
flotte‘ romaine du côté de la Gilicie, fut pris par
des pirates ; il envoya prier le roi de Cypre , de
lui fournir de quoi payer fa rançon. Ptolémèe
envoya une fournie fi ridiculement modique, ( deux
talens ) que comparés à l’objet dont il s’agifloir,
elle dovenoit une in fuite pour Clodîus , & un
refu%de le fervir ; Clodius étoit vindicatif & mé*
chant, ( v o y e z forç article). Ayant été créé tribun
du peuple, il eut en main de quoi fe venger
de Ptolémèe.. Le royaume de Cypre faifoit
depuis long-temps partie du royaume d’Egypte,
& Alexandre II ou Ptolémèe X , roi d’Egypte,
avoir inftitué le peuple romain fon héritier > le
fénat n’avoit point encore pris de parti définitif
au fujet de ce tefbment ,• il avoit paru craindre
que dans les conjonélures où on fe trouvoit ,
tant de provinces acquifes par des difpofitions
teftamentaires, n’accufaffent de trop d’avidité la
politique romaine, & n’indifpofaffent les efprits.
Clodius, pour fe venger , paffa par defTus cette
confidération ; J 1 réclama en faveur du peuple
romain, la difpofition d’Alexandre II ; il fôütint
que le royaume de Gypre fai faut partie du
royaume d’Eg ypte , le pofieffeur aétuei n’y avoit
mil droit, & il obtint en cohféquence un ordre
du peuple, pour faifit le royaume de C y p re ,
6c dépoi'er Ptolémèe. Pour l’exécution d’un jugement
fi injufle, il fit nommer le plus jufte des
romains, Caton; c’étoit, d'un ccté,c©nfaerer fa-
vengeance en la faifant exercer fous un nom ref-
peélé; c’étoit de l’autre, fous un prétexte honorable
, puifqu’il s’agiftoit d’une commiffion utile
au peuple romain, éloigner Caton, dont la pre-
fence eût apporté un puiffant obftacle aux defiéins
ambitieux que ce tribun mèditoit pour l'avenir.
Flatté ou non de cette commiffion, Caton parut
vouloir s’en acquiter avec ménagement & avec
douceur. Arrivé à Rhodes, il fit dire à Ptolemee
de fe retirer paifiblement, lui promettant qu’à
ce prix il lui procureroit la fouveraine facrificature
du temple de Vénus à Pspbos, place dont les
revenus fuffiroient pour le faire fu.bfifter honorablement.
Ptolémèe , fans aucun moyen de ré-
M e r aux romains,' eut cependant le courage de
rejetter cette propofition, & de vouloir mourir
en roi. Toujours occupé .de fes richeffes , il vou-
loit d’abord qu’elles périffent avec lui. Il en fit
charger un vaiffeau oir il dèvoit s’embarquer In.v-
jTîême , & qu’il devoir faire percer pour être
enfeveli dans la mer; il changea d’avis enfuite,
il remit fes tréfors dans leurs magafins, & prit
le paxti.de s’empoifonner. Sur cela , Valère Maxime
l’appelle vil efclave de l’or : pecunioe mi-
jerabile jiieincipjuTîi £ ÔL M. Rollin dit qu il faifoit
bien voir par - là qu’il aimoit plus le s v nchefles
qu’il ne s’aimoit lui - même. Ces reproches me
paroiflêm bien déplacés ; quand un homme renonce
à la v ie , quel reproche #avarice peat-
qh lui fa ire , parce-qu’il n’emporte pas avec lui
fês richeffes? c’ttoit au contraire lorfqu’il vonloit
périr avec elles ,- qu’il s’y montrait attaché pouf
ainfi dire au delà même du trépas ; & c’eft fans-
doute pour éviter ce reproche que par réflexion
il changea de paiti, fans abandonner le projet-
de mourir. Vdleïus Parèreulus dit que Ptolémèe
par le dérèglement de fes moeurs, më fit oit l’affront
& le tort qu’on lui faifoit en le-dépouillant
de fon royaume : omnibus rt.orum viti'ts eam ccn~
tumeliam meritum ; comme f i , dit M. Rollin , les
vices d’un homme ètoient un titre légitime pour
s’emparer de fes biens ! Cicéron, fans parler de
fon avarice ni de fes v ic e s, s’indigne en homme
de bien, de l’injuftice cruelle qui lui fut faite
en cette oceafion ; il en fait un jufte fujet de reproche
contre Clodius, & il fait fentir avec ménagement
qu’il fut fâcheux pour un homme tel!
que Caton, de fe voir chargé d’une pareille commiffion.
