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O n parle beaucoup de la; fortune de Céfar :
mais cet homriie extraordinaire avoit tant de grandes
qualités fans pas un d é fa u t , quoiqu’il eût bien
des v ic e s , qu’il eût été bien difficile q u e , quelque
armée qu’il eût commandé,, il n’eut été vainqueur
, 6c qu’en quelque république qu’il fût n é ,
i l ne l’ eût gouvernée. Céfar après avoir défait les
lieutenans de Pomp é e en E fp a gn e , alla en Grè ce
le chercher lui-même, le combattit, le y a in q u it, &
enfevelit la répub lique dans les plaines de Pharfale.
Scipion qui commandoiten Afrique » eût encore
rétabli l’état , s’ il avoit voulu- traîner la guerre
en longueur , fuiyant l’avis de Caton ; de Caton ,
d i s - je , qui partageoit ave c les dieux lés refpe&s
de la terre é tonn é e; de Caton enfin, dont l’image
augufte an imoit encore les Romains d’un faint
zèle , & faifoit frémir les tyrans.
Enfin la répub lique.fut opprimée; & il n’en faut
pas àccdfer l’ambition de quelques particuliers, il
en faut ac'cufer l’homme , toujours plus avide du
p ouvoir à mefure qu’il en a d avantage, & qui ne
d^fiie tou t , que parce qu’il poffède beaucoup. Si
C é la r & Pompée avoient penfé comme C a to n ,
d’autres auroient penfé comme firent Céfar &
Pompée ; & la république deftinée à périr auroit
été entraînée au précipice par une autre main.
C é la r , après_fes victoires , pardonna à tout le
monde , mais la modération que l’on- montre
après qu’on a tout ufurpé , ne mérite pas de
grandes louanges. I l gouverna d’abord fous des
titres de magiftrature ; car les hommes ne font
guère touchés que des n om s , & comme les peuples
d’A fie abhorroient ceux de c on fu l 6c de
p r o c o n fu l, le s peuples d’Europe déteftoient celui
de roi ; de forte que dans ces temps l à , ces noms
faifoient le bonheur ou le défefpoir de toute la
te r re . C é fa r ne laiffa pas que de tenter de fe faire
mettre le diadème fur la tête ; mais v o y an t que
le peuple ceffoit fes acclamations, il le rejetta. 11
fit encore d’autres ; tentatives ; & l’on ne peut
comprendre qu’il pût croire que les Romains ,
pour le foufFrir ty r a n , aimaffeqt pour cela la t y rannie
, ou cruffent a voir fait ce qu’ils avoient
fait. Mais ce que Cé fa r fit de plus m a l, c’eft de
montrer du mépris pour le fénat depuis qu’il
n’a vo it plus de puiffance ; il porta ce mépris juf-
qu’à faire lui-même les fénatus*confuites, & les
fouferire du nom des premiers fénateurs qui lui
venoient dans l’efprit.
On peut vo ir dans les lettres de quelques grands
hommes de ce tem p s - là , qu’on a mifes fous le
nom de C ic é ro n , parce que la plupart font de
l u i , rabattement & le défefpoir des : premiers
hommes de la. république à cette révolution étrange
qui les p riva de leurs honneurs & de leurs occupations
m êm e , lorfque le fénat étant fans fonctions
, ce crédit qu’ils avoient en par toute là
terre , ils ne purent plus l’efpérer que dans le
cabinet d’un fe u l, & ceîa fe vo it bien mieux dans
C£S lettres que dans les difcpurs des hiftpriens.
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Elles font le ch e f d’oeuvre de la n a ïv e té 'd e gens
unis par une douleur commun«, & d’un fiècle où
‘ la fauffe politelfe n’avoit pas mis le menfonge
par-tout : enfin , on n’y vo it point comme dans
la plupart de nos lettres modernes, des gens qui
veulent fe tromper ; mais on y vo it des amis
malheureux qui cherchent à fe tout dire.
Cependant il étoit bien difficile qu’après tant
d’attentats, Cé fa r pût défendre fa v ie contre des
conjurés. Son c rime , dans un gouvernement libre,
ne pouvoit être puni autrement que par un afl&f-
finat ; & demander pourquoi on ne l’avoic pas
pourfuivi par la force ou p a r le s lo is , n’eft-ce pas
demander raifon de fes crimes ?
