” S0*** > & les vieux & les nouveaux. Un
» jéfuite qui accompagnoit le père Bourdaloue, &
« qui failoit l ’entendu , lui demanda quel étoit
M donc ce livre fi diftingué dans fon efprit ? Tl
» ne voulut pas le nommer. Corbinelli lui dit : Monficur, je vous- conjure de me le dire, afin que
» je le lif* toute la nuit. Defpréaux lui répondit
* en riant: A h ! monficur, vous l'avez lu plus-
» d'une fo is , j'en fuis ajfuré. Le jéfuite répond,
« & preffe Defpréaux de nommer cet auteur fi
w merveilleux avec un air dédaigneux , un rifu
v amaro. Defpréaux lui dit .* mon père, ne me prejjez
» point. Le père continue : enfin Defpréaux le prend
>» par le bras', & le ferrant bien fort, lui dit : Mon
» père, vous le voulez ? Eh bien ! Cefl Pafcal, mor-
» bleu; Pafcal, dit le père tout étonné, Pafcal efl
a> beau autant que le faux le peut être. Le faux ,
» dit Defpréaux, le fa u x ; fâchez qu'il efl aujfi
w vrai qu'il efl inimitable , on vient de le traduire en
» trois langues ».
Mon père, difoit le même Defpréaux au père
■ Bouhours, üfens les lettres provinciales , & croyez-
moi , ne lifons point d'autre livre.
Un autre jéfuite plaifantoit fur les occupations
,4® Port-royal, où on avoit érigé en maxime &
réduit en pratique le travail des mains, à l’imitation
des premiers fidèlesr-doârine que J . J.
Rouffeau a renouvellée depuis avec fon éloquence
ordinaires Pafcal, difoit ce jéfuite , fait des fa-
bots, c'efl-là fon emploi à Port-royal. Boileau, à qui
s’adreffoit ce propos, y fit une réponfe d’une grof-
fièreté burlefque, mais aflbrtie à la plaifanterie du
jéfuite : Je ne'.fais pa s, dit-il, ƒ Pafcal fa it des fa-
bots , mais il vous a porté une furieufe botte. En
effet, ils ne s’en font pas relevés, ils ont pu armer
l’autorité & employer l’intrigue ; ils ont pu foule-
v e r la puiffance eccléfiaftique & la puiffance civile
, faire condamner les provinciales par le pape
, par le confeil du ro i, par des paflemens , par
des évêques, mais enfin les jéfuites font détruits ,
les provinciales reftent, & elles ont contribué
à la deftru&ion des jéfuites. Racine obfervoit que
les provinciales étoient une véritable comédie, dont
les perfonnages étoient pris dans les couvens &
dans la Sorbonne, au lieu de l’être dans le monde.
Il a raifon : mais ces perfonnages de couvens &
de Sorbonne ayant beaucoup perdu de leur importance
& de leur intérêt, entraîneront peut-
être à la longue dans leur chute, les provinciales
memes. On dira : que m’importe le ridicule
d’un jacobin, d’un cordelier ou d’un jéfuite? on
regrettera qu’un fi grand talent pour donner des
ridicules ineffaçables & pour préparer des révolutions
, ne fe foit exercé que fur le pouvoir prochain,
la grâce fujfifante 8c les rêveries des Ca-
fuiftes. übfervons que Pafcal a fait à l’égard des
Cafuifies ce que Boileau fit dans la fuite à l’égard
des mauvais poètes. Tous les noms employés, foit
dans les provinciales, foit dans les fatires * fojit
* jam a is flé tr is 8i c o u v e r t s d ’op p rob re *
Les penfées de Pafcal fur la religion ont été
attaquées & même avec avantage, mais ce né
font que les matériaux d’un livre qui n’a pas été
fait ; & pour pouvoir juger de ces matériaux, il
faudroit les voir employés, reftreints , modifiés
comme ils l’auroient fans doute été.
