique
des conquérans ; le fanatifme, la perfidie & la
difproportion énorme que lufage des armes à feu
d’un cô té , & la terreur qu’elles jnfpiroient de
l’autre, mettoient entre les Européens' 8c les Américains
, achevèrent l’ouvrage de cette conquête.'
Les Espagnols n’eurent pas honte de. condamner
Atabalipa à être brûlé , après l’avoir pris par tra-
hifon ; toute la grâce qu’ils lui firent, fut de l’étrangler
quand il eût commencé à fentir les flammes.
Ce crime eft imputé , par les uns, à Pi^arro , par
les autres à fon ami & fon compagnon Diego
Almagro, qui s’étant enfuite brouillé avec lui ,
fut pris, & eut la tête tranchée en 15 4 1 . Le fils
Almagro, aflafiuia Pï^arro pour venger fon père,
& il eut lui-même la tête tranchée en 15 4 2 , par
l’ordre de Vaca de Caftro, viceroi du Pérou.
A l’article Almagro, le père & le fils ont été
confondus , parce qu’ils fe nommoient l’un &
l’autre Diego ; en conféquence, on y dit qu’Almagro
aflaffina Piçarro ou Pizarre, fans obferver
que cet Almagro étoit le fils, de forte que dans
cet article Almagro , Pissarro paroît être mort
avant lui. 11 faut réformer cette erreur d’après ce
qui eft dit ici. ’
PLACCIUS ( Vincent) Hiß. litt. mod.Y favant
allemand du dix-feptième ftècle profefteur d’éloquence
à Hambourg, fa patrie, auteur d’un dictionnaire
des auteurs anonymes & pseudonymes publié
par Fabricius (voir l’article Decker , où il eft
parlé de l’abbé de Bonardi ) , d’un traité de jurif*
confulto perito , d’un autre de arte exccrpendi , d’un
recueil intitulé : carmïna juvenilia. Mort en 1699.
PLACE (Pierre de l a ) Hiß. litt. mod J ) , avocat
, puis confeiller , & enfin premier-préfident de
la cour des aides en 1553 , tué en 15 72 dans le
maflaçre de la faint Barthélemi. On a de lui des
commentaires de l'état de la religion & république,
depuis 1556 jufquen 15 6 1 , ouvrage précieux pour
Hiiftoire de ces temps; On a encore de lui quelques
livres de piété. Uû.auteur, nommé Farnace, a
écrit fa vie. 'iw -•
PLACENTINUS ( Pierre ) Hifi. lia. mod. ) ,
c’eft celui qui, fous le nom de Publius Porcius,
eft l’auteur du fameux poème de 360 v e r s , intitulé
: Pugna porcorum , & dont tous les mots commencent
par un P , comme, au neuvième ftècle ,
Hucbaud, moine bénédiétin, avoir fait en l’honneur
de Charles - le - Chauve un poème de trois
cents vers hexamètres , à la louange des chauves ;
poème dont tous les mots commençoient par la
lettre C ; niaiferies difficiles , difficiles nugas. P la-
centinus étoit allemand , 8c vivoit dans le feizième
ficelé.
P L A C E T , f. m. (H i f l . ) ces fortes de requêtes
, de fupplications faites par écrit que l’on préfente
au r o i, aux grands feigneurs & aux juges,
font appellés placets, parce qu’ils commencent
toujours par : plaife à votre majefté, p l a i f e &c. les
latins les nommoitnt elogia.
Comme je ne connois point dans tome l’hiftoire
de placet plus fnnple , plus noble.., & , félon toutes
les apparences , plus jufte que celui d Anne de
Boulen à Henri V III fon époux*, 8c qu’on conferve
encore écrit de la propre main de cette reine dans
la bibliothèque Cotton, je crois devoir le rapporter
ici.