D e p lu s , il y avoit un certain droit des g en s ,
une opinion établie dans toutes les républiques de
G rè c e & d’Ita lie , qui faifoit regarder comme un
homme v e r tu e u x , l’affaffin de celui qui avoit
ufurpé la fouveraine puiffance. A Rome , fur-tout
depuis l’expulfion des ro is , la loi étoit p ré c ife , les .
exemples reçus ; la république armoit le bras de
chaque c ito y en , le faifoit magifirat pour le momen
t, & l’a vou a it pour fa défenfe, «Brutus ofe
bien dire à fes amis que quand fon père re v ien -
droit fur la terre , il le tueroit tout de m êm e ; &
quoique par la continuation de la tyrannie , cet
efprit de liberté fe perdît p eu-à -p çu, toutefois les
conjurations au commencement du règne d’Au-,
gufte renaiflbient toujours. jjg
C ’étoit un amour dominant pour la pa trie , q u i,
fortant des régies ordinaires des crimes & des v e r tus
, n’écoutoit que lui fe u l, 6 c ne v o y o it ni cito
y en , ni am i, ni b ienfaiteur, ni p è re ; la vertu
fembloit s’oublier pour fe furpaffer e lle -m êm e ; &
l ’a â ion qu’on ne pouvoit d’abord ap p rou v er /p a rce
qu’elle étoit a tro c e , elle la faifoit admirer comme
divine.
Voilà l’hiftoire de la république' romaine. Nous
verrons les changemens de fa coaflitution fous
Varticle R o m a i n , empire ; car on ne peut quitter
R om e , ni les Romains : c’efl ainfi qu’encore aujourd’hui
dans leur capitale , on laiffe les nouveaux
palais pour aller chercher, des ruines. C ’eft ainfi
que l’oeil qui s’eft repofé fur l’émail des p ra irie s ,
aime à vo ir les rochers & les montagnes, ( Le chevalier
d e J au co u r t . )
R É P U D IA T IO N . I Hiß. rom. ) Les fiançailles
chez les Romains pouvoient être rompues par la
répudiation. L e billet qu’en vo ÿ o it celui qui répür
dioit, étoit conçu efl ces termes : Je rejette la pro-
meffe que vous m'avie^ faite ; ou , je renonce'à la
promeffe que je vous ayois faite : 6c alors l’homme
étoit condamné à payer le gage qu’il avoit reçu
d e là fem m e , & celle-ci étoit condamnée^au dbu*-
ble ; mais lorfque ni l’un ni l’autre n’avoient donné
fujet à la répudiation , il n’y avoit point d’amende.
Le divorce étoit différent de la répudiation ; il pouvo
it fé faire au cas que la femme eût cm poi fon né
fiés enfags-, tju’e lle ep. eût fuppofé à la place de«
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lie n s , qu’elle eût commis un ad u ltè re ; ou fnême
qu'elle eût bu du vin à l’infçu de. fon mari : c’eft
du moins ce que rapporte Atilu * G e lle , l i v . X
c. x x i i j ; Pline , h iß . nat. U X I V . c . x i i j . Enfin le
fujet du divorce étoit examiné dans une affem-
blée des amis du mari y quoiqu’il-fû t autorifé par
le s lois , cependant le premier exemple n’arriva
que v e r s l’an 52,0., par S . P. C a rv iliu s R u g a , à
caufe de la ftérilité de fa fem m e ; mais dans la
fuite il devint fo ft fréquent par la corruption des
moeurs.
J e n’ajoute qu’un mot d’après Plutarque. Il me
femble , dit-il dans fa vie de Paul Enfilé', qu’il n’y
a rien de plus vrai que «ce qu'un Romain qui v e -
ifoit de répudier (,a-femm e dit i fes am is , qui lui
en faifoient des reproches, & qui lui demandoient:
v o t re femme n’eft - elle pas fage ? n’eft - elle pas
helle ? ne vous a-t-elle pas donné de beaux' én -
faHs ? Pour toute rép on fe , il leur montra fon fou-
lie r , les queftiorinant à fon tour ; ce foulier , leur
r é p a r t it - il, n’eft>-il pas beau ? n’eft - il pas tout
n eu f ? n’eft-il pas bien fait ? cependant aucun de
vous ne fait où il me bleflè. Effectivement, s’il y
a'des femmes qui fe font répudier pour des fautes
qui éclatent dans le pub lic, il y en a d’autres q u i,
par l’incompàtibilité de leur hum eu r , par de fe-
crets dégoûïs qu’elles cau fen t, 6c par plufieurs
fautes lé g è re s, mais qui reviennent tous les jou rs,
& qui ne font connues que du mari , produifent
à la longue^ un fi grand é loignement, & une
averfion tellement irifupportable , qu’il ne peut
plus v iv re ave c e lle s , 6c qu’il cherche enfin à s’en
féparer.
J ’ai indiqué la formule du libelle de répudiation
anciennement en ufage chez les R om a in s ; ce.lle
du libelle de divorce portoit ces mots : R e s tuas
tib i habeto.