Pafcal a encore une autre réputation qui n®
le cède gtières à celle que les provinciales lui ont
faite, c’efi- celle de grand phyficien & de grand
géomètre ; c’efi par-là que Pafcal s’annonça d’abord
comme un phénomène. Les fciences allant
toujours en s’augmentant 8c en fe perfectionnant, les
grands phyficiens 8c les grands géomètres d’aujourd’hui
l’emportent de beaucoup fans doute fur P a fi
cal 8c fur Defcartes, mais ceux-ci n’en ont pas moins
mérité d’être l’admiration de leur fiécle. Pafcal f
fans études & par fa feule pénétration , devina d&
la géométrie jufqu’à la trente-deuxième propofi-
tion d’Euclide ; il avoit publié , à feize ans, uis
traité des feétions coniques , qui étonna Defcartes
au point qu’il ne voulut pas croire que ce fut
l’ouvrage du jeune Pafcal ; il prétendit que Pafcal
le père, qui avoir aufli des connoiffances en mathématiques
, faifoit honneur de cet ouvrage &
fon fils. On connoît les expériences de Pafcal fut
le vuide & la péfanteur de l’a ir , & tous ces
problèmes curieux & difficiles propefés ou réfolus
par lui. On a de lui un traité de Véquilibre.des;
liqueurs. ' .
La même délicateffe d’organes â laquelle if
devoit tant de pénétration , tant d’efprit, des pror
grès fi rapides dans les fciences, fut auffi la caufe
de la foibleffe de fa fanté & de la courte durée
de fa vie. Il mourut jeune & paffa par tous les
fymptômes les plus fâcheux de la vieillefle, l’af-
foibliffement & l’égarement de l’efprit. On fait
que dans fes dernières années il voyoit toujours
un abyme du coté gauche, & qu’il faifoit mettre
une chaife ou un fauteuil pour fe raffurer.
Un accident qui lui étoit arrivé,,en 16 5 4 , pou-»
voit avoir contribué à cet effet bizarre. Il fe promenoir
au pont de Neuilly dans un cârrone s
quatre chevaux ; les deux premiers prirent 1er
mords aux dents dans un endroit où il n’y avoit-
point de garde-foux & fe jettèrent dans la rivièreo!
Heureufement ils cafsèrent leurs traits par la
violence de la fecouffe, & le carroffe refta fur
le bord du pont. Pafcal s’évanouit & *eut de la;
peine à-revenir à lu i ; delà vraiftmblablement
cette idée d’un abyme , fruit de la commotion
terrible que fa frêle machine éprouva dans cette,
occafion.
Il paroît qu’il avoit toujours été très-dévot 8£
très-fcrupuleux, 8c il avoit une imagination aifée
à enflammer. Madame Périer , fa fôeur, qui a
écrit fa vie comme on a écrit celle de tant de
faints, rapporte qu’il condammoit prefque tous
les propos les plus innocens de la fociété ; iî’
trouvoit mauvais , par exemple , qu’on .dît hiftoi
riquement qu’on avoit rencontré une belle femmes
Vous ne favez pas, difoit-il, quelle imprdfion ce
difcours peut faire fur u-n jeune homme, fur un
domeftique qui l’entend , & vous êtes coupable
de cette impreflion. Une telle idée eft d’un
homme bien fufceptible. Dans fes dernières années
, les cérémonies de la religion qu’il avoit
toujours aimées, devinrent pour lui un befoin de
tous les jours & de tous les momens ; il alloit
à tous les faluts , il révéroit toutes les reliques de
toutes les églifes ÿ il portoit fur lui un almanach
fpirituel pour être infiruit des dévotions particulières
de chaque jour. On a d it, à ce fujet, que
la religion, comme l'amour, rendoit les grands efprits
capables des petites chofes, & les petits efprits capables
des plus grandes.
Blaife Pafcal étoit né à Clermont en Auvergne
en 1623. Son père étoit préfident de la cour
des aides de cette v ille , 8c fut intendant de Rouen
en 1640.
Blaife Pafcal mourut à Paâs , en 16 6 2 , à trente-
neuf ans. Une fi courte vie ajoute encore au refpeél
8c à l’intérêt que Pafcal infpire , & au mérire
de tant de talens, de connoiffances 8c de lumières
fi précoces, fi-tôt développées & fi-tôt perdues.
Ç ’eft fur mademoifelle Perrier, fa nièce, que
s’opéra le prétendu miracle de la fainte épine à
Port-Royal , 8c le fouvenir de Pafcal n’a pas peu
fervi pour accréditer ce miracle.
M. de la Harpe a fait les vers fuivans pour le
portrait de Pafcal:
1 Par la nature inftruit, prodige de l’enfance ,
$on efprit créateur devina la fcience
Des calculs & des mouvemens ;
De l’homme & de Dieu même'interrogea l’eflence,
Connut Tare des bons mots & l’ art de.l’éloquence.
Admirez & pleurez..... il mourut à trente ans.
P a s c a l ou P a s c h a l , (Mifi. eccléf ) Deux papes
& . deux antipapes ont porté ce nom.