Çaton tranfporta les tréfors de Ptolémèe
en Italie ÿ & par-là , il eft au nombre des corrupteurs
de. Rome. A peine dans les plus écla--
tans triomphes avoit - on vu porter tant d’or &
tant d’argent. Il avoit fait vendre à l’encan les
meubles & les effets,précieux du roi de-C ypre,.
& ne s’étoit réfervè qu’un portrait de Zènon ,
fonùatèur de la feéle des Stoïciens qu’il avoit em-
braffée, mais il n’y avoit rien de ftoïque dans
cette trifte expédition. La date de ces èvénemenS'
eft l’an 58 avant J. C.
Le fécond Ptolémèe, roi de Cypre , eft le même
que le frère puiné de Ptolémèe X II,, roi d'Egypte
, dont il eft parlé à la fin de cet article
de Ptolémèe XII, & qui fut empoisonné à oui nie
an s , par la célèbre Cléopâtre fa fdeur. César l’a-
voit fait roi de Cypre avec la jeune'Arfinoé fa
feeur , comme Piolémée X II étoit roi d’Egypte ,
avec Cléopâtre fa feeur aînée.
On trouve dans l'hiftoire ancienne divers autres-
Ptolémées| ' -
En Macédoine , un Ptolémèe, fils d’Àmyntas I fÿ
qui difpute la couronne à Perdiccas , & contre lesquel
Pélopidas prononce en faveur de Perdiccas»-
En Syrie, un autre Piolémée, fils de Seleucus,
tué à la bataille dlpfus , l’an 301 avant J . C.
Un Ptolémèe Macron, gouverneur de Tifle de
C y p re , dont il eft beaucoup parlé dans les livres
dés Macchabées, & dont la foi chancelante fe
donne tantôt aux rois d’Egypte, tantôt aux rois-
de Syrie. Tombé dans la difgrace & dans la pauvreté,
il s’enrpoi forma.
Un Ptolémèe, fils de Pyrrhus, roi d’Epire, fut
tué dans un -combat contre les Lacédémoniens y
l’an 271 avant J . C*
Un autre Ptolémèe, un des principaux officiers-
du dernier Philippe,. roi de Macédoine, père de
Perfée, trempa dans une confpiration contre
Philippe, qui le fit mourir.
' Un autre Ptolémèe encore, étoit le fécond de
deux fils d’Antoine & de Cléopâtre. Antoine en;
les proclamant rois des rois, leur affigna en effet
P T O
rifie multitude de royaumes ; a. 1 atne , Altemdre,
ceux d’Arméoie , des Mèdes & des Partîtes , a
P toUrnéele cadet, ceux de Syrie , de Pnemcte
&c de Cilicie.
PTOLOMÉE ( Claude ) Hifl. lin. ) mathématicien
Egyptien ..fi célèbre par fon fyftème du
monde , abandonné, aujourd’hui pour celui de Copernic
; mai, qu’onTiiit toujours dans la jjjhere ar-
miliaire, par la cacqmod.i.ic qu'il fournit d expliquer
le mouvement des a llies, conformément aux apparences.
Il «'eft pas moins célèbre encore par fou
Alma e eflt, ou C o m f oß ia magna, par fa géographie
& par plufteurs autres favants ouvrages dent on
a le recueil in-folio. Les Grecs l'appeloient très-
/née & même, divin. Il vivoit fous l’empire d A -
drïen, d’Antonin Pie & de Marc - Aurele.
P U
- p u , ( Hiß. moi. ) c’eft ainfi que les Chinois,
nomment une mefure de 2400 pas géométriques,
«lotit ils fe fervent pour compter les diftances.
{ A . R . ) P U B .
PUBUUS SYRUS {Hift.lht. anc.) nemmiSyrus,
parce-qu’il étoit de S y r ie , croit il fnt amené ef-five.
Il eut le. bonheur de tomber entre les mains d un-
maître q»i fut pour lui un père, qui prit 1« plus
grand foin de fon éducation , & qui l’affranchu tort
jcunc,pourlaiffer aux talens qu’il avoit cultivés en lui
la liberté de prendre tour leur effor. Syrus fe dil-
tîngua dans la poéfie mimique , il y ;effaça Laberius
même,chevalier romain, qui avoir acquis une grande
réputation dans ce genre.
Nam fie
Et Laberi mïmos ut pulchra poematu mirer.