N o u s n e f om m e s p a s f a i t s , j e le v o i s , l ’ u n p o u r l ’ a u t r e ,
M o n b ie n fe m o n t e à t a n t , t e n e z , v o i l à le v ô t r e .
* ( u . / . )
R E Q '
R EQ U E T E . {H iß . rom. ) Les requêtes préfentées
aux empereurs par des particuliers , fe nomnaoient
communément, lib e lle s , l ib e l l i t & la réponfe de
l’empereur étoit appellée refcriptum. M . Briffon,,
de fo rm u lis , lib . I l J . nous a çonfervé une ancienne
requête préfentée à un empereur rom a in , dont
Voici les termes : .
Quum ante hos d ie s conjugem b filium amiferim
oppr-efus necejfitate , corpora-eorum f a c i l i farcopha go
commenda verim, douée i i s locus quem emeram a d i -
ficaretur , ■ v ia F lam in iâ inter m il. I I . & I I I . euntibùs
ab urbe p a rte la v a i roë ° •> domine im p e ra to r , permutas
mih i in éodem loco in m am o reo farcopha go 9
quem mihi modo tom p a r a v i, ea corpora co\ligere t ne
REQ J 43
* q u a n d b ego 'me effe d e fie ro , p a rite r cutn iis ponar.
L e r e fe r it , mis au bas de cette requ ê te , étoit
conçu en ces termes :
' Secretum f ie r i p la c e t i ju b e n t in a Celiu s p rom agiflè r
fu f c r ip f i I I I . non. N o v em b r is , A n t io P o llio n e , &
optirnO' conf.-
- L à fameufe loi , f f - de lege rhod. eft une
requête préfentée par E u d émo r i, marchand à Ni-
cortiédie> à lem p ereur Antonin , au bas de laT
quelle eft le referit qui a donné lieu à deux ju r if-
confultes d e faire chacun un commentaire peu
néceffaire pour l’in tel! igen ce de cette lo i, dont
voici les termes : « Plainte d’Eudémon de N ico -
» médie à l’empereur Antonin. S e ig n e u r , en
» vo ja g e an t dans l’I t a lie , nous avons fait nau-
w fra g e , & nos effets ont été pillés 6c enlevés par
» les fermiers des îles C y c lad e s» .
L ’empereur rép on d it; « J e fuis , à la v é r ité ;
, » maître du m o n d e ; mais la loi des Rhodiens
; » règne lur la m e r , & fert de règle, pour décider
j> les difficultés qui concernent la navigation
. » rn aritime, pourvu qu’elle s’accorde ave c nos
, » lo is» . V o ilà une jufte idée des requêtes q u e Von
, préfenroit aux em pe reu rs, & de la réponfe ou
refe rit qu’ils y faifoient. A u refte , ces requêtes
avoient différens n om s, & la formule n’ étôit point
! fixe ni déterminée. Quan t a la réponfe de l’empereur
, elle commençoit prefque toujours par ces
mots , cum p ro p o n a s , ou f i ut proponis , & c . & elle
finiffoit par cette condition que l’empereur Zénon
inventa , f ip r e c e s verita te h itu n tu r , ce qui eft encore
en ufage parmi nous, ( D . J . )
R E Q U IA B T A R , terme de relation , nom du
; quatrième page de là cinquième chambre-de ceux
du -grand - feignenr : c’eft -lui qui tient l’étrier à
fa hauteffe quand e lle monte à cheval. D u L o ir .
( A / . )
R E Q U IN T E R O N E , O N A , f. m. & fémB
terme de r e la t io n , nom que l’on donne au Pérou
aux enfans nés d’un E fp a gn o l, & d’une quinterona ,
de façon néanmoins que .e e nom ne s’applique
qu’au dernier degré de génération, qui conferve
encore' quelques marques du mélange du fang
efpagnol a v e c le fang indien ou africain. ( D . J , )
R E S
R É S E R V E S y ( H ijl- mod. D r o it p u b lic j r e f e r v a t a
' c â fa r e a .., C ’eft ainfi qu’on nomme dans le droit
public germanique les prérogatives réfervées à
i l’empereur f e u l & qu’il ne partage point ave c
les états de l’empire. Ce s rêferves font prefque
toujours d ifpurées, & ne valent qu’autant que
. celui qui les prétend , a le pouvoir de les fairfr
valoir. G n diftingue cës rêferves en ecciéfiaftiques
& en politiques. Parmi les premières, on compte
le droit de préfenter aux premiers bénéfices v a -
1 cans après l’avènement au trône ; ce dro^ s’a ^