Quant aux papes , le premier fuccèda en 8 1 7 , 3
Etienne IV ou V. Les papes alors étoient obligés de
prendre la confirmation des empereurs pour leur
élefiion , mais ils fe difpenfoient le plus qu’ils pou-
voient de cette obligation. C’étoit Louis le Débonnaire
qui étoit alors empereur: Pafchal eut
grand foin de ne pas demander fon agrément, &
de lui en envoyer énfuite faire de froides excu-
fe s , qui furent froidement reçues en France.
L ’empereur envoya cependant fon a£le de confirmation,
de peur qu’on ne s’en paffât ; & n’ofant
s’en prendre au pape de cet attentat contre fa
feu ver aine té , il s’en prit aux Romains , & leur
fit de fortes réprimandés d’avôir inftallé le pape
fans fon agrément, & de grandes défenfes d’en
.«fer ainfi à l’avenir.
Charlemagne avoit été le maître dans Rome,
Louis le Débonnaire & Lothaire fon fils aihé,
qu’il avoit affociés à l’Empire , y avoient à peine
un parti, & leurs partifans étoient bien loin 1
1 d’avoir la faveur populaire ; deux des plus zélés
d’entre eux furent décapités dans le palais même
des papes , 8c prefque fous fes yeux , fans qu’en leur
reprochât autre chofe que leur attachement à
la France. Charlemagne 8c Louis X IV enflent
fait ériger dans Rome une pyramide pour monument
de la vengeance qu’ils auroient prife d’un
pareil attentat. Louis & Lothaire obtinrent à peine
de légères exeufes, 8c un vain ferment du pape
de 11’avoir eu. aucune part à la mort de ces deux
hommes, mais avec un refus perfévérant de
livrer les meurtriers, parce qu’ils étoient fes do«
meftiques, ce qui s’appelloit être de la famille de
Saint-Pierre, 8c ce qui rendoit la perfonne des
meurtriers facrée, Fuflent-ils véritablement parens
de Saint-Pierre, étoit-ce un privilège pour commettre
impunément des crimes ? Pafchal I mourut
en 8 2 4 , peu de temps après cette avanture.
Le fécond fuccèda en 10 99, à Urbain II. Il eft
célèbre principalement par la querelle qu’il eut
pour les inveflitures avec k s empereurs Henri IV|
8c Henri V. Ce dernier le fit prifonnier, & le
retint à fa fuite jufqu’à ce que Pafcal I I lui eût
accordé le droit d’inveftiture qu’îl réel am oit,
Le pape en fut défavoué par les cardinaux
8c par des conciles. Cette querelle des inveflitures
empoifonna fa vie ; c’étoit alors la grande affaire
qui troubloit le monde. Il s’agiffoit de favoir fi
les princes temporels,, nommément l’empereur,
pouvoient invefiir les évêques par la croffe &
par l’anneau, & fi ce n’étoit pas mettre la main
à l’encenfoir 8c s’arroger une efpèce de confé-
cration, Pafcal I I mourut le 22 janvier 1 1 1 8 . Il
avoit eu à combattre d’antipape Guibert. Quant
aux deux antipapes du nom de Pa fca l, l’un fut
concurrent de Sergius I , mort en 7 0 1 , l’autre
d’Alexandre I I I , mort en 1 1 8 1 .
Charles Pafcal, confeiller d’état, avocat-gé-ç
nétal au parlement de Rouen , ambafiadeur eil
Polpgne en 1 5 7 6 , en Angleterre en 15 8 9 , che2
les Grifons en 16 04 , a écrit la vie du célébré
Pibrac , fon ami. Il a donné, fous le titre de
Legatio rhattica, la relation de fon ambaffade chefc
les Grifons ; il a tracé dans un livre intitulé î
Legatus , les devoirs du négociateur, tels: qu’il
les connoiffoit & qu’il les rempliffoit. Il y a
encore de lui d’autres ouvrages. Né à Coni en
Piémont en 1547. Mort â fa terre de Quent près
d’Abbeville en 1725.,
PA SCH M A K L Y K , ( Hiß mod. j Ce nom qui
eft turc, fignifie fand ale; c’efi ainfi qu’on nomme
le revenu afligné à la fuit an e Validé , ou fultane
mère de l’empereur régnant. Il eft ordinairement
de mille bourfes, ou de quinze cents mille liv re s ,
argent de France.
PASCHASE R A T B E R T , moine, puis abbécfe
Corbie au neuvième fiécle. On difputa beaucoup
dans ce fiécle fur la préfence réelle. le s écrits
polémiques de Pajchafe Raifort 8c de KatraroflS