I l 1 eft prefque inutile de rappeller aux leâsurs le
jugement de certe princefle par des corn miliaires,
fa fin tragique fur un échaffaut, & ce que l’hiftoire
snanifefte , qu'on lui fit plutôt fon procès par les
ordres exprès du r o i, alors amoureux de Jeanne
Seymour, que pour aucun crime qu’elle eût commis;
Aufli fon placet refpire l’innocence, la grandeur
.d’ame & les jiiftes plaintes d'une amante
méurifée ; Shakefpear n’auroit pu lui prêter un
ftyle fi conforme à fon caractère & à fon état. Sa
douleur éloquente & profonde eft pleine de traits
plus pathétiques que ceux dont la plus belle imagination
pourroit fe parer. Voici donc de quelle
manière s’exprimoit cette mère infortunée de la
célèbre Elifabcth :
n S ire , le mécontentement de votre grandeur
» 8c mon emprisonnement me paroiflent des chofes
»> fi étranges , que je ne fai ni ce que je dois tertre,
»> ni fur quoi je dois m’exeufer. Vous m’avez en-
» voyé dire par un homme que vous favez être
» mon ennemi déclaré depuis long-temps, que
» pour obtenir votre faveur je dois reconnoître
» une certaine vérité. Il n’eut pas plutôt fait fon
» meffage que je m’apperçus de votre defîein ;
»> mais f i , comme vous le dires , l’aveu d’une
» vérité peut me procurer ma délivrance , j’obéirai
»> à vos ordres de tout mon coeur & avec une
v entière foumiflion.
” Qlie votre grandeur ne s’imagine pas que votre
» pauvre femme puiffe jamais être amenée à re-
» confioître une faute dont la feule penfee ne lui
” eft pas venue dans l’efprit : jamais prince n’a
” eu une femme plus fidelle à tous fes devoirs,
« 6c plus remplie d’une tendrefle fincère, que celle
»» que vous avez trouvée en la perfonne d’Anne
” de Boulen , qui auroit pu fe contenter de ce.
” n’jP1 ^ ^on ^tat » if1* avoit plû à Dieu 8c à
w votre grandeur de l’y laiffer. Mais au milieu de
» mon élévation 6c de la royauté où vous m’a-
” vez admifo, je ne me fuis jamais oubliée au
” point de ne pas craindre quelque revers pareil
” à celui qui m’arrive aujourd’hui. Comme cette
n élévation n’avoit pas un fondement plus folide
” que le goût paffager que vous avez eu pour
» moi, je ne doutois pas que la moindre aitéra-
» tion dans les traits qui l’ont fait naître ne fût
” capable de vous faire tourner vers quelque
» autre objet.
» Vous m’avez tirée d’un rang inférieur pour
” m’élever à la royauté 8c à l’augufte rang de
” votre compagne. Gette grandeur étoit fort au-
” deflùs démon peu de mérite, ainfi que de mes
» defirs. Cependant fi vous m’avez crue digne de cet
« honneur, ne fouffrez pas , grand prince , qu’une
” incoaftance injufte , ou que les mauvais confeils
” de mes ennemis me privent de votre faveur
” royale. Ne permettez pas qu’une tache aufli
” 1?°/re ^ aùfli indigne que celle de vous avoir
” été infidelle , ternifle la réputation de votre
” femme & celle de la jeune princefle votre fille.
n Ordonnez donc, ô mon ro i, que l’on inf-
» truife mon procès; mais que l’on y obferve les
” 1° 1S de la juftice , 8c ne permettez point que
» mes ennemis jurés foient mes accufateurs 8c
” mes j l!g?s* Ordonnez même que mon procès
” hm foit fait en public ; ma fidélité ne craint
” point d’être flétrie par la honte ; vous verrez
jj mon innocence jtiftifiée, vos foupçons le vés,
jj votre efprit fatisfair, 8c la calomnie réduite au
jj filence, ou mon crime pàroîtra aux yeux de
jj tout le monde. Ainfi, quoiqu’il plaile à Dieu
jj ou à vous d’ordonner de m o i, votre grandeur
jj peut fe garantir de la cenfure publique , & mon
jj crime étant prouvé en juftice , vous ferez en
jj liberté' devant Dieu 8c devant les hon unes ,
jj non-ieulement de me punir comme une époufe
jj infidelle , mais encore de fuivre l’inclination que
j j^vous avez fixée fur cette perfonne qui eft la
jj caufe du malheureux ént où je me vois réduite ,
jj 8c que j’aurois pu vous nommer il y a lon^-
” ter^s7 puifque votre grandeur n’ignore pas juf-
jj qu’ou alloient mes foupçons à cet égard.
» Enfin fi vous avez rélolu de me perdre , 6c que
jj ma mort fondée fur une infâme’ calomnie vous
» doive mettre en po'fleffion du bonheur que vous
jj fouhaitez, je prie Dieu qu’il veuille vous pardon-
jj ner ce grand crime, auffi-bien qu’à mes ennemis
» qui en font les inftrumens; ôi qu’afîis au der-
jj nier jour fur fon trône devant lequel vous &
jj moi comparoîtrons bientôt, & où mon inno