■ On fait que ce nom de Mimes fe donnoit
chez les Romains & à uh genre de comédi. s ou
de farces , où les aâcuis jouoient fans chauf-
fu re , & què par cette rai fon l’on appelloit auffi
Comédie déchaujfée, plamp es, & aux aèteurs de ces
pièces, qui ètoient ordinairement les auteurs mêmes,
On a de Publias Syrus, nu recueil de fenten-
ces en vers ïambes libres, ou, fi l’on veut, en profe,
rangées félon l’ordre alphid étique ; on les trouve
à la iuice des fables de Phèdre, dans plufieurs
éditions ; on les a jointes dans d’autres avec des fen-
tences de Sénèque. Ces fentences de Publias Syrus
font pour îa plupart d’un très-grand (cm & trouvent
à tout moment leur application ; elles méritent fort
d’être retenues & pratiquées. La Bruyère paroîty
avoir puifè quelques maximes. Accarias deSeryonne
~a donné une tradu&ion françoife des fentences de
Publias Syrus. •
P U C
PU C E L L E , ( R ené ) Hifl. mod. ) confeiller-
clerc au parlement de Paris , abbé de faint-Léonard
de Corbigny, Ce magiftrat mort depuis près d’un
P U C 427
demi-fîècle, a eonfervé jufquà nos jours, plus de
réputation que n’en confervent ordinairement ceux
cuû ne laiffenr après eux aucun monument public de
leurs talens & de leur génie; les témoins de leur gloire
les fui veut de bien près au tombeau , le temps détruit
de jour en jour le tir'mémoire. C ’t-ft pour retenir
encore quelque temps, s’il eft pcffible, cette mémoire
fugitive & prête à échapper, que noas pla-
cons ici l’article d’un bon citoyen , d’un magiftrat
éclairé, d’un homme vertueux , d’un ami de l'humanité,
dont les fervices n’ont point laiffé de trace
& dont b gloire n’a été confiée qu’à in tradition. Un
or.-md z le pour nos libettés, pour nos plus pures
maximes, pour'tous les intérêts de la nation, le
tiifhng.ua toujours dans le parlement, & il faut dire
à la louange des jr.nféniftes que Ce zèle feul a fuffi
pour % faire regarder comme le chef de ce parti. Il
f î déclara hautement en 17 13 contre rhiftoire des
jésuites du P. Jouvency, où tous les intérêts & Us
devoirs les plusfacrés delà fociété générale font
facrifiés à l’intérêt de la fociété partiçulière des jé -
fuites. Quand la conftitution Unigenitus partit en
1 7 1 4 , fans examiner quels dogmes théoiogiques ce
décret pouvoir établir eu profe rire, il vit feulement
que c’étoit l’ouvrage d’un moine intriguant & violent,
qui vouloit infulter & même perdre un faint cardinal,
fon fupérieur ; il prévit les refus de làcrcrhent 6c
defépuîture ecdéfuftique,Us lettres de cachet,tôu es
les perfécutions fpiritueilcs & temporelles que
le fïux zèle & les paffions alloicnt introduire à la
faveur de cette bulle & en la prenant pour prétexte ;
il s’y oppofa conftamment jufqu’à mériter d’être
relégué dans fon abbaye de Corbigny , où il fe con-
fo’a, en faifant du bien, de n’être plus à portée d’empêcher
le mal. Le cardinal de Fleuri qui goutoit,
fon efprit, qui rèlpeéloit fa réputation, voulut le
fonder fur l’article de l'ambition . il lui écrivit po'ur
lui faire -entendre que fes lumières.pouvoient être
très-utiles au gouvernement, & qu’il lui feroit bien
doux d’y avoir recours; il n.e lui demandoit qu’une
g râ c e , c’étoit de vouloir bien n’être plus jan-
fenifte. • M. l’abbé Pucelle l’affure dans fa réponfe
qu’il n’eft d'aucun parti ; tous ceux qui en dirent
autant ( car fjen n’eft plus aifé à dire ) fe vantent
fou vent beaucoup ; tous ceux qui l’ont connu fa vent
qu’il ne fe vantoit pas ; en même temps il fait fentir
au cardinal, qu’un premier miniftre , qui, fur la foi
d un jéfuite ©u d’un fulpiden, preftituoit fi facilement
les lettres de cachet, étoit bien plus près d’être
un homme de parti fans s’en douter , que celui
qui, en tout état de caufe, prenoir toujours la défenfe
de l'opprimé contre l ’oppreffeur.
M. l’abbé Pucelle étoit fils de Claude Pucelle ,
avocat au parlement, & de Françoife de Catinat,
feeur de-ce grand maréchal de Catinat( voir fon
article. ) Un neveu de M.-de Catinat devoit porter
les armes; M. Pucelle fit quelques campagnes en
qualité de volontaire, Fous les yeux de ion oncle :
mais il crut être plus utile à la fociété dans une charge
de cenféiikr au parlement, & ce motif digne d’u»
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